158
pages
Français
Ebooks
2020
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Publié par
Date de parution
04 mars 2020
Nombre de lectures
4
EAN13
9782764439906
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Publié par
Date de parution
04 mars 2020
EAN13
9782764439906
Langue
Français
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Projet dirigé par Stéphanie Durand, éditrice
Conception graphique : Nicolas Ménard
Mise en pages : Marylène Plante-Germain
Révision linguistique : Julie Therrien
En couverture : Montage réalisé à partir des œuvres de littlemela / vectorstock.com, de YuriyC / vectorstock.com et de nikolam / vectorstock.com
Illustrations : Karine Glorieux
Conversion en ePub : Fedoua El Koudri
Québec Amérique
7240, rue Saint-Hubert
Montréal (Québec) Canada H2R 2N1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. We acknowledge the support of the Canada Council for the Arts.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Titre : Mutants / Karine Glorieux.
Noms : Glorieux, Karine, auteur. | Glorieux, Karine, Amitiés sauvages.
Collections : Titan jeunesse.
Description : Mention de collection : Titan | L’ouvrage complet comprendra 3 volumes. | Sommaire incomplet : tome 1. Les amitiés sauvages.
Identifiants : Canadiana 20190033517 | ISBN 9782764439883 (vol. 1)
Classification : LCC PS8613.L67 M88 2020 | CDD jC843/.6—dc23
ISBN 978-2-7644-3989-0 (PDF)
ISBN 978-2-7644-3990-6 (ePub)
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2020
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2020
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés
© Éditions Québec Amérique inc., 2020.
quebec-amerique.com
Pour Élias, qui a vu naître cette histoire, petit à petit, jour après jour. Ce roman, il est à toi.
1
Avez-vous déjà remarqué que les livres qu’on nous fait lire quand on est petits racontent presque tous la MÊME histoire ? Une personne
a) ne se fait pas accepter parce qu’elle est bizarre,
b) traverse des épreuves qui montrent à l’ensemble de l’univers qu’elle n’est finalement pas si bizarre que ça et
c) obtient la reconnaissance de tout le monde à la fin quand on découvre ENFIN qu’elle est extraordinaire, intelligente et courageuse.
Oh, et des fois, on ajoute
d) un petit personnage cute qui aide à faire ressortir tout le potentiel du héros – un poisson bleu amnésique, un criquet avec un chapeau haut-de-forme ou n’importe quelle autre bestiole hyperactive.
Mon histoire à moi, ce n’est pas tout à fait ça.
J’ai toujours été une fille ordinaire menant une vie pas mal ordinaire dans une ville… assez ordinaire aussi. Rien d’étonnant, vu le contexte, que j’aie passé à peu près tous les jours de ma vie à rêver de devenir quelqu’un d’autre. Rêver, faire semblant, c’est facile. Tu as juste à mettre des vêtements deux ans trop petits pour qu’ils soient bien moulants, à t’accrocher une serviette de plage dans le dos pour faire une cape, à te peigner les cheveux différemment pour ressembler à autre chose qu’à ton toi habituel et – tadam ! Une super héroïne est née. Ensuite, tu vas voir tes frères, tes sœurs, tes parents ou même un inconnu, si tu es vraiment motivée. Et tu hurles :
— Je suis Super ________ (place ton nom ici ou fais un X si tu préfères garder l’anonymat). Attention les méchants, je vais vous détruire !
Dans mes histoires, mes frères jouent toujours le rôle de méchants. C’est sûr, ils sont jumeaux. Des méchants jumeaux, c’est comme si ça valait le double de points. Tu te débarrasses d’eux, tu es une pro. Tu réussis à les anéantir, tu es vraiment la Queen of the World . Le défi, c’est de faire durer l’illusion. Et ça, je n’y suis jamais parvenue : ma cape de super héroïne, quand tu la regardes de près, c’est juste une serviette.
Pourtant, je ne peux pas me plaindre. Je veux dire… Je suis une fille de taille standard, de poids standard, plutôt bonne à l’école, relativement populaire (présidente de ma classe – mais bon, j’étais la seule à me présenter). J’ai un genre de « prétendant », pour reprendre l’expression de ma mère, qui n’a jamais été mon chum officiel – même si Mia, ma meilleure amie, est convaincue qu’on va un jour se marier parce qu’on est teeeeeellement faits l’un pour l’autre. J’ai treize ans, je suis en secondaire deux. Mes parents sont séparés, mes frères sont débiles, je n’aime pas la salade. Bref, la normalité totale, version 21 e siècle. Beaucoup plus facile à gérer au quotidien qu’un troisième œil dans le front ou le don d’invisibilité.
Mais pas très excitant non plus.
Sauf que l’autre jour, alors que j’avais déjà depuis longtemps abandonné tout espoir de devenir autre chose qu’une fille ordinaire qui mène une vie ordinaire dans une ville ordinaire, quelque chose d’étrange est arrivé.
