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pages
Français
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2020
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Publié par
Date de parution
05 décembre 2020
Nombre de lectures
12
EAN13
9791029404375
Langue
Français
Le cœur combattu, Matt Glenn #3
Alec Nortan
Texte de 197 000 caractères, 35 000 mots, 164 pages en équivalent papier.
Après les épreuves traversées, Matt Glenn aspire à oublier le passé et à avancer. Sa rencontre avec un groupe de Yamakasi lui apporte l’échappatoire dont il a besoin, mais son avenir professionnel reste un mystère. Même sa relation avec le détective Jordan Cobbers est figée dans un flou qu’il ne parvient pas à dissiper. Pour couronner le tout, le procès des mafieux qu’il a permis d’arrêter approche, le plaçant dans la ligne de mire de policiers corrompus et d’une procureure qui le traite comme un accusé et non comme le principal témoin à charge.
Matt va devoir à nouveau se battre pour survivre et découvrir s’il a un avenir avec Jordan.
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Publié par
Date de parution
05 décembre 2020
Nombre de lectures
12
EAN13
9791029404375
Langue
Français
Le cœur combattu
Matt Glenn #3
Alec Nortan
©Copyright Alec Nortan 2016 NineStar Press, LLC
Published in 2016 by NineStar Press, New Mexico, USA.
Chapitre 1
Saleté de téléphone! Jordan m’a dit de l’appeler il y a deux semaines. Deux semaines, et je n’ai toujours pas réussi à trouver le courage de le faire. Comment pourrais-je lui dire que j’ai vraiment envie qu’il y ait un « nous », mais qu’il faut d’abord que je remette de l’ordre dans ma vie ? Et comment pourrais-je lui demander de mettre sa vie amoureuse en suspens pendant ce temps, alors que je n’ai aucune idée du temps qu’il me faudra, si ça prendra des jours, des mois ou peut-être même des années ?
Je repose mon portable et vais chercher mon vélo. J’aurais beau absolument tout changer dans ma vie, une chose ne changera pas : mon besoin d’exercice physique.
Trente minutes plus tard, j’atteins ma destination. Il s’agit d’une ancienne usine désaffectée proche du port de commerce. Exactement à l’endroit que m’a indiqué mon contact, le grillage qui fait le tour du bâtiment a été découpé le long d’un poteau. Rien de visible, mais en défaisant un petit crochet, il suffit de pousser pour que le grillage se soulève, assez pour pouvoir passer. Je dissimule mon vélo derrière un buisson près du mur de l’usine. À quelques mètres de là se trouve la porte que l’on m’a indiquée, une vieille porte en métal rouillé qui, sans surprise, s’ouvre quand je la pousse. Je pénètre dans une petite pièce et attends que mes yeux s’habituent à la pénombre qui y règne. Des voix lointaines me parviennent, rendues incompréhensibles par la réverbération des lieux et par les bruits étranges qui se mélangent à elles. Les instructions que j’ai reçues m’indiquaient de prendre à droite. Le couloir d’une trentaine de mètres est étroit et sombre. Seules une porte ouverte sur la gauche et la porte ouverte à l’autre bout laissent entrer un peu de lumière.
Plus j’avance, plus les voix se font fortes. J’émerge dans un immense hangar lumineux au toit de tôle dont toute la partie supérieure des murs est composée de fenêtres, aux vitres brisées pour la plupart. Des machines occupent la pièce, dinosaures d’un autre temps dont les restes se pétrifient lentement sous une épaisse couche de rouille et de poussière. Il y a le troupeau des petites machines, allant de la taille d’une table à celle d’une voiture, disséminées sans la moindre prétention d’ordonnancement à travers tout le hangar, surveillées par les plus grosses, de la taille de petites maisons, bien alignées côte à côte le long du mur. Certaines machines sont nues, dépourvues de leurs carapaces disparues, sans doute dévorées par des charognards entrés en douce qui ont vu là l’occasion d’améliorer leur quotidien, et exposent leurs entrailles faites d’engrenages et de chaînes qui se croisent et parfois se déversent de leurs ventres lacérés. Au-dessus d’elles, leurs bergers avaient créé un réseau de passerelles suspendues, que le temps n’a pas épargné non plus. Le quadrillage jadis d’une régularité irréprochable a laissé place à un labyrinthe dont certaines parties se sont effondrées et d’autres pendent dans le vide, retenues par une ultime vis rouillée qui refuse encore de céder.
