Eden Island - 2. Si loin du paradis , livre ebook

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« Quelques instants suspendus dans le temps, quelques instants durant lesquels elle veut croire que tout est encore possible, mais elle voit l’avion s’éloigner sans qu’il l’ait rejointe. Un cri strident déchire le silence, son propre cri sans doute, puis le noir. Le noir absolu. Combien de temps est-elle restée allongée là, en plein soleil, abandonnée de tous ? »

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Nombre de lectures

5

EAN13

9782490630622

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Table des Matières Prologue Chapitre 1 Chapitre 2 Chapitre 3 Chapitre 4 Chapitre 5 Chapitre 6 Chapitre 7 Chapitre 8 Chapitre 9 Chapitre 10 Chapitre 11 Chapitre 12 Chapitre 13 Chapitre 14 Chapitre 15 Chapitre 16 Chapitre 17 Chapitre 18 Chapitre 19 Chapitre 20 Chapitre 21 Chapitre 22 Chapitre 23 Chapitre 24 Chapitre 25 Chapitre 26 Chapitre 27 Chapitre 28 Chapitre 29 Chapitre 30 Remerciements

L’Auteure
Hana s’est beaucoup promenée dans les livres des autres. C’est avec un plaisir sans mélange et une curiosité toujours intacte qu’elle a visité différents univers et fait la rencontre de nombreux personnages…

Et c’est tout naturellement qu’elle a eu envie de passer de l’autre côté du miroir et d’inventer son propre monde pour inviter à son tour les lecteurs à voyager dans les pages de ses histoires. Elle a commencé par de courtes promenades sous forme de nouvelles avant d’oser se lancer dans l’écriture d’un grand voyage imaginaire…
HANA CLAISTEL Eden Island 2. Si loin du paradis












INCEPTIO
Direction éditoriale : Guillaume Lemoust de Lafosse
Ophélie Pourias

© Inceptio Éditions, 2021

ISBN : 978-2-490630-61-5

Inceptio Éditions
13 rue de l’Espérance
La Pouëze
49370 ERDRE EN ANJOU

www.inceptioeditions.com
À Denis, À ma mère,
Prologue
Les yeux levés vers le ciel, elle ne peut s’empêcher d’espérer encore. Même si la trappe vient de se refermer. Même si l’appareil commence déjà à s’élever lentement. Même s’il est désormais évident qu’il a choisi de l’abandonner là, seule au milieu des déchets. Et quand cette insupportable réalité parvient enfin à se frayer un chemin dans les ramifications de son cerveau réfractaire, la douleur explose en milliers d’éclats qui semblent transpercer chacun de ses organes. Au moment où elle s’effondre sur le sol, il lui semble pourtant entendre une voix qui hurle son nom, mais sans doute n’est-ce que l’écho de son propre cri…
Chapitre 1

