Miam Miam Pirlilou ! , livre ebook
38
pages
Français
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Publié par
Nombre de lectures
0
EAN13
9791093275543
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Quelqu’un a écrit : « Bien cuisiner, c’est faire voyager nos papilles... »
Et c’est exactement ce que nous disent ces trois nouvelles. A leur façon, elles illustrent le ballet des saveurs, et l’éveil d’un jeune autiste grâce à un bol de chocolat...
Alors, que vive la gourmandise !
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EAN13
9791093275543
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Français
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1 Mo
Geneviève Buono
Miam Miam Pirlilou !
Nouvelles gourmandes pour toutes les bouches
Collection Tigres d’amour
Éditions Tangerine nights
46 Domaine du vert coteau
14800 TOUQUES
ISBN : 979-10-93275-05-5
EAN : 9791093275055
ISBN NUMÉRIQUE : 979-10-93275-54-3
EAN NUMÉRIQUE : 9791093275543
MIAM MIAM PIRLILOU !
Hier, la prof de français nous demande ce qu’on a mangé dimanche. Aussitôt, toute la classe se met à piailler. Dans ces moments-là, la voix de Léa transperce toutes les autres :
– On est allés chez Mac L. J’ai pris un hamburger à la tomate. Un Super-sundae !
Aussitôt, Kevin s’en mêle :
– Moi aussi, et j’ai choisi un Margarita-and-me. Parfum Pizza. Ils sont exceptionnels.
– Et moi, un Another Day au chèvre frais. Miam miam ! Mattéo, il était à quoi, le tien ?
Le ton moqueur de Lauriane ne me plaît pas du tout. Je décide de lui clouer le bec :
– Hé bien, moi, j’ai voyagé.
– Voyagé ? Tu es allé où ? Chez ta grand-mère ?
- J’ai voyagé un peu partout. En Russie, en Grèce, à Lyon… Et même à Rome !
– Tu as fait tout ça hier ? Tu es sûr ? demande Madame Robert d’un ton inquisiteur.
– Ben oui ! Juste hier. Au déjeuner.
Les voilà tous partis à rire. La prof claque sa règle sur le bureau : « Silence, voyons ! Toi, Mattéo, il faut que tu nous racontes ça ! »
C’est intimidant, tous ces yeux braqués sur moi, enfin surtout ceux de Madame Robert, alors je prends une grande respiration pour dire :
« Commençons par le commencement. Hier, en entrée, ma mère apporte de la salade russe – un genre de légumes-mayonnaise. Jusque là, rien d’exceptionnel. Mais dès la première bouchée, je me sens tout bizarre, et d’un seul coup… Pirlilou, qu’est-ce qui m’arrive ?
Je saute par la fenêtre, je décolle, et je vole, je vole… Puis j’atterris sur une immense place, balayée par un vent glacial. Heureusement, voilà mes parents « On est à Moscou », dit ma mère, et mon père ajoute : « C’est beau, hein ? On va traverser la Place Rouge. »
Mes parents me prennent chacun par une main et se serrent contre moi pour me réchauffer. Papa m’explique tous les monuments, le Kremlin et le tombeau de Lénine, le musée d’histoire, la cathédrale… Il fait vraiment très froid, mais c’est bien quand même. À force de marcher, on finit par oublier le général hiver. Nous voici enfin devant la patinoire. Pas de chance, un panneau en russe indique « Fermée pour travaux ». Alors on rentre à la maison et on reprend notre repas.
Ma mère apporte des champignons à la grecque. Devinez la suite… Oui, vous avez compris… Pirlilou, qu’est-ce qui m’arrive ?
Nouveau voyage ! Cette fois, j’atterris sur une plage grecque. Sable d’or, mer bleue frangée d’écume blanche… Oh, mais je reconnais cet endroit : Aphrodisias. Regardez, juste au-dessus de nous : c’est là qu’on a passé nos dernières vacances, et j’ai joué avec mes cousins autour de ce temple.
Pendant que j’admire la statue de Zeus, les nuages s’amoncellent. Des éclairs zèbrent bientôt le ciel, comme si le dieu m’en voulait personnellement. Croyant lui échapper, je pique dans l’eau, tête la première ! La mer aussi se met en colère, agitant ses vagues comme des bras qui cherchent à m’attraper. Mais moi je n’ai pas peur, je la connais si bien !
« Viens, elle est bonne ! » répète mon père à ma mère, qui n’arrive pas à se décider. Je fais la course avec lui, c’est excitant de sentir la pluie picoter nos têtes. « Revenez, c’est dangereux ! » À chaque coup de tonnerre, ma mère pousse un petit cri. Papa et moi, on s’amuse bien.
À la fin, il faut bien rentrer à la maison. J’attaque le plat suivant : de la perche du Nil sauce pharaon. Pirlilou, qu’est-ce qui m’arrive ?
Admirez-moi, adorez-moi. Je descends le Nil dans ma barque effilée, et les rives défilent sous mon regard orgueilleux. Croyez-moi si vous le pouvez, je suis Pharaon de haute et de basse Égypte, comme l’indique la double couronne au sommet de ma tête rasée. Moi, Dieu Râ, que tous craignent et respectent, je suis le Maître des hommes et des terres fertiles. Sceptre à la main, je fais la moue, tandis que sous mon regard hautain se trémoussent trois petites danseuses à demi nues. Installé en tailleur devant sa tablette de terre cuite, le plus grand poète de l’Empire déclame...
