Cinq échappées , livre ebook

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Elles sont cinq dans la ville lumière, cinq qui ne sont pas des papillons éblouis, mais des étudiantes tunisiennes qui se sentent chez elles dans les rues parisiennes, des jeunes femmes apparemment intégrées culturellement à cette société de consommation et des fêtes. Pourtant, chacune va sentir un jour se fêler ce miroir avantageux, découvrir que derrière lui, en toute circonstance, continue de s'affirmer comme une menace le désir des hommes, et que le salut n'est peut-être pour elles, que dans la fuite.
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Publié par

Date de parution

01 janvier 2024

EAN13

9789938076158

Langue

Français

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Amina Ben Damir
Cinq échappées
 Nouvelles
ARABESQUES 2024
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Livre : Cinq échappéesAuteur : Amina Ben Damir Tous droits de traductionréservés à l’éditeur sous la responsabilité de lauteur ©ARABESQUES EDITIONS Première édition Tunis 2024 ISBN : 978-9938-07-615-8 er 5étage bureau n° 3,Rue 20 Mars 1956, 1 Bab Saâdoun 1005  www.editionsarabesques.com E-mail :editionsarabesques.tunis@gmail.com4
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 À Paris
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Le saut de l’ange
Trois heures du matin, un mois de novembre, sur le périphérique intérieur de Paris. Une mince silhouette de femme, vue de dos, se hâte au milieu de la chaussée, côté capitale. Le pas déterminé, elle avance, n’ayant cure du danger.Dans la lumière blafarde des réverbères, les voitures roulent à grande vitesse. Elles freinent à mort, crissent, hurlent, glissent sur la droite,au risque d’emboutir la glissière de sécurité,se redressent d’un coup sec de volant au risque de caramboler, se déportent sur la gauche,
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frôlant le terre-plein central qui sépare les deux larges chaussées à grande circulation. Les conducteurs abasourdis, affolés, arc-boutés sur leur volant, en ont des sueurs froides. Beaucoup plus loin, assurés d’avoir évité le pire, certainss’arrêtent le temps de respirer, et repartent. D’autres s’immobili-sent, pour voir peut-être à quoi ressemble l’énergumène, quelque gitanesans doute, au vu de sa longue jupe poncho. Mais elle est trop loin encore, et point n’est besoin de chercher des histoires. Avec les Romanichels, sait-on jamais. Ils redémarrent. Y en eut-il qui pensèrent à prévenir les secoursde l’incident, potentiellement grave?
Ce samedi, fin d’après-midi, comme il arrivait souvent, des voix, au bas du vieil immeuble de la rue du Pont-de-Lodi, appelèrent : « Princesse, Princesse !» jusqu’àce qu’une fenêtre du sixième étage s’ouvresur la jeune personne qui répondait au surnom. Les voisins immédiats, d’abord étonnés, s’étaient faits à l’incongruité de la 8
chose : une princesse logeant sous les combles! Mais bah, il s’en voit tellement, des bizarreries dans Paris ! La Princesse leur avait bien dit qu’elle n’en était pas une, ils refusaient d’ajouter foi à ses dénégations. Princesse elle était, princesse elle serait. Ils n’en voulaient démordre, contents d’avoir une princesse dans leur quartier. « Leur » princesse. Le village l’avait adoptée, elle avait adopté le village. Quand tôt levée matin, elle descendait acheter son quart de baguette, sa bouteille de lait, un chèvre _ dont elle ferait les délices de son dîner à espérer qu’il en restât encorele chez crémier du coin,le mothais s’arrachant _ sitôt livré dans sa feuille vigne , parfois aussi une minuscule botte de fleurs, les gens rencontrés, à pied ou en voiture, lui souriaient ; elle leur souriait en retour, avec un sourire plus beau encore. Peut-être d’ailleurs était-elle la première à sourire.
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Elle aimait Paris, et Paris le lui rendait ; émerveillée, elle allait à sa rencontre. Princesse trouva en un compatriote, sur le point de terminer sa médecine, un guide qui l’accompagna dans sa découverte dela capitale. C’était le meneur d’une joyeuse bande de jeunes loups, issus de vieilles et bonnes familles respectables, ou de familles nouvellement enrichies, tous convaincus d’appartenir à l’élite, d’êtreles futurs cadres du pays, les grands noms de demain. Ilss’y voyaient déjà, leur avenir tracé en lettres d’or, grâce à leur propre mérite ou à l’entregent des leurs, des réseaux d’influence patiemment tissés toujours utiles. Le droit, la médecine, les sciences politiques et sociales, se retrouvaient dans le grand studio jouxtant les Folies-Bergères où ils refaisaient le monde les samedis soir. Princesses’étonnait de l’intérêt qu’ils lui portaient, ne répondant que peu aux critères habituels de la séduction féminine. Elle était décorative, certes, mais cela ne
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