Les manuels scolaires au cameroun : autopsie d'une école agonisante , livre ebook

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Date de parution

01 août 2024

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0

EAN13

9789956632442

Langue

Français

Les manuels scolaires au Cameroun : autopsie d’une école agonisante
BEN SENDIOH
Les manuels scolaires au Cameroun : autopsie d’une école agonisante
Guiguess Editions
© Guiguess EditionsBEN SENDIOH ISBN : 978-9956-628-23-0 Tous droits de représentation, traduction ou reproduction, réservés pour tous les pays. ISBN:978-9956-628-23-0© By Guiguess Editions, 2023 Couverture & intérieur : Mme. Djomeni, M. Sokoto Alifa Abakar, Dr. Teuboké Nestor, Dr. Bamniram Augustin, Mme. Keumeni Thérèse Vidane, Dr. Mabard Abdias et M. Gaya Esau Photographie de la jaquette: © Getty Images et Libres Access Les éditions Guiguess GAYA ESAU - éditeur Siège social: Bâtiment blanc en face de l’hôtel de ville de Moulvoudaye, MoulvoudayeEN- Cameroun Tél: +237 695 623 027 / +237 651 856 030 Courriel: guiguesseditions@gmail.com Site-Web: www.guiguesseditions.wordpress.com
INTRODUCTION
Il faut souvent avoir l’honnêteté de reconnaître que l’école africaine à travers les manuels scolaires, est une sorte de merde dont la puanteur est insupportable. Ayant hérité tout de la colonisation, les pays africains ont pour vision de créer un « Nègre nouveau» c’est-à-dire un scolarisé qui, à travers les livres scolaires, connaisse mieux le monde plus que son environnement immédiat. Dans les collèges et lycées d’Afrique française, l’enseignement du français donne cas à cette disposition psychologique assassine: l’élèveconnaître les auteurs de cette doit littérature plus que ceux de son continent. Dans leur article «La littérature camerounaise dans l’enseignement 1 secondaire général au Cameroun de 1960 à 1968 », Félix-Nicodème BIKOÏ et Daniel HUGUET écrivent : «Jusqu’en 1981 donc, même si son pourcentage baisse de 75 à 69 % tous niveaux confondus, la littérature française reste largement majoritaire en dépit des déclarations d’intention qui apparaissent çà et là dans les instructions officielles et ce,dès 1966. : 21) Cette étude» (BIKOÏ et al., 1990 « diachronique » que mènent ces enseignants camerounais donneun aperçu de ce qu’est l’enseignement de la littérature au secondaire africain. Ce qui appelle 1 Une erreur s’est glissée à ce niveau dans l’article par les informaticiens de la revue. L’article balaie la littérature de ŗşŜŖ à ŗşŞŞ, ce qui laisse voir que « 1968 » marqué en début soit plutôt cette année-là. 5
nécessairement le manuel scolaire, qui se fabrique ainsi à l’étranger. Le choix des œuvres de fiction obéissent à la logique de transmission de nos valeurs socioculturelles, comme nos auteurs le précisent: «… Des thèmes tels que la société coloniale, le surnaturel et le sacré, la vie quotidienne en Afrique, la familleafricaine traditionnelle… se retrouvent très largement dans les œuvres camerounaises…» (p. 23) Ce sont les années durantlesquellesles œuvres de fiction jouissaient d’une sélection rigoureuse. Mais après 1988, l’un des auteurs, BIKOÏ, reconnaitra que lalogique d’inscription des manuels scolaires en français dans le secondaire va 2 dans tous les sens,. A partir des et pas le bon du tout années 2000, les pays africains donnent la chance aux éditeurs locaux d’entrer dans la danse de fabrique des manuels scolaires. Si dans certains il y a lieu, tel que le Sénégal ou la Côte d’Ivoire, de se réjouir de cette libéralisation du secteur, dans d’autres la catastrophe n’est pas seulement frôlée, mais entretenue. Et de tous les pays africains, le Cameroun est celui qui a le plus lamentablement échoué. L’école camerounaise est la plus meurtrie : la corruption en a fait flamber les frais des parents;des frais flous et illégaux sont exigés aux parents, telsqueceux d’informatique, de photo, etc. Le marché des manuels n’est que venu renforcer cette gangrène, spectacle cynique dont la présentation ou la représentation se passe devant un dangereux spectateur. Ce dernier laisse faire ou voit faire. Le gros éléphant malade est finalement tombé derrière la case, et les loups aux dents aiguisés font le « nettoyage». Il faut seulement plaindre le sort d’un seul acteur de cette mise à mort macabre: l’élève! Le manuel 2 Félix-Nicodème BIKOÏ, «Quelle logique préside à l’inscription des œuvres littéraires dans les programmes de français des lycées du Cameroun ? » in la revue Kaliao, volume 1, N° 1, E.N.S. Maroua, juin 2009, pp. 11-19. 6
