DERRIÈRE LE SOURIRE DU MASQUE , livre ebook

474

pages

Français

Ebooks

2021

Écrit par
Joseph Mbarga

Publié par
Editions Proximité

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Publié par

Editions Proximité

Date de parution

01 novembre 2021

Nombre de lectures

EAN13

9956429001665

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Daniel Mola est un directeur créatif au sein d’une agence de communication réputée à Yaoundé. Lorsque des difficultés professionnelles apparaissent, il démissionne et devient rédacteur web freelance. C’est dans ce cadre que son ancien professeur d’université, monsieur Bongando, devenu chef traditionnel des Babona, un petit royaume situé sur une île au large de Douala, le contacte pour travailler sur le site web. Pour l’accompagner dans sa mission, Mola choisit Halima Alima, une développeuse ingénieuse toujours prête à trouver des solutions originales aux problèmes les plus complexes. Quand Mola et Alima découvrent au fil du temps des indices sur une organisation complexe d’un vaste trafic d’objets d’arts impliquant plusieurs parties prenantes, ils doivent choisir : se battre pour la communauté Babona ou laisser une organisation internationale de trafiquants ingénieux piller des ressources vitales.

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Publié par

Editions Proximité

Date de parution

01 novembre 2021

EAN13

9956429001665

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Joseph Mbarga

DERRIÈRE LE SOURIRE DU MASQUE

Éditions Proximité, novembre 2021

Chaque génération doit dans une relative opacité découvrir sa mission, la remplir ou la trahir. Frantz Fanon,Sur la culture nationale

Les crimes culturels devraient être le sujet des écrivains africains dans le futur Mongo Beti

À l’instant même où Mola se retrouva devant le comité de direction de Global Art Gallery, en abrégé GAG, il sentit des picotements dans son cœur comme si des dieux invisibles essayaient de le mettre en garde. Tous les yeux étaient rivés sur lui. Les membres du comité avaient posé leurs stylos rutilants sur la table devant eux, à côté de carnets de notes avec couverture en cuir couleur café. Les regards attentifs démontraient l’importance de la réponse de Mola. Quelques minutes plus tôt lorsqu’il était entré dans la salle du conseil, le directeur général avait tout de suite donné le ton : — Nous savons qui vous êtes, monsieur Mola, dit-il. Nous savons que vous êtes un créatif plutôt doué comme l’attestent les témoignages laudateurs de vos ex-collègues et les anciens clients des différentes agences de communication au sein desquelles vous avez travaillé. Autour de la table, des hochements de tête approuvèrent les propos du directeur qui poursuivit : — Maintenant, nous savons également qu’en ce moment, vous avez besoin d’argent car malgré votre talent, vous n’avez jamais réussi à mettre un sou de côté pour traverser des situations difciles comme celle que vous vivez actuellement. Remarquez : vous n’êtes pas le seul. Les créatifs au Cameroun sont un peu comme les artistes, talentueux mais pas vraiment doués pour ce qui concerne les questions d’argent ou simplement la gestion de leur carrière. Quelle sufsance ! songea Mola. Parler ainsi d’un groupe de personnes avec des poncifs et des raccourcis éculés. Mais autour de la table d’ébène massif vernie,

toutes les personnes présentes hochèrent de la tête pour conrmer les propos du directeur. Mola, seul de l’autre côté de la vaste table, regardait toujours sans rien dire les mines patibulaires, la morgue rogue et vorace sur les visages. Il avisa le dossier placé devant le directeur et intitulé« Offre pour Daniel Mola — URGENT ». Il balaya ensuite du regard les noms des différents membres du comité de direction, s’attardant un moment sur la mise des participants : costume noir ou gris, chemise blanche empesée et cravate de soie pour chacun des sept messieurs. Vêtu d’un jean et d’une chemise de anelle à carreau au col boutonné, Mola avait l’impression de sortir d’un autre monde. Il se cala sur son siège. Pour se détendre ou pour se défendre ? Il inspira profondément et, de l’autre côté de la table, chacun retint son soufe s’attendant à ce qu’il dise quelque chose. Mais il ne disait toujours rien. — Nous vous avons donc fait venir pour vous faire une offre, reprit le directeur, en ajustant sa cravate. Ce sera à vous de voir bien sûr mais nous conseillons de ne pas perdre trop de temps non plus. En fait, nous savons que vous avez reçu une proposition d’un particulier pour travailler sur son site web. Comme nous pensons que vous méritez mieux, nous avons décidé de vous faire une contre-proposition : nous créerons une direction de Relation Publiques que vous allez mettre sur pied. Ce sera entièrement à vous de voir comment traduire votre vision des RP dans une organisation comme la nôtre. Nous nous apprêtons du reste à ouvrir notre galerie de vente d’œuvre d’art en ligne, avec un objectif ambitieux en local et à l’international. Votre apport pourrait être déterminant pour ce projet. Là aussi, nous avons vérié que votre background vous permettra de réussir la mission.

