Je hais les autres. Leurs nuits sont calmes et revigorantes. Les miennes sont des guerres contre moi-même, souvent plus dangereuses pour moi car même mes proies ne se rendent compte de rien. Mes nuits sont des Indiana Jones" urbains, des pornos ukrainiens, des thrillers hitchcockiens, des contes pour tueurs psychopathes, harnachés d'un macaron les interdisant à tout public non averti, à voir avant de s'endormir à l'asile. Mes nuits ne sont pas fréquentables et ce soir ils ignorent qui je suis et ce dont je suis capable. J'aimerais les avoir tous drogués pour qu'ils tombent à l'instant et me jouer de leurs corps une nuit entière, avant de me blottir contre le plus chaud d'entre eux – Noah [...]." Côté pile, Ruby est journaliste modeuse... Côté face, cette identité laisse la place à un érotisme noir et impérieux. Et quand cette double vie se voit menacée par les messages d'un maître chanteur inconnu, la jeune femme est bien décidée à mettre la main sur celui qui se joue d'elle. Nuit/jour, badinage/violence, apparences lisses/pulsions intimes, le roman d'I. Siryani se construit autour d'oppositions qu'elle pousse à leur paroxysme afin de mieux susciter l'ambivalence chez son lecteur. Forte et impressionnante, envoûtante et dérangeante, jouant sur les paradigmes de l'amante et de la criminelle, Ruby incarne à elle seule une "anti-chick lit" incisive, mordante, venimeuse et implacable.
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