Quand le gosse et sa mère libérèrent la banquette mousseuse qu'ils occupaient dans le wagon du métro bien en face de lui, EKEKÉ ne les vit ni ne les entendit. Ce petit polisson venait d'appuyer dans toute la naïveté de son innocent doigt mais assez précipitamment, sur la dernière note musicale d'une partition que CHRISTOPHE EKEKE son auteur voulait encore parachever sur son interminable séjour parisien. Il en fut tellement outragé qu'il décida sur le champ de son retour sans délai à OVUAN natal où il serait enterré bien plus dignement, malgré tout. Et puis, il n'est pas venu en Europe vivre ses vieux jours dans des asiles. Oui il n'attendrait pas la fin de cet hiver qui battait son plein dehors !RUINI, son solidaire compagnon inquiet de l'attitude méditative de son ami, d'une méditation qui trouvait ses fondements dans le catastrophisme ékekéen l'africophobe, partit d'un élan de compassion, et lui colla son petit museau sur la joue, geste habituel. EKEKÉ le balaya d'un coup de pied. Une noble parisienne interloquée recueillit le petit amour et l'adopta solennellement. Ici, on ne maltraite pas les chiens !François BINGONO BINGONO est né en 1959 au Cameroun. Journaliste et Anthropologue, il suit et promeut la doctrine de tous les pionniers africains qui prônent le retour aux sources comme tremplin vers l'émergence et le progrès. Retraité de la CRTV, il est enseignant et chercheur, c'est un habitué des milieux où se meut la culture patrimoniale dans sa double dimension : matérielle et immatérielle. Aucun peuple au monde ne s'est développé en dehors de sa propre langue, sa propre culture, ni de sa propre spiritualité. Cette maxime est de lui.François BINGONO BINGONO
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