Son corps inerte est comme une épave échouée au milieu des déchets. Même si son instinct de survie lui hurle qu’elle doit s’extirper de ce néant vaporeux semblable à un cocon protecteur, son esprit embrumé se cabre à la perspective d’ouvrir les yeux. À quoi bon se battre encore ? Pourquoi ne pas simplement se laisser aller ? Garder les yeux fermés et se laisser doucement dériver jusqu’à ce que la vie finisse par l’abandonner tout à fait. Cesser de lutter, se résigner, admettre sa défaite et considérer que la partie est terminée. Seule. Désespérément seule. Sans la moindre énergie pour affronter cet univers hostile.
Pourtant son cœur répugne à s’arrêter. Sa poitrine continue à se soulever douloureusement. Un élancement sourd lui vrille le crâne, ses doigts tentent de bouger, sa langue essaie vainement d’humidifier ses lèvres asséchées. Même si son corps semble réduit à une immense plaie, chacun de ses membres se rebelle à l’idée d’abandonner. Mais ses paupières sont lourdes, si lourdes que dans un premier temps, elle ne parvient pas à les soulever. Ce n’est qu’au bout de plusieurs tentatives qu’elle arrive enfin à ouvrir les yeux sur la lumière cinglante du soleil qui l’oblige à les refermer aussitôt. Elle tourne alors précautionneusement la nuque pour que son visage cesse d’être orienté vers le ciel et soulève à nouveau les paupières. Bien que sa vision soit encore floue, elle se rend compte qu’elle est allongée sur un sol de déchets plus ou moins putréfiés. Elle discerne aussi quelques taches aux couleurs délavées qui semblent égarées au milieu du gris ambiant.
En baissant machinalement les yeux sur son poignet douloureux, elle voit le pansement qui remplace le bracelet qui était là depuis son enfance. Toutes les images surgies de son récent passé viennent alors s’entrechoquer dans sa tête en une puissante déflagration : le comité des Dix entérine son expulsion, elle est attachée dans le solavion avec Aylan, l’hologramme d’Eléa 2 propose à ce dernier de choisir entre elle et sa famille. L’ouverture de la trappe, sa brutale éjection de l’appareil, son désir désespéré de le voir surgir à ses côtés. Quelques instants suspendus dans le temps, quelques instants durant lesquels elle veut croire que tout est encore possible, mais elle voit l’avion s’éloigner sans qu’il l’ait rejointe. Un cri strident déchire le silence, son propre cri sans doute, puis le noir. Le noir absolu. Combien de temps est-elle restée allongée là, en plein soleil, abandonnée de tous ?
Tous les évènements s’enchaînent désormais dans son esprit avec une implacable netteté, jusqu’à ce qu’elle réalise qu’elle a tout perdu : Aylan, sa famille, ses amis… De tout ce qui a fait sa vie passée, il ne reste rien. Ses yeux se ferment à nouveau, sa respiration devient de plus en plus difficile. Si elle doit mourir, là, maintenant, elle espère au moins que ce soit le plus rapidement possible. Sur l’archipel, on ne tue pas, on préfère laisser mourir : il suffit d’externaliser les indésirables, loin, très loin et de confier à la nature le soin d’accomplir ce que les hommes répugnent à faire. Et la boucle est bouclée. Les morts sont recyclés…
Les flashes ne cessent de se télescoper dans son cerveau douloureux : les corps recroquevillés en position fœtale flottant dans des sortes de bulles au sein de la centrale, l’appareil qui les aspire afin de les broyer… et soudain, comme si ces images surgies de son récent passé étaient encore plus intolérables que le lieu hostile où elle se trouve, ses yeux s’ouvrent brusquement pour affronter le présent. Mais quelque chose a changé dans son environnement immédiat. C’est une sensation diffuse qu’elle met plusieurs secondes à analyser. Peut-être sont-ce ses yeux fatigués qui lui jouent des tours, mais le sol, parfaitement plat quelques secondes auparavant, est maintenant légèrement bosselé : les déchets semblent onduler doucement comme s’ils étaient emprisonnés dans une matière gluante. Certainement une hallucination due à la chaleur accablante qui enveloppe l’immense étendue d’ordures ! Mais, quand elle comprend soudain la nature de ce qu’elle a sous les yeux, une épouvante surgie du fond de ses entrailles s’empare de la moindre parcelle de son corps : tout près d’elle, au ras du sol, se tient une créature cauchemardesque dont elle ne voit que la gueule translucide et gluante. Cet être immonde en partie confondu avec les détritus environnants ne semble pas avoir d’yeux, seulement une sorte de fente mobile située en bas de sa tête aux contours flottants.
Alors qu’Analia l’observe avec des yeux horrifiés, elle voit la fente s’ouvrir comme une immense ventouse dévoilant un disque buccal garni d’une multitude de pointes. Avant qu’elle ait le temps d’esquisser le moindre geste, une langue noire et effilée rampe vers elle à une vitesse prodigieuse avec la volonté manifeste de l’aspirer dans le trou béant qui s’est ouvert dans la gueule de la bête.
Chapitre 2
« Les monstres sont tapis dans l’ombre. Ils attendent que leur jour soit venu, alors ils surgiront des entrailles de la Terre pour parachever l’œuvre de destruction que nous avons nous-mêmes initiée »
CXhroniques du monde d’avant (fragments)


Saloperie, tu vas dégager avant que je te fasse griller ! Disparais ! Allez ouste ! hurle une voix surgie de nulle part.
Au même instant, une atroce odeur de brûlé emplit les narines de l’adolescente et l’ignoble gueule garnie de pointes se rétracte pour disparaître de son champ de vision.
C’est ça, saloperie, dégage, retourne dans ta bourbe !
La voix qui parvient à ses oreilles est rugueuse et âpre, mais il lui semble pourtant discerner une tonalité féminine. Soudain un visage à la peau cuivrée se penche vers elle. C’est celui d’une femme dont la peau est ravinée de profondes rides. Ses yeux sont si sombres que l’iris se confond avec la pupille en un unique disque noir.
Ben, si je m’attendais…, murmure la femme en la regardant d’un air stupéfait.
Mais Analia n’entend pas la suite de la phrase car elle sombre à nouveau dans l’inconscience.
Une étrange sensation de fraîcheur sur sa peau lui fait rouvrir les yeux quelques minutes plus tard. Le visage buriné de la femme est penché

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