« Quoi donc a survécu, reparaît intact, quoi donc après tant d’années insiste, exige que tu reprennes et prolonge la phrase… ? »Quelquefois, tout à coup, par surprise, nous vivons. La prison du présent se dissout ; la besogne d’exister s’entr’ouvre. Quoi donc se propose, s’impose, « dans ce levain subit de midi, la clarté aussitôt reconnue de cette énigme reproposée, poussée devant nous, ce Jeu ? » Quoi d’essentiel nous arrête, nous requiert… ? Ces cimes radieuses, effaçant sur-le-champ nos biographies, notre âge, les récitations des idées apprises, soulèvent un grand moi stylisé et exact, vers on ne sait quelle annonce, quelle révélation presque là, et toujours dérobée : nous sommes au bord, et pourtant nullement frustrés – quasi comblés au seuil de ce pays somptueux et silencieux du Presque. Ce pays intermittent, le poète a pour fonction de le préciser, de faire miroiter ses différentes époques secrètes, les divinités qui s’y dissimulent : cinq chants, cinq temps.
1 : « Avant le temps ». 2 : « Avant l’amour », l’adolescence qui n’est pas la suite ou la fin mais « l’enfant de l’enfance ». 3, l’amour, « Bonheur, soleil effroyable ». 4 : ce temps étrange et long d’« Après ». Chant 5, les « vacances au bord de la mort »… La vie éprouvée, retrouvée, véridique, saison après saison devant « le sourire de sphinx de la mer ».
Voir