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Publié par
Nombre de lectures
8
EAN13
9782819102335
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Je me nomme Blackely. La nuit est mon domaine et j’en suis la protectrice. Je prends sous mon aile les victimes innocentes d’agressions formantées par l’Ordre Lumière... Ces cibles, tout le monde les connait. On les représente assoifés de sang, avec des canines proéminentes, quelques fois, ils ont une force et une vitesse hors du commun, et l’immortalité. Oui, vous l’avez compris, je parle des vampires. Or, dans mon monde, ils tentent de vivre normalement et de rester discrets. Peu atteignent le siècle d’existence et gagnent le nom d’Ancestral. Les membres de l’Ordre, sous le commandement de mon père, les traquent et les exterminent...
Mon quotidien est bien rodé... trop peut-être. Une lettre. La venue d’un Ancestral. Une meute de garous. Des meurtres de plus en plus fréquents. Ces évènements vont bouleverser mon existence et vont m’obliger à revoir l’ordre de mes priorités.
Il ne me reste que peu de temps. La mort n’attend pas. Elle frappe. C’est une compagne fidèle.
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8
EAN13
9782819102335
Langue
Français
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1 Mo
La mort est une compagne fidèle
Du même auteur aux Editions Sharon Kena
Incandescente – T1 – Révélation Incendiaire
Incandescente – T2 – La Flamme Oubliée
À cran, à crocs – Episode 1 – Le Virus V
K. Aisling
La mort est une compagne fidèle
« Le Code de la propriété intellectuelle et artistique n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (alinéa 1er de l’article L. 122-4). « Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. »
© 2017 Les Editions Sharon Kena
www.leseditionssharonkena.com
Pour toi, mon tonton Jean,
Même si tu as perdu ta bataille, tu as été un grand battant.
Ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi la nuit était fréquemment synonyme de peur ? Pourquoi vous avez toujours la sensation d’être suivie ou épiée dès que le soleil se couche ? Pourquoi il y règne un silence étourdissant ? Peut-être êtes-vous comme moi et vous appréciez ce moment…
Non ? N’avez-vous en aucun cas regardé de films d’horreur ? Si ? Alors, l’obscurité du ciel n’est-elle pas l’équivalent de mystère, de rêves ou de cauchemars ? N’est-ce pas un univers où évoluent de célèbres créatures mises en scène dans des ouvrages cultes écrits par des Bram Stoker{1} ou des Boris Vian{2} ? Ah ! Je sens que vous hésitez tout à coup ! Cependant, votre esprit logique vous ramène à la réalité en vous murmurant que ce ne sont que des œuvres fictives. Toute légende a-t-elle été créée de toutes pièces par l’Homme ? Ou a-t-elle été inspirée de faits réels ? Je sens que vous commencez à douter et à vous ouvrir… Fait-il nuit alors que vous lisez ces quelques lignes ? Oui ? Avez-vous bien fermé votre porte ? Vos volets ? Avez-vous vérifié ? Oh ! Vous jetez quelques brefs coups d’œil autour de vous…
Je vous rassure… ou pas ! Je vais simplement vous conter un récit, bien différent de ceux narrés par ces belles plumes qui ont marqué la littérature. Mon histoire. Et je peux vous assurer qu’elle n’a rien à voir avec celle de Cendrillon. Dans mon monde vivent ces fameuses personnes légendaires, mythiques, et souvent malmenées par leur réputation pas toujours justifiée. Pourtant, les méchants et les gentils ne sont pas constamment ceux qu’on imagine…
Tout a commencé alors que j’avais huit ans. Seulement, je ne vais vous raconter que ces derniers mois… les derniers mois de ma vie !
La lune était pleine. Elle illuminait le ciel nocturne donnant un effet magique et apaisant. J’aimais bien l’observer en toute tranquillité durant ces rares instants où je pouvais me poser et ne plus penser à rien. Je me sentais sereine. Et plus encore cette nuit, puisque je me retrouvais en excellente compagnie avec une bonne bouteille de Glen Scotia{3} de vingt-deux ans d’âge. Certes, j’avais cassé ma tirelire pour me payer cette merveille, mais elle en valait la peine. Et puis, il fallait bien que je fête la dernière nouvelle de manière inoubliable ! J’avais conservé le précieux courrier sur moi. Il aurait été très désagréable que ma charmante colocataire tombe dessus. Ça m’aurait gâché cette belle soirée.
Blackely !
