62
pages
Français
Ebooks
2020
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Publié par
Date de parution
01 décembre 2020
Nombre de lectures
21
EAN13
9782925010098
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
3 Mo
Publié par
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01 décembre 2020
Nombre de lectures
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EAN13
9782925010098
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Français
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Je vous vends la mémoire de Shakespeare
Du même auteur
Romans :
Tino Niemeyer , Paris, Edilivre, 2011
Un gangster à Oyem , Paris, Edilivre, 2012
Il en va ainsi depuis Matthieu l’évangéliste, Paris, Edilivre, 2016
Louis-Marie Ozanam d’Akok , Paris, Edilivre, 2020
Théâtre :
L’ancien testament , Paris, Edilivre, 2010
La journée du salopard , Paris, Edilivre, 2010
Va et meurs deux fois , Libreville, Odem, 2011
Aimons-nous vivants , Paris, Edilivre, 2013
Le rapport d’Anna Mana , Paris, Edilivre, 2014
Bonaventure , Paris, Edilivre, 2014
Kyrie , Paris, Edilivre, 2015
Le retour du parrain , Paris, Edilivre, 2015
… plus tard, si plus tard il y a , Paris, Edilivre, 2018
… plus tard, si plus tard il y a 2 , Paris, Edilivre, 2019
Essais :
Une saison d’écrivains , Paris, Edilivre, 2010
Une poétique balzacienne : le retour des personnages , Paris, Edilivre, 2012
Une saison d’écrivains II , Paris, Edilivre, 2018
Lire, le propre de l’homme , Paris, Edilivre, 2019
Une saison d’écrivains III , Paris, Edilivre, 2020
L’art négro-africain comme support de croyances et vecteur de messages , Libreville, Symphonia, 2020
Rodrigue Ndong
Je vous vends la mémoire de Shakespeare
Nouvelles
S hanaprod
Photo de couverture : Rodrigue Ndong
Maquette de couverture : François Messier
Dépôt légal : 4 e trimestre 2020
© Shanaprod, novembre 2020
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Shanaprod
www.shanaprod.com
Rodrigue Ndong
Je vous vends la mémoire de Shakespeare
ISBN Papier : 978-2-925010-08-1
ISBN EPUB : 978-2-925010-09-8
À mes mômes.
El-azar, «Dieu a aidé».
Le bethio
Dans un village loin de tout progrès et qui avait l’air figé dans le temps, une dame âgée de soixante-dix ans. Elle s’appelait Koumba. Malgré le poids des années, elle demeurait particulièrement belle. Plus jeune, elle avait fait la fierté de ses parents et même de tout le hameau. Les hommes et les femmes de sa classe d’âge disaient que les premiers avaient presque tous voulu en faire leur épouse, tandis que les secondes lui avaient longtemps envié sa beauté.
La célébration de cette beauté n’avait pas tardé à dépasser les frontières du petit village perdu derrière les forêts et les montagnes. Voilà pourquoi un matin, l’on vit débarquer dans le petit bled une délégation de six personnes richement mises, dans des véhicules remplis de marchandises inconnues par ici. Il y avait là un homme, sa sœur et quatre cousins. Ils venaient pour vérifier, de leurs propres yeux, ce qui se disait à propos de Koumba, alors âgée de douze ans.
L’homme, qui s’appelait Diop, fut ravi de mesurer combien ce qu’on lui avait dit sur la petite Koumba était fondé. Il s’en retourna auprès des siens et promit aux parents de Koumba de revenir avec l’intention de la prendre pour femme. Parce que, en ce temps-là, les jeunes filles allaient en mariage très tôt, personne ne trouva vraiment à redire à cette proposition de mariage. Le seul problème qui chagrinait un tant soit peu les uns et les autres fut que, pour la première fois depuis la fondation du village, on allait donner la fille du terroir à un étranger.
Mais Diop, qui n’avait pas ouvert la bouche durant sa première visite, avait paradoxalement laissé une très bonne impression aux uns et aux autres. Sans prononcer un seul mot, il s’était montré cependant attentionné, prévenant. Lorsqu’on parla de lui après son départ, la plupart des villageois admirent que sa force résidait dans son regard doux, son air un peu triste, mais surtout son sourire, ce sourire qu’on dit si caractéristique des gens qui savent beaucoup de choses et parlent peu, économes dans leurs mouvements.
