Nuances de gris , livre ebook

Publié par
JUNO PUBLISHING
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Nuances de gris
Copyright de l’édition française © 2016 Juno Publishing
Copyright de l’édition anglaise © 2009 Brooke Mckinley
Publié chez Dreamspinner Press, 5032 Capital Circle SW, Ste 2, PMB# 279, Tallahassee, FL 32305-7886 USA
Titre original : Shades of Grey
Traduit de l’anglais par Frédérique Genestier
Relecture française par Valérie Dubar & Jade Baiser

Conception graphique de la couverture : © Paul Richmond http://www.paulrichmondstudio.com
Couverture française : Feather Wenlock
Tout droit réservé. Aucune partie de cet ebook ne peut être reproduite ou transférée d’aucune façon que ce soit ni par aucun moyen, électronique ou physique sans la permission écrite de l’éditeur, sauf dans les endroits où la loi le permet. Cela inclut les photocopies, les enregistrements et tout système de stockage et de retrait d’information. Pour demander une autorisation, et pour toute autre demande d’information, merci de contacter Juno Publishing :
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Première édition française : décembre 2016
Première édition : octobre 2009
ISBN : 979-10-94809-80-8
 
Édité en France métropolitaine
 
 
 
 
 
 
 
Avertissements
 
Ceci est une œuvre fictive. Les noms, les personnages, les lieux et les faits décrits ne sont que le produit de l’imagination de l’auteur, ou utilisés de façon fictive. Toute ressemblance avec des personnes ayant réellement existées, vivantes ou décédées, des établissements commerciaux ou des événements ou des lieux ne serait que le fruit d’une coïncidence.
 
Cet ebook contient des scènes sexuellement explicites et homoérotiques, une relation MM et un langage adulte, ce qui peut être considéré comme offensant pour certains lecteurs. Il est destiné à la vente et au divertissement pour des adultes seulement, tels que définis par la loi du pays dans lequel vous avez effectué votre achat. Merci de stocker vos fichiers dans un endroit où ils ne seront pas accessibles à des mineurs.
 
 
 
 
 
 
 
Pour mon mari, l'homme le plus patient de la planète et qui est d'un grand soutien.
 
et
 
Pour Holly, qui m'a accompagnée depuis le début.
 
 
 
 
Nuances de gris
 
 
 

 
 
 
Brooke Mckinley
 

 
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Chapitre Un
 
 
 