Voilà bien cinq minutes que mon prénom raisonnait en bas de l’immense structure de bois en haut de laquelle je me trouvais. Je n’aurais jamais dû montrer mon perchoir à Cassy. J’adorais ce vieux pont de chemin de fer fait de poteaux pourrissant sous le poids de l’âge et du manque d’entretien. Il avait fallu quatre morts avant que la municipalité se décide à bloquer l’accès. Pourtant, comme vous l’avez deviné, il était aisé de contourner la sécurité mise en place, et depuis toute gamine, j’avais décrété que ce lieu était mien. De là, je ne me lassais pas d’observer les lumières de la ville. Et plus au loin encore, j’arrivais à distinguer la masse sombre du fleuve serpentant à l’horizon.
Blackely ! Descends de ce pont branlant !
Comme je ne déniais pas répondre, mon amie débita un chapelet de jurons à faire rougir une bonne sœur. Toutefois, comment résister à l’attraction lunaire ? Je devais bien avouer que le whisky que j’avais avalé n’y était certainement pas pour rien ! Pourtant, j’avais les idées claires. En fait, pour la première fois depuis des années, j’avais un objectif. La lettre était quelque peu responsable de ma décision. D’ailleurs, il aurait été inutile de dire le contraire.
Je portai à nouveau le goulot à mes lèvres. J’avais déjà vidé un bon tiers du contenu et je commençai à percevoir les effets de l’alcool : chaleur, bien-être, semi-inconscience. Et bientôt, viendrait le défaut d’équilibre… Je sais bien ce que vous vous pensez ! Elle n’est pas bien nette, cette nana. Suicidaire peut-être. Je vous rassure, j’aimais la vie même si quelquefois, j’avais l’impression que c’était elle qui ne m’appréciait pas. Vous demandez une preuve ? Plus tard… sûrement.
Des phares éclairèrent la nuit. Une voiture se gara le long du grillage dont une partie avait été coupée, sûrement par des jeunes désirant se mettre au défi. Cassy avait sorti l’artillerie lourde. Un homme vint la rejoindre. Je le reconnus aussitôt. Je m’étais réveillée auprès de lui chaque matin durant quatre années. J’avais rompu quelques mois plus tôt après l’avoir surpris dans les bras d’une bimbo blonde. Chez nous. Dans notre lit. À poil. Dans une position on ne peut plus compromettante. J’admets que, même si notre couple était loin d’être parfait, j’avais eu un choc. Pour être plus précise, Zaac avait choisi le mauvais moment pour me faire ce coup bas. J’étais passée par toutes les étapes : stupéfaction, déni, déprime, colère et résignation. À présent, je savais. On s’était tout simplement éloigné l’un de l’autre. Nous avions chacun nos priorités. Et les miennes étaient à l’exact opposé des siennes. J’avais retrouvé du réconfort auprès de Cassy et nous avions pris un appartement à deux tandis que Zaac, ne pouvant assurer seul la charge du loyer, avait posé ses valises chez mon père, ce que j’avais découvert plus tard sans qu’il ne le sache.
J’observai ma meilleure amie et mon ex qui discutaient tout en jetant des regards inquiets dans ma direction, plusieurs mètres au-dessus d’eux. La pleine lune éclairait bien les environs. J’arrivais presque à voir les yeux caramel de Cassy emplis de détresse. Zaac glissa sa main dans ses cheveux, signe de malaise que j’avais appris à reconnaître au fil des années. Les pauvres ! Je savais parfaitement ce qui leur traversait l’esprit et il y avait de quoi leur donner des cauchemars.
Blackely ! Allez, ma chérie. Descends, s’il te plaît, me supplia Cassy. Tu me fais peur !
Et pourquoi il est là lui ? l’interrogeai-je tout en rebouchant le récipient de spiritueux.
Ne fais pas la conne, Bely ! hurla Zaac.
Oh, ça va ! Bande de rabat-joie, râlai-je. Je ne compte pas sauter !
Bely. Zaac n’avait pas pu s’empêcher de m’appeler par mon surnom. Je n’appréciais pas quand il faisait ça. Surtout que ce n’était pas lui qui l’avait trouvé. Je pris mon vieux sac à dos en cuir brun que j’avais accroché à un gros clou rouillé afin d’y ranger la bouteille. Au fond, l’enveloppe bleue semblait me narguer. En l’ouvrant, ce matin, je savais qu’elle était porteuse de mon avenir. Seulement, ce n’était pas celui auquel j’aspirais.
Absorbée par ce rappel à l’ordre, je ne l’entendis pas venir. En même temps, ces gens-là savaient être discrets puisque ce n’était qu’ainsi qu’ils devaient leur survie. Seul le craquement du bois sous ses pas le dénonça ainsi que ce fourmillement si familier qui me parcourut. J’étais surprise, car ce n’était pas du style des individus de cette communauté. L’homme se tenait debout derrière moi, paraissant rester volontairement dans l’ombre.
