361
pages
Français
Ebooks
2019
Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus
Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement
Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement
361
pages
Français
Ebooks
2019
Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus
Publié par
Date de parution
09 mai 2019
Nombre de lectures
6
EAN13
9782897752187
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
2 Mo
Publié par
Date de parution
09 mai 2019
Nombre de lectures
6
EAN13
9782897752187
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
2 Mo
Noëlle Deschambault
Lyne Doyon
Conception de la page couverture : © Les Éditions de l’Apothéose
Sauf à des fins de citation, toute reproduction, par quelque procédé que ce soit, est interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur ou de l’éditeur .
Distributeur : Distribulivre www.distribulivre.com Tél. : 1-450-887-2182 Télécopieur : 1-450-887-0130
© Les Éditions de l’Apothéose Lanoraie (Québec), Canada J0K 1E0 apotheose@bell.net www.leseditionsdelapotheose.com
Dépôt légal — Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2018 Dépôt légal — Bibliothèque et Archives Canada, 2018
ISBN : 978-2-89775-182-1
ISBN EPUB : 978-2-89775-218-7
Imprimé au Canada
À la mémoire de Rita Pichette Doyon (1943-2017), ma belle et douce maman dont le souvenir demeurera toujours vivant dans mon cœur
À mon ange, Stéphane Filion, pour ta patience, ta loyauté, et surtout, pour ton indéfectible amour
TABLE DES MATIÈRES
Les personnages
PARTIE 1
L’ESPOIR ET LE DÉSENCHANTEMENT (1986)
CHAPITRE 1
CHAPITRE 2
CHAPITRE 3
CHAPITRE 4
CHAPITRE 5
CHAPITRE 6
CHAPITRE 7
CHAPITRE 8
CHAPITRE 9
CHAPITRE 10
CHAPITRE 11
CHAPITRE 12
CHAPITRE 13
CHAPITRE 14
CHAPITRE 15
CHAPITRE 16
CHAPITRE 17
CHAPITRE 18
CHAPITRE 19
CHAPITRE 20
CHAPITRE 21
CHAPITRE 22
CHAPITRE 23
CHAPITRE 24
CHAPITRE 25
CHAPITRE 26
CHAPITRE 27
CHAPITRE 28
CHAPITRE 29
CHAPITRE 30
CHAPITRE 31
CHAPITRE 32
CHAPITRE 33
CHAPITRE 34
CHAPITRE 35
CHAPITRE 36
CHAPITRE 37
CHAPITRE 38
CHAPITRE 39
CHAPITRE 40
CHAPITRE 41
CHAPITRE 42
CHAPITRE 43
CHAPITRE 44
CHAPITRE 45
CHAPITRE 46
CHAPITRE 47
CHAPITRE 48
CHAPITRE 49
CHAPITRE 50
CHAPITRE 51
CHAPITRE 52
CHAPITRE 53
PARTIE 2
LE DEVOIR ET LA TENTATION (2015)
CHAPITRE 54
CHAPITRE 55
CHAPITRE 56
CHAPITRE 57
CHAPITRE 58
CHAPITRE 59
CHAPITRE 60
CHAPITRE 61
CHAPITRE 62
CHAPITRE 63
CHAPITRE 64
CHAPITRE 65
CHAPITRE 66
CHAPITRE 67
CHAPITRE 68
CHAPITRE 69
CHAPITRE 70
CHAPITRE 71
CHAPITRE 72
CHAPITRE 73
CHAPITRE 74
CHAPITRE 75
CHAPITRE 76
CHAPITRE 77
CHAPITRE 78
CHAPITRE 79
CHAPITRE 80
CHAPITRE 81
CHAPITRE 82
CHAPITRE 83
CHAPITRE 84
CHAPITRE 85
CHAPITRE 86
CHAPITRE 87
CHAPITRE 88
CHAPITRE 89
CHAPITRE 90
CHAPITRE 91
CHAPITRE 92
ÉPILOGUE
LES PERSONNAGES
Pénélope
Grandbois
Beauchesne
(1987)
Nathalie
Grandbois
(1963)
Martin
Beauchesne
(1957)
LES GRANDBOIS
Éric Grandbois
(1960)
et
Claire Migneault
Grandbois
(1932)
et
Jessica Morin
(1959)
Daphnée Morin
Grandbois
(1981)
Gérald Grandbois
(1931)
Théodore Grandbois
(1906)
Flora Grandbois
(décédée)
Rémi Grandbois
(1951)
Véronique
Delage
(1952)
Bernadette
Grandbois
(1923)
Damien
Grandbois
(1978)
Sandrine
Grandbois
(1981)
Katia Grandbois
(1983)
Annabelle
Grandbois
(1990)
PARTIE 1
L’ESPOIR ET LE DÉSENCHANTEMENT (1986)
CHAPITRE 1
J’ attirais les hommes et j’en avais parfaitement conscience.
