Des femmes et de l’écriture Le bassin méditerranéen , livre ebook

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Publié par

Date de parution

01 janvier 2006

Nombre de lectures

0

EAN13

9782845867468

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

SOUS LA DIRECTION DE Carmen Boustani et Edmond Jouve
Des femmes et de l’écriture Le bassin méditerranéen
KARTHALA
DES FEMMES ET DE L’ÉCRITURE
KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com
Couverture : Baya,L’oiseau de paradiscm,x 106 , gouache, 70 Coll. part.
© Éditions KARTHALA, 2006 ISBN : 2-84586-746-8
SOUS LA DIRECTION DE
Carmen Boustani et Edmond Jouve
Des femmes et de l’écriture
Le bassin méditerranéen
Préface de Vénus Khoury-Ghata
Éditions Karthala 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
Préface
L’écriture ou la vie,titre dun roman de lEspagnol Jorge Semprun, est applicable à bien des romancières qui ont rem-placé la passion de vivre par celle de lécriture, optant pour une vie virtuelle, sortie de leur plume, une vie dencre et de papier. Quil soit une prise directe avec soi-même pour compenser des manques, ou affrontements avec les mots, ou même dénon-ciation dun ordre établi, le roman écrit par des femmes est une mise à feu, un règlement de comptes avec un monde créé par lhomme aux mesures de lhomme qui a inventé la guerre, hérissé la planète de barbelés et fait croire à la femme quelle na pas de salut en dehors de lui. Jai interrogé bon nombre de mes consœurs et reçu, à peu de choses près, la même réponse. Aucune delles ne savait de quoi elle allait parler avant davoir pris la plume.L’écriture, un révélateur, les a sorties de leur brouillard, aidées à trouver leur voie et leur voix, différentes de celles qui continuent à calquer leur vie sur celle dune mère et dune grand-mère, considérant quelles ont réussi leur carrière parce que lhomme a réussi la sienne. «Nous sommes scandaleuses, nous faisons un sale métier », me dit Françoise Xénakis, auteur deMoi, j’aime pas la meret Elle lui dirait dans l’île, et elle retrousse ses manches comme pour plonger ses mains dans la boue.«Scandaleuses, donc marginalisées dans certains pays que je ne nommerai pas. Scandaleuses et marginalisées parce quelles ont linsolence de dire haut ce que dautres pensent tout bas. Parce quelles écri-vent des choses imprimées sur des pages qui circulent, des livres à la portée de tous. »«Coupables davoir soulevé le couvercle de la marmite, fait déborder le jus, et éclaboussé tout ce qui lentoure », me dit Régine Deforges. Scandaleuses, les romancières algériennes pour avoir dénoncé les massacres dinnocents, lesLibanaises pour avoir dit halte à
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une guerre inexplicable. Deux cent mille victimes, trucidées par des mains masculines, les femmes terrées dans les abris, ou faisant la queue devant les boulangeries et les points deau ny avaient pas participé. Tirées, tels des moineaux, par les francs-tireurs, elles restèrent silencieuses, mais prirent la plume une fois terminée la guerre, écrivirent des romans, des récits dignes d’être salués.L’époque la plus noire de notre histoire, abritée derrière les murs de mon appartement parisien, jécris rongée par la culpabilité. Croyant partager leur quotidien terrible, jécrivais aussi, racontais leur guerre, avançais protégée par la page blanche alors quelles marchaient à visage découvert sous la mitraille. Comment ne pas parler aussi des romans écrits par des femmes des arrière-pays de la Méditerranée, où le crime dhon-neur est une simple formalité, lehijabun complément du regard, laburkanécessaire pour transformer une femme en prison ambulante. Jai lu leurs romans à travers mes larmes, des larmes de rage, et protégé avec elles cette capacité commune à écouter les battements du cœur de lenfant à naître, du bulbe prêt à percer la terre, de faire parler le pain, de redonner vie au feu dans lâtre, de savoir interpréter le cri de leau tirée du puits, celui des ustensiles apprivoisés depuis des millénaires par nos mains qui savent pétrir, laver, lisser, rapiécer, redonner vie, guérir.Les mêmes gestes pour cuisiner, jardiner et écrire. Les mêmes pour élaguer un rosier et nettoyer un texte de ses redon-dances, le même pour évincer gras les vers de terre et les adjec-tifs adipeux. Le roman écrit par des femmes est leur vrai territoire. Inoubliable pour moi ce colloque international francophone sur: le bassin méditerranéenDes femmes et de l’écriture bril-lamment organisé dans le Lot par Carmen Boustani et Edmond Jouve, et qui a réuni des sommités qui, deux jours durant, ont analysé les sources de ce roman né autour de la Méditerranée.
Vénus KHOURY-GHATA
Introduction
L’objectif du colloqueDes femmes et de lécritureest d’ana-lyser la problématique de l’écriture francophone des femmes du bassin méditerranéen qui ont pris la plume durant les toutes dernières années, interrogeant leur spéciicité. Ce colloque fut organisé par Carmen Boustani(professeure à lUniversité liba-naise de Beyrouth) et Edmond Jouve (professeur à Paris V-Sorbonne) du 26 au 29 août 2004 à Gourdon-en-Quercy dans le cadre des Rencontres internationales francophones du pays de Quercy dont le rayonnement culturel a le charme et la mesure que lon sait. Les mouvements de libération des femmes dans les années 1970, les révolutions politiques et technologiques, les conlits (la guerre libanaise) ont été le point de départ de quelque chose qui commence à sécrire et où se dessine un imaginaire féminin. Nous avons discuté des perspectives offertes dans un cadre déchanges qui sinscrit dans une approche pluridisciplinaire et internationale. Nous avons tenu à ce que ce colloque ait pour invitée dhonneur Vénus Khoury-Ghata pour la place quelle occupe dans la littérature méditerranéenne et pour lintérêt quelle porte à la littérature francophone. Des femmes et de lécriturea ainsi fait le point sur létat actuel des recherches sur la littérature du bassin méditerranéen qui englobe la France (dont la Corse), lItalie, la Tunisie, lAlgérie, le Maroc, l’Égypte et le Liban, et pour étendre un peu plus cette Méditerranée, lIran insistant sur la dynamique qui englobe les deux rives. Mais pourquoi la Méditerranée ? Tout dabord parce que la Méditerranée a vu naître et dispa-raître de nombreuses civilisations, nous dirons même les plus anciennes, l’Égypte et la Mésopotamie rassemblant les peuples des trois civilisations du Livre qui se distinguent par des
