"Carrefour de Nuit" a été publié pour la première fois en novembre 2012 aux Editions Edilivre en France. C'était le premier recueil de poèmes que l'auteur avait sorti à titre personnel après avoir publié dans diverses anthologies, que ce soit en Haïti, en France, aux Etats-Unis ou au Canada. A travers cet ouvrage, le poète évoque son pays, Haïti, l'amour, l'espoir, les désillusions, avec parfois un brin d'humour et de fantaisie, tout en utilisant des mots de tous les jours pour composer des images fortes. Le titre du livre est un hommage à son quartier Carrefour où il a passé pratiquement toute sa vie, où il a fait de belles rencontres, où il a connu la poésie, l'amour, l'amitié. "Carrefour de Nuit" est une recueil diversifié. Plusieurs courants littéraires traversent cette oeuvre qui se veut éclectique. Le livre contient à la fois des poèmes, des nouvelles, des récits et des parodies un peu à la manière du grand et populaire poète français jacques Prévert dont l'auteur est un adepte. Jonel Juste cultive également une certaine simplicité dans sa démarche poétique. A l'école surréaliste, il a pratique l'écriture automatique, découvert la magie des mots, la puissance des images, il a appris à se libérer de certaines contraintes ; cependant, il a conservé le souci d'être accessible, ne croyant pas qu'il faut être toujours hermétique pour être un bon poète. En 2020, il a décidé de publier une nouvelle éditions de "Carrefour de Nuit". Celle-ci se veut plus cosmopolite, compte tenu de la nouvelle situation d'immigré de l'auteur qui vit dans un monde pluriel. La nouvelle édition est notamment en trois langues : français, créole et anglais. Dans ces textes en prose sont décrits des situations et des personnages de son pays d'accueil. Il y a aussi cette volonté de toucher un publier qui n'est pas uniquement francophone mais aussi créolophone et anglophone. Ce qu'il est important de noter dans ce recueil est qu'il a traversé au moins deux décennies et tient compte des divers événements qui s'y sont produits. C'est pourquoi l'auteur prend le soin de dater certains textes afin de les contextualiser. Certains récits font référence aux Années Aristide. D'autres font allusion au séisme du 12 janvier 2010 qui a durement frappé Haïti. L'un des poèmes évoque le scandale financier Petrocaribe, soit des milliards de dollars d'aide qui étaient censés développer Haïti, mais dilapidés par les dirigeants haïtiens. Juste a pris également le soin d'inclure des poèmes faisant référence à la pandémie sévissant dans le monde au Printemps 2020 et confinant l'humanité au silence de la pierre. Mais "Ce n'est pas la fin du monde" comme il le dit dans l'un de ses textes. Ce n'est pas la fin de la poésie, de l'amour, de la vie, de l'humain.
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