Les Cambouisards (pulp gay) , livre ebook

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Les Cambouisards

AbiGaël



Pulp de 140 000 caractères


Un garage en déshérence, dans la ZI crade d’une banlieue lointaine. Deux mécanos beaux comme des dieux s’occupent de mes voitures à l’occasion. En sont-ils ou non ? Leur nouvel arpète, Cyrano, l’est-il aussi ? C’est par surprise que je le découvre : La réponse est oui. Oh le chaud garage ! Chez eux, les tabourets en bois d’olivier sont aussi kitch que virils... et sculptés d’après vif. Whaaahhh ! Je ne vous dis pas comment sont les sculpteurs...


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Publié par

Date de parution

27 octobre 2012

Nombre de lectures

22

EAN13

9782363074713

Langue

Français

Les Cambouisards (140 000 caractères) AbiGaël Plantons le décor de notre histoire, qui se passe dans un petit garage de quartier, en e lointaine couronne de la région parisienne. La première décade du XXI siècle est déjà derrière nous. Roméo Roméo est mécano. Il a la petite trentaine sportive. Lorsqu’il n’est pas dans sa salopette maculée de cambouis, c’est incontestablement un beau mec. Mais, c’est le cas de le dire, il ne roule pas des mécaniques. Il est célibataire, divorcé. Sa Juliette de femme, qui s’appelait Germaine au civil, l’a plaquée pour un autre. Elle a obtenu le droit de garde de leur fils après une rude bataille, mais ne s’embarrasse pas de respecter le droit de visite du père. Aussi n’a-t-il pas vu son fils depuis deux ans. En retour, il se garde bien de payer sa pension. C’est de bonne guerre… Roméo reprendrait bien le garage à son nom s’il le pouvait, mais il n’a pas les moyens de racheter le peu d’équipements présent dans cet atelier étriqué et vétuste, ainsi que la clientèle. Il se contente donc de survivre au jour le jour, en lustrant ses mains de cambouis dans ce garage somme toute assez minable. No future… Mario Mario, c’est le patron. Il a le dos cassé pour avoir trop soulevé de moteurs sans palans et ne fait plus grand-chose. Il se contente de rédiger ses factures à la main et d’accueillir les clients. En s’épanchant dans leurs seins, il peste contre la dureté des temps et l’âpreté des banquiers. C’est pourquoi il ne prend pas les cartes bancaires, parce que ça lui coute trop cher. Pour aider son mécano, il va cependant chercher avec sa moto les pièces détachées chez les concessionnaires, chez les distributeurs de pièces de remplacement et surtout dans ses différentes casses personnelles. Lui, il serait plutôt du genre à roules des mécaniques avec sa belle Harley fort bruyante, mais toujours rutilante. À quarante-cinq ans, son physique d’acteur américain est un peu défraichi. Mais il est encore très avenant avec ses cheveux blonds mi-longs qui volent au vent sous le casque lorsqu’il part en trombe chercher la pièce non livrée comme promis avant 17 h. Cerise sur le
gâteau, il n’hésite pas à dévoiler des pecs à tomber, qu’on entr’aperçoit l’été lorsqu’il accueille ses clients avec sa salopette de garagiste immaculée rouge Turin. Il faut dire qu’elle est quasiment dézippée jusqu’au nombril ; serait-ce volontaire ? Et que porte-t-il donc en dessous du nombril ? Dommage que les renforts de couture et les fermetures éclair y soient si raides… Moi Je vais régulièrement chez mes deux « ritaliens » pour leur confier mes véhicules les moins récents. Ces mécanos sont multimarques et ils se démerdent très bien, pour des prix qui restent toujours raisonnables. Bien sûr, les véhicules plus sophistiqués produits ces dernières années par nos ateliers nationaux leur posent plus de problèmes : Outillages spéciaux, bancs de