269
pages
Français
Ebooks
2010
Écrit par
Benjamin Schneid
Publié par
Éditions Textes Gais
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2010
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Publié par
Date de parution
01 novembre 2010
Nombre de lectures
568
EAN13
9782363070067
Langue
Français
Rapports de forces
de Benjamin Schneid
Par l’auteur de La tentation et de En mâle d’amours
Alex préfère les amours d’un soir, ce n‘est pas vraiment un sentimental. Lukas, un garçon désorienté, s‘impose pourtant dans sa vie. Leur complicité évolue rapidement en de véritables rapports de force.
Theo partage la vie de Conny dans une relation libre. Le fantasme de celle-ci : avoir deux hommes dans son lit, dont... Theo.
Ce dernier finit par chercher conseil auprès de son ami Alex.
Dans son troisième ouvrage, Benjamin Schneid crée une atmosphère intimiste. Au fil de l'intrigue, il explore les désirs, manifestes ou latents, qui s'emparent de ses acteurs.
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Publié par
Date de parution
01 novembre 2010
EAN13
9782363070067
Langue
Français
IV
IVb
V
Vb
VI
VIb
VII
VIIb
VIII
VIIIb
IX
IXb
X
Xb
XI
XIb
XII
XIIb
XIII
XIIIb
XIV
XIVb
XV
XVb
XVI
XVIb
XVII
XVIIb
XVIII
XVIIIb
Épilogue
4e de couverture
Rapports de forces
Benjamin Schneid
Roman
Éditions Textes Gais
31 rue Bayen
75017 Paris
I
— Tu crois qu'on peut aimer quelqu'un éternellement ?
— L'éternité, c'est long…
— Eh ! Je suis sérieux.
— Pourquoi est-ce que tu me poses la question ? Tu te fais du souci à cause de nous ?
— Parfois.
— Viens dans mes bras ! J'ai pas l'intention de disparaître si vite de ta vie.
— Tu me le promets ?
— Je te le promets.
Maintenant qu'il avait joui, il remarquait à quel point la chambre empestait le sexe. Des effluves de latex et de lubrifiant chatouillaient désagréablement ses narines. Une odeur de fauve imprégnait les draps. Ce qui l'avait excité quelques minutes plus tôt le rebutait à présent. Une fois le désir assouvi, Alexander se désintéressait rapidement. Il se redressa sur le matelas et enleva le préservatif qui enserrait son sexe bandé. Des gouttes de sueur perlaient sur son front. Il jeta la capote pleine de foutre par terre et il essuya ses mains contre ses fesses. Elles étaient toutes poisseuses.
Le cul en l'air et la tête dans l'oreiller, Harald planait toujours. Alexander quitta le lit et se rendit dans la salle de bains. Dans le couloir, il s'efforça de ne pas faire craquer le plancher sous ses pieds. Il n'avait aucune envie de se retrouver nez à nez avec la colocataire. Encore moins en tenue d'Adam. Harald avait gémi si fort que l'étudiante devait certainement se retourner dans son lit. Après avoir fermé la porte, il fit couler le robinet d'eau froide. Il se rafraîchit d'abord le visage, puis il nettoya son sexe. Il avait temporairement évacué toutes ses pulsions, il se sentait mieux.
Harald n'était pas vraiment le genre d'homme sur lequel il se retournait habituellement. Mais, à défaut d'avoir un physique intéressant, le doctorant en Histoire était une véritable bombe au lit. Alexander savait qu'il pouvait l'appeler à tout moment, il ne disait jamais non. Bien qu'il possédât une queue des plus impressionnantes, l'étudiant était seulement passif. Cela l'avait toujours étonné. Comment pouvait-on être aussi bien membré et ne pas se servir de son engin ?