Je vous laisse la place, dis-je sans daigner le regarder.
Après tout, si je m’étais isolée ici, ce n’était pas pour faire la conversation à un inconnu. De plus, cet imbécile ne serait pas venu sur ce pont instable s’il connaissait la véritable identité d’une des deux personnes qui m’attendaient en bas. Je passai la sangle de mon sac sur l’épaule et me redressai en prenant appui sur l’un des poteaux. Au final, ce Glen Scotia était un peu plus fort que je ne le pensais. Et en observant mieux la bouteille, je vis qu’elle était plus vide que pleine. Voilà qui promettait une sacrée gueule de bois !
Vous êtes sûre de pouvoir descendre ? demanda le nouveau venu.
De quoi je me mêle ? Qui vous dit que je ne veux pas faire le grand saut ?
J’étais un peu saoule. Ce fut d’ailleurs en prononçant ces paroles désagréables que je m’en aperçus. Cependant, le type ne parut guère impressionné. Il se rapprocha et je pus voir son visage. Plutôt pas mal ! D’accord, carrément canon ! Des cheveux châtains coupés courts encadraient un faciès paraissant être taillé dans la pierre avec de hautes pommettes, un nez droit parfait et des yeux verts magnifiques, lumineux. Il faisait une bonne dizaine de centimètres de plus que moi et avait une carrure normale – pas trop musclée – comme j’aimais. À son cou brillait un bijou qui ne s’illuminait que sous les reflets de la lune. La moitié du pendentif était caché par sa chemise et je crus percevoir les pointes d’une étoile entourée d’un cercle fait d’une branche.
Je me détournai de lui et ouvris mon sac pour ranger ma bouteille. Ma vue se troubla et je perdis l’équilibre. Je lâchai le whisky hors de prix et tentai de me rattraper à l’un des nombreux treillis m’entourant. Manque de chance, je choisis celui qui se brisa sous mes doigts alors que je cherchai une prise. J’entendis Cassy hurler et le récipient exploser. Un si bon breuvage ! Quel gâchis ! Soudain, une poigne de fer me saisit par l’avant-bras. Telle une vulgaire poupée, je me balançai au-dessus d’un vide de plusieurs dizaines de mètres. L’inconnu me remonta facilement et me maintint contre lui par la taille – le temps pour moi de retrouver l’utilisation de mes jambes. Même si j’appréciai le contact de son corps qui, au final, n’était fait que de muscles, je le remerciai en lui tapotant le torse nerveusement et en profitai pour observer son pendentif. Au centre d’une étoile, je découvris un astre solaire fin et élégant, le tout agrémenté de légers ornements et d’une minuscule clé. Le bijou qui me parut être en argent, semblait incomplet, mais peut-être était-ce le désir du créateur ?
La vie est un cadeau. Il serait dommage de la gaspiller !
Ouais !
Je devais bien avouer que, pour une fois, je n’avais rien à dire de plus. Je détachai mon regard du sol et le portai sur mon sauveur. Il m’examinait étrangement – mi-fasciné et mi-effrayé. Certes, je n’étais pas un super canon de beauté, surtout ce soir-là où je n’étais ni maquillée ni coiffée et vêtue de mon vieux jogging troué, mais tout de même ! Il parait que j’avais de jolis yeux bruns en amande avec des éclats dorés qui allait très bien avec ma chevelure châtain qui me tombait sur les épaules et qui, au soleil, brillait de reflets roux. Sa main était toujours posée sur mon avant-bras, à même la peau. Elle était chaude et calleuse comme celle d’un travailleur manuel. Pourtant, sa tenue vestimentaire était plus appropriée à un bureaucrate : chemise, costard, cravate.
Merci. Je vais rejoindre mes amis à présent !
Il ne bougeait pas, continuant à m’observer tout en maintenant sa prise. Je savais que certains d’entre eux pouvaient être instables. J’aurais été déçue si un homme aussi charmant se trouvait du mauvais côté.
Hum ! Accepteriez-vous de me lâcher, s’il vous plaît ? J’aimerais descendre !
Êtes-vous sûre d’y arriver ? me demanda-t-il, visiblement pas rassuré, tout en desserrant sa poigne.
Les doigts dans le nez, répondis-je en blaguant.
Voyant qu’il ne se déridait pas, je pris une attitude plus sérieuse.
Ne vous inquiétez pas, je peux descendre sans risque. Ce sursaut d’adrénaline a éliminé l’alcool de trop que j’ai ingurgité. Je vous laisse la place !
