Déraison d’état , livre ebook

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Si on parlait du Roman d’Alessandro RIGONI : ‘Déraison d’état’ . . Dans ce roman, il est question de trouver sa voie. . . Face à la politique et l’argent, l’humain et une amitié infaillible.
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Publié par

Date de parution

01 août 2024

Nombre de lectures

2

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

A lessandro R IGONI
DÉ R A ISON D’E T A T
- 1 -
4è me couverture
Ishan Singh, un brillant informaticien indien, et Paolo Menefrego, un pizzaiolo
italien haut en couleur, tous deux récents immigrés en France, participent à l’accueil des
réfugiés politiques. A leur contact, ils découvrent les cryptomonnaies, un moyen
efficace pour envoyer secrè tement de l’argent à leurs familles restées au pays. Ils
découvrent. Ishan, intéressépar le sujet, comprend que la pè gre les utilise pour financer
discrè tement ses trafics les plus scabreux. A la foi s moyen d’échapper aux régimes
autoritaires mais aussi de financer la grande criminalité, cette technique de paiement lui
pose de sérieuses difficultés.
A vec l’aide de quatre amis, Ishan invente un automate capable de les tracer et
crée une start-up pour l'exploiter. L ’É tat français et Célazone, un géant américain,
convoitent tous deux cette technologie rentable.
V oraces et coriaces vont alors s’affronter brutalement.
Ishan est confronté à deux colosses : la politique et l’argent. C e combat le
dépasse. T el un Ulysse sans racine, Ishan part pour un voyage initiatique sans destination.
Ballotéentre Paris et San Francisco, il cherche sa voie.
Un soir, son ami Paolo, revenu dans ses Pouilles natales, entrevoit un mince filet
de lumiè re, peut-ê tre salvateur. Mais lui seul le di scerne. Ishan le suivra-t-il ?
- 2 -
A lessandro R IGONI
DÉ R A ISON D’E T A T
- 3 -
L ’ange qui présida à ma naissance dit :
« Petite créature, toute de joie et de gaietéVa, et aime sans le moindre secours sur cette terre »W illiamBlake
T he A ngel said that presided over my birth :
« L ittle creature, formed of joy and mirth Go, love without the help of anything on earth »
- 4 -
PR OL OG UE
Douleur
« Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquil le »BaudelaireR ecueillement« Comme la nuit paraît longue à la douleur qui s’éveille »H oraceE pitre à ma sœ ur sur ma convalescence
- 5 -
8 j uillet 2037,
12 ans aprè s l’entrée àH E B,
L ’année du vol
1Ishan Singh et Paolo Menefrego s’étaient connus à G if-sur-Y vette, plus exactement à
la sortie du campus d’HE B, la célè bre école des « H autes É tudes pour le Business », une sorte
de couveuse chargée de préparer l’élite de la nation au monde des affaires. T ous les parents
rê vaient de voir leurs enfants intégrer cette école, surtout si leur niveau ne leur permettait pas
d’obtenir Polytechnique. Ishan, fils de modestes restaurateurs indiens émigrés en France, réussit
brillamment le concours d’entrée de cette école renommée, qui forme de futurs managers et,
paraît-il, des créateurs d’entreprise. Du fait de ses capacités exceptionnelles en sciences, Ishan
aurait pu prétendre à Polytechnique, l’illustre école militaire. Mais, peu sensible à l’aura des
institutions, il voulait avant tout maîtriser les techniques liées au business. L e reste, il s’en
occuperait tout seul. Passionné d’informatique depuis longtemps, il avait acquis une forte
compétence dans la fabrication des ordinateurs, dans l’algorithmie et le codage de programmes.
Paolo, un italien des Pouilles, plaçait son camion à la sortie des nombreux campus du
plateau de Saclay à Gif-sur-Y vette. Il vendait des pizzas aux étudiants mais aussi aux habitants
du coin. Sa clientè le augmentait réguliè rement, ses produits frais et de trè s bonne qualité
contribuaient à ce succè s croissant. Sa burrata était à tomber. Deux soirs par semaine, il
proposait ses succulentes spécialités à HE B. Ishan était devenu un client trè s régulier et, petit à
petit, avait tisséune amitiésincè re avec Paolo. L es parents d’Ishan tenaient un restaurant indien
à Bondy, dans la banlieue est de Paris. Son frè re A rman et lui-mê me les aidaient réguliè rement,
son frè re en salle, lui en cuisine. Discuter cuisine rapprochait Paolo et Ishan. Parler football les
passionnait. C urry contre pizza, ce match ne manquait pas de piquant.
Paolo vivait en France depuis huit ans environ. C ’était un émigrélui aussi, son accent
le trahissait, mê me s’il se débrouillait assez bien en Français. C omme tous les Italiens, le « u »
français était prononcé « ou », le « je » devenait « zé», « che » se transformait en « sé» ; le
« in » en « ine ». L a langue italienne ne dispose pas de ces phonè mes. Paolo avait quand mê me
- 6 -
bien progressé, mê me si certaines prononciations restaient vraiment rebelles à tout effort,
notamment le « U » et le « IN », qui persistaient en « OU » et « INE ». Quelquefois, il se ratait,
surtout quand il était énervé. C ela pouvait donner lieu à des quiproquos savoureux. « T u as bu »
devenait « T abou », « T urbin » pouvait se métamorphoser en « T urbine », « Putain » en
« Poutine », mê me si dans ce dernier cas la confusi on ne gê nait pas grand monde. Faisant ses