De toute façon, Alexander appréciait surtout les lobes musclés de ses fesses. À peine les saisissait-il dans ses mains qu'elles frémissaient de désirs. Loin d'être farouches, elles se laissaient fouiller sans la moindre pudeur. Alexander adorait sentir sa rosette capituler sous la pression de ses doigts. Quand il le caressait ainsi, en guise de préliminaires, il avait l'impression de marquer son territoire. Le rectum docile engouffrait ensuite son épaisse verge sans se rebeller. Plus Alex le bourrait, plus ça lui plaisait. C'était un gourmand. Leurs séances de baise valaient bien les jacasseries qu'Harald lui imposait.
Lorsqu'il retourna dans la chambre, le doctorant était toujours sur le lit. Le sexe baveux avait retrouvé des proportions raisonnables, tandis que les lèvres dessinaient un sourire béat. Alexander s'assit sur la chaise du bureau et sortit une cigarette de son paquet. Il s'attendait à ce que son hôte le priât d'aller sur le balcon, mais celui-ci lui permit de fumer à l'intérieur. C'était la première fois. Alexander tira de longues bouffées. Des volutes bleuâtres s'élevèrent dans la pièce. Le sourire indécrochable de l'étudiant l'inquiétait.
Il connaissait ce sourire. Ce n'était plus le sourire engendré par l'orgasme. Jamais il n'aurait dû accepter l'invitation à dîner. À vrai dire, Harald lui avait tendu un guet-apens. Quand il avait sonné, la colocataire lui avait ouvert la porte et elle lui avait indiqué la cuisine. Alexander détestait croiser la colocataire quand il venait ici pour tirer son coup. Il se demandait à chaque fois ce qu'elle pouvait bien penser de lui. Harald, lui, ne cherchait jamais à cacher leurs rencontres. Il le traitait comme il traitait ses collègues de fac. Finissait-il aussi par s'enfermer avec eux dans sa chambre ?
Les deux hommes n'avaient jamais nommé explicitement la nature de leur relation. Quand ils s'échangeaient des textos, ces derniers restaient toujours allusifs. Alexander lui demandait s'il pouvait le recevoir. Harald répondait par un oui, puis ils s'accordaient sur l'heure. Même si leurs intentions étaient essentiellement sexuelles, ils ne les évoquaient jamais directement. C'était la façon dont Harald voulait gérer leurs rencontres. Curieusement, l'étudiant ne manquait pas de vocabulaire quand il se faisait baiser. Mais, en dehors de ces moments, il paraissait plutôt pudique.
Alexander s'était alors rendu dans la cuisine où il avait trouvé Harald en tablier. Ce dernier faisait mijoter des légumes, pendant que deux escalopes rissolaient dans la poêle. Le couvert avait été mis pour deux personnes. Bien que l'idée de dîner en sa compagnie ne le réjouît pas, Alexander avait réellement faim. Détestant lui-même cuisiner, il fit d'une pierre deux coups. Après le dîner, ils s'étaient retirés dans la chambre et ils avaient fait l'amour comme des bêtes.
Maintenant qu'Harald lui faisait face, complètement nu, et qu'il lui offrait son plus beau sourire, Alexander regretta d'avoir accepté l'escalope. Il jeta sa cigarette encore incandescente par la fenêtre et commença à enfiler son caleçon. Le visage de son hôte s'assombrit.
— Qu'est-ce que tu fais ?
— Il faut que j'y aille.
— Faut vraiment que tu partes maintenant ? On a à peine parlé. En plus, t'as probablement loupé le dernier bus et le métro n'est pas vraiment à côté.
Alex continua de s'habiller.
— Si tu veux, tu peux dormir ici…
Alexander tressaillit intérieurement à l'idée de passer toute la nuit à ses côtés, dans le lit à une place. Bien qu'il détestât ce genre de situation, il devait mettre les choses au clair.
— Écoute, Harald. J'apprécie vraiment nos parties de jambes en l'air... Mais, voilà, je ne cherche rien de plus.
— Moi non plus ! se défendit l'étudiant, sans parvenir à cacher sa déception.
— Je crois qu'il vaudrait mieux qu'on se voie moins à l'avenir...