Sur mon passage, je sentais constamment le poids des regards affamés des mâles de tous âges et de tous acabits, et la brûlure des œillades jalouses de leurs femmes. Les ouvriers me sifflaient sans vergogne lorsque je déambulais devant les chantiers de construction. Mes enseignants me chouchoutaient et me paraient de compliments. Les garçons s’agglutinaient autour de moi, comme des mouches autour du sucrier, pour le simple privilège de porter mon sac d’école.
Certains pourraient me reprocher ma vanité et ma flagrante absence de modestie : le reflet de mon miroir ne démentait jamais mes prétentions.
Une chevelure de miel doré que le soleil se plaisait à parer de paillettes d’or, une peau de lait satinée et douce comme de la soie, de grands yeux bleus qui, on l’eut cru, avaient volé leur éclat à un ciel de juillet, une poitrine généreuse dont je mettais en valeur les somptueuses courbes... tant d’atouts dont je savais me servir avec sagacité et discernement. Menue, sans être trop maigre et dotée des seyantes rondeurs là où elles étaient à leur avantage, j’incarnais le modèle parfait de l’inaccessible femme-enfant. Le paradoxe terriblement séduisant de la sensualité et de l’innocence.
Néanmoins, je n’étais pas une tête folle et je comptais faire usage de ma beauté à bon escient. Il était hors de question que je la gaspillasse avec des amants de passage, des maris délaissés en quête de sensations fortes ou de jeunes voyous sans ambition.
J’avais dix-huit ans, j’étais jeune et belle : un avenir scintillant m’ouvrait grandes ses portes. Issue d’un milieu passablement modeste, je rêvais d’un époux beau et riche capable de m’offrir l’existence d’une princesse de conte de fées et j’avais la ferme intention de déployer tous les efforts pour parvenir à mes fins. Un diamant ne mérite-t-il pas de reposer dans un écrin somptueux ?
Dès notre jeune âge, mes parents nous avaient enseigné, à moi et à ma sœur aînée Camille (qui, toutefois, n’était pas aussi jolie que moi), que la pureté des sentiments prévalait sur la délicatesse des traits.
— Noëlle, me répétait inlassablement ma mère, un joli visage n’a de valeur que si le cœur qui l’habite est juste et pur.
Et cette admirable maxime était souvent accompagnée d’une terrible prophétie dont je craignais, étant enfant, la concrétisation :
— Si tu sèmes le mal à tout vent, le Seigneur te privera de ta beauté et tu deviendras aussi hideuse qu’une vieille sorcière... On te poursuivra, on te lancera des pierres et, pour leur échapper, tu devras te réfugier dans la forêt des ténèbres, là où vivent de terrifiantes créatures !
— Je serai aussi laide que la sorcière de Blanche-Neige avec une grosse verrue sur le bout du nez ? lui demandais-je alors, d’une voix tremblotante.
