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Publié par
Nombre de lectures
43
EAN13
9782379611261
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
3 Mo
Romance contemporaine - 401 pages
Noé, jeune homme au passé secret, est féru de bachata. Lorsqu’il croise Suzanne, championne de danses latines, au détour d’une soirée, l’osmose musicale est parfaite. Pourtant, la jeune femme disparaît...
Un an plus tard, le destin les réunit, mais Suzanne, meurtrie par les violents et tragiques événements du Bataclan, n’est plus que l’ombre d’elle-même. De son côté, victime de ses addictions, Noé espère encore préserver ce qui lui reste.
... Et si danser ensemble les sauvait de leurs démons ?
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43
EAN13
9782379611261
Langue
Français
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3 Mo
Sensual bachata
Charlie Genet
Charlie Genet
Mentions légales
Éditions Élixyria
http://www.editionselixyria.com
https://www.facebook.com/Editions.Elixyria/
ISBN : 978-2-37961-126-1
Corrections : Nord correction
Photo de couverture : The Faces
Remerciements
Depuis mes premiers mots couchés sur le papier, depuis mon premier manuscrit, ou encore, sur le chemin qui m’a menée à la fin de Sensual Bachata, il y a des personnes qui ne m’ont jamais abandonnée… Je voudrais les remercier.
Cyrielle, je serais perdue sans tes ressentis, ne change jamais.
Marine, chacun de tes retours m’aide à améliorer mes romans, une bêta-lectrice toujours présente.
Eva, tu m’aides à grandir et tes conseils me sont précieux.
Jess, grâce à toi, je me suis reconnectée à cette passion dévorante qu’est la danse latine. J’espère partager encore de nombreuses vidéos de chorégraphies de nos chouchous (Daniel et Desiree versus Tanja La Alemana et Jorge Ataca) et découvrir le sens de ces chansons qui nous font vibrer.
Laetitia, tu as confiance depuis le début et tu m’obliges à me dépasser.
Didier, pour ton travail extraordinaire et ta patience à toute épreuve, je te tire mon chapeau.
Céline, pour ton œil d’aigle sur mes lignes, et la tranquillité d’esprit que ça m’apporte.
Alix, sans ton amour, ton soutien et tant d’autres choses, je n’en serais pas là, merci, mon amour, mon coach, mon éternité.
Merci à vous d’être mes étoiles dans l’obscurité de l’écriture.
Je n’oublie pas ceux qui ont partagé à mes côtés des heures sur les parquets, les trottoirs, les quais de Seine ou tout autre endroit où l’on pouvait improviser une danse : Titia, Mélo, Jeff, Mika, Lio… et tous ceux qui se souviendront de ces bachatas.
À toi, petit ange qui n’a connu que quelques heures de cette vie. Je t’offre des pas de cette danse que ta maman et moi avons partagée. Pour ta jumelle qui lira peut-être un jour ce roman.
Prologue
Noé
13 novembre 2015
Dile Al Amor , Aventura
Le rythme s’imprime dans mes tympans, la mélodie coule dans mes veines, elle ordonne à mes muscles de lui obéir. Le tempo en quatre temps guide mes gestes. Je ne cherche même pas à lui résister. Le sourire aux lèvres, je chasse une partenaire.
Ses yeux noisette me transpercent, c’est elle que je veux, qui qu’elle soit. J’avance de quelques pas, lui tends la main. Je ne dis pas un mot, juste une invitation silencieuse. La musique ne nous permet pas de parler, mais une autre sorte de communication s’offre à nous. Sa paume glisse dans la mienne, elle accepte de confier son corps au mien. C’est comme ça que je ressens la bachata.
La voix suave du chanteur s’élève, je l’entraîne avec moi vers un coin tranquille et spacieux. Je lève le bras, donne l’élan d’un geste sec du poignet, lance la magnifique jeune femme aux cheveux châtains nuancés de blond dans un double tour. Elle l’exécute à merveille et me lâche. Elle est face à moi, dans l’attente du premier mouvement. C’est une excellente danseuse, je l’ai observée de loin pendant le set de salsa.
La voix de l’homme entonne la supplique attristée du refrain, les mots en espagnol chantent la naissance d’un amour impossible. C’est souvent le cas, la bachata est la musique des amours perdues, difficiles. J’accroche son regard et la connexion qui sera le lien entre nous et nous soufflera la chorégraphie se crée instantanément. Je suis le tempo, elle danse en miroir. Son bassin chaloupe et marque d’un haussement le quatrième temps.
Nous nous affrontons, nous jugeons par des pas en solo et des créations techniques. Elle me défie d’un sourire et enchaîne des mouvements de tango qui s’accordent à merveille avec cette bachata. Je lui réponds par des pas de ma confection. Ça doit lui plaire, car ses yeux s’allument d’excitation. Je tends la main à nouveau, elle la saisit. J’enroule mon poignet autour de sa nuque, puis romps ce précieux contact au dernier moment, finissant ma passe par une caresse. Je suis sa clavicule du bout des doigts, son bras, et retrouve la chaleur de sa paume. Je l’attire contre mon corps, nos peaux se frôlent, se rencontrent enfin. Je glisse la jambe entre les siennes, ses hanches se calquent sur les miennes dans un mouvement unique, nos souffles se mêlent en raison de notre proximité, nos cœurs s’accordent au rythme de la mélodie.
Je n’ai jamais connu une telle harmonie en dansant. Chacun de ses pas, chaque ondulation de son bassin, tout est parfaitement synchronisé à moi. Elle comprend, exécute chacun de mes ordres, chacune de mes directives sans difficulté. Nous fusionnons pour devenir les messagers de la sensualité de cette danse lascive.
