45
pages
Français
Ebooks
2019
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Publié par
Date de parution
29 janvier 2019
Nombre de lectures
1
EAN13
9782368325698
Langue
Français
Hans n'aurait jamais imaginé qu'une simple journée puisse ainsi bouleverser sa vie...
Dans le décor des garrigues du sud de la France, de jeunes étudiants en archéologie vont découvrir le langage et le secret des pierres qui dorent le paysage. Des légendes oubliées se mêlent à la découverte, qui comme un voyage initiatique, façonnent la réalité et tissent le chemin vers le lendemain.
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29 janvier 2019
Nombre de lectures
1
EAN13
9782368325698
Langue
Français
La Nuit deSaint Laurent
LaSAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires deproduction participant à la réalisation de cet ouvragene sauraient être tenus pour responsables de quelque manièreque ce soit, du contenu en général, de la portéedu contenu du texte, ni de la teneur de certains propos enparticulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu'ilsproduisent à la demande et pour le compte d'un auteur ou d'unéditeur tiers, qui en endosse la pleine et entièreresponsabilité
Francine Rey-Terrin
La Nuit deSaint Laurent
Auxamoureux des vieilles pierres
et deleurs légendes.
I
— Àdroite, à droite ! Attention le rapide ! Le rocher…
Le canoë prispar le courant fila droit dans le goulot. La pointe de l’embarcations’écrasa contre la paroi, et dans un bruit assourdissantse fracassa en plusieurs morceaux. Ses occupants basculèrentdans les remous tandis que le bidon étanche contenant leurmatériel partait à la dérive.
Hans gicla le torsehors de l’eau et s’ébroua tel un caniche. Chloémit plus de temps à émerger. Les yeux exorbités,la bouche grande ouverte, elle hoqueta avant de se ressaisir. Aprèsavoir tendu les bras vers son amie et s’être assuréqu’elle allait bien, Hans s’élança àla poursuite du canoë qui suivait les flots agités. Ils’accrocha à la forme déchirée et essayade l’amener vers le bord. Le fuselage en partie arraché,le nez écorché et partiellement absent, le frêleesquif n’était plus qu’un radeau. Les voicinaufragés de l’Ardèche ! Quelque part dansles gorges sombres, au plus profond des défilés.
Ils étaientpartis tard de Vallon, pensant rattraper facilement les retardatairesdes départs précédents. Ils avaient affrontéle rapide Charlemagne, passé sous le Pont d’Arc, avaientdévalé les cascades de la Dent Noire. Mais la descenteétait plus difficile que ce qu’ils avaient cru !Des courants, des rochers affleurants, des courbes de la rivièreet une eau vive et tumultueuse. Malgré un bon coup de pagaie,toute la force de Hans n’avait pas suffi à combler ladistance. Le groupe s’était effiloché le long del’après-midi et le soleil commençait àdécliner. Ils avaient passé depuis longtemps le pointde bivouac du Gournier. Les derniers devaient être en vue de laplage de Saint Martin. Hans et Chloé se retrouvaient seuls.Sans canoë. Sans le tonneau contenant leur serviette, leurchange et pique-nique !
Ils se hissèrentsur les rochers en s’aidant de branches basses et souples.Pragmatique Hans fit l’état de la situation. Ils étaienttrempés, en maillot de bain, sans vêtements secs, sansboisson ni nourriture. Plus personne ne passerait maintenant, ilétait trop tard pour la descente de la rivière. Levantles yeux, ils distinguèrent le sommet à travers lesfeuilles. Ils essayèrent de grimper, mais pieds nus ils nepurent gravir les pierres et les racines affleurantes. Ilss’accroupirent sur un roc rond, encore tiède du soleild’été et les bras autour des genoux fixèrentla ligne d’eau qui s’assombrissait à grandevitesse. L’humidité gagna peu à peu, Chloéfrissonna et sentit sa confiance l’abandonner. Ses muscles sefirent douloureux et raides.
Ils étaientloin les grands éclats de rire quand le canoë fendait lecourant. L’insouciance, les jeux, la course avec les éléments.Le défi contre la nature. Les rapides avalés, lesprojections comme des bulles de champagne quand la pagaie s’éjectaitde la masse claire et mousseuse. Toute l’envie de cettesauvagerie encore intacte, beauté des paysages, grandeur descanyons où la rivière est maîtresse et dicte savolonté. Ils ont voulu se mesurer à ce serpent noueux,il les a enserrés dans ses anneaux liquides, leur a briséles ailes pour survoler les flots et les a réduits àl’état de sinistrés sur un rocher !
Hans se redressa.Regarda à droite, à gauche, se gratta la nuque.
— Il se faittard. Nous allons dormir ici, à l’abri près de larive, dans ce recoin de cailloux. Demain, nous descendrons àla nage jusqu’au débarcadère. Viens prèsde moi.
Joignant le geste àla parole, il prit sa compagne dans les bras et ils s’assirenttous deux sur un lit de feuilles sèches. La nuit vint,silencieuse et pleine de cris et de bruissements. Ils se bercèrentlentement, puis la fatigue prit le dessus. Harassés, ilssombrèrent dans le sommeil.
II
Ce fut d’abordla lumière qui leur titilla les paupières. Puis lesentiment de faim qui leur tordit le ventre. Ils cherchèrentdes baies, des fraises sauvages, mais rien de comestible ne poussaitpar ici. Ils burent de l’eau fraîche à mêmela rivière, s’éclaboussèrent tant pour selaver que pour faire partir leur angoisse. Puis d’un communaccord, se coulèrent dans les flots et se laissèrentporter par le courant.
Ils filaient surl’eau comme des coquilles de noix, ballotés, maistoujours plus loin. Petit à petit, ils gouttèrent cenouveau moyen de transport. Ils s’essayèrent à denouvelles postures. Sur le dos, sur le ventre, la tête enavant… Couleur miroir, l’eau était complice. Elleles emporta le long des défilés sans jamais lesretourner. Le soleil traversa le rideau végétal et leurchauffa le corps. D’un simple mouvement des mains et des piedsils se dirigeaient et évitaient les gros écueils quijalonnaient la descente. Ils passèrent ainsi le cirque de laMadeleine, la maladrerie des Templiers. Ils aperçurent deshérons qui nonchalamment guettaient les remous sauvages.
Puis les eaux...