Cœur fondant , livre ebook

icon

207

pages

icon

Français

icon

Ebooks

2021

Écrit par

Publié par

icon jeton

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Lire un extrait
Lire un extrait

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus

Découvre YouScribe et accède à tout notre catalogue !

Je m'inscris

Découvre YouScribe et accède à tout notre catalogue !

Je m'inscris
icon

207

pages

icon

Français

icon

Ebooks

2021

icon jeton

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Lire un extrait
Lire un extrait

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus

Après un divorce houleux, Béatrice revient en Savoie avec ses trois enfants, où elle reprend le chalet de ses parents. Stéphane, directeur commercial d’une marque d’équipement de ski, s’arrête au chalet de Béatrice pour la nuit. Le chalet est le comble du kitsch avec sa déco de Noël, sans parler de Béatrice qui l’horripile. Il n’y passe qu’une nuit mais, mais dès son retour à Paris, confronté au fait de devoir passer le réveillon de Noël seul alors que ses fils seront avec leur mère et leur beau-père à Londres, il décide de retourner au chalet de Béatrice.
Née en Angola, Jo Ann Seixas von Haff a fait toute sa scolarité dans des établissements français non seulement dans son pays natal, mais aussi à Cuba, au Portugal et en Afrique du Sud. Polyglotte depuis sa plus tendre enfance, elle écrit des romans à l’image de son univers, global, sans frontières, sans discriminations. Ce sont des histoires d’aujourd’hui avec des héros de tous les jours et tous les horizons, parce que tout le monde aujourd’hui vit une histoire extraordinaire.
Voir icon arrow

