DJELA, le pacte d’amour et de raison , livre ebook

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...DJela, le pacte d'amour et de raison de Macaire ETTY est un hypertexte, né de son hypotexte, le mythe du Zaouli. La réécriture dont il est question, ici, est romanesque. Traduire dans le moule des techniques romanesques une réalité sociale contemporaine qu'on tenterait de parodier, est chose triviale. Mais, reconvertir au moule romanesque un récit deja existant, füt-il imaginaire ou sacre, n'est pas chose aisée. Il faut, pour s'y prendre, de la culture, un sens aigu de l'art et une folie capitale. Avec beaucoup de risques, je dirai que Macaire ETTY y est parvenu. Il a réussi à conférer au mythe une note intuitive qui lui en donne un cachet original. Il a réussi à l'animer, fondamentalement,
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Date de parution

01 janvier 2022

Nombre de lectures

1 971

EAN13

9782493344502

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Ma c a ire ETTY
DJÊLA LEPACTEDAMOURETDERAISON
R o m a n
JD Éditions 21 B.P 3636 Abidjan 21 (Côte d’Ivoire)
Tizouo Bi Kacou Alexandre, À mon ami, mon grand-frère,
mon tuteur,
je dédie ce livre pour lui traduire mon admiration et ma gratitude pour le rôle qu'il a joué dans un épisode important de mon itinéraire de quêteur d'étoiles.
e voudrais remercier vivement : J ~
~
Prof. TOH Bi Emmanuel qui a bien voulu signer de sa plume savante la préface de ce livre,
SORO Benjamin et AHOU Kouamé Jean-Noel, mes jeunes amis, qui ont eu la lourde tâche de corriger le manuscrit avant qu‛il ne soit soumis à l‛éditeur.
Ils ont contribué, chacun à sa façon, à donner vie à ce livre.
© JD Éditions, Abidjan 2022 ISBN : 978-2-493344-50-2 Toute reproduction, quel que soit le procédé, est interdite sous peine de poursuites judiciaires.
A vant-propos
e nourrissais, depuis une dizaine d'années, l’idée d’écrire une œuvre littéraire portant sur le mythe du Zaouli. elJle avait aolé ma curiosité et emballé mon imagination. Les Cette danse ensorcelante m’avait séduit de bonne heure ; Ivoiriens, dans leur écrasante majorité, ne peuvent que tisser des lauriers pour cette merveille artistique. Lors d’une cérémonie, une prestation du masque Zaouli est un spectacle unique et attrayant. Autant la face du masque, consécration de la beauté féminine, vous captive et vous tient en haleine, autant les pas de danse vous plongent dans un état d’émerveillement pareil à celui d’un valet à qui on adresse l’invitation d’un roi.
 Le Zaouli est à la fois une danse et une musique populaires pratiquées par les communautés gouro, en Côte d’Ivoire. Il est dénommé également « Djelalou Zaouli », ce qui signie « Zaouli, la lle de Djêla ». Il se veut un hommage à la beauté féminine. Son masque – représentant le visage d’une femme – est toujours curieusement porté par un homme.  Lors de la journée du mercredi 06 décembre 2017, l’Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (UNESCO) a rendu publique l’inscription du Zaouli, 1 sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité . Cette décision de l’UNESCO d’honorer pour la troisième fois 1  https ://ich.unesco.org/fr/decisions/12.COM/11.B.8 ? dec = decisions & ref_decision = 12.COM
1 la culture de mon pays, la Côte d’Ivoire, renforça mon désir de produire une œuvre littéraire à partir du mythe fondateur du Zaouli.
 En eet, je me suis inscrit dans la perspective d’exploiter à travers plusieurs livres, les mythes, les épopées et les gures historiques d’Afrique, qui, à mon avis, sont insusamment visités littérairement. J ’ai dans ce sens écritl’épopéeSaram ani, 2 interditepour mettre en lumière, à travers un chant épique, le rôle déterminant joué par Nanan Triban dans la libération du Manding tombé sous la domination des Sossos conduits par le redoutable Soumangourou Kanté.
 Avant donc de conduire le projet, j’ai cherché nécessairement à recueillir des informations sur l’origine de cette danse. Mes recherches auprès des connaissances d’origine gouro m’ont permis d’avoir, sous la main, diverses versions. Toutefois, il ressortait de ces versions un point commun : la danse et la musique Zaouli ont été créées en vue de rendre hommage à une femme, la plus belle du pays gouro, très tôt disparue.
 J e me suis permis, pendant l’écriture de ce récit, des écarts, des silences, des fantaisies et des ajouts, selon mon inspiration. J e ne suis ni journaliste ni historien, encore moins anthropologue. Je suis un artiste : je ne suis pas soumis aux exigences de la « vérité scientique » ; j’ai imprimé au mythe ma touche personnelle.
 Puisse ce livre contribuer modestement à la promotion de nos mythes et, par-delà, de la culture africaine !
L’au te u r
1  Avant le Zaouli, le Gbofê d’Afounkaha (musique des trompes traversières de la communauté Tagbana) et les pratiques et expressions culturelles liées au balafon des communautés Sénoufo avaient été inscrits respectivement en 2008 et 2012. 2 Récit épique publié en 2018 par Tabala éditions à Abidjan.
1.
