10
pages
Français
Ebooks
2013
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2013
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Publié par
Date de parution
14 juin 2013
Nombre de lectures
173
EAN13
9782365900829
Langue
Français
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Date de parution
14 juin 2013
Nombre de lectures
173
EAN13
9782365900829
Langue
Français
Le médicament
L A NUIT DE DIMANCHE , j’ai été très malade, et lundi matin, maman a téléphoné à l’école pour prévenir que je n’irais pas.
Mais moi je n’étais pas content, parce que maman a téléphoné aussi au docteur pour lui dire qu’on irait le voir. Moi je n’aime pas aller chez le docteur. C’est vrai, ils vous disent qu’ils ne vont pas vous faire mal, et puis, bing ! ils vous vaccinent.
– Mais ne pleure pas, gros bêta, m’a dit maman. Il ne va pas te faire mal, le docteur !
J’étais encore en train de pleurer quand nous sommes arrivés chez le docteur et que nous attendions dans le salon. Et puis, une dame habillée en blanc nous a dit que c’était à nous d’entrer ; moi je ne voulais pas y aller, mais maman m’a tiré par le bras.
– C’est Nicolas qui fait tout ce tapage ? a demandé le docteur qui se lavait les mains en rigolant. Non, mais ça ne va pas, bonhomme ? Tu veux chasser tous mes clients ? Allons, ne sois pas bête, je ne vais pas te faire de mal.
Maman lui a expliqué ce que j’avais, et puis le docteur a dit :
– Bon, nous allons voir ça. Déshabille-toi, Nicolas.
Je me suis déshabillé, et puis le docteur m’a pris dans ses bras pour me coucher sur un canapé couvert d’un drap blanc.
– Mais enfin, a dit le docteur, en voilà une façon de trembler ! Tu es un homme pourtant, Nicolas ! Et tu me connais ; tu sais bien que je ne te mangerai pas. Du calme !
Le docteur a mis une serviette sur moi, il a écouté, il m’a fait tirer la langue, il a appuyé ses mains un peu partout, et puis il m’a pris le bout du nez entre ses doigts.
– Allons ! Ce n’est pas bien grave ! Nous allons nous arranger pour que tu n’aies plus bobo. Et à propos : je t’ai fait vraiment très mal ? Tu as beaucoup souffert ?
– Non, j’ai dit, et j’ai rigolé.
C’est vrai qu’il est chouette le docteur. Alors, le docteur m’a dit de me rhabiller, et puis il est allé s’asseoir derrière son bureau, et il a parlé à maman tout en écrivant des choses sur un papier.
– Ce n’est rien du tout, a dit le docteur. Faites-lui prendre ce médicament ; cinq gouttes dans un verre d’eau, avant chaque repas, y compris le matin. Et revenez me voir dans trois ou quatre jours.
Et puis, le docteur m’a regardé, il a rigolé, et il m’a dit :
– Mais ne fais pas cette tête-là, Nicolas ! Je ne vais pas t’empoisonner, tu sais ! Il est très bon, ce médicament, il n’a aucun goût. Je le recommande uniquement aux amis.
Et le docteur m’a donné une petite claque pour rigoler, il a rigolé, mais moi je n’ai pas rigolé parce que je n’aime pas les médicaments ; c’est drôlement mauvais et quand on ne veut pas les prendre, ça fait des histoires à la maison.
– Il vous en faut de la patience, docteur ! a dit maman.
– Oh, vous savez, on s’y fait, a dit le docteur en nous raccompagnant à la porte, au bout de quelques années de pratique, on finit par connaître à fond ces petits bonshommes… Veux-tu cesser de pleurer, phénomène, ou je te fais une piqûre !
Quand nous sommes sortis de chez le docteur, j’ai dit à maman que je ne prendrais pas le médicament, que je préférais être malade.
– Écoute, Nicolas, tu vas être raisonnable, m’a dit maman. Nous allons acheter le médicament et tu vas le prendre comme un grand garçon courageux que tu es. Parce que tu es courageux, n’est-ce pas ?
– Ben oui, j’ai dit.
– Mais bien sûr, a dit maman. Alors, tu vas te conduire comme un homme. Et papa sera fier quand il verra son Nicolas prendre son médicament sans faire d’histoires. Je me demande même s’il ne t’emmènera pas au cinéma, dimanche prochain.
Nous sommes allés à la pharmacie, et maman a acheté le médicament, une chouette petite bouteille dans une jolie boîte bleue, avec, devinez quoi ? Un compte-gouttes !
Nous sommes arrivés à la maison avant papa, qui revenait pour déjeuner.
– Alors ? a demandé papa.
– Ce n’est rien, je t’expliquerai, lui a dit maman. Et tu sais quoi ? Le docteur m’a fait acheter un médicament pour Nicolas, rien que pour lui. Comme pour une grande personne.
– Un médicament ? a dit papa en me regardant et en se frottant le menton. Bon, bon, bon.
Et papa est allé enlever son pardessus.