Le kiswahili, une langue moderne , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2009

EAN13

9782811101701

Langue

Français

Alain Ricard
L e kiswahili, une langue moderne
KARTHALA
LE KISWAHILI, UNE LANGUE MODERNE
KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
¤Éditions KARTHALA, 2009 ISBN : 978-2-8111-0170-1
Alain Ricard
Le kiswahili,
une langue moderne
Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
AVANT-PROPOS
Une langue moderne ?
 Ce travail a été commencé il y a quatre ans dans le cadre du programme swahili que j’animais alors à l’IFRA. Nous étions plusieurs à penser que la notion d’aire culturelle, en somme la dimension spatiale des phénomènes culturels et textuels, devait être prise en compte. Je pensais aussi, après avoir participé à plusieursForum swahili à Bayreuth, qu’il était important de contribuer à créer les conditions d’un dialogue disci-plinaire sur les questions culturelles africaines ; or les études swahili, en France, pour des raisons que je signale en partie, n’ont pas connu de grands développements. Cela ne signifie pas que cette langue et cette région n’attirent pas. Au contraire, mais il est difficile de dégager cet « objet » de toute une mythologie complaisante que la notion d’orienta-lisme exprime assez bien.  Il me paraissait nécessaire de porter à la connaissance des chercheurs et, plus largement, de tous ceux que cette région intéresse, l’état des connaissances actuelles, pour inciter à aller plus loin. Je mentionnerai, par exemple, les recherches sur Kilwa de Pierre Blanchard, Stéphane Pradines et Pascal Bacuez. Je pense aussi au livre sur le Kilimanjaro de l’équipe dirigée par François Bart :Montagne, mémoire, modernité, dit le sous-titre et les deux derniers termes résonnent fortement dans notre propos.  La préparation de notre petit livre a coïncidé avec la préparation du projet ANR Swahili que nous avons présenté. Aujourd’hui le projet est lancé et ce succès nous a permis de consacrer la première partie de nos recherches à la présentation de ce travail, dont les hypothèses ont été largement discutées dans les séminaires de l’ANR. On notera par exemple que je ne traite pas du théâtre en kiswahili : je me permets de renvoyer le lecteur à mon ouvrage sur Ebrahim Hussein, et de suggérer le visionnement du filmPaukwa, de Nico Gnecchi et Alex Macbeth.
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LE KISWAHILI, UNE LANGUE MODERNE
 J’ai essayé d’expliquer dans ce livre comment le kiswahili est devenu une langue moderne, c’est-à-dire une langue standardisée, utilisée dans la vie courante, capable de dire le monde technique, indépendante des religions et des nations particulières et, en somme, susceptible d’être utilisée dans une région de l’Afrique, pour dire le monde d’aujourd’hui.  Cela ne veut pas dire que cela est fait ; cela ne veut pas dire que les « multiples dimensions de l’objet swahili », dont la langue standard est l’une des expressions les plus accomplies, sont connues et que cette langue est acceptée partout comme véhicule linguistique, vecteur d’une nouvelle culture. Nous nous demandons ce qu’il en est, et ces interro-gations sont celles qui alimentent notre recherche. Mais nous pensons que la notion de langue moderne appliquée au kiswahili en fait, dans le domaine africain, un « objet » d’un type nouveau, en particulier parce que l’imaginaire du panafricanisme lui donne un horizon politique.  Faire la révolution en Afrique, c’était aussi parler swahili ! Le Che établissait une équivalence : « Je t’explique la révolution, tu me donnes des cours de swahili », disait-il à l’un de ses compagnons sur les rives du lac Tanganyika, deux ans avant sa mort, en 1965, comme nous le rapporte son biographe Paco Ignacio Taibo... Beaucoup ont pensé ainsi jusqu’aux années quatre-vingt, puis est venue une autre époque. Ces espoirs et ces aventures font partie des dimensions de l’objet swahili que nous essayons d’établir, tout comme les idées, disons simplistes, pour être charitable, de la baronne Blixen...
