122
pages
Français
Ebooks
2021
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Publié par
Date de parution
15 novembre 2021
Nombre de lectures
15
EAN13
9782957943517
Langue
Français
L'adolescence est un cap difficile. Encore plus quand on fait une taille 44.
Prénom : Zoé
Age : 13 ans
Ce que je souhaite le plus au monde : avoir (enfin !) une meilleure amie (et la garder !)
Ce que je dois faire : être loyale et ne (surtout !) pas mentir.
Ce qui est interdit : tomber amoureuse du même garçon.
Publié par
Date de parution
15 novembre 2021
Nombre de lectures
15
EAN13
9782957943517
Langue
Français
Shirley J. OWENS
Cette œuvre est une œuvre de fiction. Les noms, les personnages et les événements sont le produit de l’imagination de l’autrice ou utilisés de façon fictive. Toute ressemblance avec des faits réels, des personnages existants ou ayant existé, serait purement fortuite.
À toutes les Zoé,
CHAPITRE 1
15 juin
Avoir une jumelle, ce n’est pas aussi cool que ça en a l’air.
Celui qui a décrété qu’on doit forcément s’aimer à la folie, échanger nos vêtements et se confier tous nos secrets n’est qu’un abruti de première. Parce que, moi, je connais la vérité et c’est complètement faux.
Prenez deux coureurs sur la ligne de départ. Bien qu’ils aient le même entraînement, la même piste, les mêmes affaires, il y aura forcément un premier et un dernier, quoi qu’on fasse et quoi qu’on en dise. C’est comme ça, point à la ligne.
Chloé a toujours été une compétitrice. Elle a ça dans le sang, comme dit maman. Alors, dès le début, à la maternité, elle a décidé de franchir la ligne d’arrivée la première avec sept minutes d’avance.
Victoire écrasante, je n’avais aucune chance.
Elle en a profité au passage pour s’approprier tout ce qu’elle pouvait : de jolies boucles blondes, une peau sans défauts, des joues rondes et colorées, et un sourire éclatant qu’elle exhibe sur toutes les photos.
Forcément, quand tu arrives sept minutes plus tard, c’est comme arriver la deuxième semaine des soldes : il ne te reste plus que tous ces affreux trucs que personne ne veut.
Bref, je suis née chauve, façon poulet déplumé.
Heureusement, mes cheveux ont poussé depuis. Bien raides. Mais je ne suis pas jalouse.
Enfin, pas vraiment.
Ou peut-être juste un petit peu.
Si l’on m’avait dit qu’à la naissance, je récolterais les miettes de Chloé, j’aurais piqué un sprint, quitte à vomir tripes et boyaux à l’arrivée. Parce que quand tu as tiré le mauvais numéro, ben pour les autres, c’est à peine si tu existes. Et c’est encore plus vrai si tu pèses deux fois plus que tes camarades de classe.
— Alors, elles sont ravissantes, non ? sourit maman en dévoilant fièrement sous mon nez toutes les robes qu’elle m’a achetées pour l’été. Tu seras très jolie là-dedans, tu verras.
Bilan : trop colorées, trop féminin, trop « pas moi ». Ce style irait mieux à Chloé, qui fait quinze centimètres de plus que moi et six tailles de moins.
Elle affiche une moue déçue.
— Elles ne te plaisent pas ? Elles sont pourtant très jolies. Un peu de couleur ne te ferait pas de mal. Regarde, il y a même un petit ruban au col, c’est adorable !
— Je dé-tes-te les robes, je bougonne.
Elle a un soupir qui en dit long sur son désespoir.
— Tu pourrais faire un effort, j’ai passé du temps à te trouver ces jolis vêtements, et franchement ce n’est pas facile avec ta t… !
Elle ne termine pas sa phrase, mais je sais parfaitement ce qu’elle voulait dire. Ma mère ne supporte pas mon tour de taille, mes fesses et tout mon gras. Elle ne l’a jamais dit ouvertement, comme si ne pas prononcer à haute voix ce qu’elle pense ferait d’elle une mère géniale.
