Polska , livre ebook

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Guerre et Maternité : ces deux axes se croisent incessamment dans les récits tissés par Henry Dubos qui scelle dans le drame, la désillusion, la déréliction ou la terreur le sort de ses personnages, qu’ils se situent du côté des bourreaux ou de celui des victimes. C’est qu’à travers les destinées d’une jeune mère délaissée, d’une veuve appelant à la vengeance, d’une scientifique prenant conscience de l’horreur dans laquelle elle est entraînée, ou même d’une adolescente sombrant dans la perversion, l’auteur arrive à ce constat terrible que le pouvoir maternel de donner la vie ou de la protéger est dérisoirement fragile quand la folie s’empare de la volonté des hommes et guide leurs capacités de destruction. Au fil des récits composés par Henry Dubos, eux-mêmes entrelacés à des textes poétiques plus intimistes, se révèlent les portraits torturés d’êtres emportés dans les rouages déments de l’Allemagne nazie... Et si l’obscurité règne évidemment sur cette période, elle se perpétue aussi, dans ces récits, bien après, dans ce qui est promis à ces survivants des camps, à ces enfants abandonnés, à tous ceux laissés à la dérive, dans un monde dénué de repères. Une œuvre souvent glaçante, qui dit les crépuscules infinis de l’histoire, le vacillement de la raison, les pertes que rien ne soigne, cette odeur de sang et de cendres qui suffoque les consciences.

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Date de parution

14 mai 2012

Nombre de lectures

0

EAN13

9782748373844

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

Polska
Henry Dubos
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Polska
 
 
 


Illustrations de Serge Perkowsky
 
 
 

Ce livre est dédié à la petite fille
qui est arrivée avec moi à Strasbourg.
le 2 novembre 1948
 
 
 
Henry Dubos, dit Harald Scezny, dit Henri Dominique, dit Manfred Brandt, dit Harri Schultz
 
 
 
Petite, nous n’avions ni cœur
Ni cervelle
Tout juste un certain numéro
Ligaturé à la ficelle
Et au revers
D’un vieux pal’tot.
 
 
Tu dois avoir une petite cicatrice sous la narine gauche.
 
 
 
Prologue
 
 
 
Te rends-tu compte
Ta vie
Est allongée où les morts bougent encore
Dans le sable rouge
Dans le temps qui reste
Le sable coule
Dans le temps d’avant le sable est collé
Trop mouillé
Vingt ans déjà plus vingt ans déjà
Et vingt ans encore ?
Quel devenir
Quelle aventure
Monde de dérision
Illusion catastrophique englobée par la peur
Vide et haut du seuil du silence
Regarde tu n’as même pas eu le temps de sourire que déjà les trois quarts
De ta jeunesse sont bousillés
Débrouille-toi
T’es dans un monde hostile
Forge-toi.
Erika
 
 
 
C’est possible, mais ce n’est pas sûr, mais enfin on a cru remarquer que beaucoup de corps entamaient leur nouvelle biologie de l’année dès les signes avant-coureurs du printemps. C’est le cas d’Erika.
 
Petit corsage blanc et foulard sous le col, petite jupe stricte d’uniforme, elle se rendait résolument aux réunions prometteuses de la Hitlerjugend . Au départ, ce n’était pas une sinécure, mais il fallait bien vivre avec son temps et, de toute façon, à seize ans, on doit obéissance à ses parents.
 
Elle obéissait donc. Ces réunions mixtes étaient en quelque sorte une libération pour les mœurs de l’époque strictes et sévères. Les parents, réfugiés dans les concepts religieux, écoutaient attentivement le sermon des curés qui tancent le monde de leur puritanisme désuet, mais tellement efficace. Cette forme de nouvelle religion basée sur la politique et au départ sur l’envie de construire un pays socialiste, où il y aurait du travail pour tous, s’était vue congratulée par le clergé, et les parents suivaient la voie de l’Église. Ce que l’on enseignait ? Un endoctrinement nationaliste, une espèce d’instruction civique à outrance, doublée d’ordres et de minutie. Chacun gagnait ses galons à la force du poignet : en fait, une éducation paramilitaire passant par le culte du corps : éducation physique et sportive.
 
Toujours est-il que la petite Erika, dans toutes ses préoccupations, sentait monter en elle les chaleurs printanières, et les sous-vêtements casaniers que lui imposaient père et mère se trouvaient systématiquement enlevés dans le vestiaire et remis le soir avec les affaires de sport dans le fond du sac. Cela permettait de se procurer mille sensations plaisantes, comme celle du souffle de bise entre la toile du corsage et la peau nue, ce qui faisait s’ériger la pointe des seins. Agréable caresse soulignée et entretenue par les mouvements du corps tendant la toile pour la faire légèrement glisser sur la peau. Parfois, la mère s’apercevait du changement, soit à cause du comportement ondulé de sa fille, soit en l’embrassant, les mains sur les épaules ne sentaient plus les défauts que créaient les barrières, soit tout simplement en vidant le sac de sport. Mais Erika trouvait toujours une excuse, la chaleur, la saleté, et la mère écoutait d’une oreille attentive mais faussement crédule. Erika en vint donc à simuler de plus en plus, elle partait couverte de son carcan et revenait de même, seul le lieu de transfert changeait. En effet, elle avait pris l’habitude de tout retirer sans avoir à se déshabiller, à force de contorsions, tirant ici et là, comme ces femmes qui n’ont pas de paravents ou de cabines sur les plages. Plus elle grandissait, plus elle s’excitait de ses jeux de sexualité et commençait à en être troublée, d’autant que les garçons n’avaient pas l’air de la trouver insignifiante. Elle s’approchait volontiers d’eux, et peu à peu, laissait glisser leurs mains sur son dos, ce qui lui procurait des sensations de plus en plus agréables.
 
