Irrépressible désir , livre ebook

Irrépressible désir

 
 
 
 
 
 
 
Carla Muséal
 
 
Irrépressible désir
 
 
Couverture : Marie
 
 
Publié dans la Collection Enaé
 
 

 
 
© Evidence Editions  2022

 
Mot de l’éditeur
 
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Prologue

 
 
 
Je continue d’essayer d’attirer son attention, sans succès. Je ne sais vraiment pas ce qu’il se passe. Pourquoi est-ce qu’il m’ignore du jour au lendemain ? Sans aucune explication, en plus ! Hier soir, encore, il me disait qu’il m’aimait et qu’il ne savait pas ce qu’il ferait sans moi dans sa vie.
Il y a forcément une raison que je ne saisis pas. Il s’est peut-être de nouveau disputé avec sa famille. Je n’en ai rencontré aucun membre, pour le moment, mais il me répète sans arrêt qu’il ne s’entend pas avec eux, spécialement avec ses frères. D’après ce qu’il m’a déjà dit, ils sont complètement différents. À chaque fois que j’essaie d’aborder le sujet avec lui, il se braque et m’embrasse pour éviter de me répondre, ou alors il me dit qu’il m’aime par message.
Je ne peux que le comprendre. J’ai moi-même une relation compliquée avec mon frère et ma sœur. Mais il pourrait tout de même simplement me dire qu’il n’a pas envie de discuter plutôt que de faire comme si je n’existais pas.
Je suis à la cafétéria avec Cole, mon ami de toujours. C’est d’ailleurs le seul que j’ai à ce jour. Il voit bien que je suis dans un état de stress intense. Il me parle, j’en ai conscience, mais je suis ailleurs. Impossible de me concentrer sur ce qu’il raconte. J’essaie, encore une fois, de croiser son regard tandis qu’il se trouve à une table non loin de nous, avec ses potes et sa copine officielle. Vous devez vous dire : « Mais qui est cette horrible fille qui se met en travers d’un couple ? » Eh bien, je ne le voulais pas au début. J’ai tenté de le rejeter et de ne pas me rapprocher de lui, sauf de manière amicale, mais tout a été plus fort que moi et j’en suis tombée raide dingue amoureuse. Je n’ai pas été capable de contrôler les sentiments que j’éprouvais pour lui. Il a su me charmer et me rendre accro à lui, à son corps et à son regard bleu, qui ne cessent de rester gravés dans mon esprit lorsque je m’endors, le soir, en pensant à lui. Il est ma drogue, et je ne crois pas que je pourrai un jour me passer de lui.
Et maintenant, quand je songe au fait qu’il ne me parle pas, j’ai juste envie de me taper la tête contre un mur en me traitant intérieurement de sombre idiote naïve.
— Mais enfin, Charlie, tu m’écoutes ou quoi ? me demande Cole en me réveillant de ma transe.
— Excuse-moi, Cole… Je ne me sens pas très bien aujourd’hui… Je…
— Je te freine, ma petite : c’est encore à cause de Thibault ? Quand est-ce que tu vas ouvrir les yeux et te rendre compte qu’il se moque de toi depuis le début ?
Il finit par lever les siens au ciel en voyant mon regard noir. Il renonce à sa leçon de morale pour me questionner sur la raison de mon tracas.
— Il fait comme si je n’existais pas. Je l’ai croisé ce matin. Je voulais lui dire bonjour – c’est notre habitude –, et il m’a simplement ignorée, comme s’il ne m’avait pas vue, comme si je n’étais rien pour lui… Alors qu’il a bien remarqué que j’étais là, je le sais ! Will m’a lancé un regard désolé. Je ne comprends pas. Je lui envoie des messages et ça reste sans réponses.
— Il n’y a rien de difficile à piger là-dedans, Cha : il est en train de te quitter.
— Tu crois ? demandé-je, les larmes aux yeux.
Je feins la totale ignorance face à mon meilleur ami, mais je suis certaine qu’il a raison, dans le fond. Il s’agit de la meilleure façon de faire comprendre à quelqu’un qu’on veut stopper une relation sans s’emmerder avec les explications et tout le reste. Il n’y a aucune autre réponse logique à son silence et à son mépris.
D’un coup, quand je comprends ce qu’il m’arrive encore une fois, le vide s’empare de mon esprit et de mon corps. Ma vie est encore en train de m’échapper. Je vis mon premier chagrin d’amour, et en plus de tout cela, je vis un énième abandon d’une personne en qui j’avais confiance et qui était importante pour moi.
Quand tout cela va-t-il s’arrêter ? Tout ce que j’ai toujours voulu, c’est un peu d’affection et une preuve que je suis assez intéressante pour qu’on ne me laisse pas tomber. Certes, j’ai Cole dans ma vie, mais maintenant je me dis qu’il va finir par partir un jour, lui aussi. Et, sans lui, je serai misérable. Seule.
Apparemment, tout ce que je suis, c’est une fille insignifiante et sans aucune importance pour quiconque.
 
