À la Croisée des Rêves , livre ebook

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2021

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Et si les rêves étaient en fait des myriades de dimensions parallèles ?


Chaque fois que l’on s’endort, notre esprit crée un monde éphémère qui se désagrège à notre réveil. Mais Isobel possède un don particulier : celui de se projeter dans ces dimensions fragiles, de les altérer, voire même d’en restituer les images dans le monde de « l’éveil ».


À 20 ans, elle cultive un quotidien simple et solitaire dans un petit village des Highlands. Jamais elle n’aurait pu prédire que cette femme, aperçue fugacement sur les rives de son loch local, fasse à ce point basculer sa vie. Pourtant, celle-ci s’invite dans ses songes et l’obsède. Pour lever le voile sur ce phénomène inédit, Isobel devra suivre un fil d’ariane entre rêves, veille et cauchemars.

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Publié par

Date de parution

29 mars 2021

Nombre de lectures

1

EAN13

9782490630608

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

5 Mo

L’AUTEUR
Né en 1990 dans la région parisienne où il a aussi passé le plus clair de sa vie, Elie est un mordu d’expressions artistiques. Il a envisagé des études en arts appliqués pour finalement choisir la musique… sans renoncer à l’écriture qui a jalonné sa vie depuis l’aube de ­l’adolescence. Féru d’histoires sombres – de préférence glaçantes, ­fantastiques ou horrifiques –, son imaginaire est particulièrement façonné par les écrits d’Anne Rice, Philip Pullman, Scott ­Westerfeld, JK Rowling et, plus tard, Karine Giébel. Très sensible aux symboles et aux émotions des expressions artistiques, son inspiration ne se borne pas au genre littéraire et puise ­allégrement dans le cinéma, la musique, la bande-dessinée ou encore le jeu vidéo…


Elie Soheen
À la Croisée des Rêves


Direction éditoriale : Guillaume Lemoust de Lafosse

© Inceptio Éditions, 2021

ISBN : 978-2-490630-59-2

Inceptio Éditions
13 rue de l’Espérance
La Pouëze
49370 ERDRE EN ANJOU

www.inceptioeditions.com


PROLOGUE
Village de Wolf Creek, Oregon, États-Unis, janvier 1991

Le ballet des pompiers était incessant. Les lances à eau se dressaient par dizaines pour combattre les flammes. L’incendie illuminait la nuit d’hiver, les gerbes de feu léchaient le ciel à en faire fondre les nuages. Les autorités présentes arboraient un air grave, spéculant sur ce qui avait pu se passer, faute de pouvoir commencer à enquêter. La violente déflagration avait embrasé le village entier ; plus d’une centaine d’habitants, pour l’instant tous présumés morts. C’était une véritable tragédie. À leur tour, les journalistes arrivaient telle une nuée d’insectes nécrophages. Le désastre avait sans doute déjà un nom, un gros titre qui n’attendait que quelques déclarations supplémentaires pour être publié et faire sensation. La nuit allait être longue…



FRAGMENT 1
Shintown, Écosse, 18 septembre 2003

Assise à l’arrière de la voiture que son père conduisait prudemment sous une fine pluie estivale, Isobel gardait la tête baissée et la mine triste. Ses grands yeux d’un noir profond étaient rougis par les larmes qui n’avaient cessé de couler pendant une bonne demi-heure à la fin de l’école. C’était sa nature : elle était émotive. Bien plus qu’une autre enfant de son âge et dans toutes les situations. S’il fallait rire, elle s’esclaffait ; s’il fallait être heureuse, elle bondissait de joie ; s’il fallait s’énerver, elle était hystérique. Mais ce jour-là, elle était triste. En vérité, c’était sa quatrième crise de pleurs depuis que la classe avait repris, un mois auparavant. Cet après-midi, pendant l’activité « arts plastiques », l’un de ses camarades de classe lui avait dit que son dessin était moche. Un chat qu’elle s’était appliquée à peindre pendant deux séances. Ce n’était rien de plus grave que cela, l’amour-propre rudoyé d’une petite fille de 4 ans ; mais pour Isobel, c’était un coup de poignard dans le cœur. Elle s’était sentie désemparée, suffoquée par les sanglots, et l’intervention de sa jumelle n’avait malheureusement rien arrangé. En entendant le chagrin de sa sœur, elle s’était jetée sur le coupable – une tête brune du nom de Jonah – et l’avait mordu au bras. Horrifié, d’autant que ce n’était pas la première fois, l’instituteur avait isolé les deux complices. L’une devait se calmer, l’autre était punie. ­D’ailleurs, cette dernière boudait également dans le véhicule qui les ramenait chez elles.

