LA Puanteur des morts , livre ebook

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Printemps 1861. La Nouvelle-Orléans est survoltée. Tandis que la guerre de Sécession se profile, une jeune esclave noire est retrouvée assassinée, des symboles vaudou gravés dans la chair. Le Cap’taine Hube tient à résoudre l’affaire, mais le mystère s’épaissit à mesure que les cadavres s’accumulent. Lorsque son supérieur le détourne de son enquête, il comprend qu’il est désormais seul face à une machine devenue beaucoup plus forte que lui. L’aide d’un joueur de cartes professionnel, de collègues corrompus, d’une bande de pirates et d’un groupe de contrebandiers s’avère essentielle. Et comme si les choses n’étaient pas déjà si compliquées, voilà qu’il tombe amoureux d’une sorcière vaudou à laquelle il ne devrait peut-être pas accorder toute sa confiance.
Je me souviens parfaitement de mon premier cri de Négresse. C’était le vagissement du nouveau-né, clameur célébrant la victoire sur la chair libérée et exprimant la douleur d’émerger moins libre qu’avant. Quand j’ai jailli du ventre de ma mère, j’ai hurlé qu’on ne m’y reprendrait plus.
D’aucuns diront que la boîte à souvenirs d’un bébé naissant ne s’est pas encore mise en train, que je ne peux prétendre me rappeler ma venue au monde. Mais je suis différente des autres Négresses qui ont abreuvé cette terre de sueur et d’eaux placentaires. Je suis d’un lieu parallèle d’où les loas du vaudou m’ont tirée afin d’imprimer leur signature dans l’univers des esclaves et de leurs maîtres blancs.
Quand j’ai accédé au monde des vivants, il n’y avait pas de mains de sage-femme pour recueillir ma tête. J’ai surgi dans la litière d’un champ de coton en pleine saison des récoltes, le corps trempé des liquides maternels et de sucs végétaux ; des flocons pelucheux et des charpies de plantes collaient à ma peau. (…) Un esclave surgi de la travée voisine coupa net le cordon avec une serpette, le jetant aux chiens qui s’en régalèrent.
Je ne prétends pas avoir été présente à tous les événements que je vais vous narrer (…) mais toujours je me suis assurée de leur authenticité afin de ne vous transmettre que la vérité.
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Publié par

Date de parution

15 février 2017

Nombre de lectures

2

EAN13

9782764433836

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

DU MÊME AUTEUR CHEZ QUÉBEC AMÉRIQUE
Nouvelle-Orléans , coll. Magellan, 2016.
• FINALISTE AUX PRIX LITTÉRAIRES DU GOUVERNEUR GÉNÉRAL 2016.
• FINALISTE AU PRIX JEUNESSE DES LIBRAIRES 2017.
• SÉLECTION COMMUNICATION-JEUNESSE, 2016-2017, 12-17 ANS.
SÉRIE LES ATYPIQUES
Les Atypiques 3 – Le Sortilège de la sorcière , coll. Gulliver, 2016.
Les Atypiques 2 – Le Masque de l’avant-centre , coll. Gulliver, 2016.
Les Atypiques 1 – Ce jour-là, à 7h22 , coll. Gulliver, 2015.
Les Forces du désordre , coll. Magellan, 2015.
• 1 RE POSITION PALMARÈS COMMUNICATION-JEUNESSE, 2015-2016, 12-17 ANS.
• FINALISTE AUX PRIX LITTÉRAIRES DU GOUVERNEUR GÉNÉRAL 2015.
• FINALISTE AU PRIX JEUNESSE DES LIBRAIRES 2015, VOLET QUÉBEC, CATÉGORIE 12-17 ANS.
• FINALISTE AU PRIX DE CRÉATION LITTÉRAIRE DE LA VILLE DE QUÉBEC 2016.
Les Chiens entre eux , coll. Titan+, 2014.
Le Rôle des cochons , coll. Magellan, 2014.


Projet dirigé par Stéphanie Durand, éditrice

Conception graphique : Nathalie Caron
Révision linguistique : Line Nadeau et Flore Boucher
En couverture : © chainat / Adobe Stock
Conversion en ePub : Marylène Plante-Germain

Québec Amérique
7240, rue Saint-Hubert
Montréal (Québec) Canada H2R 2N1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L’an dernier, le Conseil a investi 157 millions de dollars pour mettre de l’art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.



Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Bouchard, Camille
La puanteur des morts
(Magellan)
Pour les jeunes.
ISBN 978-2-7644-3381-2 (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-3382-9 (PDF)
ISBN 978-2-7644-3383-6 (ePub)
I. Titre.
PS8553.O756P82 2017 jC843’.54 C2016-942114-7 PS9553.O756P82 2017

Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2017
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2017

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

© Éditions Québec Amérique inc., 2017.
quebec-amerique.com




À Nancy. Encore et toujours. Et à jamais.


