254
pages
Français
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2015
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Publié par
Date de parution
26 mars 2015
Nombre de lectures
269
EAN13
9782342035995
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
2 Mo
Publié par
Date de parution
26 mars 2015
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269
EAN13
9782342035995
Langue
Français
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2 Mo
Un papa ne pleure pas
Du même auteur
Nous irons ensemble,
Société des Écrivains, 2013
Mémoire trahie,
éditions Publibook, 2014
Pour l’amour de Blaise,
Société des Écrivains, 2015 François-Xavier David
Un papa ne pleure pas
Publibook Retrouvez notre catalogue sur le site des Éditions Publibook :
http://www.publibook.com
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IDDN.FR.010.0120236.000.R.P.2014.030.31500
Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2015
« Qui n’est jamais tombé n’a pas une juste idée
de l’effort à faire pour se tenir debout. »
Multatuli
I.
Je ne suis qu’un papange
Je m’appelle Matthieu, j’ai trente-sept ans, je suis
divorcé, je vis maintenant dans la région de Cherbourg, j’ai
quitté l’armée où j’avais été infirmier… Je suis donc
reparti à zéro. Mes parents vivent depuis toujours également
en Normandie, près de Saint-Lô, avec mon frère Frédéric
et ma sœur Bérénice. Mon frère aîné, Sylvain, quant à lui,
vivait en Bretagne où il avait un travail dans une
administration. J’aime bien la Normandie où je n’y ai pas vu le
jour malgré tout, mais pour moi, il est clair que je veux
continuer à vivre ici. C’est ici que je suis maintenant, et je
n’en partirai certainement jamais.
Je n’aime pas les femmes. Voilà, c’est dit, mais est-ce
complètement vrai ? Non ! En fait, je n’aime pas faire
l’amour avec une femme. J’ai été conçu par des parents
avec cette tendance particulière à aimer exclusivement
l’homme. Oui, je suis homosexuel, mais malgré cette
situation, cela ne m’a pas empêché de me marier, et même
de divorcer. Finalement, je suis presque comme « tout le
monde », puisqu’encore de nos jours, pour être «
normal », il faut être comme tout le monde. La différence,
quelle que soit cette différence, est presque un handicap.
Depuis des années maintenant, j’ai besoin de répandre
sur papier ce que j’ai vécu, ressenti au plus profond de
mon âme, mais surtout ce que je vis encore à l’heure
actuelle, la souffrance.
Comme beaucoup d’hommes mariés, j’ai été père à une
période de ma vie, et je suis ce que l’on appelle
doréna9 1vant un « papange », un papa qui a perdu un enfant en bas
âge, un petit ange donc.
Mon fils est mort, il y a bien sûr quelques années
maintenant, mais pour moi, c’est comme si c’était arrivé hier !
1 Père ayant perdu un enfant avant ou après la maternité
(Wiktionnaire).
10
II.
On ne choisit pas sa famille
La famille. Ah ! « la famille ». Que ne faisons-nous pas
d’absurde au nom de la famille, au nom du nom de cette
famille, mais également au nom du « bien-pensant » ?
En 1910, Rudyard Kipling écrivit : « Tu seras un
homme mon fils ! ». Moi-même, me sachant gay, je devais
être un homme, ce qui voulait dire dans le langage correct
et acceptable de mes parents, me marier et avoir des
enfants. Il faut faire ce que l’on te dit, il faut faire comme ton
frère et ta sœur, il ne faut pas que l’on jase. Le «
qu’endira-t-on » n’a pas cours ici !
Sylvain, mon frère aîné, quant à lui, s’est marié. Mon
frère, cet hétéro assoiffé de filles, a donné le bon exemple,
et il fallait donc que je fisse pareil, même si lui aurait
préféré rester célibataire.
« On a assez d’un handicapé à la maison, on ne va pas
en plus avoir un pédé ! »
Ça, ça n’a jamais été dit, mais ça a été pensé tellement
fort que j’ai l’impression de l’avoir toujours entendu. Les
sous-entendus étaient toujours sans équivoque, difficile de
ne pas comprendre, à moins de le faire exprès.
L’homosexualité n’était pas un sujet tabou, non, c’était au
contraire un sujet terriblement critiqué, on se moquait des
« pédales ». Mon deuxième frère est malheureusement
handicapé, ça n’a jamais été simple tous les jours, ni pour
lui, ni pour nos parents, mais encore moins pour nous, les
11 trois autres enfants, car nous devions conjuguer nos loisirs
en fonction des humeurs quotidiennes de notre frère.
À la maison, je n’ai jamais osé parler de « ça », mon
homosexualité. Je n’ai jamais osé parler non plus de
« lui », mon copain. Il m’a fallu vivre avec « ça » en moi
et faire toujours comme si… « Adieu Éric, je t’aimais
bien, adieu Éric je t’aimais bien tu sais… », un peu
comme aurait pu le chanter le grand Jacques Brel, avec un
Moribond revu et corrigé, l’original étant sorti quant à lui
en juillet 1961, c’est déjà loin tout ça !
Alors il aura fallu, oui, il m’aura bien fallu trouver « la
femme » et surtout « l’épouse », pour le grand plaisir de
ma famille. Comment trouver celle qui fera l’affaire quand
on est incapable d’aimer une femme, comme on dit ?
J’étais incapable de draguer, incapable d’avoir des
sentiments amoureux pour quelque chose que je n’aimais pas
faire. Oui, je l’avoue, j’éprouve plus facilement des
sentiments amoureux avec des hommes qu’avec la seule et
unique femme que j’ai eue dans ma vie. Mais est-ce un
péché ?
Je n’ai donc jamais abordé le sujet avec ma famille,
surtout là où la religion était sans cesse présente. Je ne
pratiquais pas comme eux, là aussi j’étais différent de ma
famille. Je n’ai jamais transgressé ce que j’étais, je suis
comme je suis. « I am what I am », chantait Gloria Gaynor
en 1984.
J’ai été « fait » ainsi. L’erreur ne vient pas de moi, je
n’ai rien bousculé, ou alors si, j’ai bousculé mes attirances
en aimant une femme alors que je préférais les hommes.
Voilà, à la limite, ma seule et unique perversion. Et
encore, y a-t-il seulement là une once de perversion ? Je n’ai
fait de mal à personne pour y arriver, sauf à moi. C’est
certainement bien après que j’ai fait du mal à quelqu’un,
au moment du divorce, quand on a appris la vérité sur moi,
sur ma vie, sur mon « vice », comme diront certains. Mais
12 mon vice à moi, n’était-il pas de tenter d’aimer une
personne du sexe opposé à celui que je convoitais,
réellement ?
Oui, j’ai aimé des hommes, certains de passage, comme
d’autres hommes aiment des femmes aussi souvent que
leur envie se fait sentir. Mais est-ce pour autant plus mal
pour moi que si j’avais été un « homme à femmes » ?
Estce que le nombre d’hommes aimés est plus discutable que
si cela avait été des femmes ?
Si j’avais aimé bon nombre de femmes, on aurait parlé
de moi comme d’un étalon, d’un chaud lapin, d