171
pages
Français
Ebooks
2019
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Publié par
Date de parution
08 janvier 2019
Nombre de lectures
38
EAN13
9780244121501
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
« Femmes d’horizon » est un recueil de quatre nouvelles qui racontent l’amour entre femmes à des époques différentes, dans des univers différents. Chaque récit est l’occasion de découvrir un pays, une ville, une culture.
Marie, pleine de grâce : Dans le conflit qui secoue le Rwanda, l’amour parvient à sortir aux portes de l’horreur. Entre le devoir et la vocation, deux femmes vont s’allier pour la survie d’un peuple.
Douce vengeance : Magalie a été blessée par celle qu’elle aimait. Aujourd’hui, seule la vengeance semble pouvoir l’apaiser. En revoyant Leina, elle comprend que la tâche sera plus difficile qu’elle le pensait.
Sous le soleil de Louisiane : Des coups de fouet qui pleuvent, un travail pénible, des conditions de vie difficiles, elle s’y est faite. Mais lorsque l’amour s’abat sur elle sous les traits d’une jolie métisse intrépide, Bafana rêve de liberté.
Le déshonneur de Sisha : L’Inde et ses castes... Il n’est pas concevable pour une Intouchable de frôler l’ombre d’une classe supérieure et pourtant, la rencontre de Sisha et Katleen va faire sauter les barrières. Leur amour, saura-t-il résister à la pression sociale ?
Publié par
Date de parution
08 janvier 2019
Nombre de lectures
38
EAN13
9780244121501
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Femmes d’horizon
Netty N’Zila
Copyright © 2018 Homoromance éditions
ISBN : 9781726624862
Remerciements/Dédicaces
Remerciement à ma sœur qui a mené un combat pour qu’on l’accepte telle qu’elle est et qui m’a donné la force de m’accepter telle que je suis.
Accès aux chapitres
Marie pleine de grâce
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Douce vengeance
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Sous le soleil de Lousiane
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Le déshonneur de Sisha
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Marie pleine de grâce
Chapitre 1
09 avril 1994, Kigali ville, capitale du Rwanda,
Je suivais l’évacuation des ressortissants belges sur mon poste de télé. L’aéroport était noir de monde. Partout les gens couraient, affolés, à la recherche de leurs amis ou de membres de leur famille. Les forces militaires déployées par le biais de l’ Opération Silver , assuraient leur sécurité. En l’espace de trois jours, le conflit avait gagné tout le pays. Je restais sidérée par la rapidité avec laquelle le massacre réalisé par le Hutu Power, s’était déclenché. Volontaire à Médecins Sans Frontières , je me refusais à partir de là, je savais qu’on aurait besoin de mes compétences.
Je me trouvais en vacances chez une amie quand j’avais entendu l’annonce de l’assassinat du président rwandais, Juvénal Habyarimana. Alors qu’il s’apprêtait à atterrir, son avion avait été la cible de tirs et il s’écrasa sans laisser de survivants. La phrase « Abattez les grands arbres » sur les ondes de la radio-télévision libre des Mille C ollines signala le début du génocide. Les Hutu , longtemps considérés comme inférieurs aux Tutsi , déversèrent leur trop plein de haine sur ce peuple qui s’était vu, sur des bases purement raciales et morphologiques, attribuer tous les postes importants dans les administrations coloniales. Cet état d’esprit avait été intronisé dès le début du XX e siècle par les colonisateurs belges qui crurent percevoir une supériorité génétique chez ces derniers. Selon eux, la distinction se voyait à leur intelligence et à la finesse de leurs traits. Pendant un temps, seuls les Tutsi eurent accès aux études et à la gouvernance, tandis que les Hutu et la petite composante des artisans Twa étaient cantonnés aux activités subalternes.
Depuis hier, mon amie avait quitté le pays avec ses enfants, je me retrouvais donc seule avec son mari militaire de carrière et une servante dans leur grande demeure familiale. Je voulais me rendre au dispensaire le plus proche, là où je savais qu’une petite communauté chrétienne, sous la vigilance des Casques bleus, soignait les blessés Tutsi . Dans ce climat de haine, il y avait pénurie de médecins et pour respecter mon serment et ma conscience, j’allais offrir mes services. Le trajet n’était pas sans risque car des barrières étaient montées sur toutes les routes pour arrêter les fuyards.
Juste avant de passer le dernier contrôle, j’assistai à mon premier massacre par la FAR (Force Armée Rwandaise). Hommes, femmes et enfants étaient abattus et exhibés comme des trophées à la vue de tous. Malgré mon haut-le-cœur, je gardai un visage impassible et fit un semblant de sourire au soldat qui, après m’avoir jeté un rapide coup d’œil, me laissa passer. Au bout de quelques mètres, bien à l’abri de leur regard, je m’arrêtai sur le bas-côté et sortis rapidement de la voiture pour vomir mes tripes ; je revoyais les yeux de ces malheureux, au moment de leur mort.
Au bout d’un certain temps, je pris une bouteille d’eau, me lavai la bouche puis la figure et repartis vers ma destination. Je fus asphyxiée par l’odeur de la mort ; à mon arrivée au dispensaire, des cris, des pleurs jalonnaient mon passage jusqu’au bureau de la direction. Je frappai vigoureusement pour couvrir le bruit et entrai quand on m’en donna l’ordre. Une bonne sœur se tenait penchée sur un bureau à la recherche de documents. Elle leva la tête et fronça les sourcils d’un air interrogateur. Je fus pétrifiée par son regard : elle avait les yeux du plus beau bleu que j’ai jamais vu.
― Je peux vous aider ? me demanda-t-elle en me gratifiant d’un large sourire.