Un garçon qui doit avoir dans les seize ans se tient debout au sommet de la machine la plus proche et m’observe. Il porte sa main à sa bouche et émet un sifflement strident. Immédiatement, bruits et voix disparaissent.
Quelques instants plus tard, une douzaine de personnes sortent de derrière les machines. Il y a quatre filles, et parmi les garçons, seuls deux hommes ont l’air plus âgés que moi, même si ce n’est pas de beaucoup. Presque tous sont habillés en treillis et sweat à capuche. Les autres portent un tee-shirt et un bermuda. La seule chose qui leur manque pour ressembler à un gang, ce sont des armes.
L’une des filles s’approche de moi. Elle m’arrive à peine à l’épaule malgré ses airs de jeune adulte. Elle a les cheveux bruns attachés en queue de cheval et porte un tee-shirt moulant d’un blanc sale et une casquette.
— Matt ?
— Gaby, je suppose ? lui réponds-je en hochant la tête.
Elle me serre la main avant de se tourner vers le groupe.
— C’est Matt, le type dont je vous ai parlé.
Un des jeunes ados qui veut se la jouer dur à cuire s’approche et m’étudie des pieds à la tête avant de s’adresser à Gaby.
— T’es sûre qu’il va pas nous attirer d’emmerdes ?
Je ne peux pas m’empêcher de sourire en entendant sa tentative de paraître intimidant malgré sa voix qui n’a pas encore mué.
À son crédit, Gaby parvient à garder tout son sérieux.
— C’est lui qui a grillé tous les flics pourris, il y a trois ans. Fais-moi confiance, il ne nous causera aucun problème. Il est réglo.
Ce rappel me fait passer immédiatement toute envie de sourire. J’ignore combien de temps sera nécessaire pour que cet épisode soit enfin relégué à l’histoire ancienne, mais j’espère que ce sera rapide. Tout ce que je souhaite, c’est laisser le passé dans le passé. Malheureusement, ce n’est pas encore aujourd’hui que ça arrivera. Tous me fixent, certains avec de la curiosité dans leurs regards, la plupart ont l’air impressionnés.
— Dommage qu’il n’ait pas réussi à nous débarrasser des autres aussi, grommelle le garçon en s’éloignant de quelques pas pour rejoindre le reste du groupe.
— C’est à cause de ça que tu m’as accepté dans le groupe ? demandé-je à Gaby.
La possibilité que ce soit le cas rend soudain ce rendez-vous beaucoup moins plaisant.
À mon grand soulagement, elle secoue la tête de droite à gauche.
— Non, ne t’inquiète pas pour ça. Il a juste dit ça parce que les flics n’apprécient pas beaucoup ce qu’on fait, et il arrive parfois qu’ils nous causent de sérieux ennuis. Je t’en ai parlé. Si tu ne veux pas que ça t’arrive, tu peux partir.
Je me retiens de rire.
— Crois-moi, j’ai fait bien pire, et je m’en suis toujours sorti.
*
* *
— Tu vois le bureau, là-bas ?
Gaby m’indique de son index tendu ce qui devait être il y a longtemps le bureau du contremaître.
— Je veux que tu montes sur son toit le plus vite possible, par le chemin et les moyens que tu veux.
— Okay.
L’exercice n’est pas très compliqué. Je me concentre et fais le vide autour de moi afin de ne pas me laisser déconcentrer par tous les regards braqués sur moi.