Je reculai un peu, me dégageant totalement, et sautai dans le vide. Ah oui ! Ai-je omis de préciser que je pratiquais plusieurs sports extrêmes ? J’étais adepte notamment de Parkour et Freerunning{4} en mêlant mes capacités en gymnastique – activité que j’exerçais depuis l’enfance. Autre petit pêché mignon conçu pour me défouler : le Free fight{5}, mais ça, c’était une histoire bien différente…
Bref, je pris plaisir à capter le regard horrifié du bel inconnu avant de disparaître de sa vue. Je me rattrapai avec facilité à diverses poutres, évoluant avec aisance jusqu’à toucher la terre ferme. Lorsque je levai la tête vers mon perchoir, l’homme s’était déjà envolé.
Blackely !! Espèce de… Tu m’as fichu une de ces trouilles !! Qu’est-ce qui ne va pas chez toi ?
Cassy me hurla dessus durant cinq bonnes minutes. Je la laissai faire, sachant pertinemment qu’il ne servirait à rien de tenter de l’interrompre et encore moins de me défendre. Sous son teint chocolat, le rouge commençait à percer. Aïe, elle était vraiment furax ! Ses yeux caramel viraient au noir. Elle perdait le contrôle. Zaac s’approchait de nous et il ne devait pas être témoin de ça. Alors, ni une ni deux, je pris ma meilleure amie dans les bras et la serrai aussi fort que possible. Aussitôt, elle se calma.
Ne me fais plus jamais ce coup-là ! grogna-t-elle en s’écartant pour me mettre une tape sur l’épaule.
Quel coup ? demandai-je innocemment.
Bely, tu es inconsciente, soupira Zaac.
Oh ! Zaac ! fis-je en feignant la bonne surprise. Tu es là ? Ne me dis pas que tu te soucies encore de moi ?
Zaac ne dissimula guère sa colère. Même si ses cheveux blonds lui cachaient un peu le visage, je ne pus qu’apercevoir ses yeux bleus et glacials qui me transperçaient. Malgré notre rupture, sa trahison et le fait que je ne désirais plus rien à voir affaire avec lui d’ordre privé, il s’était mis comme point d’honneur de continuer à veiller sur moi. Comme si à vingt-trois ans, je n’étais pas capable de le faire toute seule.
Tu étais avec qui en haut ? m’interrogea-t-il.
Qui te dit qu’il y avait quelqu’un ?
Ne me prends pas pour un idiot !
Juste un type qui, lui, était là au bon moment, crachai-je.
Zaac observa un temps le vieux pont, son regard s’attardant à l’endroit où je me tenais quelques instants plus tôt. Je savais bien ce qui trottait dans sa belle tête. Et, lorsqu’il s’éloigna tout en sortant son téléphone de sa poche, j’eus confirmation de mes soupçons. Aussi, je ne pus résister à lui lancer une petite pique qui n’avait double sens que pour moi.
Passe le bonjour à mon père !
Zaac me regarda sans répondre, préférant regagner sa voiture et retourner à ses activités méprisables.
Pourquoi était-il ici ? fis-je à Cassy.
C’est cette imbécile de Kiara qui lui a dit que je te cherchais. Tu la connais. Elle en a fait toute une montagne et comme il sait que tu viens souvent ici, il est arrivé ! N’empêche, j’étais persuadée que tu allais te foutre en l’air.
Kiara était une élève de notre université. Elle n’était pas méchante, juste guère maligne…
Je t’ai fait une promesse, Cassy, et je compte bien la tenir, affirmai-je. Je ne ferai plus de conneries.
Je sais, ma chérie. Quand je t’ai vue basculer, j’ai bien cru que tu allais y passer… Qu’est-ce qu’il t’est arrivé là-haut ?
Bras dessus, bras dessous, nous rejoignîmes la voiture de Cassy. J’étais venue en moto, seulement avec le whisky que j’avais ingurgité, je préférai épargner ma bécane. J’irai la chercher plus tard. Là où elle était, personne ne pouvait la voir. Je contai dans les moindres détails à ma meilleure amie mon aventure sur le pont.
Tu crois que ça en était un ?
Certaine ! N’oublie pas que, grâce à toi, j’ai le nez pour les reconnaître.
Et il a réussi à te rattraper et à te remonter sans effort ?
Yes ! Tu sais ce que ça signifie ?
Que les Ancestraux n’ont pas tous été éradiqués par l’Ordre.
Exactement, mon cher Watson !