— Oui, ma fille, ton nez grossira, une vilaine verrue poussera dessus et ta peau deviendra jaune et ridée comme la chair d’une pomme pourrie !
— Non, je ne veux pas, m’écriais-je, affolée par la vision de l’horrible métamorphose.
Ma mère me prenait alors dans ses bras pour m’apaiser :
— N’aie pas peur. Si tu es une bonne petite fille gentille : cela ne t’arrivera pas !
Ainsi, m’efforçais-je toujours de faire preuve d’une irréprochable discrétion, d’obéir aux ordres de mes parents et de mes professeurs sans regimber et, surtout, de ne jamais me glorifier de mes charmes devant âme qui vive.
Sans doute légitimée par de nobles intentions, maman me revêtait comme une nonne emmurée dans son couvent : robes austères et grises, couronnées de cols blancs, jupes qui descendaient en bas du genou, collants noirs qui grattaient désagréablement le mollet, grosses chaussures lacées, chemises de coton boutonnées jusqu’au cou. Rien de très affriolant pour une fille. Sans doute estimait-elle qu’une conduite empreinte de discrétion commence par un habillement strict. En dépit des efforts maternels pour me soustraire aux regards salaces, mon triste accoutrement n’arrivait pas à altérer mes pouvoirs de séduction et je demeurais l’objet d’inavouables désirs. Je lisais la convoitise dans les yeux brillants des adolescents et parfois d’hommes aussi âgés que mon père.
J’abandonnais sans regret mes tristes habits dès que j’eus franchi les portes du cégep 1 pour les troquer contre des vêtements plus seyants... Mais non sans peine ! Je dus argumenter inlassablement avec ma mère afin de la convaincre de m’acheter ma première paire de jeans.
Elle incarnait la figure de l’autorité et du pragmatisme au sein du clan des Deschambault. Papa était agent d’assurances et s’absentait souvent le soir pour rencontrer ses clients. Il s’en remettait entièrement au jugement de sa femme pour toute question d’ordre domestique et lui avait confié les destinées de leurs filles sans se réserver de droit de regard. Très dévote, son épouse avait relevé ses fonctions avec grand sérieux en s’efforçant d’inculquer à sa progéniture les mérites de l’authenticité, de l’honnêteté, de la tempérance et du dur labeur. Chez nous, chaque sou était dépensé avec pondération.
Papa fondait comme du beurre dans la poêle devant ses enfants ses trésors, comme il aimait à nous qualifier et était incapable de nous refuser quoi que ce soit. Malheureusement, sa douce moitié veillait au grain et dès qu’elle avait vent de ses fléchissements, elle s’empressait de renverser les permissions accordées. Par conséquent, ma sœur aînée et moi avions rarement gain de cause.
Ainsi, unies par nos frustrations communes d’être ainsi mises en cage par une mère trop sévère, nous nous accordions comme une paire de chats siamois. Jamais Camille n’avait manifesté de l’envie à mon égard. Son amour pour moi était sincère, voire indéfectible. Elle avait deux ans de plus que moi. Elle était ma complice, la confidente parfaite, discrète et avisée. Sous sa frange de cheveux châtaigne, son regard marron clair étincelait d’une vive perspicacité. Elle portait ses cheveux coupés courts à la Twiggy 2 . Sa coiffure à la garçonne mettait en valeur l’ovale parfait de son visage, faisant ainsi oublier son nez aquilin et sa bouche trop grande. Elle était très mince et avait un port de reine. Je n’avais pas d’autres amies qu’elle. Les filles de mon âge m’évitaient scrupuleusement, sans doute motivées par la jalousie. Elles devaient craindre que ma beauté porte ombrage à leur propre popularité auprès de la gent masculine.
La chambre de mon aînée et la mienne étaient voisines. Le soir venu, je me glissais dans la sienne alors que nos parents dormaient. L’obscurité et la quiétude de notre refuge prêtaient aux confidences. Camille aspirait à de brillantes études universitaires et, moi, je