Le temps passa. Un an, puis deux ans. Puis un matin triste, alors qu’il pleuvait abondamment et que personne n’était allé au champ comme à l’accoutumée, Diop et les siens revinrent. Cette fois, la mère de Diop était du voyage, une femme tout en majesté, fort courtoise et avenante comme son fils. C’est elle qui conduisait la délégation et qui assurait parler au nom de son mari et de ses frères. Elle venait confirmer le choix et la décision de son fils de prendre pour épouse Koumba. Elle indiqua, pour finir, que leur prochaine visite serait celle de la célébration du mariage des deux jeunes gens, si les parents de celle-ci voulaient bien y consentir.
Un an s’écoula encore. La mère de Koumba, entre-temps, entama son éducation sentimentale et sexuelle. Elle lui apprit notamment comment se servir du «bethio», ce petit pagne que l’on porte et qu’on dévoile dans l’intimité, après s’être enduit le corps d’huile d’amande, après avoir mis son collier de taille et créé une atmosphère enchanteresse dans la chambre à coucher au moyen de senteurs aux vertus aphrodisiaques et envoûtantes. Ce bethio, insista la mère, avait une fonction spéciale dans l’intimité entre un homme et une femme. De tout temps, sa mère, sa grand-mère, son arrière-grand-mère et toutes ses aïeules en avaient toujours fait bon usage. Là résidait l’un des moyens les plus sûrs pour ensorceler un homme, pour le rendre fou d’amour et le fidéliser à votre couche.
Un an plus tard, le mariage eut lieu. Un grand mariage. L’un des plus mémorables du petit village. Il dura jusqu’au lendemain. Puis, toute la délégation reçue s’en alla. Les parents de Koumba garantirent, comme cela se pratiquait en ce temps-là, d’accompagner leur fille, puis de l’aider à s’installer. Après l’emménagement de cette dernière chez son mari, ils rentrèrent chez eux, remplis de cadeaux, mais tristes, car ils ne verraient plus tous les jours leur fille.
Du moins le croyaient-ils. Mais voici que moins d’un mois plus tard, Koumba devint brutalement veuve. Son mari perdit la vie une nuit, inexplicablement. Seul un cri prolongé alerta le voisinage sur le drame qui venait de se produire dans la chambre des jeunes époux.
Koumba, éprouvée, en fut sérieusement marquée. Quand elle revint chez elle, presque mise à la porte par ses beaux-parents qui ne tardèrent pas à la traiter de sorcière et de mangeuse d’hommes, elle se mura dans un silence que parvenait à peine, parfois, à interrompre son père ou sa mère.
Koumba venait de prendre une décision qui affligea ses parents. Elle se jura qu’elle n’allait plus jamais connaître un homme dans sa vie. Elle s’isola chez elle, sortant à peine, se mêlant peu aux autres, travaillant dans les champs comme quelqu’un qui souhaite expier une faute, c’est-à-dire avec acharnement. Puis, le grand âge, sans crier gare, lui vint petit à petit.
Voilà que, alors âgée de ses soixante-dix ans, elle commença à regarder d’un œil différent cet homme de son âge qui était venu s’installer dans son village pour y tenir une boutique il y a maintenant cinq ans et qui lui avait fait une cour assidue jusqu’ici. C’est que Ndongo avait su s’y prendre. Il était d’un très grand calme, patient, très réservé, mais plein d’humour. C’est à ses côtés qu’on avait vu Koumba rire à nouveau en public. Puis, dans le village, tout le monde avait fini par admettre l’évidence, y compris les deux grands enfants de Ndongo : entre lui et Koumba, c’était de l’amour.
Une nuit qu’ils se retrouvèrent seuls, Koumba fut remplie d’appréhension. Elle avait presque tout oublié de l’éducation sexuelle et sentimentale que lui avait inculquée sa mère jadis, quand elle avait douze ans. Elle avait peur de mal faire, de se montrer gauche, inexperte. Elle se souvint du bethio alors qu’elle prenait sa douche, mais ne sut plus trop comment on l’ajustait au niveau des hanches pour qu’il cache tout en laissant entrevoir la promesse d’une intimité sensuelle. Puis, une pensée lui vint : était-ce encore de son âge? Elle n’