93
pages
Français
Ebooks
2017
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Publié par
Date de parution
10 mai 2017
Nombre de lectures
0
EAN13
9782897583033
Langue
Français
olivier
Guy Saint-Jean diteur
4490, rue Garand
Laval (Qu bec) Canada H7N 5Z6
450 663-1777
info@saint-jeanediteur.com
www.saint-jeanediteur.com
Donn es de catalogage avant publication disponibles Biblioth que et Archives nationales du Qu bec et Biblioth que et Archives Canada.
Nous reconnaissons l aide financi re du gouvernement du Canada par l entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) ainsi que celle de la SODEC pour nos activit s d dition.
Gouvernement du Qu bec - Programme de cr dit d imp t pour l dition de livres - Gestion SODEC
Publi initialement en langue anglaise (Canada) en 2014 par James Lorimer Company Ltd., Publishers, Toronto.
Titre original: Stupid
2014 by Kim Firmston
Guy Saint-Jean diteur inc., 2017
Traduction: Isabelle Allard
R vision: Fanny Fennec
Correction d preuves: Lysanne Audy
Conception graphique de la couverture et infographie: Christiane S guin
Photo de la page couverture: Depositphotos/kanzefar
D p t l gal - Biblioth que et Archives nationales du Qu bec, Biblioth que et Archives Canada, 2017
ISBN: 978-2-89758-302-6
ISBN EPUB: 978-2-89758-303-3
ISBN PDF: 978-2-89758-304-0
Tous droits de traduction et d adaptation r serv s. Toute reproduction d un extrait de ce livre, par quelque proc d que ce soit, est strictement interdite sans l autorisation crite de l diteur. Toute reproduction ou exploitation d un extrait du fichier EPUB ou PDF de ce livre autre qu un t l chargement l gal constitue une infraction au droit d auteur et est passible de poursuites p nales ou civiles pouvant entra ner des p nalit s ou le paiement de dommages et int r ts.
Imprim et reli au Canada
1 re impression, mai 2017
Guy Saint-Jean diteur est membre de l Association nationale des diteurs de livres (ANEL).
KIM FIRMSTON
olivier
Roman
Traduit de l anglais (Canada) par Isabelle Allard
l incroyable et merveilleuse communaut de parkour de Calgary .
Table des mati res
1 Les ombres
2 Pile
3 Agissons!
4 L quipe de Pile
5 Crac!
6 Flagrant d lit
7 Le bureau du directeur
8 La course
9 Culpabilit
10 Le pass de Pile
11 Pris sur le fait
12 Recherche
13 Un avenir meilleur
14 Des choix difficiles
15 Limiter les d g ts
16 La fin
17 Et le gagnant est?
18 Soixante ou plus
19 Le parkour
20 L entra nement
21 S rieusement, qu est-ce que j ai fait?
22 Je ne suis pas stupide!
23 Discussion parkour
1
Les ombres
Stupide.
Je suis peut- tre stupide. Stupide de venir ici.
Devant moi, un projecteur blouissant projette des ombres contrast es sur un mur de briques grises. Au-dessus de ma t te, le cr puscule bleu cobalt c de rapidement la place l obscurit de la nuit. Je sors mon appareil photo num rique de son tui, v rifie la mise au point, prends une photo, puis passe la fonction vid o. L ancienne brasserie est plong e dans le silence. Un silence de mort. Un silence de cimeti re. C est parfait. Cela signifie que je n ai pas t rep r . Je filme la cl ture de mailles m talliques. Ses entrelacements projettent des ombres en dentelle sur le b ton d fonc .
Le fil de fer barbel , partiellement affaiss au sommet, vibre sous l effet d une douce brise printani re. Je pr vois d j une piq re contre le t tanos dans un futur rapproch si je tente d entrer par l . J teins l appareil, remets en place le capuchon de l objectif, puis m avance en m accroupissant d un air coupable le long d un chemin priv parall le l arri re du b timent. La barri re qui ferme normalement ce chemin est ouverte et accueillante. La pancarte Terrain priv l est moins. Impossible de plaider l ignorance si je me fais prendre. Ce n est pas comme si j avais pu rater cet criteau. Par contre, ce n est pas moi qui ai laiss cette barri re ouverte. Je cherche une br che dans la cl ture sur ma droite, une fa on de me glisser l int rieur. cinq ou six m tres plus loin, j aper ois un endroit o le fil de fer est suffisamment relev au-dessus du sol pour qu un petit coyote puisse se faufiler dessous.
Ou moi, si je retiens mon souffle.
Je m tends par terre, le dos frottant contre le sol, en tenant fermement mon appareil photo. Sa s curit est ce qui m importe le plus. Je peux bien m gratigner, me mutiler, saigner. Mais mon appareil? Jamais. Il vaut de l or. Je ne le l che pas une seconde, m me quand la cl ture frotte sur mon nez, avec son odeur de vieux m tal et d urine de chien.
Finalement, je me retrouve l int rieur, propulsant le reste de mon corps dans la zone interdite d un dernier coup de talon. Des cristaux de glace s insinuent dans le col de mon chandail, me faisant frissonner. J esp re que j ai t assez silencieux. J ai fait de mon mieux pour r primer mes grognements et le bruit de ferraille de la cl ture.