― Je cherche la responsable, fis-je, tourneboulée
― C’est moi, je suis sœur Marie et j’ai en charge ce dispensaire.
― Je suis le docteur Adrianne Maxwell, et je viens vous proposer mon aide.
Éberluée, elle me regarda bizarrement, et sans crier gare, s’approcha de moi pour me prendre chaleureusement dans ses bras. Troublée par ce contact aussi inattendu que soudain, je restai inerte mais ne tentai pas de me dégager.
― Vous devez me prendre pour une folle, me dit-elle en s’écartant, mais Dieu a entendu mes prières !
― Je comprends encore moins.
― Le seul médecin que nous avions n’est pas venu depuis hier, il est Tutsi et j’ai peur que quelque chose de grave ne lui soit arrivé. En fouillant mes documents, j’ai demandé au Seigneur de m’aider à trouver une solution quand vous m’êtes apparue.
― Contente et en même temps bien triste de voir que je suis si bienvenue.
― C’est bien le cas de le dire.
Elle me fit m’asseoir et m’interrogea sur mon parcours professionnel, je répondis obligeamment à ses questions puis lui sortis mes certificats. Après les avoir soigneusement étudiés, elle me les rendit, me fit un bref topo sur leur manque de moyens et me proposa un tour d’horizon pour évaluer l’urgence de la situation.
Je ne m’attendais pas à un spectacle aussi cauchemardesque. Les blessés étaient disposés quasiment l’un sur l’autre et à beaucoup manquaient un ou plusieurs membres. Des enfants de tout âge, pour la plupart orphelins, criaient et pleuraient, effrayés et souffrant le martyre. Je ressentis une bouffée de rage face à tant de barbarie. Jamais, depuis que j’avais commencé à pratiquer, je ne m’étais sentie aussi impuissante. Je savais que beaucoup ne survivraient pas et je ne pus empêcher mes larmes de couler.
Sœur Marie posa sa main sur mon épaule en guise de réconfort et me dit d’une voix qui se voulait apaisante :
― Je sais que c’est dur et si vous ne voulez pas commencer tout de suite, je comprendrais.
― Non, dis-je doucement mais fermement en prenant sa main dans la mienne et en me tournant pour capter ses yeux, je n’ai pas le droit de flancher, ils ont besoin de moi.
Son regard se troubla et elle retira vivement sa main comme si un courant l’avait traversée. Mon cœur battait à tout rompre et je ne sus quoi faire pour nous sortir du silence qui s’installa entre nous. Elle y mit fin en interpellant une de ses sœurs qui donnait des soins à un blessé.
― Je vais vous présenter aux autres membres de notre équipe, me dit-elle en évitant de me regarder.
Que m’arrivait-il ? Que je sois troublée par une femme, c’était tout à fait nouveau, mais par une nonne, j’y allais plutôt fort ! Je n’avais pas de préjugé vis-à-vis de l’homosexualité ; durant mes années d’études, pas mal d’étudiants s’y étaient essayé sans que cela ne me dérangeât mais jamais je n’avais ressenti d’attirance pour quelqu’un du même sexe que moi. Trop bizarre comme sentiment… Je préférai mettre cela sur le compte du stress que j’avais subi depuis le début des évènements.
Je me retrouvai à exercer toutes les tâches : médecin, chirurgien, infirmière, aide-soignante, la grande partie de mon travail consistant à soigner et refermer des plaies et donner des analgésiques.
De temps en temps, je surprenais le regard de sœur Marie sur moi, elle le détournait dès que je relevais la tête. Je m’interrogeais beaucoup sur sa vocation : qu’est-ce qu’une fille aussi jolie qu’elle faisait sous les voiles ? Elle avait des traits délicats bien épurés qui lui donnait un air fragile. Sa bouche, large et pulpeuse, était faite pour les baisers, elle détonnait du reste de son visage et attirait ostensiblement les regards. Elle avait des cheveux roux qui, si elle avait été dans une autre situation, aurait fait d’elle une véritable bombe incendiaire. Plusieurs fois, je me surpris à mordre mes lèvres rien qu’en voyant les siennes bouger et je ressentais un petit frisson le long de ma colonne vertébrale. En fin de soirée, je n’avais plus de doute sur l’attrait qu’elle exerçait sur moi, ma culotte était trempée et je ressentais une gêne plus que significative au niveau du sexe. Je n’étais pourtant pas en manque, avec mon petit ami ; bien que nous ayons des relations satisfaisantes, nous n’étions pas trop portés sur la chose. Pourquoi cette réaction, qui plus est, pour une femme ?
Je pris la décision de ne pas rentrer ce soir-là et d’attendre le lendemain matin pour aller récupérer des affaires et les ramener dans la petite chambre mise à ma disposition. Je dus pour cela me résigner à aller frapper à la porte de sœur Marie pour lui demander de me prêter un change. Après que j’eus cogné trois fois, elle m’ouvrit la porte en chemise de nuit : de toute évidence, je l’avais sortie du lit. Avec la chaleur ambiante, le vêtement de coton lui collait à la peau, je pus voir la forme de ses seins et un violent désir me saisit. Je m’efforçai de la regarder dans les yeux et lui exposai l’objet de ma venue. Elle me fit entrer et se détourna pour prendre des habits dans son placard, je pus admirer à loisir ses fesses bien rondes que dévoilait le tissu en glissant sur son corps au gré de ses mouvements. En se retournant, elle me surprit en train de la dévorer du regard et je sursautai comme une enfant prise en faute. Je devins rouge comme une pivoine et tentai de faire comme si de rien n’était ; bien que choquée, elle fit de même et me tendit un ensemble chemise et jupe.
― Désolée, je n’ai pas g