contrôle spécifiques et hors de prix, etc. Néanmoins, leur gentillesse, leurs compétences et des délais de rendez-vous très rapides font que cela mérite de prendre le stylo pour remplir le chèque, même si je râle de ne pouvoir tendre ma carte de crédit. Je ne peux non plus m’empêcher de sourire de pitié quand Mario s’échine à photocopier en bougonnant la carte grise du véhicule à réviser avec son vieux fax cacochyme. Bien sûr, il n’a pas d’ordinateur pour enregistrer les profils automobiles de ses clients et en faire le suivi d’entretien informatisé ! Ce serait si facile pour nous… C’est bien dommage, mais tout le monde ne pédale pas au rythme du progrès et il faut bien s’y faire. C’est déjà bien qu’ils aient pu quitter l’ère du carburateur à l’ancienne et des vis platinées pour passer à celle de l’allumage électronique. À chaque fois que je vois ces deux adonis dans leur salopette entrebâillée, j’ai des frémissements dans le slip. Leur attitude irréprochable devant la clientèle ne me laisse aucun indice pour imaginer un quelconque lien particulier entre eux. Mais je ne peux m’empêcher de penser que, lorsque Roméo est penché au-dessus d’un capot ouvert, le nez dans le moteur et les biceps à l’air, j’aurais du mal à rester de marbre en passant derrière lui, si j’étais Mario. Au fil des mois et des années, je me suis fais raison et m’efforce de moins mater les salopettes ouvertes ou les tee-shirts moulants, que l’on aperçoit en demi-saison sous les toiles rouge et grises, maculées ou non de cambouis. Je me fais maintenant ici le rapporteur de leur histoire. Je n’en ai pas été le témoin direct, du moins pas au début. Mais on m’a dit…
Cyrano
Roméo râle sans cesse, car c’est lui qui fait tout le gros du boulot mécanique. Et lorsqu’il en a fini avec les outils, le cambouis, les fuites d’huile ou la peinture, il doit encore passer l’aspirateur partout sur la moquette et le tableau de bord. En effet, Mario se fait un devoir de restituer à chaque client son véhicule beaucoup plus propre que lorsqu’il ne lui a été confié. Cela aide grandement à faire passer certaines factures qui font toujours mal au portefeuille. On l’aime aussi pour ça, notre Rital, c’est l’élégance de la rusticité !
Mario a tenté une fois de prendre un jeune apprenti. Il s’en est beaucoup mordu les doigts : le gamin était acoquiné avec la petite pègre locale. Au bout de quelques jours, certains outils commencèrent à manquer à l’appel. Puis des clients se plaignirent de disparition d’objets dans les véhicules qu’ils laissaient auparavant pour révision en toute confiance. Un lundi matin, stupéfaction ! Tous les véhicules remisés pour le week-end, en attente de pièces dans le garage, furent fracturés. De nombreuses optiques de phares, des rétroviseurs, des essuie-glaces, bouchons de réservoir et autres petits accessoires avaient disparu, sans compter les autoradios, CD, GPS ou autres objets de plus grande valeur. Tous les vide-poches et boites à gants étaient ouverts et délestés. La bande de malfrats avait sévi aussi sur les véhicules entassés dans la casse-auto attenante et qui servait de réserve pour des échanges standards.
Il s’agissait, de toute évidence, d’une bande très organisée qui avait pris tout son temps, sans risquer d’être dérangée dans ce no man’s land toujours désert le week-end. Quant à l’arpète, bien sûr, il disparut du jour au lendemain !
Mario n’avait donc aucune envie de recommencer l’expérience.