scolaire ne permet pas de rehausser le niveau de l’élève au Cameroun car,certains sont fabriqués dans des conditions d’amateurisme assassin. Au contraire, il permet exactement de l’affaiblir. L’enseignant BIKOÏ, en début de son article, note avec stupéfaction le niveau des étudiants de première annéed’université,c’est-à-dire ceux qui viennent de finir le cycle secondaire. En lettres, ils n’arrivent pas àdéclamer un vers d’un poème choisi par leur enseignant (Bikoï, 2009: 11).
Le Camerounais du secondaire n’est pas du tout honoré dans l’acquisition de connaissances le long de son parcours. Déresponsabilisé de par cette école autocratique et renfermée suicidaire sur elle-même, il est un agent futur de la corruption et de la banalisation du faux. Voguant dans un environnement livresque truffé de fautes, dans une école favorisant le faux et la luxure, l’élève camerounais est un cadre de la légèreté et de la paresse. L’école camerounaise est finalement une dangereuse pépinière de cupides, de malhonnêtes, de décervelés. Le manuel scolaire ne fait traduire l’image de cette école agonisante, non soignée et mise sous perfusion en l’état. On ne veut ni sa mort ni sa bonne santé. Elle doit végéter au XXIe siècle.
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I-LE MANUEL SCOLAIRE AUQUI INSCRIT PROGRAMME AU CAMEROUN ?
Le 04 janvier 2002 est créé par arrêté de la primature un conseil national d’agrément desmanuels scolaires et des matériels didactiques. Ledit conseil « assiste» le ministère de l’éducation nationale dans la « politique du livre » et des « matériels didactiques ». Huit tâches leur sont conférées: de l’évaluation «des besoins en manuels scolaires et matériels didactiques » en passant par l’établissement de la liste desdits manuels classés par ordre de mérite quatre mois avant la rentrée scolaire. Bien plus, une certaine « solidarité » de corps est prescrite dans la mesure où les membres du conseil consultent les « spécialistes» de l’éducation que sont: les inspecteurs de pédagogie, les enseignants et les spécialistes du livre. Ce conseil ayant un président à sa tête,est un ensemble hétérogène de 32 personnes regroupées en six commissions :
enseignement maternel, primaire et normal ; -sciences humaines et enseignement secondaire -général ; techniques industrielles ; -formation professionnelle ; -techniques commerciales. -9
La commission est présidée par un spécialiste du livre, en d’autres termes l’éditeur ou son représentant. Le conseil se réunit dès 15 jours après la nomination de ses membres sur convocation de son président. Après, le conseil peut se revoir au moins deux fois par an pendant une session de trente jours au plus. Il ne peut délibérer que lorsque 2/3 de ses membres sont présents et leur fonction à eux tous est gratuite.
Ce conseil naît donc de l’ancienne commission provisoire autonome d’agréments des manuels scolaires et des matériels didactiques. Ayant siégé pendant des années, logé au sein du ministère même, cette commission pue l’ancien siècle, et comme l’école est désormais «pour tous » depuis l’an 2000, il a fallu une nouvelle orientation dans la politique du livre scolaire. C’est la raison du conseil d’agrément de 2002. Mais nous sommes au Cameroun, un pays où chacun fait ses règles, et tout se dérègle donc. Le Cameroun est un pays où on ne contrôle plus rien, où on laisse faire. Ce n’est pas la première fois que de bonnes intentions des responsables sont torpillées, dévoyées, perverties par ceux-là mêmes qui sont chargées de les exécuter. Nous allons voir à quelle « dérive mercantiliste » cette émanation de la primature a abouti.
Mais avant, il faudra noter que l’arrêté du Premier ministre souffre d’une insuffisance de casting:il n’a défini aucun critère de sélection des manuels scolaires. Ce flou, ce vide institutionnel a engendré le goût du lucre chez les membres du conseil d’agrément. Des «partenaires» d’un genre nouveau s’y sont engouffrés, au malheur des élèves. Ce sont des mercenaires des temps modernes, sans scrupule, décervelés on pourrait dire, obnubilés, comme d’ailleurs en affaires louches, par la couleur de l’argent. Des livres « changent » chaque année ; et au fait de changer, il 10
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