u cœur d’une forêt sauvage à la densité phénoménale et d’une exubérance inexhaustible, où les arbres séculaires A inigent leur gigantisme aux arbrisseaux, aux graminacées et aux bosquets, vivait une colonie de génies. Quelques humains, par des concours de circonstances, ont pu expérimenter le caractère et le tempérament de ces êtres surnaturels.
 Malgré les pouvoirs incroyables qui leur sont attribués, les génies sont en proie aux mêmes sentiments que les êtres humains. Ils éprouvent l’ivresse de la joie et connaissent les ronces de la sourance. Ils savent autant honorer des instants savoureux et aronter l’âpreté des moments âcres et acides. Dans leur poitrine bat un cœur : eux aussi, peuvent succomber — et succombent souvent — au pouvoir vertigineux de l’amour.
 Depuis quelques années, une touchante histoire d’amour — une histoire d’amour déséquilibré, désaxé, à sens unique — perturbait la quiétude des génies. Un génie mâle nommé Glazan aimait d’un amour dévorant Zahi, une femelle de son espèce. Malheureusement, cette dernière, en retour, n’éprouvait aucun sentiment pour lui ; un tableau ordinaire sur la planète Terre dominée par des jeux de contrastes, d’oppositions et de déséquilibres.
~ 7 ~
L’amour qu’éprouvait Glazan avait l’ardeur d’une amme indomptable, la rage d’un vent impétueux, la puissance d’un euve en furie, et pourtant, pour des raisons que seul son cœur couvait dans ses tréfonds, Zahi en était royalement indiérente.
Zahi ! Zahi ! Zahi ! Je suis une terre aride Et toi La pluie bienfaitrice Prom esse de m a renaissance.
 C’est par ces mots vibrant de compassion que pleurait l’infortuné Glazan quand venait l’heure fatidique d’aller rejoindre sa couchette cruciée par la tristesse, l’instant d’aronter sa bruyante solitude. Il pleurait à se vider de toutes ses larmes, il larmoyait à s’arracher les paupières. Ses sanglots tonitruants secouaient farouchement le ventre de la forêt et le cœur de ses locataires visibles et invisibles.
Glazan se nourrissait d’un seul rêve, qui au lieu de le sublimer, le consumait : épouser Zahi, la belle Zahi, Zahi-la-beauté-soleil-au-zénith. Il n’en dormait pas, il ne pouvait nullement dormir, tant la plantureuse créature l’obsédait. Et chaque jour, et chaque nuit, il perdait progressivement, par menus lambeaux, le soue de vie. Le chagrin suçait sa santé, la mélancolie mangeait sa tranquillité. Malgré la multiplication et la variation des scènes de séduction, en dépit de l’ardeur des déclarations de sa amme, les élans de son cœur n’eurent la moindre once d’écho dans celui de Zahi.
L’amour est un grand vent qui, soit vous déracine, soit aermit vos racines dans le sol. Glazan, tel un arbre téméraire démystié par un cyclone farouche, avait été arraché du sol. Sans racines pour lui assurer la fermeté, il vivait le destin d’un ballon de coton soumis à l’agitation fantaisiste d’un vent railleur.
~ 8 ~
 Zahi avait l’esprit ailleurs, l’esprit loin du monde des génies, loin de la brousse, loin des montagnes, loin des euves, loin des clairières, loin des fourrés. Son cœur s’était épris d’amour pour un être humain. Ce cœur ne s’était pas seulement épris, il avait été pris, accaparé, consqué ; il ne vibrait et ne vrillait que pour un jeune homme marié et père de trois enfants.
 Glazan, au départ, se sentit désarçonné ; mais, par la suite, il écrasa d’un geste de mépris les rumeurs qui claquaient au sujet des prétentions amoureuses de Zahi. Un génie épouser un humain ? Ce n’est pas possible ! se rassurait-il en souriant avec une fragile assurance. Un jour, cependant, après avoir supporté une longue et ennuyeuse tirade de son prétendant, Zahi lui jeta au visage, sans le moindre égard pour ses sentiments, qu’elle aimait un humain, un chasseur.
 Glazan, contrarié par cette révélation, prit son mal en patience. Il ne se laissera pas emporter par le désespoir. Il se lia, alors, d’amitié avec l’Optimisme et la Foi. Il espérait qu’un beau jour, Zahi reviendrait à la raison, et lui ouvrirait les portes de son capricieux cœur après avoir découvert que la lueur qu’elle contemplait n’était qu’un leurre. Un génie femelle ne pouvait épouser qu’un génie mâle ! Cette parenthèse de folie se fermerait tôt ou tard ! Il en était convaincu.
 L’amour qu’il éprouvait pour Zahi était sincère et suintait dans ses gestes et discours. Il en parlait, nuit et jour, à lui-même et à qui voulait l’entendre. Comme un fou, comme un troubadour s’exerçant, il le clamait et le déclamait, débout, devant les rivières et les arbres dans l’espoir que des esprits supérieurs, se saisissant de son vœu, le transforment en réalité. Lorsque le crépuscule pointait, Glazan entonnait la même chanson, mêlant sa voix nasillarde et soureteuse aux chants des oiseaux :
Zahi Zahi Zahi Je suis né pour te chanter Je suis né pour te servir
~ 9 ~
Cent ans je t’attendrai Mille ans je t’attendrai Mon cœ ur t’appartient Prends-le belle Zahi
 Les génies de la contrée, émus par la profondeur de ses sentiments, priaient pour qu’un jour, Zahi donnât une suite favorable aux appels galants de son amoureux.
~ 10 ~
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