achats de Noë l, Paolo avait mis mal à l’aise une vendeuse à qui il avait commandédes « boules
de sapin », si possible soldées. C ette demande, trè s classique au début de sa phrase, changea
profondément de nature dè s lors que Paolo en prononça erronément la derniè re syllabe.
Pétrifiée, l’employée regarda son patron d’un air perplexe et répondit d’un ton embarrasséqu’a
priori elles n’étaient pas en vente. Peu enclin à un tel sacrifice, surtout à un prix soldé, ce dernier
confirma leur indisponibilité. Paolo fut fort surpris d’une telle réponse car le magasin était
largement pourvu. Il finit par montrer du doigt celles qu’il souhaitait acheter, ce qui soulagea
le patron désormais rassuré sur le sérieux de son cl ient et, accessoirement, sur son intégrité
physique.
Bien qu’il parlât le français sans accent, Ishan av ait bien compris qu’il n’était pas du
pays, mê me s’il était de la seconde génération d’immigrés. Peut-ê tre que la couleur de sa peau,
une sorte de marron foncélustré, y était pour quelque chose. Son pè re lui avait dit qu’en Inde,
plus ta peau était claire, plus tu étais respecté. Heureusement qu’il n’y vivait pas, car le teint de
sa peau lui aurait ôté toute considération. E n France, son diplôme d’HE B l’éloignait
définitivement du monde des intouchables, la caste des laissés-pour-compte en Inde. Ishan
aimait bien écouter Brassens. Il songeait souvent à la chanson « L a balade des gens qui sont nés
quelque part » pour en sourire. Paolo partageait aussi ce sentiment d’accueil pour le moins
réservé, mais la qualité de ses pizzas constituait l a plupart du temps un bon rempart contre
l’ignorance. L e diplôme d’HE B et la compétence culinaire associaient deux puissants viatiques
pour une intégration apaisée.
- 7 -
C e soir-là, Ishan avait définitivement compris qu’i l avait perdu en deux mois 455
millions d’euros, une bagatelle… E t ce grâce à ses meilleurs amis. Son rê ve s’était volatilisé,
ses illusions sur l’amitié aussi. Ses parents s’apprê taient à sombrer avec lui, alors qu’ils
n’avaient rien à voir dans cette affaire. Ne sachant pas ce qu’il allait faire le lendemain,
désespéré, il appela son ami Paolo.
A llo Paolo.
C iao Ishan, come stai ? (« C omment vas-tu ? » en I talien)
Ils m’ont tout pris Paolo, tout pris.
Non, Ishan, ils ne t’ont pas tout pris. T on cerveau l’est touzours dans ta tê te. T oi, ton cerveau,
il te souffit pour travailler et gagner ta vie.
Paolo, ils sont en train de démolir mes vieux.
No.
Si, si.
Mamma mia !
Mes parents vont devoir vendre le restaurant pour payer les redressements fiscaux. J ’ai déposé
le bilan. Ici, lorsqu’un entrepreneur a foiré, on ne lui donne pas un sou. À lui de se démerder
pour gagner de l’argent aprè s son échec.
T oi, tou t’en sortiras, ma pour tes parents, un drama.
Paolo, j’ai honte de mettre mes parents et mon frè re dans la merde.
C alma, Ishan, calma.
J ’ai plus la force de continuer.
T ou es obligéde te battre, tou ne peux pas laisser tes parents dans la merda.
J ’ai plus les épaules pour supporter tout ça.
A ttends oune minoute, calma, tou dois penser avant de dire ça. L à, tou es abattou.
J e suis un con, Paolo. J ’ai mis mes parents et mon frè re dans la merde, J ay, R ajiv et A bhijeet
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aussi. T oi aussi tu as perdu ta mise.
On s’en foute, Ishan !!! tou te rappelles la soirée où on avait oune peu trop pris de spritz.
Oui.
On avait dit que si mon Dieu à moi, il ne m’aidait pas, on irait voir le tien. Ma si le tien ne
t’aidait pas, on irait voir le mien. T ou te rappelles, no, Ishan.
Oui, je m’en souviens, mais je n’y crois pas à toutes ces conneries.
Ishan, tou m’avais dit que les hindous disent que si tou as des emmerdes, c’est parce que tes
ancê tres ont fait des conneries… Ils ont dou en fai re des grosses les tiens, no ?
Paolo, arrê te tes couillonnades.
Ishan, tou l’a promis, tou viens avec moi à R occaporenna. On part trois jours. T ant pis pour
Bouddha, K rishna et ses copains s’ils sont en grè ve. L à-bas, tou verras Sainte R ita. On part
samedi avec ma voitoure ou la tienne, on revient lundi ou mardi.
Paolo, je n’en ai pas envie.
T ou as combien de paroles, Ishan ? T ou es devenou un politico ? L undi, blanc, mardi noir,
mercredi bleu.
Stop Paolo, j’en ai marre des critiques. T u passes me chercher à quelle heure ?
6 h 30 du matine, chez toi, devant le restaurant.
Désormais Ishan savait ce qu’il ferait le lendemain. Il partait à R occaporena avec
Paolo. Sur Wikipédia, il avait vu que les catholiques priaient Sainte R ita lorsque les situations
étaient désespérées. C’était aussi la sainte des gitans, des gens du voyage. C ause perdue, gens
du voyage, il se disait que cela ressemblait bien à Paolo et lui. De toute façon, une priè re ou
deux ne pouvaient pas faire de mal. Il mit son révei l à 6 heures, prit un demi-comprimé de
Stilnox ainsi que 5 gouttes de L aroxyl diluées dans un verre d’eau pour essayer de dormir un
peu.
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G énérosité
« Méfiez-vous du premier mouvement, il est toujours généreux »T alleyrand
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Septembre 2025HE BE ntrée à 12 ans avant le vol
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