 
 
 
Chapitre 1

 
 
 
Comme chaque matin, je me réveille et me lève de mon lit sans réelle motivation. Je rentre à l’université aujourd’hui pour suivre le cursus dont je rêve depuis que je suis toute petite, et cela devrait être l’un des plus beaux et des plus excitants moments de ma vie. Malheureusement, je sais que je vais le croiser sur le campus avec Alice et cela me crève le cœur, comme à chaque instant.
L’été est passé et je n’ai rien fait, mis à part me cloîtrer dans ma chambre avec mes lectures. Vous allez me dire : « Cette fille est d’un cliché », mais je n’y peux rien ! La lecture est mon échappatoire. De toute façon, ma mère est en partie responsable, puisqu’elle refuse que je sorte. Elle est tellement fixée sur la possibilité que quelque chose puisse m’arriver qu’elle m’a refilé sa peur de mettre un pied dehors, autrement que pour aller en cours.
J’en ai profité pour m’éloigner des quelques amis qu’il me restait, y compris de Cole. Cela a été difficile pendant l’année scolaire, étant donné que nous étions dans la même classe. Je sais qu’il n’a pas compris pourquoi, mais je dois me protéger d’une future déception. Alors, je préfère rester seule plutôt que de voir mon ami de toujours me laisser tomber.
J’entends ma mère m’appeler depuis la cuisine pour me presser. Je me dépêche donc d’aller sous la douche et de m’habiller. Puis je prends mon sac avant de descendre presque en courant.
— Tu as intérêt à mettre une écharpe avant de sortir parce qu’il fait frais ce matin, me dit ma mère, comme à son habitude.
Je me contente de hocher la tête avant de saisir une tasse dans le placard principal de la cuisine et de me servir un café bien chaud et bien noir. Je ne supporte pas le lait ni le sucre dans ma boisson. J’ai besoin d’un bon coup de fouet afin d’être prête pour cette journée qui m’attend et qui risque d’être difficile.
— Tu ne prends même pas le temps de t’asseoir et de déjeuner avec nous ?
— Non, maman. Je suis pressée et je dois vraiment y aller pour arriver à l’heure. Je vais me retrouver coincée dans les bouchons à cette heure-ci, lui rétorqué-je pour simple réponse.
— Eh bien, la prochaine fois, tu te lèveras plus tôt que cela ! Demain, j’exige que tu déjeunes avec ta sœur et moi.
Ce qu’elle peut m’agacer quand elle « exige » ! J’ai vingt ans et toujours l’impression d’être une petite fille de douze ans. Je ne peux rien entreprendre sans l’accord de ma mère. Je respecte cela parce que je vis sous son toit, mais ce n’est pas une raison pour qu’elle me couve comme elle le fait sans arrêt.
— Et papa ? Encore parti faire autre chose plutôt que de s’occuper des siens ? Je ne vois pas pourquoi je participerais à un simulacre de vie heureuse dans une famille unie alors que ce n’est pas le cas.
Je sais qu’elle ne laissera jamais ma réflexion sans conséquences, mais je prends mes affaires, posées sur le sol, et je claque la porte en sortant. Puis je descends l’escalier pour rejoindre ma voiture, stationnée devant la maison. Je m’installe au volant et je jette mon sac sur le siège passager. Enfin, je souffle. Je n’en peux plus de cette situation. Depuis aussi longtemps que je m’en souvienne, mon père ne nous a jamais accordé une attention particulière. Il a toujours préféré s’occuper des autres ou de sa bouteille. Je le déteste tellement d’être si désengagé vis-à-vis de nous  ! Il est peut-être présent à la maison (et encore), mais il n’est jamais avec nous. L’abandon, ce n’est pas seulement l’absence physique d’une personne – du moins, c’est mon avis et mon ressenti.
Je secoue la tête de gauche à droite, soupire une bonne fois pour toutes, puis je me mets en route pour la fac. Une énième épreuve à subir. Je deviens trop faible pour survivre à tout ça. Je sais parfaitement qu’il y a beaucoup plus grave, que je ne devrais pas me lamenter ainsi sur ma vie, surtout lorsque l’on a connaissance de tout ce qu’il se passe dans le monde, mais je ne suis pas heureuse et je ne peux pas faire semblant d’être autre chose. Alors, je m’excuse pa