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cultures différentes et complémentaires. Elle fut qualiiée de « carrefour des enchantements sombres ». D’ailleurs, si on remonte à la mythologie, c’est de Sidon que fut enlevée Europe par Zeus, créant un lien indissociable entre la Méditerranée orien-tale et le continent européen. « L’aurai-je assez dit, s’écrit Salah Stétié, c’est au Sud que l’Europe a pris naissance en partant de la Méditerranée des origines ». La mythologie de ce bassin méditerranéen est marquée par de fortes présences féminines où l’image centrale n’est pas le père tout-puissant. C’est plutôt laigure de la mère et le rapport indissociable mère/ils qui prédomine. Aujourd’hui, le pouvoir des mères en Méditerranée se délègue au pouvoir féminin qui s’afirme de plus en plus malgré le legs écrasant de la religion. Laigure de la mère est assimilée aussi à celle de la langue. On dirait une rayonnante trilogie terre/mère/langue. Or, dans cette Méditerranée francophone, se crée une situation de tension pour celui qui a choisi d’écrire en français abandonnant sa langue maternelle, une tension toujours créatrice. C’est en cette langue que nous nous sommes interrogés durant les trois jours du colloque sur lestextes francophones des Méditerranéennes actuelles. Notre choix sest focalisé sur les contours et les nuances dune médiation des imaginaires féminins de diffé-rentes ethnies unies par lamour dune langue. Une manière de reconnaître une écriture singulière féminine dans louverture à un français pluriel et pluriellement accentué. Le but étant de montrer que la femme dit autre chose que les hommes en partant de sa propre réalité. Cet autre/femme a des choses diffé-rentes à dire dans cette Méditerranée partagée par la force des choses,«», lieu qumare nostrum on nose qualiier de géogra-phique, mais qui relète les contradictions Orient/Occident, Nord/Sud, Est/Ouest. Une synergie se crée avec la nature féminine qui ne cesse de se raconter et de conter, et cette mer charmeuse qui ne cesse de se raconter elle-même«par plaisir sans doute, non par néces-sité », selon Fernand Braudel. Pourquoi la femme ? Permettez-nous, dans un souci de rétrospective, de tracer un rapide aperçu de la condition de la femme méditerranéenne. En fait, à travers lhistoire de cette région de«Bahr el Moutawas-set » ou terre médiane, la place des femmes a été centrale, mal-gré la domination des hommes. En effet, dans cette«terre des
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origines », l’homme n’a pu accomplir sa destinée sans faire référence à la femme en tant qu’épouse, mère, amante et séduc-trice, mais jamais en tant qu’égale. De sorte que la Méditerra-néenne jouit d’une présence obsessionnelle dans l’imaginaire collectif. Dans cecontexte socio-culturel et sous linluence des mouvements de libération des femmes, cest de la rive du Nord que va émerger un mouvement des femmes du Sud qui réclame une afirmation de soi. Passons maintenant du concept femme-objet à celui de femme-sujet, ce qui conduit à de nouvelles problématiques qui traitent la femme dagent actif et lui donnent la parole sur la scène publique et dans lécriture. La femme cesse d’être Pénélope qui attend en silence le retour dUlysse. Elle safirme en disantjeet en racontant son propre vécu, que ce soit dans son propre pays ou dans le pays daccueil. Il en résulte quelle perpétue les codes rituels de lopposition à la tradition pour une réalisation de soi dans une mise à nu de sa propre vie. Unjeféminin émerge afirmant sa spéciicité loin de toute primauté de la communauté sur lindividu. La recherche dune afirmation de soi se fait dans la tension et la douleur. Le pouvoir de lécriture qui soulève le problème du rapport des sexes sera une compensation à un pouvoir politique féminin souvent absent sur les deux rives de la Méditerranée, en particu-lier sur la rive sud. Dans cette perspective, le pouvoir féminin apparaît comme contre-pouvoir, sorte de compensation au pouvoir légal masculin. La littérature duje,qui a connu son expansion sur la rive occi-dentale, ne connaît pas le même sort sur la rive orientale. Le monde arabo-musulman qui interdit le dévoilement, cherche à maintenir la femme inaccessible. Il a fallu le courage de certaines Orientales pour transgresser cet état des choses qui oblige leffa-cement de lindividu dans sa communauté«Parmi lesal-ouma ». pionnières, nous mentionnons Assia Djebar dansLa soif(1957), récit francophone écrit à la première personne, et Leila Baalbaki dansJe vis,Ana Ahia(1960), roman autobiographique arabo-phone. Lentrée de ces femmes en littérature rompt avec leur éthique qui leur interdit de parler delles-mêmes. Le combat féminin est surtout unjequi met en question le positionnement de l’être femme en face de lui-même et en face
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