Nous arrivâmes devant l’appartement que nous partagions. Cassy demeurait silencieuse. Si mes soupçons s’avéraient exacts, cet homme sur le pont risquait de voir sa destinée rapidement écourtée. Surtout si Zaac et mon père se doutaient de son existence.
Blackely ! Tu dois le retrouver.
Je sais et je vais avoir besoin de ton aide, ma petite sorcière bien-aimée…
Ma vie aurait pu être sympa si ma mère n’avait pas été assassinée alors que j’avais huit ans. J’avais eu aussi un frère de trois ans mon aîné qui avait disparu cinq ans auparavant. Sûrement tué… Quant à mon paternel… Que dire… Le jour de mes dix-huit ans – deux mois après la mort de mon frère –, j’avais fait ma valise et claqué la porte de la maison familiale pour ne plus jamais y revenir. William Dionnay était un requin de la finance, et un requin tout court pour le reste. Il avait fondé l’Ordre Lumière dont mon ex, Zaac, faisait partie, avec une cinquantaine d’autres tarés à travers le pays. Pour des soucis de couverture, tous occupaient en prime un poste dans l’une des sociétés de mon père. Donc, Zaac travaillait comme responsable marketing. Le seul souvenir que j’avais gardé de mes parents, ce fut mon prénom. Maman désirait m’appeler Lily. Seulement, mon cher papa, étant un grand fan de rugby, décida d’intégrer le nom d’une de ses équipes favorites à mon nom de baptême. Ainsi, je fus nommée Blackely.
Du coup, je m’étais rapprochée de Cassy, ma meilleure amie depuis l’enfance. Elle faisait partie d’une famille peu ordinaire. C’était une sorcière ! Oh, pas une Hermione Granger avec une baguette magique et encore moins le style « nez crochu et verrue sur le menton ». Non, je dirais plus qu’elle ressemblait à une sœur Halliwell avec ses potions et ses incantations. D’ailleurs, elle me sauvait la vie tous les jours et, parfois sans s’en apercevoir.
La journée, j’étais étudiante en arts plastiques pour devenir… en fait, je n’en savais trop rien même si j’avais eu une proposition intéressante pour l’avenir suite à un stage. J’avais toujours été douée avec un crayon et des pinceaux pour concevoir divers univers et ces derniers temps, j’avais pour idée de me lancer dans la création d’une bande dessinée ! Je n’avais fait qu’une seule exposition dans ma vie et si l’expérience avait été grisante, notamment avec la vente d’une de mes toiles, je ne me sentais pas vraiment à l’aise dans ce milieu. Je vivais… ça, on s’en fout en fait.
Une ville reste une ville. Celle-ci était au Canada et était assez grande pour abriter beaucoup de monde. Et la nuit, je parcourais la cité pour protéger… les vampires ! Leur ennemi ? L’Ordre Lumière ! Et oui, je luttais contre mon géniteur, mon ex et son organisation pour défendre des créatures mythiques réputées pour vider leurs proies de leur fluide vital… Néanmoins, si je vous disais que les vampires n’avaient pas de crocs ? Si j’ajoutais qu’ils étaient simplement des victimes d’une mutation de leur sang ? Certes, leur corps avait besoin d’hémoglobine pour se développer, néanmoins ils ne devenaient pas fous furieux au moindre manque, juste affaiblis. Cependant, ils étaient immortels à moins qu’on n’abime leur cœur avec un pieu ou pire qu’on le leur arrache – en même temps, vous en connaissez beaucoup qui survivent à un tel traitement ? La décapitation était également pratiquée dans des cas rares et extrêmes. Malheureusement, certains étaient responsables de cette mauvaise réputation qu’ils trainaient comme un boulet – il y a des psychopathes de partout ! Toutefois ils étaient aussi faibles que nous, pauvres humains, tant qu’ils n’avaient pas atteint le siècle d’existence. Et c’était là, tout le problème : l’Ordre avait quasiment anéanti tous les anciens vampires du pays une quinzaine d’années plus tôt ! Je ne savais pas comment mon géniteur avait fait, mais toujours est-il que les petits jeunes se retrouvaient sans défense. Et malgré un développement de leur population, aucun ne parvenait à fêter son centième anniversaire.
Je m’étais fait un point d’honneur à aider ces gens qui se faisaient massacrer. Dernièrement, j’avais mis en place un groupe d’autodéfense et j’invitais, de façon anonyme, les victimes potentielles à s’y rendre. Alec, l’un de mes amis proches, leur inculquait quelques gestes qui pouvaient leur sauver la vie dans la salle de sport qu’il avait monté avec son conjoint.
Ainsi se déroulait ma vie.