Paroles nomades Écrits d’ethnolinguistique africaine , livre ebook

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Publié par

Date de parution

01 janvier 2005

Nombre de lectures

0

EAN13

9782845867085

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

4 Mo

SOUS LA DIRECTION DE Ursula Baumgardt et Jean Derive
Paroles nomades
Écrits d’ethnolinguistique africaine
Préface de Geneviève Calame-Griaule
KARTHALA
PAROLES NOMADES
KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
Couverture :
Traversée du Diaka, au Massina. Photo Pascal Legrosse.
¤Éditions KARTHALA, 2005 ISBN : 2-84586-708-5
SOUS LA DIRECTION DE Ursula Baumgardt et Jean Derive
Paroles nomades
Écrits d’ethnolinguistique africaine
En hommage à Christiane Seydou
Préface de Geneviève Calame-Griaule
Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
Préface
Geneviève CALAME-GRIAULE
Chère Christiane, Il n’est guère dans les usages des auteurs de préfaces de s’adresser directement au destinataire de l’ouvrage. Il existe cependant quelques précédents et la formule, plus personnelle, me convient mieux dans ton cas. C’est donc une sorte de lettre que je t’envoie ici pour te dire mon indéfectible amitié et mon admiration pour ton œuvre. On a du mal à se remémorer les débuts d’une relation amicale privi-légiée, tant est insensible la formation d’un sentiment au fil des années et des rencontres. Pourtant je revois comme si c’était hier la première occasion qui nous mit face à face, lorsque, encore étudiante aux « Langues O’ », tu passais un oral de civilisation avec Dominique Zahan, qui m’avait invitée au jury. Bien sûr, je fus impressionnée par la brillante élève que tu étais, mais j’évoque surtout avec amusement une petite escarmouche académique qui nous opposa lorsque (influencée par ton professeur ?), tu avais mené une attaque en règle contre le structuralisme et que j’avais pris la défense de Lévi-Strauss. Après quoi Dominique Zahan te demanda de me répondre. La suite est plus floue dans ma mémoire. J’entendis parler de toi par Pierre Francis Lacroix, chez qui tu apprenais le peul et qui t’avait en grande estime. Je sus aussi que tu étais comme moi agrégée de grammaire, ce qui créait un lien. Nous avons participé ensemble à divers séminaires. Mais le vrai début de nos relations fut la création par Lacroix d’une équipe de recherche associée CNRS-Langues O’, notre chère ERA 246, que je fus amenée à diriger après la disparition prématurée de notre ami. Nous avons formé une équipe soudée de linguistes, d’ethnolinguistes et d’ethnologues, et je crois pouvoir dire que tous ses membres ont gardé un bon souvenir de ces années passées ensemble. Nous avons à notre actif
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PAROLES NOMADES
beaucoup de publications, individuelles bien sûr mais aussi collectives, ce qui prouve l’intérêt du travail en commun. Tu as été un membre éminent de tous nos groupes de travail, car, Christiane-la-modeste, Christiane-l’effacée, tu devenais une autorité lorsque tu prenais la parole avec clarté, rigueur et dans une langue toujours élégante. Comme elles sont bien choisies, ces devinettes « qui pourraient être africaines » et que les responsables de ce livre ont placées au début de leur Introduction. « Elle ne cherche pas à briller et pourtant elle éclaire. » Comment mieux dire ? Il m’a toujours semblé que tu te sentais comme investie d’une sorte de mission, celle de révéler au monde les richesses de la culture peule, de cette littérature raffinée, de cette langue si complexe, tout en donnant aux principaux intéressés, les Peuls eux-mêmes, la possibilité de lire dans leur langue ces œuvres, devenues de véritables « classiques ». Certes, cette civilisation n’était pas inconnue et des travaux de valeur, dont certains déjà anciens, lui avaient été consacrés. Mais la qualité et le nombre im-posant de tes publications ont fait de toi très vite une grande spécialiste. Ta formation t’avait donné le goût des études philologiques et litté-raires, et ce champ nouveau qui s’offrait à toi avait de quoi te passionner. Tu as exploré tous les genres. De l’épopée, qui est, je crois, celui que tu préfères, tu nous as donné de splendides textes dont tu as étudié avec rigueur et finesse la portée historique et sociale, la langue, le rythme, les modalités de la performance, les variantes, le personnage du griot trans-metteur... Il y a eu aussi de nombreux contes (un nouveau recueil va d’ailleurs paraître) et des poèmes de toutes sortes. D’abord la poésie religieuse, par laquelle tu as commencé et dont tu viens de terminer un nouveau recueil. Mais une des formes les plus étonnantes et les