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Publié par
Nombre de lectures
115
EAN13
9782812933943
Langue
Français
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9782812933943
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Français
Alain Delage
Les Rubans de la vengeance
Natif de l’Hérault, Alain Delage s’investit tout particulièrement dans la vie culturelle et associative de sa région. Ce passionné d’histoire a déjà publié plusieurs ouvrages à vocation patrimoniale depuis 2001. Il a été élevé au grade de chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres pour son implication dans le domaine de la littérature avec un engagement très fort dans la conservation et la transmission de l’histoire locale. Les Rubans de la vengeance est son cinquième roman.
Du même auteur
Aux éditions De Borée
L’Étrangère de Collonges
L’Inconnu de la Saint-Blaise
L’Ombre de la garrigue
Les Secrets de Fontvives, prix du Salon de Bagnols-sur-Cèze 2014
Autres éditeurs
Ainsi font les Fonsois…
Éclats de larmes
Gajan en Gardonnenque
Le Canton de Saint-Mamert-du-Gard
Les Diversités d’un Gard insolite ou secret
Les Pays gardois en 200 questions
Nîmes de A à Z
Nîmes, regards croisés
alain.delage9@sfr.fr
En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français d’exploitation du droit de copie, 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris.
© De Borée , 2017
© Centre France Livres SAS, 2017
45, rue du Clos-Four - 63056 Clermont-Ferrand cedex 2
à
Yann et Séverine,
Ingrid et Christophe,
Amandine,
Marilyne,
Gautier et Mathilde,
Émilie,
Aurélie et Anthony Arnaud,
Sébastien et Julie,
Fabien et Laurianne,
Jennifer et Anthony Gonon,
et Anthony Giraudon,
mes nièces et neveux foréziens.
Préface
Lorsque j’ai écrit mon troisième roman, intitulé L’Étrangère de Collonges, je me suis plongé avec délectation dans l’histoire de cette région magnifique qu’est le Forez et de son terroir, ou plutôt de « ses terroirs », car ils sont différents.
Ce livre a été particulièrement bien reçu par le lectorat local, malgré mon accent qui prouve que je ne suis pas de cette contrée, mais que je m’y suis ancré, il y a plus de trente ans, telle une ramberte au quai de Saint-Just-sur-Loire, moi, l’ancien marin d’État, lorsque j’ai épousé une Pontoise, qui partage toujours ma vie aujourd’hui.
Il a pourtant fallu que je fasse quelques concessions à cette région, comme retirer de mon comportement quelques habitudes héritées de mon Languedoc natal, dont la principale me valait les foudres de mon épouse : la prononciation de certaines consonnes comme le « z » final de Forez ou le « s » dans le nom de sa commune de cœur, Saint-Just-sur-Loire, ou le barrage de Villerest. Le summum était atteint dans Saint-Genest-Lerpt où je me suis toujours demandé pour quelles raisons il y avait autant de consonnes superflues.
Saint-Priest-en-Jarez est également un exemple magique de cette particularité locale quand on sait que les Lyonnais, distants seulement d’une quarantaine de kilomètres, appuient sur le « st » terminant la dénomination d’une commune homonyme, aux portes de la capitale des Gaules.
Comme quoi nous sommes bien au cœur d’une entité géographique et historique bien spécifique et j’en suis arrivé à la conclusion que les habitants de ce pays étaient tellement généreux qu’ils ne comptaient pas, entre autres, le nombre de lettres dans les noms de lieux, même si elles étaient inutiles, véritable vitrine de leur bonté.
Je me suis ensuite habitué, avec beaucoup de facilité, je l’avoue, à des recettes de cuisine totalement inconnues dans ma région d’origine comme les râpées, les gâteaux de foies de volaille, les quenelles, les saucisses d’herbe, le barboton , le sarasson , les briques, la fourme de Montbrison, les bugnes, les pâtés de la batteuse, et que sais-je encore ? Cela explique en partie la « légère » surcharge pondérale qui est la mienne et que je vous dois, amis de la Loire. Je ne vous cacherai pas que cela m’arrange un petit peu, ajouté au cassoulet, à la bourride ou autres spécialités de mon Occitanie !
