138
pages
Français
Ebooks
2023
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Publié par
Date de parution
17 juin 2023
Nombre de lectures
3
EAN13
9782896454792
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
3 Mo
L’auteur, compositeur et interprète cadien Zachary Richard élabore une œuvre aux multiples facettes : il travaille très activement depuis de nombreuses années à la préservation, à la promotion et à la pérennisation des cultures de la francophonie en Amérique du Nord. La poésie représente, depuis 1968, l’une des voies qu’il a choisies pour mener la bataille. Zuma #9, est son quatrième recueil de poésie, mais le premier à paraître aux Écrits des Forges.
Dans le texte liminaire au titre éponyme, le poète écrit :
Sur la plage de Zuma #9, on ne peut plus avancer. Cette
plage incarne les limites d’une trajectoire entre terre et mer,
joie et souffrance, croissance et disparition, mal et bien,
amour et manque d’amour. J’arrive au bord de ce vaste
océan avec à mon dos un continent scarifié par mes trajets
et j’explore cette rupture qui est aussi transition, et je décris
ce que je vois et ce que je sens.
Influencé par les « Beats », Gary Snyder en particulier, Zachary Richard met en scène, dans Zuma #9, un territoire presque imaginaire : celui des francophones nord-américains, qui s’étend, ici, depuis « Les Chênes du Marais » Louisianais jusqu’à la fameuse « Outre-le-Mont » québécoise en passant par l’acadienne Edmundston. Le poète y fait vivre des personnages plus grands que nature, présentés avec leurs espoirs et leurs amours, mais aussi, parfois, avec la petitesse du genre humain ou les revers qu’imposent l’environnement et le climat. Il en dresse un portrait juste, révélateur des enjeux sociaux, et toujours avec une passion contagieuse, où tendresse et humour ne sont jamais loin.
Publié par
Date de parution
17 juin 2023
EAN13
9782896454792
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
3 Mo
/* Script */ /* Script */ /* Script */
Zuma
9 /* Script */ /* Script */ /* Script */
Les Écrits des Forges, fondés par Gatien Lapointe en 1971, bénéficient
de l’appui financier du Conseil des arts du Canada et de la Société de
développement
des
entreprises
culturelles
du
Québec
(SODEC).
Photographie de couverture: Philip Gould, Pevitone Beach
Photographie
de
l’auteur:
Philip
Gould
Infographie:
Éditions
iGraf
Dépôt
légal:
quatrième
trimestre
2019
(papier)
deuxième
trimestre
2023
(epub)
Bibliothèque
et
Archives
nationales
du
Québec
Bibliothèque
et
Archives
Canada
ISBN: 978-2-89645-377-1
(papier)
ISBN: 978-2-89645-479-2 (epub)
©
2019,
Écrits
des
Forges
992-A,
rue
Royale
Trois-Rivières
(Québec)
G9A
4H9
Téléphone:
819
840-8492
ecritsdesforges@gmail.com
www.ecritsdesforges.com
En
librairie:
Diffusion
Prologue
3785,
rue
La
Fayette
Ouest
Boisbriand
(Québec)
J7H
1N5
prologue@prologue.ca
Avec
la
participation
du
gouvernement
du
Canada
/* Script */ /* Script */ /* Script */
Zachary
Richard
Zuma
9
/* Script */ /* Script */ /* Script */
/* Script */ /* Script */ /* Script */
Zuma
9
En partant de ma demeure aux Chênes du Marais vers
l’ouest en ligne droite tirée à la boussole, on arrive éventuel-
lement sur la plage de Zuma 9. Après les étendues du Texas
et les montagnes du Nouveau Mexique, après les cabanes
des Chicanos de East L.A. et les palais des vedettes à
Hollywood, de l’autre bord de la ville dite des anges, juste
au
nord
de
Malibu,
on
arrive
là
où
la
terre
s’arrête.
Dans la tradition occidentale autant qu’orientale, la poésie
est définie par la rencontre de l’intérieur avec l’extérieur,
l’expression d’une perception du monde externe vue par le
filtre des sensations intimes. Le poète habite sur cette zone
frontalière qui est plutôt une fissure par où passe toute ins-
piration. La craque dans l’univers par où passe la lumière
selon
Cohen.
Disciple de Snyder depuis mes débuts, je célèbre à ma façon
ses grands thèmes: la fertilité de la terre, la magie des ani-
maux, la clarté de la solitude, l’initiation et la renaissance,
l’extase
de
la
danse
et
le
travail
commun
de
la
tribu.
Sur la plage de Zuma 9, on ne peut plus avancer. Cette
plage incarne les limites d’une trajectoire entre terre et mer,
joie et souffrance, croissance et disparition, mal et bien,
amour et manque d’amour. J’arrive au bord de ce vaste
océan avec à mon dos un continent scarifié par mes trajets
et j’explore cette rupture qui est aussi transition, et je décris
ce que je vois et ce que je sens.
7 /* Script */ /* Script */ /* Script */
/* Script */ /* Script */ /* Script */
Zuma
9
I
Au
large
de
la
plage
large
de
Zuma
escadron
de
douze
pélicans
froliquant
dans
les
vagues.
Banc
de
dauphins
leurs
nageoires
sorties
comme
les
antennes
de
cette
ville
de
fou,
agrippée
au
bout
du
continent
par
un
cri
de
secours,
par
une
crise
d’épilepsie,
par
le
battement
de
son
cœur
explosé
à
la
cocaïne.
Le
tonnerre
des
moteurs
des
avions
de
LAX
mélangé
comme
un
cocktail
venimeux
aux
bruits
des
vagues,
se
jetant
sur
la
plage
comme
les
sifflements
des
voituriers
devant
les
grandes
maisons
de
la
côte.