Lorsque la chanson s’arrête, je ne peux pas me détacher d’elle. J’ai l’impression d’être un amant quittant sa partenaire d’un soir sans un mot. Je la garde contre moi, immobile. Je profite de son parfum fleuri, une fragrance de lilas. Ses cheveux me chatouillent le nez, mais je ne bougerais pour rien au monde. J’ai trop peur de briser l’instant.
La musique suivante se lance, elle lève le visage vers moi, m’offre un dernier sourire et quitte la piste.
Chapitre 1
Suzanne
7 octobre 2016
Chandelier, Sia
Je laisse les basses envahir mon corps, ma conscience n’a plus accès à mon esprit depuis longtemps. Je me dandine sur le podium sous le regard affamé de certains hommes. Le vigile de la boîte de nuit me sourit. C’est toujours vendeur, des nanas qui font le show gratuitement. Barts enchaîne les shooters au bar. Je saute de mon estrade et traverse la salle jusqu’au comptoir. Un homme tente de me saisir par le bras, je ne le regarde même pas et m’arrache à sa poigne.
— Allez, viens avec moi, marmonne-t-il. Tu ne veux pas qu’on danse en duo ?
Le film d’une chorégraphie avec Barts s’imprime sur mes rétines. Des heures d’entraînement, des compétitions successives, tout ça pour qu’en fin de compte, il ne me reste qu’un goût de cendre, un dégoût profond pour mon ancienne vie. Seul ce moment volé dans les bras d’un inconnu ranime une sensation de bonheur lointain.
— Ce n’est pas de la danse que de se trémousser sur un podium. Apprends à bouger en rythme, déjà, et reviens me voir après, craché-je.
L’homme ne semble pas prêt à me laisser tranquille, jusqu’au moment où son regard se porte derrière moi. Je n’ai pas besoin de me tourner. Je sens sa présence, sa chaleur.
— Dégage, elle est avec moi, grogne Barts.
Je souris à l’opportun et passe devant mon ami qui me colle aux basques. Je traverse la piste au pas de charge. Il me faut de l’oubli liquide, il y a urgence !
Je saute sur la barre située à ras du sol contre le bar, rehaussant ma taille de quelques centimètres. Le barman nous connaît bien, avec Barts, nous sommes là chaque soir d’ouverture, du jeudi au dimanche, et nous consommons beaucoup.
— Tu es déjà bien alcoolisée, me fait-il remarquer.
— Je ne crains plus rien, alors !
J’attrape le verre, le porte à mes lèvres et gobe d’un coup le mélange coloré. Les souvenirs se floutent, mais ce n’est pas assez. Je cogne le récipient sur le comptoir et enchaîne avec le suivant. Lorsque j’avale le quatrième, sous les encouragements pâteux de mon ami, je perds le fil de la soirée. C’est le black-out !
8 octobre 2016
Después que te perdí , Jon Z et Enrique Iglesias, remix bachata
Aïe ! Mon cerveau ne se connecte pas. Essai suivant, nouvel éclair douloureux. Mouvement des mains sous la couette, je remue les orteils, je suis entière. J’avale ma salive, ma bouche est sèche, ma langue râpeuse ; j’ai un goût de cendrier froid, d’alcool, et de vomi. Bilan gastronomique de ma soirée : tequila, vodka, pétard…
Je bouge avec précaution, il va falloir que j’ouvre les yeux, je n’ai pas le choix. J’ai cours ce matin, je ne peux pas me permettre d’être en retard.
J’entrouvre difficilement les paupières, la lumière tamisée irrite mes rétines. Je papillote des cils, j’ai mal à la tête. La pièce tourne, les murs sans décoration de ma chambre sont une ode à ce que je désirerais pour ma mémoire : une mise à blanc. Le mobilier est restreint, une table de chevet bancale, deux tréteaux et une ancienne porte de bureau, une vieille chaise à roulettes récupérée dans la rue. Je pourrais avoir mieux, mais le prix du confort est trop élevé. Je ne veux rien devoir à ma famille.
Une nouvelle salve de souffrance irradie mes cervicales. Putain de lendemain de fête ! Je m’assieds, victime d’une nausée que je contiens difficilement. Check-up alentour : je suis toujours habillée de mes vêtements de la veille, mon top en strass froissé a tourné et ne dissimule plus rien de ma poitrine. Je le replace de façon hasardeuse. Un coup d’œil autour de moi, je suis seule dans ma chambre et il est… 7 h 30 !
Je bondis hors de mon lit, ignore les protestations de mon corps. Je suis étudiante en journalisme, les places sont chères, je n’ai vraiment pas le droit à l’erreur. Si je perds ma place dans cette école, ma mère me tombera dessus et retour à la case départ. À moins que je crève d’un coma éthylique avant.
Je me précipite à la cuisine, fouille dans le tiroir à médicaments. Mélody m’observe, un sourire aux lèvres.
— Quoi ?
— Encore une soirée arrosée avec Barts ?
Je hoche la tête. Mon cerveau doit heurter les parois de ma boîte crânienne, car la douleur me percute intensément.
— Ça va mal finir, vos conneries, continue-t-elle en buvant son café. Il est temps de tourner la page.
— Je ne l’oublierai jamais !
— Ce n’est pas ce que je dis.
L’odeur du breuvage m’attire et me dégoûte en même temps.
— J’ai cours dans trente minutes, je n’y serai jamais, m’énervé-je.
— Une chose est sûre, tu dois prendre une douche, tu pues le tabac froid, la tequila et…
Elle s’approche, me renifle bruyamment.
— Le mec pas net !
Pour l’alcool et la cigarette, je suis coupable, pour le reste, j’ai un trou noir. Je préfère repousser une peur sans fondements puisque je n’ai aucun souvenir. Tout traitement a ses effets indésirables, le mien, c’est gueule de bois, migraine, vomissures et amnésie