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Français
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Publié par
Date de parution
01 janvier 2020
Nombre de lectures
1 424
Langue
Français
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01 janvier 2020
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Français
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FOFANA ANLIYOU DE SATAMA
AMOUR
VINAIGRÉ
ROMAN
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Tah Kadi était belle. Sa beauté n'était pas à discuter. Jeune
demoiselle de dix-huit ans en classe de 2nde C, elle avait
des yeux dormants, un nez singulier et des lèvres
florissantes laissant transparaître des dents parfaitement
blanches associées à une forme extraordinaire, le tout
couronné par des cheveux hors compétition pareils à ceux
de Mamie Watta. On n'avait pas eu tort de lui donner le
pseudonyme de « miss envoûtante ». Aucun homme ne
pouvait résister à Tah Kadi. Or moi, Ben Mohamed, j'étais
un homme donc la sentence s'appliqua à moi.
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02 Mai 2016
Je l'ai vue par le canal de son père. J’ai succombé
face à son charme, mais je ne devais surtout penser à
l'aborder à cause de multiples facteurs. Son père, monsieur
Tah était un diplomate d'un pays limitrophe. Il travaillait
au consulat de son pays. Je priais dans la même mosquée
que lui. Ayant remarqué ma fréquence dans le lieu saint et
mon contact avec le coran, ce dernier en déduit
certainement que je ne me débrouillais pas mal en matière
de religion. C'est ainsi qu'il me demanda d'aller enseigner
sa famille sur l'islam. Il m'envoya alors chez lui. C'est là
que je découvris sa fille Tah Kadi pour la première fois.
J'étais si attiré par elle ! Or, je n'avais pas intérêt à
l'aborder.
Je devais être le professeur de cours religieux de
cette famille bourgeoise. Je devais servir de modèle en
m'abstenant de draguer Kadi. Qui plus est, je n'avais pas la
même situation sociale qu’elle car j'étais un pauvre
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homme. En sus, je n'étais pas du tout "choco" comme on
le dit dans le jargon ivoirien, c’est-à-dire je n’étais pas
élégant. En fait, je ne m'y connaissais pas en matière de
femme. J’étais pourtant dans ma vingt-cinquième année
sur la terre. On m'avait juste parlé de ces êtres mythiques.
Toutefois, mon interrogation était judicieuse : qu'est-ce
qu'une fille à papa allait faire avec un petit "gaou" comme
on le dit en Côte D’Ivoire, c’est-à-dire un homme qui n’a
aucun style vestimentaire ; un pauvre comme moi ? Je
voyais déjà les obstacles à une éventuelle relation entre
moi et Kadi. Malgré qu'elle me séduisît énormément, il ne
fallait pas oser l'aborder face à de telles circonstances car
je serais confronté à un amour vinaigré.
En réalité, je n’étais pas bon musulman. J’allais à
la mosquée parce que les gens de mon entourage y allaient.
J’étais de nature respectueux, serviable et peu bavard. Les
gens m’attribuaient alors le statut de bon croyant. C’est
vrai, je connaissais le livre saint et ses recommandations.
Cependant, je ne les appliquais pas. Personne ne pouvait
le savoir parce que la plupart des gens jugent en se basant
sur l’apparence. L’apparence n’est-elle pas trompeuse?
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Au milieu de cette grande salle de réunion,
monsieur Tah et moi étions arrêtés. Devant nous, les autres
membres de sa famille étaient assis. Il me les a présentés
avant de me laisser seul face à ce petit public qui était
composé de Kadi sa fille, son épouse madame Tah
Maryem, son fils Issouf qui était en classe de CE2 et ses
jumeaux Abdullah et Safi qui faisaient la maternelle. Juste
derrière moi, il y’avait un fauteuil. Je m’y étais assis.
J’étais si intimidé qu’il a fallu que monsieur Tah me donne
le feu vert pour que je commence le cours.
Je me sentais si complexé. J’avais l’impression
d’être un clown dans un spectacle d’enfants. Tous les yeux
étaient rivés sur moi. Chaque sourire qu’on me lançait
pour me rassurer me déstabilisait un peu plus. J’avais
l’impression qu’ils se moquaient soit de ma chemise
froissée, soit de mon pantalon percé de quelques côtés, soit
de ma ceinture beaucoup trop vétuste soit de mon visage
et ses comédons qui me faisait briller comme de l’huile de
moteur. En fait, il n’y avait que moi-même qui m’attardais
sur ces défauts. Ces gens m’appréciaient déjà tel que
j’étais.
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J’ai titubé quelques minutes avant de prendre
confiance en moi. J’ai commencé par une évaluation afin
de diagnostiquer leurs niveaux de connaissance dans le
domaine religieux. Ils avaient tous halte à apprendre donc
tout était vite passé. Une fois leurs prérequis vérifiés, j’ai
commencé à leur enseigner quelques versets coraniques.
Pour terminer, j’ai laissé chacun d’entre eux poser des
questions auxquelles j’ai répondu. Kadi était très ouverte
à cette dernière étape. Elle m’avait posé une série de
questions, toujours avec une sympathie qui me donnait
l’impression qu’on se connaissait depuis belle lurette. De
seconde en seconde, je tombais dans l’illusion. En tête, je
commençais à tracer un plan pour lui déclarer ma flamme :
devenir son ami pour pouvoir la draguer dans les mois à
venir.
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16 Mai 2016
Le destin a-t-il voulu que les choses aillent comme
sur des roulettes ? Cela faisait deux semaines que je donne
des cours dans la famille Tah, mais tout le monde m’avait
adopté comme si j’étais un des leurs.
Ayant fait la série A2 et étant étudiant en
géographie, Kadi sollicitait mon aide pour traiter ses
exercices et devoirs de maison sur les matières littéraires.
Cela m'avait permis de me rapprocher davantage d’elle.
J’avais désormais son numéro de téléphone. Une très belle
amitié commençait entre nous.
Chaque soir, Madame Tah me donnait de la
nourriture et des fruits, vu que c’était le mois du Ramadan.
Monsieur Tah lui-même était d’une gentillesse extrême. Il
me ramenait chez moi en voiture. C’était ces fois où je
finissais un peu tard. Tout le monde était si aimable que
j’arrivais parfois à penser qu’ils me proposeraient
euxmêmes de prendre Kadi pour épouse dans l’avenir. Ne
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vous en faites pas, j’ai très vite cessé de tomber dans ce
rêve.
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