Elle ne comprend rien. Je ne serai jamais comme elle. Ou Chloé.
Elle a un nouveau soupir.
— Tu comptes porter ces vieux trucs encore longtemps ?
Les vieux trucs font référence aux pulls et aux tee-shirts que j’ai dénichés dans une boutique d’occasion. Il y en a plein mon armoire. La semaine dernière, j’ai même réussi à acheter trois joggings pour cinq euros, une super affaire ! Maman a poussé un cri d’horreur en les découvrant. Elle a essayé de s’en débarrasser, mais je les ai récupérés en douce dans la poubelle.
Contrairement à moi, Chloé est son portrait craché : grande et mince. Je mettrais ma main à couper que personne ne s’est jamais moqué de maman, qu’elle a toujours eu un tas de copines et que tous les garçons voulaient sortir avec elle. J’ai vu des photos chez mamie Simone : maman était une bombe atomique. Et à trente-neuf ans, on peut dire qu’il n’y a pas grand-chose qui a changé. Sauf les rides.
Je ne ressemble pas non plus à papa. Mis à part pour une chose : on a tous les deux les oreilles décollées. Quand j’étais plus petite, il en rigolait en disant que c’était notre petit truc à nous. Une sorte de super lien père-fille. Mouais. J’aurais préféré avoir ses yeux en amande ou son nez.
— Mets-les au moins dans ton armoire au cas où tu changes d’avis, d’accord ? (Je ne bouge pas d’un poil.) Zoé, s’il te plaît…
Il est évident qu’elle ne compte pas sortir de ma chambre sans que j’aie accepté son cadeau. Je grommelle, mais pose les vêtements sur une étagère. La dernière, tout en bas. Maman est ravie. Elle est sur le point de tourner les talons pour me laisser enfin seule quand elle aperçoit un paquet de gâteaux vide sur mon lit. Sa bouche se déforme en une grimace que je fais mine de ne pas voir. Elle le ramasse, puis quitte la pièce en me demandant d’y mettre un peu d’ordre.
— Zoé ! rugit Chloé du couloir.
Elle sort de la salle de bains et porte un peignoir.
— Rends-le-moi !
— De quoi tu parles ?
— Ne fais pas l’innocente ! Je sais que c’est toi. Tu m’as volé mon shampoing. Où est-ce qu’il est ? Rends-le-moi !
— Je ne l’ai pas. Laisse-moi tranquille.
— Je ne te crois pas.
— Tu l’as sûrement déplacé sans t’en rendre compte.
Chloé s’est offert ce produit dans une boutique spécialisée soi-disant pour protéger ses « magnifiques boucles » et pour que « leur couleur soit plus éclatante. » Avec mes cheveux châtains aussi raides que des spaghettis, je me contente de partager un produit bon marché avec papa. Deuxième « petit truc spécial père-fille » dont je me serais bien passée.
Chloé me fixe comme si elle essayait de disséquer mon cerveau pour y dénicher mes mensonges.
— Je ne te crois pas ! Si tu ne me le rends pas tout de suite, je vais le dire à maman !
— Mais puisque je te répète que je n’ai pas ton fichu shampoing !
Elle fait volte-face et, sans me demander mon avis, fouille mes affaires. Celles par terre, sur le bureau et dans mes étagères. Ses recherches n’aboutissant à rien, elle se tourne vers moi encore plus furieuse qu’à son arrivée.
— De toute façon, tu as toujours été jalouse de moi ! Pas étonnant, quand on voit la tronche que t’as. T’es moche et t’es qu’une grosse truie.
— Parce que toi, tu te crois belle ? je contre-attaque.
Je regrette aussitôt mes mots. Chloé a un rictus méprisant.
— Oui. Clairement plus que toi.
La vérité est si évidente que je ne trouve rien à redire. Alors, j’attrape mon oreiller pour le lui jeter à la figure de toutes mes forces.