C’était au mois de septembre. J’étais assise dans le salon, j’avais fini mes devoirs. Mes frères étaient partis à leur cours de taekwondo, affectueusement surnommé le cours de Comment-apprendre-à-taper-ton-frère-avec-art-grâce-à-la-sagesse-asiatique. Ma mère devait les regarder du haut des gradins en se disant que c’était important qu’ils apprennent à se défendre parce que le monde est violent. Mais elle devait aussi croiser les doigts pour qu’ils ne sortent pas du cours en saignant de partout parce qu’elle avait oublié de passer acheter des Band-aids – on manque toujours de pansements, chez nous. Et mon père ? Mon père était quelque part ailleurs, là où vont les pères quand ce n’est pas leur jour de garde, c’est-à-dire nulle part, si vous pensez comme mes frères, ou avec sa nouvelle blonde, si vous connaissez la vie. J’étais donc toute seule dans la maison – chose rarissime. Et j’avais réussi à faire mon devoir de maths sans avoir à demander l’aide de qui que ce soit – chose encore plus rare.
Assise confortablement dans le grand fauteuil en L où mes frères passent leur temps à se battre pour avoir le coin, je profitais du privilège d’occuper et le coin et la longue section. Personne ne pouvait trouver quoi que ce soit à redire sur le fait que j’allongeais les jambes et prenais au moins la place de deux personnes. Par la fenêtre, quelques rayons de soleil entraient et venaient réchauffer le bout de mes orteils.
J’étais vraiment bien.
Et là, quelque chose s’est mis à légèrement dérailler.
Un tout petit changement de track .
Je m’étais à moitié assoupie, un demi-sommeil super confortable. Et alors que j’allais m’endormir complètement, j’ai entendu un drôle de bruit. Un bruit constant, comme un petit moteur. Normalement, j’aurais regardé autour de moi pour savoir d’où ça provenait, je me serais demandé s’il n’y avait pas encore un innocent dehors qui cherchait à faire augmenter sa production de CO 2 en laissant son moteur de voiture tourner pour rien. Mais je n’ai rien fait de ça. Parce que ce qui était étrange, c’est que j’avais l’impression que ce moteur, il tournait en moi – dans ma gorge, on aurait dit. Je le sentais chaque fois que j’inspirais et que j’expirais. Il y avait quelque chose d’à la fois rassurant et confortable dans ce petit bruit-là. Un peu comme une claque dans le dos quand ton coach de gym te dit « bravo championne ! » ou un extra crème fouettée gratuit sur ton chocolat chaud, juste parce que le gars de la cafétéria est de bonne humeur.
Mais dès que je me suis levée, ça s’est arrêté. Et quelques secondes plus tard, mes frères et ma mère sont entrés : un gros tourbillon d’énergie. J’ai perdu mon moment de bonheur, mon calme, ma place à moi toute seule sur le fauteuil. Et le bruit n’est pas revenu. Pourtant, je sentais encore une chaleur réconfortante dans ma gorge, dans mon corps, comme un bonheur perdu.
Drôle de rêve, ai-je pensé, avant de jeter de toutes mes forces un coussin sur mon frère, qui essayait de récupérer le coin du fauteuil.
— Dégage, microbe !
La sensation est restée là pendant toute la soirée. Quelque chose semblait différent dans mon corps. Mais j’étais incapable de dire quoi. Quand j’ai essayé d’en parler plus tard avec ma mère et Mia, elles m’ont toutes les deux sorti des histoires sur la puberté.
— Ben quoi, Lou ! C’est sûr que c’est tes règles. Moi aussi, je me sentais vraiment weird la première fois, a dit Mia.
— Oh, ma Loulou ! Tu es en train de devenir une jeune femme, c’est merveilleux, a dit ma mère, tout attendrie.
— Mais j’ai pas mes…, ai-je essayé de répliquer, avant de me dire qu’il valait aussi bien me taire, étant donné que je n’avais aucune expérience dans le domaine.
Pourtant, je savais que ça n’avait rien à voir avec la puberté, les hormones et toutes ces histoires. C’était autre chose. Je le sentais .
Après, il ne s’est rien passé d’anormal pendant un bon bout de temps. La routine suivait son cours. Trois jours chez papa, quatre jours chez maman, quatre jours chez papa, trois jours chez maman. Pas étonnant que je n’aime pas les maths, avec une vie comme ça, à additionner, à soustraire, à ne plus savoir combien on a de pyjamas d’un bord, combien de t-shirts de l’autre.
À l’école, Mia comptait déjà les jours qui nous séparaient des vacances de Noël, même si l’année scolaire venait à peine de commencer. Alexis, mon chum avec des guillemets, continuait à tourner autour de moi, à me faire des blagues, à dessiner des smileys sur mon bras pendant les récrés. Trois jours chez papa, quatre jours chez maman, les jumeaux qui oublient l