Cent ans au village Chronique familiale gouin (Burkina Faso) , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2005

Nombre de lectures

0

EAN13

9782845866027

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Michèle Dacher
Cent ans au village
Chronique familiale gouin (Burkina Faso)
KARTHALA
CENT ANS AU VILLAGE
CHRONIQUE FAMILIALE GOUIN
(BURKINA FASO)
Collection « Hommes et Sociétés »
Conseil scientifique: Jean-François BAYART(CERI-CNRS) Jean-Pierre CHRÉTIEN(CRA-CNRS) Jean COPANS(Université Paris-V) Georges COURADE(IRD) Alain DUBRESSON(Université Paris-X) Henry TOURNEUX(CNRS)
Directeur: Jean COPANS
KARTHALAsur Internet : http ://www.karthala.com Paiement sécurisé
Couverture:Cliché Michèle Dacher
© Éditions KARTHALA2005 ISBN : 2-84586-602-X
Michèle Dacher
Cent ans au village
Chronique familiale gouin (Burkina Faso)
Présentation de Michael Houseman
Éditions Karthala 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
DU MÊME AUTEUR
Histoire de Louise. Des vieillards en hospice. En collaboration avec Micheline Weinstein. Préface de Françoise Dolto. Paris, Le Seuil, 1979. Prix des épouses, valeur des sœurs. Suivi de : Les représentations de la maladie. Deux études sur la société gouin du Burkina Faso. En colla-boration avec Suzanne Lallemand. Paris, L’Harmattan, (« Connaissance des hommes »), 1992. Histoire du pays gouin et de ses environs. Paris-Ouagadougou, SEPIA-A.D.B.D., « Découvertes du Burkina », 1997.
À Yarmon Étienne Soma
À Mamadou Sirima
Présentation
Retraçant l’histoire d’une famille villageoise africaine au cours des cent dernières années, ce livre nous invite à accompagner ses membres dans une aventure collective recouvrant trois générations. Le résultat est à la fois exceptionnellement éclairant sur le plan scientifique et remar-quablement intime. L’histoire de cette communauté, tramée de façons de dire et de faire propres à une identité spécifique (celle des Gouin du Burkina Faso) et infléchie par l’intrusion d’événements d’ampleur inter-nationale (guerres interethniques, occupation coloniale, émigration, guerre civile) est hautement personnalisée et de ce fait étrangement familière. Marquée par l’étonnante complexité de vies réellement vécues, elle est orchestrée par les aspirations, les déceptions, les compromis et les moments de grâce qui, dans l’Afrique rurale comme ailleurs, constituent le soubassement du quotidien. Ainsi, le lecteur qui, à l’instar de l’auteur, se laisse guider par les protagonistes de cette chronique et s’attache à sai-sir ce qui fait agir, triompher ou se désespérer ces personnes, se voit ouvrir devant lui une société entière. À chaque discipline, ses ambitions et ses limites, sa lucidité mais aussi ses faiblesses. Pour l’anthropologie, animée par une perspective holiste et une vocation comparative, la défaillance consiste à reléguer à l’arrière-plan le vécu des acteurs au profit de l’étude de leur organisation sociale. Les ethnologues, dans leurs écrits, ont en effet encore trop ten-dance à présenter les membres des communautés qu’ils étudient comme les matériaux conducteurs impersonnels de leur culture ; il est rare que les expériences particulières des individus soient envisagées comme le lieu même où les idées et valeurs culturelles sont élaborées, reformulées et transmises. Cette situation est d’autant plus remarquable que les condi-tions d’enquête de l’ethnologue obligent celui-ci à s’impliquer pendant de longues périodes dans la vie quotidienne de ceux qu’il étudie ; sa sensi-bilité personnelle, aiguisée par des années de formation, constitue l’outil privilégié de ses analyses. Sur ce plan au moins, la relation entre le cher-cheur et les objets de ses recherches est symétrique : non seulement le
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CENT ANS AU VILLAGE
vécu des « informateurs » mais également celui de l’ethnologue sont généralement passés sous silence. On ne doit donc pas s’étonner que les auteurs tentent de restituer quelque chose de cette participation personnelle, si artificiellement mise à l’écart, par des écrits en marge de la production universitaire : remerciements, préfaces, ouvrages de fiction, témoi-gnages... qui renoncent aux ambitions de la science et s’accompagnent le plus souvent d’un recentrage autour du chercheur lui-même. De ce point de vue, le livre de Michèle Dacher, qui s’inscrit à l’encontre d’un tel compartimentage – exposition scientifique d’un côté, participation personnalisée de l’autre – est tout à fait exceptionnel et ne possède, à ma connaissance, aucun équivalent, y compris hors de l’Afrique. Restituant aux structures sociales toute l’épaisseur intention-nelle et affective des acteurs, cet ouvrage réussit le tour de force de conju-guer en un même récit trois ordres de fidélité : aux réalités vécues des personnes dont il retrace l’histoire, aux exigences d’une description anthropologique rigoureuse et à la position forcément ambiguë de l’eth-nologue. e Le récit s’ouvre vers la fin du