Leurs
mains
posées
sur
les
volants
des
voitures
de
luxe
au
bord
de
la
101,
sans
pour
autant
pouvoir
échapper
à
leurs
destins
impitoyables.
Naufragés dans leur schizophrénie fantastique :
rêvant
qu’un
jour
de
la
semaine
prochaine
la
voiture
et
la
blonde
aux
grandes
jambes
seront
à
eux
dans
leur
appartement
2
et
demi
rempli
de
seringues
et
de
bouteilles
vides,
aux
draps
tachés
de
sang
dans
le
ghetto
de
Monterey
Park.
Et moi dans ma détresse culturelle :
9 /* Script */ /* Script */ /* Script */
Left
brain,
right
brain
continental
drifting.
Brûlé
par
le
soleil
d’Amérique
noir
comme
les
nageoires
dorsales
des
dauphins,
insignifiant
comme
une
goutte
de
l’écume
une
plume
de
pélican
pour
mon
chapeau,
caché
sous
la
cabane
du
sauveteur
sur
la
plage
de
Zuma
9.
10 /* Script */ /* Script */ /* Script */
II
Échassiers
migratoires
passant
et
goélands
aux
becs
orange
qu’ils
font
colorés
dans
un
salon
de
la
Melrose.
Lord knows. Who knows ?
Lord
only
knows.
À
Hollywood
les
becs
peints
orange,
les
seins
agrandis,
les
bites
arrondies
pour
se
donner
la
chance
de
faire
la
couverture
du
L.A.
Weekly
mixé
comme
une
marghérita
aux
multiples
saveurs,
couleur
rose-orange.
Et
si
ça
ne
marche
pas,
il
’y
a
rien
à
faire
sauf de retourner d’où on vient :
les
barrios
du
tiers
monde,
les
bidonvilles
de
Rio
le
ghetto
de
Shanghai
ou
bien
Roberval
ou
Scott,
Louisiana.
Sur
la
plage
de
Zuma
on
trouve
sportifs,
enfants,
surfers,
femmes
âgées
aux
seins
qui
pendent,
jeune
filles
aux
seins
ronds,
touristes,
juifs
aux
yarmulkes
et
sun-screen
avec
les
dauphins
au
large
comme
une
attraction
de
Disney
World,
entourant
l’horizon
comme
le
smog
me
serrant
de
plus
en
plus
fort.
Il
y
a
quelques
Chicanos
mais
peu
comparé
à
East
L.A.
Les
taquérias,
pulquérias
ailleurs.
Il
y
a
de
toutes
les
nations
de
la
planète.
On
parle
dans
toutes
les
langues,
la
tour
de
Babel
réduite
en
grains
de
sable
11 /* Script */ /* Script */ /* Script */
et
étalée
en
bas
de
la
falaise,
le
malaise
du
monde
comme
une
chienne
qui
gronde
face
à
l’océan
dont
on
ne
voit
pas
la
fin.
Low
riders,
gansters,
mamasitas.
Une
petite
galerie
remplie
de
plantes
vertes
qui
crèvent
de
soif
sur
la
rue
Mohawk
pendant
qu’à
Beverly
Hills
sur
la
Elm
Street
les
palmiers
se
balancent
doucement
dans
le
vent
qui
arrive
de
Zuma,
un
garde-fou
qui
ne
garde
rien
du
tout.
Et
la
soif.
La
soif
des
rues,
la
soif
des
arbres,
des
maisons,
des
toits,
des
colibris,
des
chats,
des
chiens,
des
automobiles,
des
capots
des
automobiles
et
de
tous
les
gens.
La
soif
d’arriver.
La
soif
de
devenir
une
vedette
mondiale
et
de
pouvoir
payer
le
loyer
de
son
appartement
délabré,
le
bruit
de
la
télévision
du
voisin
qui
est
arrivé
à
travers
le
désert
de
Sonoma,
De
Michoacan,
de
Panama,
de
Détroit
ou
de
Montréal-Est.
Soif
de
gloire
et
d’avoir
son
étoile
sur
le
trottoir
du
Boulevard.
La
télévision
bruyante
comme
les
vagues
de
Zuma,
incessantes
qui
empêchent
de
dormir.
Toutes
les
minutes
arrive
un
avion
d’ailleurs
passant
au-dessus
de
Zuma
9,
ses
cris
noyés
par
les
vagues,
se
brisant
sur
la
plage
sableuse,
peuplée
de
toutes
les
races,
traînant
toute
la
crasse
pour
la
jeter
dans
l’océan
qu’on
appelle
Pacifique.
12 /* Script */ /* Script */ /* Script */
L’oasis
de
rêve
se
métamorphosant
en
cauchemar
comme
le
dard
d’un
garde
du
corps
dans
son
hélicoptère
de
fantasme
éphémère.
Riche
ou
pauvre,
l’hélice
est
plus
forte,
mais
moins
tenace
que
les
vagues
de
Zuma.
Le
grognement
des
fissures
tectoniques.
Le
tremblement
dans
mes
veines.
13 /* Script */ /* Script */ /* Script */
III
À
18h
les
baigneurs
et
les
fainéants
de
Zuma
commencent
à
quitter
la
plage,
rejoignant
leurs
embarcations
qui
se
blottissent
dans
le
parking
surchauffé.
Les
BMW,
les
SUV,
les
fourgonnettes
des
années
70.
Les
pélicans
survolent
la
mer,
plongeant
de
haut,
les
ailes
pliées,
les
yeux
fermés.
Leurs
grands
becs
pointus
perçant
l’eau
comme
des
grandes
épées,
chaque
pélican
entouré
de
goélands
souhaitant
attraper
déchet,
voler
un
morceau.
Dans
cette