Déjà à cette époque, tout les opposait, mais elles étaient inséparables. Un peu plus grande que la moyenne, Moyra avait des joues rondes, un regard espiègle, une crinière de feu et une tête pleine de bêtises. Bavarde et vive, elle était solaire, aussi attachante qu’agaçante. À l’inverse, Isobel était lunaire, minuscule, frêle et pâle. Ses cheveux fins étaient encore aussi sombres que ses yeux brillants. Souvent distraite, rêveuse, elle vivait dans son propre monde avec une telle discrétion qu’on oubliait régulièrement sa présence. Pourtant, son silence était la camisole immatérielle d’un incendie qui la ravageait de l’intérieur. Elle était trop petite pour mettre des mots sur cette impression de « trop » ressentir. Les émotions étaient pour elle presque des phénomènes physiques qu’elle pouvait toucher du bout des doigts, bien qu’elle ne sache pas encore les nommer. L’amour, la tristesse, la peur ou la colère étaient des notions qu’elle ne saurait expliquer alors qu’elle en avait une conception mentale très exacte.
— Vous venez les filles ?
C’était leur père, ils étaient arrivés à destination. Il avait dû insister, car aucune des jumelles n’avait fait mine de bouger lorsqu’il avait ouvert la portière et débouclé leurs ceintures respectives. Derrière lui, la silhouette de leur petite maison se découpait dans la lumière claire du soleil. L’astre majestueux penchait lourdement vers les plaines, impatient de rejoindre les brumes de l’horizon. Moyra fut la première à timidement lever les yeux sur lui. Il n’exprimait rien de mauvais, pas même du mécontentement. L’éclat bienveillant de ses prunelles l’incita à descendre du rehausseur pour poser le pied au sol. Reniflant une ultime fois, Isobel l’imita sans toutefois se défaire de son air abattu.
— Où est ton dessin ? demanda patiemment Duncan.
La concernée ne dit rien, alors il jeta un œil à l’intérieur de l’habitacle. Au pied de la place qu’occupait l’enfant quelques instants auparavant, plusieurs morceaux de papier avaient été jetés pêle-mêle. Certains ne montraient que leur verso de canson blanc, d’autres laissaient voir, par fragments, les traits hésitants d’un visage félin coloré de rose, de vert et de jaune.
— Tu l’as déchiré ? s’étonna le tuteur des jumelles.
— Il était moche.
— Isobel…, soupira-t-il avec empathie. Ramasse-le s’il te plaît, si tu n’en veux plus, il faut le mettre à la poubelle.
Renfrognée, la gamine fit demi-tour pour ramasser un à un tous les débris de sa créativité bafouée. Ensuite, elle suivit son père et sa sœur jusqu’à la chaleur réconfortante de son foyer.

*

Lovée dans son petit lit, elle n’arrivait pas à trouver le sommeil. Elle grelottait sous sa couverture duveteuse, transie de frissons chauds et froids. Incapable de se résigner à se lever pour en parler à ses parents, Isobel affrontait en solitaire le phénomène qui frémissait à la surface de sa peau : des ondes indescriptibles, vagues régulières qui traversaient son corps gracile de la tête aux pieds. Aux maux de l’âme qu’elle ne savait déjà pas définir se mêlaient des ressentis étrangers. Des images floues, aveuglantes, s’intercalaient dans son champ de vision à chaque battement de cils. Difficile de les comprendre, de les reconnaître ou de simplement savoir d’où elles venaient. Sonnée par le flux visuel qui saturait les capacités d’assimilation de son jeune esprit de quatre printemps, l’enfant ferma les yeux. Elle espérait qu’en pressant très fort ses paupières, elle échapperait aux tourments qui la gardaient éveillée. Quand elle les rouvrit, sa chambre avait disparu. Son lit aussi. Isobel était seule, petite chose perdue dans une immensité toute faite de ténèbres.
— Moyra ? appela-t-elle d’un filet de voix. Maman ? Papa ?
Personne ne lui répondit. Autour d’elle, il n’y avait pas le moindre mouvement, c’était comme si le temps s’était suspendu. Elle avait peur. Puisqu’on ne venait pas à elle, la gamine entreprit de chercher une issue à cet endroit. Pour combattre l’anxiété qui la faisait trembler, elle se raccrochait à l’idée que, quelque part, elle allait tirer un grand rideau et sa famille serait juste derrière. À peine eut-elle émis cette pensée que de lourds pendrillons en velours d’un rouge vermeil se rassemblèrent devant elle, souda

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