XIX siècle sur la figure trouble et puis-sante de Kamon fuyant sa communauté d’origine, où il venait de tuer deux membres de sa famille, et sollicitant l’autorisation de s’installer dans ce nouveau village. Avec cet homme venu d’ailleurs, autant craint que respecté, grand polygame doté de moyens occultes redoutables et d’un sens des initiatives politiques et commerciales hors du commun, se met en place l’unité d’habitation (la « concession ») qui va constituer le cadre du groupement familial dont l’histoire nous est contée. Le jeu subtil des alliances et des trahisons diplomatiques et religieuses auquel se livre ce personnage fondateur au cours de sa longue carrière – laquelle s’oppose par bien des côtés à l’idéal identitaire gouin – imposera à son importante descendance des allégeances et des conflits politiques et matrimoniaux qui infléchiront son développement futur. En suivant le destin des épouses et des enfants de cet homme – une centaine d’individus en tout – nous voyons les relations familiales se déployer progressivement pour atteindre à un degré d’imbrication tout à fait surprenant. Par petites touches successives, le récit dresse une galerie de portraits extraordinairement savoureux et divers, offrant ainsi une plu-ralité de perspectives sur les agissements des uns et des autres. Tantôt otages passifs des rôles qui leur sont dévolus par les anciens, tantôt mani-pulateurs habiles des relations familiales et institutionnelles, ces per-sonnes, poursuivant des stratégies souvent ambiguës, engagées dans des situations parfois tragiques ou rocambolesques, vont tisser la toile de leur histoire familiale commune. Les multiples fils qui composent cette histoire – la détresse de tel homme en quête de reconnaissance et rongé par la jalousie devant la réus-
PRÉSENTATION
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site de son frère aîné, les tergiversations de tel autre, victime d’un engouement amoureux qui le perdra, les incertitudes d’un mari stérile face aux enfants adultérins de ses nombreuses épouses, les rapports bru-taux qui éclatent entre une bru et sa belle-mère, les problèmes d’héritage et de succession, etc. – prennent un relief tout particulier du fait qu’ils sont relatés en situation, dans le contexte des pratiques et des valeurs de la culture gouin. Dans cette société répondant à une conception politico-religieuse libre et égalitaire, bon nombre d’antagonismes s’enracinent dans l’articulation problématique de deux principes d’appartenance. D’un côté, les individus sont rattachés à leur groupe de résidence paternel : si les femmes rejoignent la maison de leur mari, les hommes, aussi bien adultes qu’enfants, restent dans la concession de leur père. Droits fon-ciers, cultes villageois, chefferie de la concession sont hérités en ligne paternelle. De l’autre, ces mêmes personnes se réclament de groupes de filiation différents, fondés sur une référence maternelle commune : biens monnayables (compensations matrimoniales des filles, surplus agri-coles...), participation au culte des ancêtres, devoirs de vengeance, etc., sont transmis non par le père mais par la mère. Si un tel régime « dyshar-monique », ainsi que l’appellent les ethnologues, laisse aux particuliers une marge de manœuvre considérable en raison de sa grande souplesse, il est néanmoins lourd de tensions qui se résolvent par des scissions plus ou moins violentes. Toutefois, c’est sans aucun doute le mariage et plus généralement la « propriété » des femmes – fiancées, épouses, veuves héritables – qui se trouvent au cœur des préoccupations des acteurs. Les passions heureuses ou malheureuses que soulève cette institution, les fortes dépenses qu’elle implique, les principes d’ordre qu’elle incarne, les différences de statut qu’elle met en œuvre (homme vs femme, libre vs esclave, aîné vs cadet, donneur vs preneur, etc.), les négociations et tac-tiques transgressives qu’elle mobilisent, fournissent un champ privilégié pour la mise à l’épreuve aussi bien des traditions collectives que des volontés individuelles. À partir des années 90, une autre personnalité singulière, Dièllon, de la génération des petits-fils, prend le devant de la scène. L’auteur, « adop-tée » lors de ses premiers séjours par cet enfant espiègle et perspicace, le retrouve quinze ans plus tard aux prises avec les hauts et les bas vertigi-neux de l’émigration. En suivant ce jeune adulte dans ses aventures, on constate la dégradation progressive des liens familiaux en même temps que la création de nouvelles attaches s’étendant bien au-delà du village. Elles investissent des espaces jusque là peu familiers (la ville, la Côte d’Ivoire voisine) avec des conséquences parfois avantageuses et parfois dramatiques. Le lecteur assiste, étape par étape, à l’émergence d’un nou-veau type d’individualité, profondément marqué par l’ambivalence et par la nécessité d’une négociation constante entre deux mondes.
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