Mola contemplait le voyant rouge du micro du directeur lorsqu’il le vit sortir de son carnet de note en cuir une grande enveloppe de papier kraft qu’il posa èrement sur la table. — Nous vous donnons carte blanche pour constituer votre équipe, mais il faudra parvenir au niveau de performance que nous xerons ensemble. Pour votre rémunération, il s’agit là d’un détail à régler avec notre Direction des Ressources humaines. Mais rassurez-vous : le package est avantageux pour vous permettre de travailler enn à votre vrai niveau, avec une équipe digne de votre potentiel. Et autant vous le dire toute de suite : vous rejoindrez immédiatement notre comité dès votre arrivée dans l’entreprise. Le directeur prit l’enveloppe et la tourna dans tous les sens avant d’ajouter : — Et maintenant, j’aimerais vous remettre cette enveloppe. À l’intérieur, vous trouverez une proposition de collaboration sur laquelle vous pourrez discuter avec les Ressources humaines. Encore une fois, nous tenons à vous accueillir comme il le faut. Seulement, nous avons besoin de votre réponse aujourd’hui même. L’enveloppe passa de main en main et arriva au niveau de Mola qui ne prit pas la peine de la prendre ni de l’ouvrir. Il poussa plutôt son siège vers l’arrière et dégagea un bouton de sa chemise. — Ce n’est pas la peine de perdre du temps avec tout cela, dit enn Mola en se levant et en se dirigeant vers la grande porte qu’il ouvrit en actionnant la poignée en laiton chromé. Vous avez insisté que je vienne ici pour vous écouter quelques minutes après mes nombreux refus de discuter. Et là vous me sortez cette histoire de recrutement. Vous n’aurez aucune réponse de moi ni

aujourd’hui ni demain. Et jamais, au grand jamais, je ne travaillerai pour vous ! Avant de refermer la porte derrière lui, Mola xa le directeur et il remarqua que derrière lui était disposée une statuette. La gurine, avec ses traits ns, représentait une jeune femme avec des yeux mi-clos. Et Mola eut soudain l’impression qu’elle lui faisait un clin d’œil, lui donnant ainsi une sorte d’encouragement à garder fermement sa position.

I - INITIATION 3 NOVEMBRE AU 2 DÉCEMBRE

(On estime qu’entre 80 et 90% de l’art historique africain se trouve dans les musées étrangers.)

1- VENDREDI3NOVEMBRE-LUNDI6NOVEMBRE

La matinée du trois novembre est pluvieuse. Mola roule sur la nouvelle route Bastos à bord de sa Toyota Rav4 bleue nuit. Il clignote sur la droite et gravit la colline menant au Carrefour Bastos. Les essuie-glaces balayent avec frénésie l’eau sur le pare-brise et sur la vitre arrière. Le chauffage maintient une température ambiante normale, éloignant Mola du froid que connaissent les habitants de Yaoundé par certaines matinées. La musique aussi réchauffe bien l’ambiance dans la voiture.Bébé Tendressed’Isaac Decca passe en boucle avec ampliation de la guitare basse. Près du tableau de bord se trouve le poste de commande numérique de la console de musique qui a transformé sa voiture en un box mobile et bruyant. Avant d’arriver au Rond-Point Nlongkack, Mola clignote vers sa droite. Devant l’immeuble abritant l’agence de communication Zébra, le vigile, galant dans son uniforme jaune et noir, libère un espace pour qu’il puisse se garer. Mola monte deux par deux les escaliers qui mènent au deuxième étage. Il se sent en super forme et a même réussi à faire cinquante abdos ce matin-là. À quarante-deux ans, ce n’est pas mal du tout, pense-t-il. Oui, oui quarante et des poussières, on dit cela très bien en anglais, avec la grâce, et une sorte d’ellipse bienfaisante. En ce vendredi bruineux, Daniel Mola est heureux d’achever une semaine de travail comme directeur de création chez Zébra. Il longe un couloir pour se retrouver dans les bureaux de ses équipes de créatifs. Tout le monde est là et il serre des mains en lançant ici et là une blague. Il y a deux équipes affectées auprintconstituées chacune d’un et copywriter et d’un directeur artistique. La troisième

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