plus difficiles que tu aies étudiées est sans doute l’extraordinaire performance de ces « bergers des mots » qui, seuls dans la brousse avec leurs troupeaux, composent et mémorisent ces véritables mosaïques verbales destinées à être clamées sur un rythme très rapide et sur un ton suraigu, lors des concours de la « descente vers le fleuve », le grand retour de la transhumance. Te connaissant, j’imagine que ces textes, où l’attention est portée sur la forme, le choc des mots, les sonorités, encore plus que sur le contenu, qui, lui, est prévisible, sont probablement ceux qui t’ont apporté le plus de plaisir esthétique et scientifique. Car l’une de tes caractéristiques les plus remarquables est, selon moi, cette attention que tu as toujours apportée à la forme littéraire, trop souvent négligée dans les travaux des chercheurs, comme si les préoccu-pations stylistiques étaient inconnues des langues dites « exotiques ». Ce que j’ai peut-être le plus apprécié chez toi, ce sont précisément tes études de style. Je pense par exemple à ce très bel article déjà ancien sur « La
PRÉFACE
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devise dans la culture peule : évocation et invocation de la personne », que tu avais écrit pour le recueilLangages et cultures africaines,essais d’ethnolinguistique, œuvre collective de chercheurs de notre équipe et du LACITO, que j’ai édité en 1977. Je me souviens du choc que j’avais ressenti à la lecture de ces poèmes dont tes belles traductions rendaient si justement la valeur incantatoire. Ainsi ces vers qui reviennent dans toutes les versions de la devise de Ham-Bodêdio et qui me sont restés dans la tête (j’aimerais pouvoir dire « dans l’oreille ») :
Éventez-moi, massez-moi, donnez-moi des calebasses rougies ! Hammadi l’invincible, Hammadi l’invincible ! Pilez, décortiquez, voilà un Peul qui arrive ! Pilez, décortiquez, un Peul va brûler le village !
Dans un entretien que tu as accordé à Ursula Baumgardt pour un numéro récent de la revueÉtudes littéraires africainesà la consacré littérature peule, tu énumères les textes que tu voudrais encore publier dans les années à venir : de nombreuses épopées, encore des poèmes de bergers et des poèmes religieux restés inédits, et aussi des « profils de femmes », que tu définis comme des récits débités sur le mode épique et glorifiant des héroïnes féminines. Admirable programme dont nous souhaitons tous que, comme tu le dis toi-même, « Dieu te prête vie » pour le réaliser ! Ce beau livre qu’ont préparé avec tant d’amitié Ursula Baumgardt et Jean Derive réunit la plupart des anciens de l’ERA 246 et de ceux qui se sont joints à eux pour former le LLACAN. À ce « noyau » originel se sont ajoutés de nombreux autres contributeurs venus de divers horizons, qu’ils soient spécialistes des Peuls (langue et/ou civilisation) ou d’autres ethnies avec lesquelles ils ont pu être en contact, ou encore de sociétés africaines permettant des comparaisons avec leurs modèles culturels. Toutes les contributions sont concernées par les thèmes qui te sont chers et beaucoup témoignent de ton influence scientifique, car tu as été aussi une grande pédagogue et tu as formé de nombreux étudiants. Je te souhaite beaucoup de joie de ce bouquet de paroles amies.
Introduction
Ursula BAUMGARDT, Jean DERIVE
Voici pour commencer un petit échantillon de devinettes qui pourraient provenir du répertoire peul ou de celui de leurs voisins manding, zarma, gbaya ou tupuri... dont à l’occasion il pourra être question dans ce recueil de paroles louangeuses à l’adresse d’une héroïne :
Elle n’a pas gardé les vaches, mais connaît le troupeau mieux que le berger ; elle n’a pas fait la guerre, mais connaît les faits d’armes mieux que les guerriers.
Industrieuse et aérienne comme le termite, précautionneuse comme le caméléon, solide comme l’éléphant, elle fréquente les hauteurs de l’aigle et partage le goût de la profondeur avec l’oryctérope.
Elle ne se montre guère mais, quand on l’appelle, elle est toujours là.
Elle ne se met jamais en avant et pourtant elle précède.
Elle ne cherche pas à briller et pourtant elle éclaire.
À toutes ces énigmes, qui n’en sont pas vraiment, il n’est pas un africaniste, pour peu qu’il se soit intéressé de près ou de loin à la culture verbale de la société qu’il étudie, qui ne sache qu’il n’y a qu’une seule et même réponse : Christiane Seydou. Ce sera évident d’abord pour le foulanisant. Pas d’œuvres des genres majeurs de la littérature en langue peule que cette infatigable chercheuse n’ait traduit, transcrit et édité : épopée, poésie mystique, poésie pastorale,
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