Emma et le livre oublié , livre ebook

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2018

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Une nouvelle année scolaire commence au pensionnat de Stolzenburg ! Avec ses amies, Charlotte et Hanna, Emma organise des réunions de club de lecture dans la vieille bibliothèque de l’aile ouest du château. Un jour, elle y trouve un vieux livre oublié, ou plutôt caché, dans une commode. À première vue, c’est un journal intime ordinaire écrit par différents habitants du château, mais… on dirait qu’il murmure, qu’il chuchote le prénom d’Emma, comme s’il était… vivant ! Tandis qu’Emma essaie de percer le mystère de ce livre, Darcy, ancien élève de Stolzenburg venu passer quelques mois au château, mène également son enquête : comprendre pourquoi et comment sa sœur jumelle Gina a brutalement disparu quatre ans plus tôt. Le livre oublié aurait-il un lien avec la disparition de Gina ?

Titre original : Emma, der Faun und das vergessene Buch


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Publié par

Date de parution

13 mars 2018

Nombre de lectures

555

EAN13

9782215139218

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Table des matières
Une nuit
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Du même auteur
Page de copyright
« Au commencement était le Verbe » (Jean, 1,1)
une nuit
Elle pleurait lorsqu’elle tourna la poignée et appuya dessus. La fenêtre résista : elle était vieille – une antiquité, comme toutes les choses ici. Elle était de ces lieux qui semblaient ne pas donner prise au temps, comme s’il s’en éloignait en tourbillonnant telles des feuilles au vent. Un lieu où rien n’avait jamais changé, sur lequel les secondes et les années n’avaient aucun poids. Même la nuit semblait être la même ici depuis des siècles. Sombre, d’un noir d’ébène, elle trônait à la cime des arbres et rôdait autour des murs imposants comme en des temps immémoriaux. Et pourtant les choses avaient changé. Les choses, les hommes et les mots.

Mais pas forcément dans cet ordre-là.

Les genoux flageolants, elle monta sur le rebord de la fenêtre, cligna des yeux pour en chasser ses larmes et inspira à pleins poumons l’air de l’obscurité séculaire. Même la lune, lui sembla-t-il, refusait de l’accompagner maintenant que le moment était venu. Mais au moins était-elle sûre ainsi qu’elle était seule. Elle hésita encore un moment, puis ferma les yeux et tout se déroula sans qu’elle intervienne. La nuit emplit ses poumons. Elle entendit son sang battre dans ses oreilles lorsqu’elle se pencha en avant, lâcha le chambranle de la fenêtre, enjamba le rebord. Les mots jaillissaient dans ses pensées, essayaient de la retenir. Mais ils ne pouvaient plus l’atteindre ; elle allait laisser les mots derrière elle, comme tout le reste. Elle les fit taire en sautant.
Le temps d’un battement de cœur, elle se fondit dans la nuit immuable, puis, brusquement, vint la terre – comme une surprise malgré tout. Le choc ne fut pas aussi dur qu’elle l’avait craint, mais assez tout de même pour qu’elle se foule la cheville. Elle serra les dents et se mit à courir. Étaient-ce encore des pieds humains qui la portaient ? La douleur l’envahissait à chaque pas, brûlante et vive. Elle poursuivit néanmoins sa course. L’eût-elle voulu, elle ne pouvait pas revenir en arrière. Il était trop tard de toute façon pour changer quoi que ce soit, pour faire quoi que ce soit. Le Rhin n’était pas loin.
Il l’attendait déjà.
1
C’est une vérité universellement reconnue qu’il y a peu de choses plus agréables que de rentrer à la maison après une longue absence. C’est du moins ce que je ressentis en revenant à Stolzenburg, un vendredi pluvieux. Des nuages de brouillard étaient accrochés au donjon et la cour du château semblait grise dans la lumière brumeuse de l’après-midi. Il faisait inhabituellement frais pour un mois d’août.
Je demeurai cependant longtemps immobile devant les deux vantaux du portail d’entrée, fermai les yeux et respirai à pleins poumons l’odeur des vieux murs mouillés. Des gouttes m’éclaboussaient le visage comme un impétueux comité d’accueil, tandis que le vent tiraillait ma queue-de-cheval comme pour danser avec elle.
Enfin ! Enfin j’étais de retour à la maison !
C’était en tout cas l’endroit que j’appelais ainsi depuis quatre ans, le premier lieu de ma vie où je me sentais vraiment chez moi. Je m’apprêtais déjà à ouvrir grands les bras et à me mettre à danser de joie lorsque le moteur d’une voiture qui s’approchait me retint au dernier moment.
Une limousine noire étincelante franchit le portail et Helena von Stein (première de classe et déléguée des élèves) en sortit d’un mouvement chaloupé en ouvrant un élégant parapluie.
Je laissai retomber mes bras.
– Emma !
Helena toisa ma valise à roulettes détrempée par la pluie et les éclaboussures de boue sur mon manteau d’été rouge, tandis que son chauffeur déchargeait ses bagages de la voiture (valises, boîte à chapeau et vanity-case).
– Eh ben, tu es arrivée ici au pas de course ?
Elle haussa un sourcil.
– Salut, Helena, lui dis-je, tout sourire.
Même Sa Majesté von Stein ne gâcherait pas ma bonne humeur aujourd’hui. En effet, j’avais dû faire une bonne partie du trajet à pied, mon père ayant encore oublié de venir me chercher à l’aéroport. Plus exactement, j’avais dû prendre un train puis deux bus entre Cologne et Bonn, puis j’avais marché pendant les trois derniers kilomètres entre le village et le château. En tout, un voyage de plus de huit heures. Mais je n’allais certainement pas le raconter à Helena.
– J’aime bien me balader, lui expliquai-je. Et tu as passé de bonnes vacances ? J’espère que tu ne t’es pas encore fait harceler par ce play-boy que tu avais rencontré à la piscine ?
Helena grimaça.
– N’importe quoi, dit-elle en désignant ses joues bronzées. Je reviens juste de l’île Maurice et c’était le rêve. Et toi ? Tu es sûrement allée voir ta mère en Angleterre, c’est ça ?
Dans sa bouche, le mot Angleterre s’apparentait à un bâillement. Comme ses parents étaient diplomates, Helena avait visité tant de pays qu’il aurait fallu rien de moins qu’une expédition sur la lune pour l’impressionner.
– Cette fois, nous avons fait le tour du pays, expliquai-je tout de même. Un voyage d’études, euh… d’histoire de l’art, si tu veux tout savoir. C’était incroyablement intéressant.
– Ah oui, hum… comme c’est passionnant. Bon.