« Un grand désastre désigne toujours un grand coupable. »
Napoléon Bonaparte


NOTES DE L’AUTEUR
Corrompue par le laxisme des autorités et les mœurs particulièrement libres de sa faune nocturne en matière de jeux, d’alcool, de violence et de sexe, au XIX e siècle, La Nouvelle-Orléans était une ville ingouvernable, un repaire de brigands, de pirates, d’assassins et de prostituées. Il ne faisait pas bon traîner la nuit dans les nombreux quartiers où pullulaient bordels, casinos, saloons, bars dansants et autres lieux voués aux plaisirs coupables.
Il existait aussi une société honorable composée principalement de créoles – c’est-à-dire de gens nés dans la colonie –, dans laquelle on trouvait de riches Blancs qui levaient le nez sur les octavons 1 , lesquels snobaient les quarterons 2 , eux-mêmes dédaignant les mulâtres, alors que ces derniers traitaient de haut les Noirs libres qui, eux, se sentaient supérieurs aux Noirs esclaves. À cette chaudronnée déjà complexe s’ajoutaient les anciennes familles hispanophones du temps où la colonie était une possession espagnole ; les gens qui venaient de l’est des États-Unis et qu’on appelait les « Américains », nouveaux maîtres depuis que Napoléon Bonaparte avait vendu le territoire ; les natifs des États au nord du Mississippi, qu’on surnommait les « kaintocks 3 » ; et les immigrants de toutes provenances et de toutes langues – même si le français était encore la langue la plus répandue.
La Nouvelle-Orléans était raciste, violente, riche, populeuse, multiethnique et, paradoxalement, religieuse, tolérante, ouverte et, par-dessus tout, attirante pour les aventuriers.
À la fin de l’année 1860, la Constitution des États-Unis d’Amérique n’a pas encore un siècle d’existence, mais les tensions sont déjà fortes entre les États. Les politiques abolitionnistes (antiesclavagistes) du Nord génèrent du mécontentement au Sud où l’économie des grandes plantations de canne à sucre et de coton repose sur une main-d’œuvre servile et bon marché. C’est toute la fortune des riches planteurs qui est en jeu.
Mécontents de l’élection d’Abraham Lincoln à Washington, plusieurs États du Sud, dont la Louisiane, commencent à faire sécession – c’est-à-dire qu’ils se séparent de la République. Non reconnus par la communauté internationale, les nouveaux pays libres envisagent de se regrouper en une alliance appelée les États confédérés d’Amérique (Confédération) – en opposition aux États-Unis d’Amérique (Union).
Washington déclare illégales les indépendances et la confédération. Les amorces à la terrible guerre de Sécession sont en place.
Que ce soit dans la bouche de mes personnages ou dans la narration, le terme « Nègre » n’a pas la connotation péjorative qu’on lui connaît aujourd’hui. Il doit être considéré selon la littérature des chroniqueurs des siècles passés qui, eux-mêmes, en faisaient usage selon son étymologie latine negro , qui signifie simplement « noir » et, par extension, « personne à la peau noire ». C’est donc dans cet esprit que j’ai délibérément choisi d’utiliser « Nègre », « Négresse », « Négrillonne » et « Négrillon », avec tout le respect dû aux personnes concernées.
En 2015, il y avait exactement 150 ans que la guerre de Sécession prenait fin.
Sécession de la Louisiane :
Nous, les habitants de l’État de la Louisiane, en convention assemblés, déclarons et ordonnons […] que l’État de la Louisiane, par les présentes, reprend tous les droits et pouvoirs jusqu’ici délégués au Gouvernement des États-Unis d’Amérique ; que ses citoyens sont dispensés de toute allégeance audit gouvernement ; et qu’elle est en pleine possession et exercice de tous les droits de souveraineté qui appartiennent à un État libre et indépendant.
Adopté en convention à Baton Rouge, le 26 janvier 1861 .


1 . Né d’un parent blanc et d’un parent quarteron.
2 . Né d’un parent blanc et d’un parent mulâtre.
3 . Mot sans doute dérivé de « Kentucky ». Il désignait à l’origine les bateliers qui faisaient du commerce par navette entre La Nouvelle-Orléans et les États du Nord. Ces hommes avaient la réputation d’être des durs à cuire et des fauteurs de troubles dans les bars mal famés, notamment au voisinage du port.


CHAPITRE 1
MON PREMIER CRI DE NÉGRESSE
Je me souviens parfaitement de mon premier cri de Négresse. C’était le vagissement du nouveau-né, clameur célébrant la victoire sur la chair libérée et exprimant la douleur d’émerger moins libre qu’avant. Quand j’ai jailli du ventre de ma mère, j’ai hurlé qu’on ne m’y reprendrait plus.
D’aucuns diront que la boîte à souvenirs d’un bébé naissant ne s’est pas encore mise en train, que je ne peux prétendre me rappeler ma venue au monde. Mais je suis différente des autres Négresses qui ont abreuvé cette terre de sueur et d’eaux placentaires. Je suis d’un lieu parallèle d’où les loas du vaudou m’ont tirée afin d’imprimer leur signature dans l’univers des esclaves et de leurs maîtres blancs.
Quand j’ai accédé au monde des vivants, il n’y avait pas de mains de sage-femme pour recueillir ma tête. J’ai surgi dans la litière d’un champ de coton en pleine saison des récoltes, le corps trempé des liquides maternels et de sucs végétaux ; des flocons pelucheux et des charpies de plantes collaien

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