Je cours vers la cabine en contournant une machine qui se trouve sur mon chemin, m’arrête devant le mur, saute et attrape le sommet du cube. Un bruit métallique résonne. En me hissant, je découvre que Gaby m’attend déjà sur le toit du bureau.
— Tu es trop lent.
— Comment as-tu fait ça ?
Je n’y comprends rien. J’ai couru aussi vite que j’ai pu, et je suis plutôt rapide. Comment ce petit bout de femme a-t-elle pu me battre ?
— Ça, c’est ce qu’on va t’apprendre. Suis-moi.
Elle saute du toit, fait une roulade en atterrissant au sol puis m’attend.
Je saute et me réceptionne avec beaucoup moins de grâce qu’elle. Nous retournons à notre point de départ.
— Qu’est-ce que tu vois ?
La question est idiote, mais si la réponse était aussi évidente que ça, Gaby ne me la poserait pas. Pourtant, je ne parviens pas à voir autre chose que l’évidence de ce que j’ai devant moi.
— Une cabine.
Quelques rires légers derrière moi m’indiquent que, comme je m’en doutais, j’ai raté ce qui pour eux semble évident et que je suis trop novice pour voir.
— Ne t’occupe pas d’eux. Aucun de nous n’a fait mieux que toi la première fois. Regarde un peu sur ta droite. Que vois-tu ?
— Un mur.
— Bien, alors laisse-moi te faire une petite démonstration.
Elle se met à courir, mais au lieu de suivre le même chemin que moi, elle se dirige légèrement vers la droite, un chemin qu’aucune machine n’obstrue. La suite est digne d’un film de Jackie Chan. Arrivée au coin de la cabine et du mur, elle saute, pose un pied sur la surface du bureau, rebondit vers le mur, pose un pied contre et saute à nouveau dans l’autre direction. Elle atterrit tout en douceur sur le toit.
Elle se redresse et m’observe, sans doute son invitation à l’imiter.
Je me mets à courir vers la droite, comme elle vient de le faire, mais quand je saute et pose un pied sur le mur du bureau, je glisse et retombe au sol en me cognant violemment au mur avant de m’écraser par terre.
Un des hommes un peu plus âgés que moi m’aide à me relever. Il est plus grand que moi, avec des tatouages de têtes de morts et de monstres qui remontent de son poignet droit jusqu’au milieu de son cou. Malgré son aspect dangereux, son sourire est calme.
— Je m’appelle Kelly. Ne t’inquiète pas, on est tous passés par là, et on s’est tous ramassés comme toi. On va te montrer comment réussir.
*
* *
De retour chez moi, j’ai l’impression que tous les muscles de mon corps ont été torturés, ce qui n’est pas loin de la vérité. Mes vêtements sales et déchirés en sont la preuve. Je pue autant que si j’avais passé deux semaines dans un cachot sans pouvoir me laver, mais ça faisait très longtemps que je ne m’étais pas senti aussi bien. À mon grand regret, je n’ai pas encore réussi à prendre le coup pour sauter contre les murs. J’ai en revanche appris plusieurs manières de tomber en évitant de me faire trop mal. Sur une note plus positive, j’ai réussi, sans me rendre ridicule, le niveau « facile » de franchissement d’obstacles du premier coup. Le parkour « facile ». Je ne suis pas encore un yamakasi, mais je sens que le parkour est le sport qu’il me faut. L’adrénaline qui a coulé dans mon sang m’a fait revivre.
J’ignore la lumière clignotante de mon téléphone qui m’indique que j’ai reçu un message. Pour l’instant, l’urgence est d’enlever mes vêtements qui atterrissent directement dans la poubelle. Il va m’en falloir d’autres, plus adaptés à cette nouvelle activité.
Avant d’entrer sous la douche, je me regarde dans le miroir. J’ai une légère marque sur la joue gauche, mais c’est tout. Avec un peu de chance, je n’aurai qu’un petit bleu à peine visible. Le constat est par contre bien différent pour le res