Elle rejeta en arrière ses cheveux bruns et suivit ses bagages à l’intérieur du château avant que j’aie pu répondre quoi que ce soit. Et ça valait sans doute mieux, car honnêtement j’aurais plus volontiers traîné de nouveau ma valise du village au château que raconté à Helena le moindre détail sur le soi-disant « voyage d’études ».

Pourtant, la proposition de ma mère n’avait, au début, pas du tout eu l’air mauvaise. Que les vacances d’été coïncident cette année avec des conférences que devait donner le nouvel ami de maman avait même semblé d’abord un heureux concours de circonstances.
– Nous avons des invitations dans toute l’Angleterre, avait-elle dit, aux anges. Comme ça, tu verras un peu du pays et pas seulement Cambridge, comme toujours.
Bien que ma mère ait tendance, dès que John était dans les parages, à ne plus parler que d’une voix rauque et à passer son temps à se mettre du rouge à lèvres, je m’étais réjouie à l’avance des sept semaines avec elle et des escapades à Londres, Manchester, Brighton et Newcastle.
Mais il était bientôt apparu que John (illustre professeur de lettres de son état) faisait piètre cas de nos projets d’escapades entre filles et tenait à la place à ce que nous le suivions comme son ombre pour porter ses dossiers, lui servir de l’eau et lui tendre le crayon pour signer ses autographes. À la fin, après quarante-deux arrêts dans quarante-deux salles municipales glauques quelque part entre le Surrey et le Sussex, j’étais sûre de mourir d’ennui sur place si je devais une seule fois encore écouter le sempiternel exposé de quatre heures sur les femmes écrivains du XIX e siècle. Tu parles de vacances ! Malgré tout, j’avais décidé de sortir de ce voyage l’esprit positif, et plus forte. Bien sûr, je n’avais été harcelée ni par un play-boy sexy ni par les riches héritiers d’un domaine de Cornouailles. En revanche, mes vacances avaient été si ennuyeuses qu’on pouvait carrément les qualifier de… méditatives . Oui, c’était bien le mot. D’autres passaient sept semaines sur une planche à clous dans un ­monastère indien au fin fond des montagnes pour atteindre ­l’illumination intérieure, et c’est précisément ce que j’avais fait (tout aussi stoïquement) dans quarante-deux salles municipales britanniques.

En effet, j’avais enfin eu, entre les discours barbants de John et le gloussement essoufflé de ma mère à chacune de ses plaisanteries pourtant vaseuses, la révélation de ce que j’allais faire. Parce qu’à présent j’avais tout de même seize ans et il me semblait qu’il était temps que je prenne en main un certain nombre de choses. Des choses que j’avais même peut-être trop laissées traîner. Par exemple, souffler enfin à Sa Majesté von Stein le poste de déléguée des élèves. Ou m’atteler à ranger une bibliothèque. Et surtout, devenir à partir de maintenant plus intelligente, plus élégante et plus indépendante. Ah oui, et puis il y avait aussi cette histoire avec Frederick…

Une fois Helena disparue, je commençai tout de même par me demander si j’allais retenter la danse sous la pl

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