Harald n'était pas dupe ; il comprit aussitôt qu'ils ne coucheraient plus ensemble. Son visage s'assombrit un peu plus. Alexander découvrit dans son expression un mélange d'amertume et de colère. Il évita délibérément de croiser son regard, il le mettait mal à l'aise. Harald ne ferait pas de scène, il le savait. Ce n'était pas son genre. Ce n'était pas le genre de mec à faire des reproches, il était tout en intériorité. Alex enfila ses chaussures sans rien dire.
En temps normal, l'étudiant l'aurait raccompagné à la porte ; mais, assommé par la nouvelle, il ne parvenait pas à quitter le lit. Le manteau à la main, Alex ne savait plus quoi dire. Il avait mauvaise conscience.
— Eh, Harald ! Ne te prends pas la tête, okay ?
L'homme releva les yeux vers lui, l'air abattu.
— Tu finiras par trouver un mec qui… qui veut la même chose que toi.
Alex n'était peut-être pas vraiment sincère, mais sur le moment il jugeait nécessaire de lui remonter le moral. D'un côté, il se sentait coupable de le laisser seul ; de l'autre, sa présence ne faisait qu'aggraver son départ. Même s'il ne prenait aucun plaisir à briser ses illusions, il lui fallait bien mettre un terme à cette mascarade
Après tout, ils se connaissaient à peine. Ils avaient baisé une dizaine de fois ensemble, mais sinon ils ignoraient tout l'un de l'autre. Alex ne savait même pas son nom de famille. Harald ne tarderait pas à s'en remettre. Ce n'était pas la fin du monde. Il lui envoya un dernier regard compatissant et ferma la porte derrière lui.
Lorsqu'il se retrouva enfin seul dans la rue, il se sentit aussitôt soulagé. L'air était frais et la nuit sans étoiles. Un sentiment de liberté semblait revigorer ses membres. À mesure qu'il marchait, le souvenir d'Harald s'estompait. Alex savait qu'il l'oublierait bientôt. S'il avait un regret, c'était seulement celui d'avoir perdu un bon amant. Il ne retrouverait pas aussi vite une croupe aussi dévouée que la sienne…
Alex n'avait pas manqué le dernier bus, mais il lui fallait tout de même attendre une bonne vingtaine de minutes. Comme il ne faisait pas froid, il décida de marcher de station en station pour tuer le temps. L'arrondissement dans lequel il se trouvait n'était pas des mieux fréquentés, mais perdu dans ses pensées, il ne se sentit pas plus en danger qu'ailleurs. Le bus arriva finalement et il réussit même à attraper le dernier métro.
Son appartement se trouvait dans le septième arrondissement. Bien que peu lumineuses, les pièces étaient bien agencées et le loyer était correct. Cela faisait deux ans qu'il avait emménagé dans la Kaiserstraße. En règle générale, il évitait d'accueillir chez lui ; il n'aimait pas montrer son repaire. Il se déshabilla et il alla prendre une douche.
On lui donnait rarement ses vingt-sept ans. Sa peau claire et sensible le faisait paraître plus jeune. Avec son physique de rouquin, il pouvait difficilement nier ses origines écossaises. Ses cheveux auburn, coupés court, tournaient au roux au niveau des pattes. Ses sourcils étaient eux aussi plus clairs. Quand on les regardait de près, ses yeux marron avaient des reflets couleur miel. Le nez droit et volontaire s'arrêtait au-dessus d'une paire de lèvres sensuelles. Ses traits était anguleux et réguliers. Comme il était assez grand, son corps athlétique pouvait paraître svelte. Avec ses airs d'éternel étudiant, il remportait pas mal de succès.
Alex enfila une serviette de bain autour de la taille et il se rendit au salon. Il ouvrit son MacBook et se connecta sur son site de rencontres préféré. Il passa en revue les mecs qui avaient cliqué son profil depuis la veille, mais il ne découvrit rien d'intéressant. Ouvrant une nouvelle fenêtre, il consulta parallèlement ses messages sur Facebook. Theo lui rappelait qu'il passerait le chercher le lendemain à vingt heures. Alexander regrettait déjà de lui avoir dit oui. Il ne connaissait même pas les organisateurs de la fête.