Je ne sais pas o se trouve le gardien de s curit . Je l ai vu passer de l autre c t du b timent avant de m introduire dans la propri t , mais j ignore combien de temps il faudra avant qu il ne vienne de ce c t . S il vient par ici. Cet endroit est couvert d arbrisseaux et de mauvaises herbes qui poussent dans les fissures du b ton. Tous mes efforts pour tre discret taient peut- tre superflus.
Je me rel ve et colle mon dos au mur de briques grises, comme si j tais dans un film d espionnage. Je l ve les yeux la recherche de cam ras. La compagnie d entreposage qui poss de ce b timent en a install partout. Pourvu que mon chandail noir et mon pantalon cargo marine m aident ne pas me faire rep rer! Les cheveux blonds ne sont pas un avantage dans une telle situation. Je rel ve mon capuchon. Jusqu ici, tout va bien.
J entends un craquement et un bruit sourd au loin. J essaie de me repr senter d o ils proviennent. D en haut? Peut- tre de l autre extr mit du terrain? Je me demande si c est le gardien qui vient dans ma direction. Je pr te l oreille, immobile, mais il n y a pas d autre son l exception des bruits de circulation sur la 9 e Avenue et les roues d un train qui approche de la gare de triage Alyth. Utilisant ce vacarme pour me couvrir, j avance lentement, prudemment, le long du mur, tout en retirant le capuchon de l objectif.
J essaie d imaginer cette b tisse il y a une centaine d ann es, lorsqu elle appartenait la compagnie Calgary Brewing and Malting. l poque, c tait un endroit anim . Le c ur de la communaut . Les gens venaient pique-niquer en famille et admirer les poissons qui nageaient dans l eau du puits art sien. pr sent, le parc est ferm et l aquarium n existe plus depuis longtemps. M me la statue de bison a t cl tur e, son derri re estampill par une pub du Stampede.
Cet endroit tombe en ruine: la brasserie, la salle de soutirage Toutefois, la grande chemin e de briques rouges se dresse toujours comme la tour d un ch teau m di val. La compagnie d entreposage a r nov le b timent principal. C est un endroit o les gens qui accumulent les objets peuvent les conserver. Il y a m me eu une vente aux ench res d unit s d entreposage le mois dernier, comme dans la s rie t l vis e. Cet endroit abrite probablement des objets pr cieux, ce qui explique les mesures de s curit .
Oui, je suis vraiment stupide.
Selon mon p re, ce n est pas surprenant. Il a l air de croire que si je ne suis pas en train d tudier ou de pratiquer un sport quelconque, je gaspille ma vie. Tourner des films, ce n est pas du gaspillage, c est de l art. Mais tenter de le lui faire comprendre, c est comme essayer de filmer un concert rock avec un objectif macro. a ne sert rien.
La t te baiss e, je me faufile jusqu la chemin e. Elle est immense et perce le ciel nocturne tr s haut au-dessus de moi. Il y a une tour non loin de l , constitu e d chelles grises et de m tal rouill aux soudures rompues. Je m en approche et pose prudemment le pied sur un chelon pr s du sol. Il craque sous mon poids. Je vais mourir si je grimpe l -dessus. Me ravisant, je me dirige vers un passage troit oubli depuis des lunes. Il y a beaucoup de d tritus accumul s ici, dont certains doivent remonter aux premiers jours de la brasserie. Ils cr ent des ombres denses qui conf rent une apparence mal fique au b ton craquel . Comme si un d mon tentait de se frayer un chemin partir des profondeurs souterraines. Une boule de papier chiffonn roule pr s de moi, me faisant sursauter et me donnant la chair de poule. Je saisis mon appareil photo, v rifie les r glages et fais un zoom. Un vieux pneu appara t avec une allure mena ante dans la p nombre, tel un il. Je fais la mise au point l -dessus. Un il monstrueux en caoutchouc qui regarde au fond de mon me. Je photographie les b timents un peu plus loin. Plong s dans un labyrinthe obscur o tout devient noir. D un noir d encre. C est pour cette raison que je devais venir ici. Cet endroit est parfait. Sombre. D labr . D sorganis . Pourri.
Comme moi.
J ai essay de ne pas croire cette tiquette pendant des ann es. Stupide. Mais quand tout le monde t appelle ainsi, cela devient difficile de continuer le nier. Comment puis-je rejeter ce mot quand j obtiens peine cinquante pour cent chaque examen que je passe? Quand les marques de stylo rouge me rappellent de faire un effort, de travailler davantage, d couter en classe - alors que c est ce que je fais constamment? De toute vidence, ils doivent avoir raison. Je suis stupide de vouloir le nier. Il m a juste fallu longtemps avant de finalement accepter cette r alit .
Sauf que je ne veux pas.
Un clair lumineux se refl te sur l cran de l appareil. Je pivote et me laisse tomber derri re une palette de bois appuy e au mur. J teins mon instrument au milieu d un clich , produisant un d clic. Je fais la grimace. Mon regard balaie les alentours, mais je ne vois rien. Pas de lampe de poche, p