 
Quatre-vingt-deux, quatre-vingt-trois, quatre-vingt-quatre. Ploc. Ploc. Splash. Même pas envie de savoir ce qu’était ce foutu truc. Quatre-vingt-cinq… ou merde, était-ce quatre-vingt-quinze ? Fils de pute ! Un, deux, trois …
Danny Butler s’ennuyait. Et il avait froid. C’était toujours le cas lorsqu’il souffrait, les secousses commençant presque aussitôt que son corps enregistrait la douleur. Il l’avait tenue à distance, au bord de sa conscience, en se concentrant sur la fumée qui remplissait ses poumons. Il avait déjà terminé un paquet entier de cigarettes et compté les vieilles dalles du plafond trois fois. Il n’avait toujours pas décidé si celle qui était cassée, près du rebord, devait ou non compter comme deux.
Danny tapota la cendre de sa cigarette, son regard passant sur la flaque rouge qui se répandait à ses pieds. Le bourdonnement des lumières fluorescentes, vieilles de plusieurs décennies, au-dessus de sa tête était le seul bruit autre que le ploc, ploc régulier qu’il essayait d’ignorer.
Il avait passé beaucoup de temps dans des salles comme celle où il se trouvait actuellement. Petites, sales, puant la détresse. Au moins, celle-ci n’avait pas de reste de vomi plaqué contre le mur comme celle de la dernière fois. Mais les blocs de béton sales devant lui contenaient leurs propres secrets ignobles. Les marques d’éraflures causées par des jambes agitées et des bras tendus, la glaire sèche qui avait manqué sa cible, d’anciennes taches brunes rappelant à Danny qu’il n’était pas le premier homme à avoir versé son sang derrière ces murs. L’odeur familière de désespoir qui se déversait lentement, poison toxique déferlant sur les malades abandonnés ici. Dernière chance, fin de partie.
Danny mordit rudement sur le filtre, ses dents qui claquaient ressemblant au tintement d’un glaçon contre un verre à moitié plein. Il risqua un coup d’œil vers le sud, là où la piscine de sang s’étendait de plus en plus. Quelques morceaux rouge sombre flottaient dans cette soupe, source du splash mystérieux.
Que le spectacle commence. Faites entrer les clowns.
Danny se remit doucement debout, passa une main dans ses cheveux en sueur. Il se dirigea vers le miroir graisseux sur le mur du fond et frappa durement avec les jointures de ses doigts.
— Hé, connards ! Qu’est-ce que vous attendez ? Une invitation gravée à vos noms ?
Silence. Mais Danny savait qu’il était surveillé, déjà bien trop familier aux regards accusateurs qu’il sentait contre sa peau. Il alluma sa dernière cigarette à l’aide de son briquet en argent brillant. Il prit une bouffée bienfaisante avant d’attraper le bas de son tee-shirt blanc et de l’ôter, tressaillant lorsque le tissu resta collé au sang coagulé juste en dessous du côté gauche de sa cage thoracique.
— Vous avez vu ça ? J’aurais peut-être besoin d’un foutu pansement.
Il essaya de l’éviter, mais son œil vit le reflet de l’os qui sortait furtivement de l’entaille.
— Putain, murmura-t-il. Ou alors, vous pourriez simplement me jeter du fil et une aiguille, suggéra-t-il, les yeux rivés sur le miroir. Je vais me faire une soirée point de croix.
Pas de réponse. Il laissa tomber son haut qui s’écrasa sur le sol dans un bruit humide. Puis il tendit la main et claqua sa paume sanglante contre le verre. Souvenir pour le prochain pauvre con à se retrouver coincé dans cet enfer.
 
 
Les deux hommes derrière le miroir regardaient Butler sans rien dire. Le plus grand fit un pas en avant pour obtenir une meilleure vue. Jusqu’à présent, il avait seulement vu Danny Butler sur les photos ou à travers des jumelles. Il observa les cheveux noirs, épais, collés par la sueur, le visage rendu pâle à cause de la douleur et du mauvais éclairage, une barbe de deux jours entourant son sourire moqueur, les immenses yeux bordés de longs cils noirs, le petit cercle d’argent étincelant à l’oreille gauche.
— Mon Dieu, gémit le petit homme à côté de lui lorsque Butler exposa sa blessure. Vous en avez beaucoup des comme lui ? Peut-il saigner à mort d’une blessure comme celle-ci ?
— Non, répondit l’homme de grande taille en secouant la tête. Il serait déjà mort.
— Oh, c’est réconfortant, déclara le petit en levant les yeux au ciel. Quand même… Vous ne pensez pas que nous ferions mieux d’aller voir ?
— Plus tard. Quand j’en aurai terminé avec lui.
— Oui, mais…
Le grand homme claqua la porte derrière lui avant la fin de la phrase. Miller Sutton n’avait pas besoin que la flicaille lui dise comment gérer cette enquête. Il avait finalement réussi à coincer Danny Butler. Il n’allait pas laisser Agent Gentil tout foutre en l’air.
Miller fit un détour rapide par la salle de bain. Il avait toujours besoin de pisser avant un interrogatoire. Ce n’était pas une information qu’il aurait volontiers partagée avec quiconque. Il fit son affaire, se lava les mains et essuya sa paume mouillée d’eau froide sur son visage.
Il s’observa à travers le miroir, frotta les taches de rousseur sur son nez avec deux doigts, comme s’il pouvait les effacer. Il les détestait toujours dans ces moments-là, inquiet de paraître trop enfantin, trop jeune pour être pris au sérieux. Avec un soupir fatigué, il baissa la main et tourna le dos à son propre reflet.
Il fut un temps où cette partie était celle qu’il préférait : clore l’affaire, attraper quelqu’un qui voulait tellement sauver ses fesses