Pourtant, un jour, un gamin assez enjoué, l’air un tantinet arrogant, se pointe à l’heure de la fermeture. Roméo est déjà parti prendre sa douche. Mario termine de classer ses dossiers de la journée comme tous les soirs et finit de préparer ses dernières factures. Le prenant pour un nouveau venu il ne jette sur l’arrivant qu’un coup d’œil rapide en pestant intérieurement contre ce gêneur de dernière minute, sans vraiment remarquer ni s’émouvoir du jeune âge apparent de l’interlocuteur.
— Désolé, on ferme à 18 heures. C’est pour quel véhicule ?
— C’est pas pour une bagnole. Est-ce que t’aurais pas du taf pour moi, m’sieur ? J’m’y connais un peu en bricole de caisse…
Surpris, Mario lève le nez de ses factures et étudie le môme. Seize ou dix-sept ans peut-être. Une dégaine de loulou mal fringué, un piercing sur la lèvre et un autre sur l’aile du nez. Ce nez, justement… Mon dieu, on ne voit que lui ! Ça lui donne une allure de corbeau pas vraiment élégante, qui prêterait à sourire si l’on ne plaignait sa disgrâce. Mais le visage du gosse reste avenant. Il sait sourire et ne semble pas agressif pour un rond. Il attend une réponse - qui ne vient pas - avec une réelle lueur d’intérêt au fond des yeux. Devant le silence persistant il reprend espoir et pousse sa cause :
— Tu sais, m’sieur, j’sais faire plein d’choses. J’peux aider beaucoup dans un garage : Nettoyer les voitures, dedans et dehors, faire les vidanges, et… J’sais même changer les filtres à huile et à gasoil !
La force de conviction qu’il met dans cette dernière affirmation fait sourire Mario. Un peu machinalement, il lui demande :
— T’as quel âge ?
— J’ai vingt piges, m’sieur.
— Tu mens ! Tu parais beaucoup moins.
— Heuh… Ben… J’sais pas bien… en fait !
— Me pipote pas ! T’as quel âge ?
— Heu… Ben… seize ans, m’sieur…
— Et l’école ?
— M’emmerde ! Y-a longtemps que j’fous plus les pieds au bahut. L’dirlo est un vieux con et j’supporte plus les vannes à deux balles des aut’potes qui s’foutent de moi.
— Et tu t’appelles ?
— Cyrano, m’sieur.
Mario réprime difficilement un énorme éclat de rire, mais ses yeux plissés rigolent pour lui.
— Tu vois, toi aussi… M’sieur… Tu t’moques de moi ! T’es pas chouette !
— Mais Cyrano, c’est pas ton vrai nom, si ?
— Non, bien sûr… C’est l’surnom qu’y m’donnent, tous ces cons. Paraît que c’t’ à cause de mon pif… J’sais pas pourquoi. Alors, j’connais plus que c’nom-là, moi !
— Mais tes vieux ? Ils t’ont donné quel prénom ?
— Nelson. Mais ça fait un paquet d’temps qu’personne y m’a pu appelé comme ça !
— Ah, oui, Nelson… Ce n’est pas forcément plus facile à porter, en effet. Eh bien, Nelson, d’où viens-tu ?
— Ma daronne, elle zone à Lochère. Mais j’y fous plus les pieds non plus. Trop crade, la ZUP. Et pis là-bas, les portos comme nous, c’est pas not’ coin, qu’y nous disent les youpins et les rebeus. Pis, tout l’monde y’s fout aussi d’mon pif, là-bas. Ça craint trop pour moi.
— Alors, tu vis où ?
— Ben… À droite, à gauche… J’pieutais chez des ex-potes à mon dabe, qu’était maçon avant qu’y s’tue sur un chantier d’fêlé à Stains. Mais y m’ont dit qu’maint’nant, qu’y z’en ont marre que l’leur colle au cul, et qu’y faut qu’j’aille tailler ma route ailleurs. Fallait que j’bosse, qu’y-disent ! Alors, j’cherche un taf… Dis, m’sieur, c’est sûr ? T’as pas b’soin d’un mec à tout faire ? Oh, dis moi oui, m’sieur ! J’suis sûr que j’peux faire plein d’choses ici, pour toi, dans c’biniou !
Mario soupire. L’enthousiasme du gosse et sa sincérité l’émeuvent, bien qu’il essaie de s’en défendre. Il songe à son expérience précédente malheureuse. Il s’entend pourtant dire :
— Ben, si tu veux Nelson. On verra demain ce que tu sais faire.
— WOouaouH ! Super ! T’es chouette, m’sieur ! T’verras …tu pourras plus t’passer d’ton Cyrano !
— OK, Nelson. Et ce soir, tu couches où ?
— Tu sais, m’sieur, Cyrano, j’préfère… Même si les gens y rigolent.