Puis, il rabattit l'écran de son portable et il alluma une cigarette. Le paquet de Chesterfield était déjà pratiquement vide. Après tout, la crémaillère le changerait peut-être des plans-culs qui commençaient à le lasser. Il repensa à Harald. Ce n'était pas la première fois qu'on lui faisait le coup. Dès qu'il se mettait à voir un mec régulièrement, ça s’achevait par un fiasco. Pourtant, il préférait coucher avec les mêmes hommes plutôt que d'accumuler les amants. Cela ne l'intéressait pas de jouer les don juans ; il ne cherchait pas à collectionner.
S'il prenait son pied avec un mec, il ne comprenait pas pourquoi il devrait renoncer à un second round. Mieux il les connaissait sexuellement, plus la jouissance était intense... Ça coulait de source. Il repensa à l'expression qu'il avait vue sur le visage d'Harald avant de partir et il poussa un soupir malgré lui. L'espace d'un instant, il se demanda s'il était vraiment salaud. Mais, dans le fond, il ne lui avait jamais rien promis ; ils n'avaient jamais rien fait d'autre que baiser et, par surcroît, ils s'étaient rencontrés sur un site de cul. On ne pouvait définitivement rien lui reprocher. Il se débarrassa de sa serviette et il alla se réfugier sous sa couette. Il dormit comme une brute jusqu'à ce qu'une puissante érection le réveille vers les cinq heures du matin.
II
— Est-ce que tu as déjà couché avec Theo ?
— Quelle idée ! Qu'est-ce qui te fait penser ça ?
— Vous passez tellement de temps ensemble…
— Bah, c'est mon meilleur pote !
— Je sais.
— En plus, Theo ne s'intéresse définitivement pas aux mecs.
— T'en es sûr ?
— S'il y avait l'ombre d'un doute, j'aurais essayé depuis belle lurette !
Conny marchait bras dessus bras dessous avec l'une de ses meilleures amies. Bien qu'on vînt de les présenter, Alex avait déjà oublié son nom. Tandis que les deux filles papotaient entre elles, les garçons les suivaient d'un pas plus lent. Theo n'avait pas lâché un mot depuis qu'ils s'étaient mis en chemin.
— Rappelle-moi pourquoi on va à cette fête ? demanda Alexander sans chercher à dissimuler son manque d'enthousiasme.
— C'est la crémaillère de Tanja.
— Je ne la connais même pas !
— Mais si, tu la connais ! le contredit Theo. Elle était là à mon anniversaire. En plus, l'un de ses colocs est gay, il y aura plein de pédés.
À peine avait-il lâché ces mots qu'il le regretta aussitôt. Il avait mis trois semaines pour convaincre Alex de venir et voilà qu'il ne faisait que conforter son scepticisme. Ce dernier fronça aussitôt les sourcils.
— Enfin... Ça ne te fera pas de mal de sortir un peu, se corrigea-t-il. Depuis combien de temps n'as-tu pas passé une soirée entre amis ?
Theo marquait un point. Même s'il était parfois maladroit, Alex savait que son pote ne lui voulait que du bien. Depuis plus de deux ans, il veillait assidûment à ce qu'Alex ne s'enfermât pas trop longtemps dans son univers.
En réalité, son nom était Theodor, mais tout le monde l'appelait Theo. Il devait son corps athlétique à sa carrière de cycliste. Ses allures viriles et son caractère flegmatique plaisaient aux filles, mais chacun le savait en couple depuis des lustres. C'était comme si Conny avait toujours existé. Theo et Conny.
Conny avait une telle prestance qu'elle intimidait la plupart des garçons. Tout lui réussissait. Elle avait une personnalité si exubérante que le secret de leur relation restait un mystère pour tout le monde. Et pourtant leur couple – aussi explosif qu'il pût paraître – perdurait inaltérablement.