Destins croisés Vivre et militer à Limoges , livre ebook

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Publié par

Date de parution

01 janvier 2004

Nombre de lectures

0

EAN13

9782845864610

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

5 Mo

mps Te
Jeannette Dussartre-Chartreux Destins croisés Vivre et militer à Limoges
gnes des Si Préface d’Émile Poulat
KARTHALA
DESTINS CROISÉS VIVRE ET MILITER À LIMOGES
Couverture : Campanile de la gare des Bénédictins à Limoges pendant les grèves de 1995. Photo Michel Létangt.
© Éditions KARTHALA2004 ISBN : 2-84586-461-2
Jeannette Dussartre-Chartreux
Destins croisés Vivre et militer à Limoges
Préface d’Émile Poulat
Éditions Karthala 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
DU MÊME AUTEUR
« Lulu », Destins croisés, brochure, Imprimerie centrale, Limoges, 1991, 76 p. Les Ponticauds, ce fut leur histoire, Imprimerie centrale, Limoges, 1991, 42 p. Destins croisés, Henri Chartreux, 1993, supplément au Cheminot limousin, Imprimerie Rivet, Limoges, n° 24, 215 p. Une cité et des hommes1, brochure, 1995, supplément au Cheminot limousin, Imprimerie Rivet, Limoges, n° 35, 108 p. Une cité et des hommes2, brochure, 1998, Rivet Presse Édition, Limoges, 104 p. D’une rive à l’autre, avec Paulette Morel-Terrien, Raymond Dardilhac et Jacques Filhoulaud, brochure, Sotiplan, 2000, non paginée. Destins croisés, Marie, ouvrière en chaussures, récit autobiogra-phique, brochure, Sotiplan, 2000, 89 p.
« Mais s’il est vrai que toute biographie possède l’intérêt de cerner la personnalité de chaque individu, il n’en demeure pas moins que celle-ci a elle-même comme arrière-plan le monde historique auquel tout individu a été mêlé. » Henri Chartreux, Noël 1989
Remerciements
Par eux, avec eux, en eux, cet ouvrage est dédié aux militants.
Ce livre est l’aboutissement d’un projet commun. Danielle Zygar, la première, en a souhaité et encouragé l’écriture. Le personnel des Archives municipales de Limoges et de Saint-Junien, de la Bibliothèque francophone multimédia de Limoges (BFM) et parti-culièrement le pôle Limousin et Patrimoine ont contribué aux recherches qu’il impliquait. Michelle Breton, Béatrice Castaner, Valérie Duguet, Georges Chatain l’ont soutenu avec la patience nécessaire. Nathalie Viet-Depaule, CNRS-CEMS, par son travail éditorial, Robert Dumont, directeur de la collection « Signes des temps », lui ont apporté, au long cours, un appui sans réserve. André Caudron, enfin, a accepté de le relire.
Préface
Je le dis d’emblée et, qu’on me croie ou qu’on ne me croie pas, il suf-fira au lecteur de se plonger dans ce livre pour s’en convaincre : il s’agit là d’une pièce rare. Il existait autrefois un genre littéraire qui fut fécond et qui reste pré-cieux :Mémoires pour servir à l’histoire religieuse de notre temps. Pas d’histoire sans traces, sans documents. Les uns sont contemporains des événements, de ce qui se passe et arrive. D’autres relèvent du souvenir de ce qui fut, à la manière du romancier canadien, Maurice Constantin-Weyer,Un homme se penche sur son passé. Ici, c’est une femme : une « jociste » de la première génération, celle qui inspira à Maxence Van der Meersch son célèbrePêcheurs d’hommes (1940). Aujourd’hui octogénaire, Jeannette Dussartre, avant son mariage avec Henri Chartreux, a gravi tous les échelons de la Jeunesse ouvrière chrétienne féminine – ce mouvement fondé en Belgique en 1925 par le futur cardinal Joseph Cardijn –, jusqu’à son secrétariat général. Elle lui doit sa formation, comme elle l’écrit elle-même, « dans un bouillonne-ment de culture et un partage de responsabilités écrasantes généreusement acceptées par toutes ». On dispose de plusieurs biographies de jocistes. Rares sont les autobio-graphies. Celle-ci est servie par une mémoire exceptionnelle, précise et documentée grâce à un fonds d’archives patiemment constituées, soigneu-sement conservées, utilisées à bon escient. À cela s’ajoute un trait unique dans cette classe de « mémoires » : Jeannette n’a pas suivi le parcours classique au sein de l’Action catholique ouvrière ; elle a fait le saut – diffi-cile, ainsi qu’elle l’explique fort bien – dans ce qu’à l’époque on appela le « mouvement missionnaire » et la grande aventure des prêtres-ouvriers. À 40 %, ceux-ci vivaient dans la région parisienne. Jeannette et Henri fai-saient partie des équipes de province et, singulièrement, à Limoges-la-Rouge, de l’équipe qui eut le plus grand souci d’une réflexion poussée sur cette histoire radicalement nouvelle qui s’imposait à elle au jour le jour. Je puis attester de la profondeur et de la permanence de ce souci.
8
DESTINS CROISÉS