L’identité de ce pays existe bel est bien, mais il faut savoir différentier les coutumes liées à ses monts, qu’ils soient du Matin (vers Lyon), du Soir (vers l’Auvergne), ou à sa plaine, s’étirant autour du fleuve le plus long de France, entre la sortie de ses gorges, au sud, et le seuil de Neulise, au nord, dernier obstacle minéral sur son cours.
Les thèmes de l’agriculture et de la batellerie sur le fleuve roi m’ont accompagné pendant plusieurs mois, pour mon plus grand bonheur, et j’ai essayé de retranscrire des ambiances qui m’étaient inconnues.
Les témoignages de satisfaction que j’ai reçus des lecteurs m’ont particulièrement ému. J’ai donc décidé de poursuivre mon aventure forézienne avec ce nouvel ouvrage qui voisine, une nouvelle fois, avec la Loire, mais dans le milieu de la passementerie, autre richesse locale.
Je reviens donc sur vos terres en espérant vous inspirer le même intérêt que vous avez manifesté pour mon premier ouvrage ligérien.
Ce livre n’est pas une suite, mais un écrit autonome qui a, tout de même, quelques attaches ponctuelles avec le précédent qui ne lui enlèvent rien à son indépendance romanesque.
J’espère que les pages qui suivent sauront vous convaincre de ma loyauté envers vous, gens du Forez, et que, si mes racines familiales personnelles sont loin des vôtres, celles de mes descendants peuvent s’honorer d’une parenté qu’ils doivent à Chantal, mon épouse !
Avant de terminer cette préface, je tiens à remercier tout particulièrement :
L’Association Histoire et patrimoine de Saint-Étienne, anciennement Association des amis du vieux Saint-Étienne ;
L’Association des amis du vieux Saint-Just-Saint-Rambert ;
M. André Vialla, président de l’Association du musée de la Passementerie de Jonzieux (Loire) et tous les passionnés de cette institution ;
et
Gérard Belmas, dit « Languedoc la Patience », compagnon chaudronnier du Devoir ;
pour m’avoir ouvert leurs archives et leurs mémoires afin de guider mes pas vers des domaines que je ne maîtrisais pas totalement, voire pas du tout.
Qu’ils trouvent en ces quelques mots l’expression de ma plus sincère gratitude et toute ma reconnaissance.
I. Le deuil
Saint-Just-sur-Loire (Forez), février 1857.
– Va immobiliser le balancier de l’horloge, voile les miroirs, vide les récipients d’eau et ferme les volets. Surtout n’oublie pas d’aller annoncer le décès aux animaux.
Comme il était de coutume à chaque décès, Marie-Louise ordonna à son entourage que l’on exécutât le rituel mortuaire. Sa mère l’avait fait avant elle et la mère de sa mère également. Depuis la nuit des temps, ces coutumes étaient respectées.
Gustave, son mari, lui fit part de son incompréhension devant des actions qu’il jugeait d’un autre âge. En quelques mots, elle lui fit comprendre que rien ne la ferait dévier de son idée et que, de toute façon, si certains avaient des doutes sur ces croyances, elle leur demandait de respecter les vivants qui les appliquaient.
L’homme mettant un peu trop de temps à s’exécuter, elle lui expliqua que ces gestes permettaient d’exorciser la demeure dans laquelle le défunt avait rendu son dernier soupir et où il reposait avant de rejoindre la terre du cimetière.
– On m’a toujours expliqué que l’âme du décédé essayait de reprendre une vie normale en sortant du corps qui l’avait abrité. Ainsi, en immobilisant le balancier de la grande horloge familiale qu’elle a toujours connue, elle sait, désormais, que le temps s’est arrêté pour elle. Quant au voile sur les miroirs, tout comme l’absence d’eau dans les récipients, cela l’empêche de voir son reflet et de lui donner envie de hanter notre demeure, expliqua Marie-Louise.