Confidences en trompe-l’œil , livre ebook

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Qu’ont en commun un gardien de musée, une jeune artiste-peintre et un médecin généraliste de la banlieue de Montréal ? Ils ont tous momentanément perdu le goût de vivre. Le retrouve-t-on jamais, que ce soit grâce à la chance, à la patience, à un retournement du destin ? Le sens des choses nous revient parfois de façon insoupçonnée...
Dans une savante construction constituée « d’arrêts sur image », Guy Mouton explore à fond l’idée du portrait : portraits individuels, portraits d’ensemble. Mais qu’y a-t-il au juste derrière la façade de nos vies ?
Trois personnages, étrangers l’un à l’autre, cherchent désespérément à sortir de la fâcheuse posture dans laquelle ils se trouvent. Tout à fait par hasard, ils se retrouvent dans la salle d’un musée, face à une toile de Van Dyck faisant partie d’une exposition. Grâce à l’énigmatique personnage de ce tableau du XVIIe siècle, le lecteur connaîtra les pensées intimes qui animent chacun d’eux. D’une dimension de vie et de temps à une autre, ce témoin les perçoit, les écoute et parfois, projette une courte pensée qui atteint certains de ces visiteurs. Où serait-ce le fruit de leur imagination ?
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Publié par

Date de parution

28 janvier 2013

Nombre de lectures

0

EAN13

9782764419519

Langue

Français

PREMIÈRE IMPRESSION
 
 
Dédiée à la relève littéraire, la collection « Première Impression » offre aux auteurs émergents un espace de création unique pour faire leur entrée dans le monde des lettres québécoises.
 
Une collection dirigée par Isabelle Longpré
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
 
Mouton, Guy Confidences en trompe-l’œil (Première impression)
9782764419519
I. Titre. II. Collection: Première impression. PS8626.O95C66 2010  C843’.6   C2010-940411-4 PS9626.O95C66 2010


Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.
 
Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.
 
Les Éditions Québec Amérique bénéficient du programme de subvention globale du Conseil des Arts du Canada. Elles tiennent également à remercier la SODEC pour son appui financier.
 
Québec Amérique 329, rue de la Commune Ouest, 3 e étage Montréal (Québec) Canada H2Y 2E1 Téléphone: 514 499-3000, télécopieur: 514 499-3010
 
Dépôt légal: 1 er trimestre 2010 Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada
 
Mise en pages: Andréa Joseph [pagepxress@videotron.ca] Révision linguistique: Céline Bouchard et Luc Baranger Direction artistique: Louis Beaudoin Adaptation de la grille graphique: Renaud Leclerc Latulippe Photographie en couverture: Photocase
 
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés
 
©2010 Éditions Québec Amérique inc.
www.quebec-amerique.com
 
Imprimé au Canada
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Dedicace Epigraphe CHAPITRE 1 CHAPITRE 2 CHAPITRE 3 CHAPITRE 4 CHAPITRE 5 CHAPITRE 6 CHAPITRE 7 CHAPITRE 8 CHAPITRE 9 CHAPITRE 10 CHAPITRE 11 CHAPITRE 12 Trois semaines plus tard PORTRAIT DE VIRGINIO CESARINI BIOGRAPHIE SUCCINCTE - VIRGINIO CESARINI POURQUOI AVOIR CHOISI - CONFIDENCES EN TROMPE-L’ŒIL? QUÉBEC AMÉRIQUE - PREMIÈRE IMPRESSION CONFIDENCES EN TROMPE-L’ŒIL

À Claire
Mémoire: Faculté de conserver et de rappeler des états de conscience passés et ce qui s’y trouve associé; l’esprit, en tant qu’il garde le souvenir du passé. « Ce qui touche le cœur se grave dans la mémoire » Voltaire
Le Petit Robert , 1977
CHAPITRE 1
On développe parfois certaines habitudes. De ces petits gestes que l’on répète, de ces gestes sans importance. Par exemple, Jacques Melançon aime dormir la fenêtre ouverte, hiver comme été, tout en sachant fort bien que le premier bruit matinal suffira à provoquer son éveil. Il en est conscient, mais il aime se lever à bonne heure, sensible à la douceur de l’aube. Un séjour de plusieurs mois comme veilleur de nuit avait à l’époque changé la routine de son corps au point où il s’était découvert une âme de lève-tôt.
Autour de lui, l’appartement est petit, dénué de luxe, sans radio ni télé. Jacques n’y est ni heureux, ni malheureux; il ne pense pas en ces termes. Il vit seul, divorcé de sa femme depuis plusieurs années, sans jamais communiquer avec elle. Quand son horaire le lui permet, il se rend le plus discrètement possible à proximité de la porte d’entrée de l’école que fréquente sa fille Julie et de très loin, il jette vers elle un bref regard, sans jamais chercher à lui parler, se contentant de la deviner tout en poursuivant son chemin d’un pas régulier. Elle fêtera ses quatorze ans le mois prochain, n’a pas parlé à son père depuis l’âge de trois ans et ne garde de lui aucun souvenir précis. Jacques soupçonne que sa mère n’a jamais embelli les quelques traces confuses qui auraient pu subsister en sa mémoire. Reste-t-il de lui une vague photo dans le fond d’un tiroir ou dans une boîte oubliée ?
 