 Ce texte n’aurait pas vu le jour sans les rencontres duForum swahili de Bayreuth, leur atmosphère studieuse et conviviale. Gudrun Miehe, Said Khamis et Clarissa Vierke y sont pour beaucoup. Merci aussi pour les échanges avec Alena Rettova, Farouk Topan, Birgit Englert, Uta Reuster-Jahn, Thomas Geider, Ridder Samsom, Lutz Diegner, Rose-Marie Beck, qui donnent une coloration amicale à toutes ces études.  J’ai bénéficié de la confiance du directeur de l’IFRA, au lancement du programme swahili, « une utopie nécessaire » : que Bernard Charlery de la Masselière soit ici remercié, ainsi que François Bart et Bernard Calas. Au fil des années, Elena Bertoncini, Mugyabuso Mulokozi, Walter Bgoya, Henry Tourneux, Rayya Timmamy et bien d’autres m’ont aidé de leurs conseils amicaux. Gilles Roussel m’a accueilli à Lubumbashi, donnant à ce projet sa dimension continentale.  Les traductions sont les miennes, sauf indication contraire.  Des chapitres ou parties de chapitres déjà parus sont repris ici sous une forme révisée et augmentée :
AVANT-PROPOS
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chap. 1 : Charles Sacleux (1856-1943), fondateur des études swahili en France,Histoires et Missions chrétiennes, 2007, 4, 105-114 ; De l’Orient à l’Afrique,Mélanges Coulon, 2009 ; chap. 6 : Poésie et politique,Études littéraires africaines, 2003, 8-14 ; chap. 7 : « Croisière sur le lac Victoria », La Formule Bardey, 2005 ; « Le chap. 8 : »,taarab est comme le concert-party... Stichproben, Wiener Zeitschrift für kritische Afrikastudien, 14, 2008, 123-136.
Alain RICARD, janvier 2009
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Entre communauté imaginaire et utopie nécessaire
 Le kiswahili est apparu comme nom de langue dans les écrits des premiers voyageurs et missionnaires européens en Afrique orientale et e australe, au milieu duXIXLes voyageurs arabes, notamment Ibn siècle. e Battûta, avaient déjà mentionné son existence dès leXIV siècle, lors de leurs séjours dans les cités de la côte et en particulier à Kilwa. Ce nom – venu du mot arabe qui désigne la côte,sawâgildont le (pluriel), singuliergila donné « sahel » – a été associé à la côte de l’océan Indien et en particulier aux îles voisines du Kenya, comme Zanzibar. Rappelons e ici que Zanzibar, loin d’être auXIXun sultanat assoupi était au siècle contraire une place commerciale et financière qui commandait le commerce – en particulier des esclaves – avec l’intérieur de l’Afrique. De plus, Zanzibar était jusqu’à la Première Guerre mondiale le premier producteur mondial de clous de girofle. Le kiswahili était la langue de Zanzibar, et Zanzibar était pour beaucoup une île des mille et une nuits, un Orient accessible, par le canal de Suez. e  Tout a changé auXXsiècle et en particulier au milieu du siècle : une révolution a eu lieu à Zanzibar, le kiswahili est devenu la langue d’un grand pays, la Tanzanie, issu de l’union entre le Tanganyika et Zanzibar ; il s’est répandu dans une partie du continent, a servi à l’évangélisation, est devenu langue officielle d’un État moderne. Au Kenya, le kiswahili langue nationale est aujourd’hui obligatoire dans l’enseignement secondaire. Ce qui était perçu comme une langue de marins ou de commerçants côtiers, musulmans, est devenu la langue d’un grand pays. Ce processus n’est pas achevé, les anciennes images perdurent et ce livre porte sur le passage de cette ancienne conception à une nouvelle, dans laquelle existe peut-être une part d’utopie.
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