Bref, c’était un beau brin de fille, et le lavage de cerveau commençait à faire son effet. Plus elle devenait belle, blonde et sensuelle, et plus elle devenait frivole et bête. L’important était de faire exulter son corps en solitaire dans sa chambre ou en des lieux secrets.

Puis vint le moment des premiers baisers et des premiers attouchements. Elle avait longtemps hésité, étant experte en onanisme, mais lorsqu’elle accepta un soir de se faire raccompagner par son instructeur, elle ne savait pas qu’elle venait de mettre les pieds dans l’étrier de la décadence la plus servile. Sa naïveté ne lui permettait pas de penser, son cerveau pouvait être presque mis en léthargie.
 
Lorsque le jeune homme la prit négligemment par l’épaule, lorsqu’il s’arrêta, une lutte s’engagea, mais elle s’abandonna doucement, câline, la langue forçait ses lèvres, un souffle de chaleur torride la laissa sans force. Déjà, les doigts se faufilaient dans l’échancrure du corsage et caressaient sa peau nue. Elle n’avait pas peur et se laissa couler. Toutes les sensations nouvelles qu’elle éprouvait lui rappelaient celles qu’elle se procurait seule. Très vite, elle fit une croix sur l’autosatisfaction, considérant cette forme de sexualité comme dépassée, tout juste bonne pour les moments de manque intensif.
 
Après les premières fleurettes de l’amour qui, déjà, détrônaient de loin les premières découvertes, vint le jour où son sexe lui-même désira des attouchements plus forcenés, et elle passa outre l’interdit en massacrant son hymen. Puis, elle essaya, de plus en plus effrénée ; mais, contrairement à toute jeune fille amoureuse, ses ébats se devaient de changer de partenaire. L’amour, elle ne connaissait pas, à part son amour inconsidéré pour son propre corps et le plaisir qu’elle avait à le regarder dans la glace et à s’abreuver de son image, allant jusqu’à se caresser en se contemplant. Elle appelait amour tout ce qui était sexe, et lorsqu’un homme lui plaisait, il pouvait user sans problème de ses faveurs. Elle n’arrivait pas à se fixer et cela lui fit la plus mauvaise réputation possible chez les femmes, car elle osait s’attaquer à leurs amis, mais en revanche, cela lui ouvrait tout droit le cœur des hommes, si leur cœur, bien entendu, se situe dans le pantalon.
 
Elle évoluait donc vite et bien, si vite et si bien qu’elle prit rapidement de l’importance dans le milieu des politiciens, n’hésitant pas à dévoiler ses charmes et à s’abandonner pour assouvir ses passions. Sa soif de séduction se transformait de plus en plus en quête de pouvoir. Ses errances sexuelles ne lui suffisaient plus, ni les détails macabres et sadiques, fétides et nauséabonds qui abondaient dans les réunions orgiaques. Les ébats sexuels touchant à la pornographie, les débauches de tortures, de viols, de sang, de mort, d’expériences sur tout ce qui était beau et jeune, mais considéré comme du bétail par la nouvelle race pure de ce pays, étaient devenus son lucre et son luxe.
 
Erika travaillait d’arrache-pied à la sexualité de l’Allemagne, mais vint le jour où elle se retrouva grosse. C’est à ce moment précis que germa dans sa tête l’Idée. Pourquoi ne pas éduquer encore plus précisément les filles et les transformer en machines à produire ? Il faudrait bien repeupler l’Allemagne. La guerre faisait des ravages parmi les hommes, et les rébellions au parti qui se soldaient illico en fusillades dégarnissaient le pays, sans compter tous les Non-Aryens qu’il fallait envoyer se faire pendre ailleurs, quelque part en Pologne. Elle parla donc de son idée au grand chef de la SS qui la trouva passionnante, d’autant que cela créerait en plus un havre de paix doux et chaud, où les foudres de guerre pourraient se reposer quelque temps après avoir mérité de la nation. Elle obtint donc les crédits pour la réalisation de son projet.
 
Elle mit tout en place, lieux de plaisir, chambres nuptiales, cliniques et crèches, se préparant elle-même à pondre le premier rejeton officiel de l’Allemagne.
 
Il n’était pas encore si officiel que cela, seuls les grands étaient informés de l’événement, et il fallait d’abord concrétiser l’Idée, car, si Erika réussissait à se débarrasser de l’amour maternel au profit de la nation, allégeant tous ses droits de mère sur l’éducation de son enfant, il faudrait au préalable donner aux jeunes filles un sens aigu du patriotisme, en se basant sur l’exemple existant. Cela les amènerait progressivement à imaginer que la femme n’était qu’un objet, un bel objet à séduire, à produire. La compensation résiderait exclusivement dans le bonheur de l’acte sexuel et sa diversité. Bref, il s’agissait de faire de toutes les jeunes filles des putains nationalisées, dans le but avouable de conquérir le monde. Erika travailla donc à convertir ses amies. Ce ne fut pas tâche facile, mais peu à peu, elle arriva à déterminer chez celles-ci le besoin de se dire que le jeu en valait la chandelle, pas de punitions, plus besoin de se cacher, elles pourraient laisser leur corps exulter quand il en aurait envie. Le tout basé sur des idées de lutte contre le mâle qui lui firent remporter la victoire, car nombre de femmes étaient perturbées par la phallocratie régnante et toutes prêtes à se venger. Le fait de faire des enfants était déguisé en commodité particulière : si jamais cela arrive, n’aie pas peur, l’État prendra leur éducatio

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