Son père gardait tant de photos à l’époque ; Jacques le revoyait, l’œil rieur se soulevant du viseur de la caméra, étudiant l’expression de l’un ou l’autre de ses enfants ou de ses invités, toujours à prendre une personne en photo, jamais un paysage, jamais une nature morte, mais le portrait d’un semblable, cherchant à découvrir, à s’émerveiller, à surprendre, à immobiliser le temps, à saisir le mystère d’un regard, d’un sourire, d’un geste. Et sans jamais brusquer, réussissant à détendre même les plus récalcitrants, ceux qui refusent habituellement de s’abandonner à la lentille d’un photographe, ceux qui croient bêtement que la beauté n’existe pas chez eux. Jacques regrettait de ne pas avoir suivi les cours de photographie que monsieur Melançon avait offert de lui payer. Les séances communes dans la chambre noire lui avaient permis de passer des heures joyeuses dans l’intimité du regard de son père. Dommage d’avoir raté l’occasion de poursuivre cette relation en perfectionnant l’art de la photographie. Avant son décès, son père avait-il réussi à donner une photo de lui à la petite?
 
Monsieur Melançon était décédé au moment où Jacques purgeait sa peine de prison. On lui avait accordé pour l’occasion une sortie de huit heures. Il quitta alors le pénitencier au petit matin pour se rendre très tôt au salon funéraire où l’on avait déjà procédé à l’incinération qu’avait demandée son père. Il ne restait de lui qu’une urne sombre devant laquelle on avait placé une photo que Jacques ne connaissait pas, le montrant quelques années plus tôt, sans traces de la maladie. Il sortit bien avant l’arrivée des autres membres de la famille pour se diriger vers le quartier de l’église où devait être célébrée une messe. Il attendit en retrait, loin de l’entrée principale, à l’abri des regards, puis une fois le service religieux commencé, il entra par une porte de côté, se tenant derrière une imposante colonne, présence presque imperceptible pour les parents et amis. Il regarda longuement le profil de Julie, surpris par le calme de cette enfant de cinq ans, puis il se retira discrètement. Plus tard, lorsque la foule se fut dispersée pour le retour à la vie, il s’approcha de la fosse encore ouverte dans le cimetière et s’agenouilla devant la tombe de son père, pleurant doucement, sans un mot.
— Jacques?
La voix de son frère Paul-André l’appela derrière lui; il était revenu sur ses pas sachant que Jacques viendrait, l’attendant patiemment. Jacques porta rapidement une manche à ses yeux pour les assécher et jeta une poignée de terre dans la fosse étroite.
— Ça va?
— Oui. Ça va. Je savais que tu viendrais quand les autres seraient partis. Je t’ai vu à l’église, mais je n’ai pas voulu déranger.
— Julie va bien ?
— Oui. J’ai pas la chance de lui parler autant que je voudrais, mais je sens qu’elle grandit bien. Entre ton ex et moi, rien n’a changé, on se voit très rarement. Je lui rappelle de mauvais souvenirs, alors les occasions de voir ta fille sont assez rares. Tu rentres quand?
— Je devrais déjà être parti. Il a souffert?
— Non. Il est mort dans son sommeil. Un peu trop seul je crois. Il n’aurait jamais dû fermer son studio de photographe. Son commerce ne rapportait rien, mais il voyait encore quelques clients. C’est pas facile d’être photographe avec une vue qui décline. Ses dernières lunettes ne l’aidaient plus. À la fin, il souffrait plus de la perte graduelle de la vue que de sa maladie.
— Dans ses dernières lettres, son écriture était de plus en plus grosse. Puis il a arrêté de m’écrire. Il était incapable de lire les miennes, mais sa voisine de palier acceptait de les lire à haute voix.
— …
— Je dois partir.
— T’as même pas le temps de prendre un petit café ? As-tu un message pour Julie ?
— Non. Pas de message. Merci.
 
Après sa libération, Jacques n’avait pas cherché à revoir qui que ce soit, autre que Paul-André. Personne à part lui ne s’était présenté aux jours de visite. Personne n’avait écrit à part son père. Jacques avait posté des lettres &

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