Les Joutes à Semène , livre ebook

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Il ne peint plus! Imaginez cet homme debout devant son chevalet, et les bras tombés! C'était pourtant une vocation impérieuse. Quelle douleur doit être la sienne! Jean est entré dans la postérité. Par une seule œuvre, et cela a suffi. Qu'il le veuille ou non, il y est entré. Il le regrette, il en souffre, mais il ne peut plus rien y changer. Il ne se résigne pas. Il voudrait continuer à produire mais sa veine est tarie. Cette œuvre unique, dont il ne parle jamais, qui, si on la mentionne, fait imperceptiblement crisper son visage, elle le hante et le met à la torture. Il donnerait sa vie pour redevenir un homme ordinaire, pour n'avoir jamais posé ne serait-ce qu'un orteil sur l'Olympe. Quatre voix et autant de visions d'un artiste et de son unique chef-d’œuvre... Quatre individus qui ont côtoyé Jean Martin et qui tentent de lever, pour nous, le mystère toujours plus opaque et lourd qui l'enveloppe. Qui est-il? Le fils choyé d'un génie? Un peintre maudit vaincu par son propre talent? Un imposteur? Roman polyphonique, Les Joutes à Semène livre autour du thème de l'artiste une composition toute en clair-obscur, en ombres et en éclats de lumière, que l'on contemple, toujours plus intrigué par les processus insondables de la création qu'il met à jour.
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Publié par

Date de parution

07 mai 2014

Nombre de lectures

13

EAN13

9782342022629

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Les Joutes à Semène
Du même auteur
Les Chemins retrouvés, 1994Les Joutes à Semène, 1995L’Otage battanghi, 1996Le Jugement de Malosson, 1997Au service du président, 1998Les Avatars de Joseph Boucanant, 1999La Dernière aube, 1999Le Prince borgne, 1999Les Tenants et les aboutissants, 2000Mes préjugés, 2001Le Valet de trèfle, 2001Les Dents de sagesse, 2002Le Sage Confucius et votre serviteur, 2002Au chaos des cailloux, 2002Balthazar et la charge, 2002Pensées graves et burlesques, 2004Le Livre de ma mère, 2004Pensées lapidaires, 2004Pensées explicites, 2005Distiques de mon temps, 2011
René Collas Les Joutes à Semène
Publibook
Retrouvez notre catalogue sur le site des Éditions Publibook : http://www.publibook.com Ce texte publié par les Éditions Publibook est protégé par les lois et traités internationaux relatifs aux droits d’auteur. Son impression sur papier est strictement réservée à l’acquéreur et limitée à son usage personnel. Toute autre reproduction ou copie, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon et serait passible des sanctions prévues par les textes susvisés et notamment le Code français de la propriété intellectuelle et les conventions internationales en vigueur sur la protection des droits d’auteur. Éditions Publibook 14, rue des Volontaires 75015 PARIS – France Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55 IDDN.FR.010.0119188.000.R.P.2013.030.31500 Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2013
Le vieux maître Récit de Monsieur Samuel Monistrol, Officier des Pal-mes académiques, Professeur émérite à l’École des Beaux-arts de Malifaux-en-Jarez, Saône-et-Garonne. Au souvenir de Jean Martin mon cœur se serre. Jean Martin est ce peintre français qui, jeune encore, a connu une grande célébrité puis, tout d’un coup, a sombré dans l’oubli. C’est une aventure unique dans toute l’histoire de l’art. Je ne sais personne au monde capable d’en donner une relation logique, personne à part Jean Martin. Et encore, j’en suis à me demander s’il est lui-même autre chose que le simple jouet des dieux, la victime de leur fantaisie cruelle. Et, à titre personnel, c’est un cas qui me touche profondément. Voici ce que j’en sais : Jean Martin a été mon élève à l’École des Beaux-arts à partir de 1920 à peu près. C’était, comme personne ne l’ignore, le fils du grand Abraham Martin. Il était né et avait grandi à l’ombre du génie. Il se trouvait pour ainsi dire, perpétuellement dans l’ombre de son père. Comme cette situation remontait à sa petite enfance, (Abraham était déjà célèbre bien avant la naissance de Jean, donc pour lui, ce privilège qu’il avait connu toute sa vie lui semblait tout naturel) il ne témoignait jamais de rien qui montrât que cela lui plaisait ou lui pesait. Il était né à Paris mais dès le cordon ombilical coupé, on l’avait envoyé à Malifaux chez sa grand-mère Chavanelle et chez les Bou-théon, une famille ancestralement liée à la sienne si bien que c’est à Malifaux que se trouve son berceau véritable.
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Il avait choisi d’être peintre malgré le handicap de son hérédité. Au fils du plus grand peintre vivant, universelle-ment estimé et admiré, reconnu dans le monde entier comme un génie exceptionnel, on ne pardonnerait pas la médiocrité, on exigerait l’excellence, faute de quoi il de-vrait supporter le ridicule ou le mépris. «Fou qui ne fait mieux que son père,» dit la sagesse ancestrale. Pour Jean, c’était une gageure intenable. On ne rivalise pas impuné-ment avec le grand Abraham. Je ne peux pas croire que son père l’ait laissé s’engager dans une voie aussi péril-leuse sans en avoir débattu avec lui, sans en avoir pesé toutes les conséquences. Alors ? Comment l’homme vieil-lissant qui avait donné toutes les preuves d’amour paternel a-t-il laissé son fils unique se fourvoyer de façon aussi évidente ? Non, vraiment, je ne comprends pas !
Jean était bon garçon, généreux, sans fierté et sans ran-cune. Un peu vif, peut-être mais c’était un compagnon apprécié de tous. La facilité, c’est le propre de la jeunesse. Le caractère ne se gâte que sur le tard. J’ai eu la chance de passer toute ma vie dans un entourage jeune et optimiste. C’est le privilège de l’enseignement, je m’en aperçois maintenant que l’âge me confine avec des vieux, aigris et rabâcheurs.
Jean était d’un naturel farceur. Il avait acquis une cer-taine célébrité pour les blagues dont il gratifiait ses copains et par les canulars qu’il montait dans la ville, et dont ses maîtres faisaient souvent les frais pour la simple raison qu’il les trouvait à portée de sa main.
Mon collègue De Malmont, qui cultivait une apparence respectable, donnait son cours d’anatomie en frac, sa grande barbe blanche largement déployée, et drapé dans une dignité peut-être plus feinte que spontanée. Jean l’apostropha un jour du haut de l’amphithéâtre, au beau milieu d’une envolée : «Eh, ôte ta barbe, on t’a recon-nu !» C’était peu après la fin de ma guerre, vers1920, les
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