Une vie ne se résume pas : on la partage au vif du quotidien. Un récit de vie se résume encore moins : on y entre avec ce qu’on est, en trouvant en soi ce qui permettra la rencontre. Une vie n’est jamais solitaire. Un récit de vie ne doit pas rester isolé. L’autobiographie de Jeannette Chartreux a l’avantage de s’inscrire dans une collection attachée, grâce à Robert Dumont et à Nathalie Viet-Depaule, à rassembler la mémoire dispersée de ce qui fut une histoire commune : autant d’itinéraires personnels qui s’éclairent les uns par les autres et donnent son sens à l’ensemble. Il s’est passé tant de choses depuis un demi-siècle – où fut mis fin par Rome à ce qu’on appelait « l’expérience des prêtres-ouvriers » – et même depuis un siècle – où l’Église de France devait faire face à la fois à la perte de son statut public et à une crise majeure de sa culture –, que l’intelligence de ce passé nous est devenue problématique, à tel point que beaucoup renoncent et préfèrent « tourner la page ». Encore faut-il savoir que l’effort demandé à ceux qui refusent cette démission est de deux ordres bien différents. En premier lieu, il y a le singulier, le local : Limoges, cité ouvrière où la vie était dure pour tous, misérable pour beaucoup, où les traditions étaient fortes, et où fut fondée la CGT en 1895. Limoges, une population ouvrière, coupée du monde catholique en un temps où le mot « dialogue » n’existait pas : les deux mondes s’ignoraient, sauf pour se heurter. Georges Séguy, secrétaire général de la CGT, a raconté en 1983 son ahu-rissement quand, en 1952, il a rencontré pour la première fois Henri Chartreux : « Il n’y a que lui qui a parlé. Moi, c’était tellement révélateur d’une chose que j’ignorais complètement... Nous n’étions pas préparés à accueillir une telle expérience. Nous n’avions pas dans le passé de chose 1 comparable . » Il n’en allait pas autrement du côté catholique. En second lieu, il y a l’universel, ce qui s’inscrit dans la durée et dans l’espace, dans notre histoire nationale et religieuse. Et donc, il y a le rap-port inséparable entre ces deux ordres d’expérience, sur lequel je voudrais m’attarder. Aucun des deux ne s’explique et ne se comprend dans son iso-lement. Voilà pourquoi, personnellement, j’attache une importance parti-culière au témoignage d’une vie comme celle de Jeannette Chartreux. Je le ferai sans précaution de langage. Ce genre de prudence académique, trop souvent, n’a servi qu’à masquer l’histoire réelle dans sa brutalité et les enjeux de cette histoire dans leur gravité. Au cours du siècle écoulé, l’histoire du catholicisme français a été à la fois glorieuse et douloureuse, et, de ce fait, elle existe en deux versions selon l’accent mis sur l’un ou l’autre aspect, selon qu’on est sensible à l’histoire d’un grand rêve ou à l’histoire des drames qui l’ont traversé.
1. J’ai cité plus longuement ce texte dansL’Ère postchrétienne, Paris, Flammarion, 1994, p. 242.
PRÉFACE
9
e Le grand rêve est né à la fin du XIX siècle pour trouver une issue positive à la tragédie révolutionnaire qui, un siècle plus tôt, avait cassé la France en deux et causé ce qu’on se plaisait à décrire comme « la guerre des deux France ». Le pape Léon XIII – un visionnaire – imagina leur réconciliation grâce à unralliementtempéré qui devait permettre, à terme,l’instaurationd’un nouvel ordre social chrétien. Pour ce faire, il appela les catholiques à l’action, à l’étude et à la prière. e Le XX siècle n’a pas tenu ces promesses, malgré tout le zèle déployé et les énergies dépensées, malgré des trésors de générosité et de créativi-té. Il a été, au contraire, le théâtre de drames en cascade : du côté de la République, un anticléricalisme virulent marqué par la lutte contre les congrégations religieuses et l’enseignement catholique, la lacisation des institutions publiques, la rupture des relations diplomatiques avec le Saint-Siège, la séparation des Églises et de l’État ; au sein de l’Église, la « crise moderniste », la réaction intégriste, la double « condamnation » du Sillon et de l’Action française, le communisme jugé par le pape Pie XI « intrinsèquement pervers », l’épreuve de la seconde guerre mondiale avec sa division entre collaborateurs, maréchalistes et résistants, la « guerre froide » entraînant la condamnation du « progressisme chrétien », l’interdiction des prêtres-ouvriers, la crise à épisodes des mouvements de jeunesse catholique et du scoutisme catholique, la grande espérance – « une nouvelle Pentecôte » – mise dans le Concile, Vatican II. Et puis, la France rurale qui se dépeuple, les églises qui se vident, l’immigration qui enfle, faisant de l’islam la seconde religion en France, la rupture intergé-nérationnelle aggravant l’ignorance et l’inculture religieuses, les pro-blèmes posés à la catéchèse, l’effondrement de la morale traditionnelle au bénéfice d’un nouvel état de mœurs vite légalisé... Au lieu de la chrétien-té attendue, deux mots courants résument cette situation :sécularisation et déchristianisation. Il semble que l’on soit devant un torrent qui emporte tout sur son pas-sage, et d’abord les révolutions qui sont à sa source. Et pourtant, devant les difficultés considérables qui l’assaillent, l’Église catholique a fait preuve d’une étonnante capacité de résistance et de renouvellement, dont on ne trouve nulle part ailleurs l’équivalent. Idéologies, régimes, partis, syndicats, organisations, tous et toutes peuvent lui envier les ressources qu’elle trouve en elle et dans la société. Ce qui se dégage de ce parcours tourmenté, au-delà de toute image d’une Église triomphante ou souffrante, c’est donc la complexité d’une histoire qui n’a ni confirmé ses espérances terrestres, ni provoqué l’effon-drement annoncé par ses adversaires. « Force ou faiblesse de l’Église ? » est une question qui a traversé tout le siècle écoulé et à laquelle aucune étude statistique ne suffit à répondre. On comprend donc que cette histoire puisse exister en deux versions, glorieuse ou douloureuse. Le problème
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