Publié par

Date de parution

01 décembre 2021

EAN13

9788728027837

Langue

Français

Jo Ann von Haff
C ur fondant
1

B atrice tait sur le point d imiter sa fille de onze mois qui s endormait contre son sein. Les journ es taient longues, trop longues parfois, et se balancer dans le fauteuil bascule n tait peut- tre pas une bonne id e.
Seule avec ses trois enfants, B atrice avait fait le pari fou de reprendre la gestion de la maison d h tes familiale Bourg-Saint-Maurice pour se reconstruire. Son divorce avait t une preuve douloureuse et traumatisante, et si elle devait choisir un adjectif pour r sumer la fin d une relation de 19 ans qui avait commenc au coll ge, ce serait " moche . Sans h siter. La derni re ann e de son mariage avait t un cauchemar et avait balay toutes les autres, donnant B atrice l impression qu elle avait toujours v cu avec un inconnu. Dire qu elle pensait conna tre Dario par c ur Ils avaient t ensemble plus de la moiti de leurs vies !
La frustration, la col re et l impuissance formaient un cocktail explosif qu elle essayait tant bien que mal d touffer, pour le bien- tre de ses enfants. Elle cachait les traces de ses mauvaises nuits avec de l anticerne, et un sourire. B atrice tait toujours souriante. Si cela fonctionnait avec Fab qui n avait que quatre ans, c tait moins vident avec les adolescents. Ben voyait parfaitement travers le masque de sa m re
B atrice continuait de se laisser bercer par le balancement du fauteuil, dans le coin de la cuisine. travers la porte-fen tre, elle observait les flocons de neige qui recouvraient le jardin. Son smartphone sonna discr tement. Elle changea de position et ouvrit ses e-mails. R servation de derni re minute pour M. St phane Samuelsson. B atrice ne limitait pas les heures d arriv e, uniquement les heures de d part, mais ce soir, elle aurait peut- tre d tout bloquer. Une arriv e cette heure retarderait davantage son coucher. Elle se leva avec pr caution, rangea son t l phone dans la poche arri re de son jean et quitta la cuisine.
Ses clients s taient d j retir s ; Fab dormait et en tait dans le salon. Tout tait silencieux, hormis quelques soupirs bienheureux de Diane. Le couloir tait uniquement clair par l cran de la t l vision et les guirlandes lumineuses du sapin du salon. B atrice frappa doucement la double porte entrouverte : Ben jouait Assassin s Creed avec son casque. La semi-p nombre accentuait les traits de son fils et rendait sa crini re encore plus sombre. Ben interrompit son jeu pour la d visager, dans l expectative.
- Un client arrive, annon a-t-elle en italien.
Ben saisit son t l phone pour regarder l heure et B atrice devina sa pens e " il est tard . C tait d ailleurs pour cette raison qu elle l en informait. Quand il quitterait Bourg-Saint-Maurice apr s son bac, B atrice changerait s rement les horaires d arriv e. Qu elle le veuille ou non, avoir un gaillard de plus d un m tre quatre-vingt dans les parages tait rassurant. M me si ledit gaillard n avait que 17 ans et qu il aurait d tre dans son lit
- Okay, l cha-t-il de sa voix rocailleuse.
B atrice monta, les pas touff s par le tapis de l escalier.
De la lumi re filtrait sous les portes des trois chambres occup es et elle pouvait entendre des murmures. Son " chez-elle se trouvait au deuxi me tage. B atrice passa la t te dans la chambre des gar ons, distingua les cheveux en pi de Fab qui d passaient de la couette, puis referma doucement la porte avant de se diriger vers la chambre de Diane. Elle d posa sa fille dans son berceau, alluma la veilleuse et se donna du courage pour repartir.
Le quart d heure suivant, elle ne cessa de monter et redescendre pour s assurer que rien ne manquait dans la chambre de M. Samuelsson : une bo te m tallique rouge de biscuits aux pices, un assortiment de th s et tisanes, une bouteille d eau, des tasses avec des sachets de sucre et d dulcorant, et un pot de miel, le tout dans une corbeille couverte d une serviette aux couleurs de la Savoie. B atrice n avait jamais souffert de tocs, mais depuis qu elle s occupait du Beau Regard, elle se surprenait v rifier une vingtaine de fois les m mes d tails. Tout tait pourtant pr t : des draps de bain aux peignoirs, des savons neufs aux produits d hygi ne. M me les trousses de premiers secours taient inspect es tous les jours.
Quand on frappa sa porte, B atrice esquissa un sourire professionnel, surtout forc et douloureux cette heure, et ouvrit.
- Bonsoir, salua-t-elle avec chaleur, la pr sence discr te et rassurante de Ben pas tr s loin dans le couloir.
- Bonsoir, je suis St phane Samuelsson, r pondit le nouvel arrivant en serrant la main qu elle lui tendait.
Il tait grand, ch tain, distingu . Le col de son pardessus l gant tait relev , pi tre barrage contre le froid alpin pourtant.
- Je suis B atrice, bienvenue au Beau Regard. Suivez-moi, je vous prie.
Depuis un an qu elle g rait le chalet, B atrice avait d grimper cet escalier au moins trois mille fois. Cela quivalait combien de marathons ? Elle lui ouvrit la porte et s carta pour le laisser entrer dans sa chambre. Seules les lampes de chevet taient allum es, cr ant une ambiance intime dans la pi ce d j pr te pour No l.
- Vous avez des couvertures suppl mentaires si vous en avez besoin, l informa-t-elle en indiquant l armoire en bois patin par le temps.
- L h ritage nordique s est limit au nom, r pondit-il, pince-sans-rire. Les g nes n ont pas fait le voyage.
Il tudiait la chambre, les yeux pliss s ; son expression semblait aussi d pit e que son ton. Il n tait peut- tre pas habitu ce genre d extravagance de saison. B atrice r prima son sourire, mi-amus mi-fatigu , la main sur la poign e de la porte. Un seul coup d il lui avait suffi pour deviner qu il tait habitu un tout autre type d h bergement. Le palace le plus proche tant en altitude, une demi-heure de l , la fatigue qu elle lisait sur ses traits l avait s rement conduit chouer chez elle.
- Avez-vous besoin de quelque chose d autre pour la nuit, monsieur Samuelsson ? questionna-t-elle.
- Non, merci.
- Le petit d jeuner est partir de 7 heures, mais vous avez dans le panier un assortiment de biscuits et de th s. La bouilloire est branch e. Bonne nuit.
- Merci.
Elle posa la cl sur la petite pile de guides touristiques et de romans de terroir sur la table de chevet, puis quitta la chambre. Ben l attendait d j l tage, appuy la rambarde de l escalier.
- Je vais me coucher maintenant, annon a-t-elle en tapotant le bras de son fils. Ne tarde pas trop.
Elle aurait pu lui ordonner d aller dormir, mais y avait-il des adolescents qui ob issaient ce genre d injonction parentale ? N tait-ce pas l occasion propice de faire le mur pour contrarier ledit parent ? Ben assumait le r le d homme de la famille qui ne lui revenait pas, devenant secret et col rique alors qu il avait toujours t avenant. Malgr sa r bellion qui allait et venait, les remords rongeaient Ben lorsqu il refusait l autorit de B atrice. Il ne s excusait pas, les mots semblaient buter contre ses l vres, mais il redoublait d efforts pour se faire pardonner. Il aidait Fab faire ses devoirs, il s occupait de Diane, il allait faire les courses
Il n avait que 17 ans, son petit grand amour, et ses traits trop graves, trop ferm s, trop sombres, chagrinaient B atrice. Il tait si rare de le voir sourire depuis qu ils avaient quitt l Italie ! B atrice ne savait pas comment g rer l adolescence, encore moins la sienne. Elle faisait de son mieux, au jour le jour. Ce n tait pas comme si elle pouvait compter sur Dario ce sujet. Ce serait tellement plus facile deux
2