Nelson, ça m’plait pas. Paraît qu’c’est l’nom d’un salopard de pirate angliche.
— Non, Nelson. Ce n’était pas un pirate du tout. C’était au contraire un grand amiral anglais, qui est mort à la bataille de Trafalgar. Mais c’est quand même là qu’il a battu Napoléon. Pour moi, c’est un beau prénom, mais c’est pour ça que les français ne l’apprécient pas beaucoup. Tu dors où Nelson ?
— Cyrano, m’sieur, s’te plait ! J’saurais pas répondre si tu m’causes Nelson ! J’le connais plus, c’mec-là…
— OK, va pour Cyrano. Tu pieute où, ce soir ?
— Ben j’sais pas, m’sieur. J’vais chercher une turne, dans l’coin, pour que j’soye-là d’main à la fraîche. C’t’a quelle heure, le taf ?
— On commence avant huit heures, mais c’est pour accueillir les clients pressés qui partent au boulot. Tu peux venir à neuf, si tu veux. Ça suffira pour un premier jour.
Mais, au fait…
Puisque tu n’a pas d’hébergement, si je comprends bien, et si ça te dépanne, tu pourrais venir dormir chez moi, du moins pour un jour ou deux. Ça te dit ?
Les yeux de Nelson-Cyrano s’agrandissent de surprise. Ce soir, il n’aura pas à chercher un toit. Chopper à la fois un lit et un boulot le même jour ! Cyrano a l’impression d’avoir touché le jackpot. Yèeeessss ! Son exclamation de joie a du s’entendre de loin.
Mario ressent au fond de lui une joie un peu équivalente. Ce gosse pourrait être le fils qu’il n’a pas eu. Comment va-t-il réagir en arrivant dans son pavillon à la décoration… disons… un peu spécifique ? Bah ! On verra bien. Il salue Roméo qui rejoint sa bagnole, non sans avoir jeté un œil torve sur le gamin. Roméo a rendez-vous à Paris avec son avocat, au sujet de la garde de son gosse. Mario prend ses clefs, éteint sa lumière, ferme la porte du bureau et sort
pour baisser le volet mécanique roulant du garage.
— Bon, on y va. Grimpe, dit-il à Cyrano en ouvrant sa portière de voiture. C’est la dernière garée sur le grand parking, maintenant désert, de ce coin de zone industrielle en déshérence.
***
— Y-a combien de temps qu’t’as pas pris une douche ? Tu remugles, mon gars ! Tu va m’faire le plaisir de filer sous l’eau et de virer tes fringues, vite fait. T’as des bagages quelque part ?
— Ben non… J’ai rien d’autre à m’mettre ! Y-a un bail que j’ais pas eu l’occase d’en chourer d’autres, t’sais…
— Ah dis donc, si tu veux rester ici, tu vas me faire le plaisir d’abandonner ces pratiques de voyou !
Je ne veux pas d’histoires avec les flics. Si j’te garde, on fera un contrat de travail en bonne et due forme, d’ailleurs. Faudra que j’voie ta mère.
— Oh, ma mère… Faudra d’abord commencer par la dessaouler… Laisse béton !
— Ah… ???
Mario et Cyrano sont arrivés devant la porte de garage du petit pavillon de banlieue qu’habite Mario. Il cogite à mort, et il est maintenant bien emmerdé. Il réalise qu’il s’est emballé avec ce gosse et qu’il n’a pas prévu tous les ennuis qu’il risque d’avoir en employant un mineur, et d’autant qu’il n’a ni adresse, ni référent.
La porte s’est levée toute seule, actionnée par le plip que Cyrano découvre avec joie. Il s’en empare et joue avec ; aussi la porte se rabat-elle sur le véhicule au moment où Mario embraye pour franchir le seuil.
— Connard, tu veux me flinguer ma caisse, c’est ça ?
Mario est furieux et lui arrache l’objet des mains. Heureusement, le palpeur de sécurité a arrêté le basculement à temps.
— Si c’est ça, les services que tu prétends me rendre, ça ne va pas le faire longtemps, p’tit con !
Cyrano se rétrécit de honte sur le siège passager et bégaie :
— Pardon ! Pardon, j’savais pas…
Son air misérable, ruisselant de culpabilité non feinte, attendrit...
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