— Sors d’ici !
Je tends la main vers ma tablette afin de démarrer une nouvelle partie de Fortnite . Chloé est plus rapide, elle s’en empare et fonce dans sa chambre. Le temps que je bondisse hors de mon lit et que je lui coure après, elle a verrouillé derrière elle. Je m’acharne sur la poignée puis sur la porte.
— Ouvre tout de suite !
— Rends-moi d’abord mon shampoing ou je te jure que j’efface tout le contenu de ta tablette !
Mon estomac se tord à cette idée. J’ai presque atteint le palier cent pour obtenir le skin que je désire depuis une semaine, il n’est pas question que je recommence tout à zéro. Sans compter toutes les chansons que j’ai mises dans ma playlist ! Je maudis maman. Elle refuse que je bloque ma tablette par un mot de passe, sous prétexte qu’elle veut y avoir accès à tout moment pour vérifier mes fréquentations. Elle a pu constater à plusieurs reprises qu’il n’y avait aucune crainte à avoir de ce côté-là. Au lieu de se préoccuper des miennes, elle devrait plutôt s’intéresser à celles de ma sœur. Je cherche depuis hier un moyen de balancer Chloé qui s’est inscrite en douce sur Instagram.
— T’as pas intérêt à toucher au contenu de ma tablette !
— Oh, j’ai le doigt sur le bouton… Je l’effleure… Attends, j’y suis presque…
La panique me submerge.
— D’accord ! OK ! Je vais te le rendre.
La porte s’ouvre. Nous nous défions.
Je la déteste. C’est réciproque.
— Je savais bien que c’était toi, peste-t-elle.
— On fait un échange.
— D’abord, tu vas le chercher.
Elle prend soin de garder mon précieux objet derrière son dos. Je retourne dans ma chambre et récupère sa bouteille dans mon armoire, entre deux boîtes de puzzles.
— Mon shampoing, me crache-t-elle.
— Ma tablette, je rappelle en refusant de lâcher son trésor.
— Secoue-le, je veux être sûre qu’il est plein.
Je m’exécute.
— À trois, énonce-t-elle.
Un… Deux…
Je reprends mon bien et elle le sien. Puis elle fonce dans la salle de bains.
Dans ma chambre, je lance une nouvelle partie. J’entends l’eau couler. Chloé chante. Une vraie casserole. Je fredonne gaiement le même air. J’ai réussi à éliminer une dizaine d’adversaires quand elle pousse enfin un hurlement à faire trembler les murs.
Je souris de toutes mes dents.
CHAPITRE 2
— Assieds-toi et je ne veux rien entendre.
Maman est furax. Elle tire une chaise. Je m’assois sans broncher à la table de la cuisine en résistant à l’envie d’éclater de rire.
Les cheveux de Chloé sont verts. Aussi verts que la pelouse d’un terrain de football. Elle est affreuse. J’adore.
— Je suppose que tu trouves ça drôle ? grommelle maman, penchée vers moi, les deux mains sur la table.
Je relève discrètement les yeux vers Chloé, qui montre les dents. Je me mords les lèvres, mais trop tard. Un fou rire me secoue.
J’avais eu cette idée en voyant maman ajouter l’un de ses colorants dans la préparation d’un gâteau. Il y avait une chance sur deux pour que ça marche. Et ça a marché. Et pas qu’un peu ! Absolument toute la chevelure de Chloé est verte. De la racine jusqu’aux pointes.
— Maman, regarde-moi, je suis… je suis… horrible !
Cette fois, je ris sans me cacher. Moi, je dirais monstrueuse.
— Zoé, tais-toi ! Quant à toi, Chloé, calme-toi, ma chérie, on va trouver une solution.
— Je refuse d’aller à l’école avec cette tête-là ! C’est trop la honte ! Elle me déteste ! crie-t-elle en me pointant du doigt, comme si elle