St phane tait vraiment puis , sinon il ne se serait jamais arr t dans un endroit pareil. Apr s une longue journ e de r unions aux Arcs, il ne s tait pas vu rouler jusqu Chamb ry comme il tait initialement pr vu. Il vouait une reconnaissance ternelle aux inventeurs des t l phones intelligents et de leurs applications qui permettaient de r server la premi re chambre libre la sortie de la ville, vitant certainement bien des morts au volant. C tait d ailleurs un miracle qu il ait pu faire la route de montagne jusqu Bourg-Saint-Maurice sans accident ! Par contre, il avait fallu que ce soit au Beau Regard, un nom bien suspect comme il faut. On tait loin de Courchevel, c tait s r !
Il avait t accueilli par une couronne orn e d toiles clou e la porte rouge d un chalet, et la femme qui lui avait ouvert la porte, une brune aux yeux clairs, portait un horrible pull de saison, rouge avec des rennes et des c urs savoyards. S il n avait pas t aussi puis , St phane aurait fait demi-tour dans la seconde. Il ne supportait pas le mauvais go t. Plus il avan ait dans le chalet aux lumi res pourtant tamis es, plus il notait l tendue des d g ts, dans un b timent autrement bien entretenu. M me sa chambre n avait pas chapp aux d corations festives ! Il avait l impression d tre entr dans un catalogue de d corations de No l ou dans un mauvais film sp cialement tourn pour les f tes.
C est du pareil au m me.
Douch et chang , St phane s assit sur le bord du lit et le porte-cl attira son attention : un bouquetin en bois. Il eut un rire d sabus . Le mot " kitsch avait t invent pour le beau regard et sa propri taire, sans aucun doute

Le lendemain matin, St phane se leva de bonne heure pour reprendre la route avec la ferme intention d arriver Paris temps pour le d ner. Skidort ne prenait plus en charge ses extravagances, il n avait plus int r t prolonger ses trajets. Depuis que l entreprise restreignait les d penses, son style de vie avait radicalement chang : il n y avait plus de palaces entre deux r unions ou de soir es chics, plus de restaurants toil s et de sessions de ski l improviste. Adieu bonus faramineux et privil ges
Il fit rapidement d filer les e-mails en souffrance sur l cran de sa tablette tout en prenant son t l phone. C tait bient t les vacances de No l et i

Voir icon more
Alternate Text