La force de Bélen , livre ebook

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2022

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Bélen avant : une jeune fille joyeuse, expressive, curieuse et sympathique, un regard pétillant et un magnifique sourire. Après un déménagement suivi de profonds changements familiaux, elle devra affronter des situations sombres et sinistres qu’elle n’aurait jamais imaginées vivre, et qui bouleverseront sa vie.


Bélen maintenant ne sourit plus, elle est l’ombre d’elle-même et la jeune fille d’avant n’existe plus, comme si cette nouvelle vie avait transformé toute sa personnalité. Quelle est la cause de changement ? Pourra-t-elle redevenir celle qu’elle était ? Une partie de son avenir dépendra de la décision que tu prendras pour l’accompagner.

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Date de parution

04 novembre 2022

Nombre de lectures

3

EAN13

9782490586271

Langue

Français

LA FORCE DE BÉLÉN
©2014 Cecilia Curbelo
© 2014 Penguin Random house
Editorial Sudamericana Uruguaya S.A.
 
 
Pour l’édition française
©Des Nouvelles d’Ailleurs
https://des-nouvelles-dailleurs.fr
ISBN 978-2-490586-26-4
 
Dépôt Légal Novembre 2022
Tous les éléments de ce roman sont protégés par Copyright. La reproduction totale ou partielle est interdite sans autorisation du propriétaire du copyright sous peine de poursuites.
Loi n°49.956 du 6 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse : mai 2021
 
LA FORCE DE BÉLÉN
 
De Cecilia Curbelo
Titre original : La otra vida de Belén
Traduit de l’espagnol (Uruguay)
Par Linda Tréjaut-Dejean
Illustrations : Tobyja
 
 
 
 
Série DÉCISIONS
Tome 4
 
Dans la même collection
Tome 1 La décision de Camille
Tome 2 Les deux vies de Sophia
Tome 3 Les petits secrets de Micaela
Tome 5 La quête de Lucia
 
 
 
 

 
 
 
À Vicky et Fleur, qui nous accompagnent au-delà de nos espérances.
À toute l’équipe du PRH d’Uruguay.
 
PRH : Personnalité et Relations Humaines. École internationale de formation des jeunes et des adultes
 
 
 
 

 
CELLE QUE JE NE SUIS PAS
 
 
On aurait pu me prévenir quand même, avant que je vive ce cauchemar, que je souffre autant, que la vie n’était pas facile…
Ma mère par exemple, non ? Ou peut-être qu’elle m’avait prévenue, mais que je n’ai pas voulu comprendre, ou entendre… Ou mon père si j’en avais eu un…
C’est sûr que j’en ai un, personne ne vient au monde sans l’intervention d’un père biologique. Mais moi, je ne sais pas qui est le mien. Et je me rends compte que lui non plus ne sait rien de moi. Parfois, je me demande s’il serait curieux de me rencontrer et de me connaître, s’il se pose la question de savoir si quelque part sur cette terre, il a une fille…
Cacho aurait pu me dire lui aussi que la vraie vie n’avait rien à voir avec ce que j’avais vécu au village dans mon enfance, près de ma petite rivière, à pêcher des poissons avec mon épuisette verte, pendant que maman buvait du maté au bord de l’eau. Je me rappelle ces doux instants, c’est comme un film en noir et blanc qui défile… mais maintenant, il commence à prendre une couleur sépia et il s’accompagne d’une triste mélodie. Peut-être parce que c’était il y a longtemps, ou encore parce que c’est loin sur la carte… ou encore parce que rien ne sera plus jamais pareil même si nous retournons en Uruguay. Rien ne sera jamais plus pareil depuis le désastre, car nous avons donné un grand coup d’épée dans mon existence jusqu’alors tranquille.
Je ne sais pas si je regrette mon ancienne vie. Vraiment. Je ne sais plus rien. Je ne comprends pas le monde, je ne comprends pas les gens, je ne comprends pas la méchan-ceté, et aujourd’hui, je ressens un profond désespoir, un nœud en permanence dans ma poitrine. Et je retiens mes larmes, parce que je ne veux pas que ma mère les voie, je ne veux pas lui faire de peine dans son état, parce qu’elle est tout ce qu’il me reste sur cette terre.
Je passe mes doigts dans mes cheveux : ils sont lisses, noirs et courts, alors qu’avant je les avais longs jusqu’à la taille. Je ressens de la rage, une tristesse infinie en regar-dant par la fenêtre de cet appartement qui est maintenant « ma maison », mais que je ne parviens pas à considérer comme mon foyer. Je m’allonge en appuyant mon dos contre la mur et je tremble. De froid ? De peur ? D’angoisse ? Je prends mon pull, celui qui a le logo de El Cuarteto de Nos . Depuis que j’habite ici, je suis devenue plus uruguayenne que jamais, et j’écoute du rock uru-guayen, il me fascine maintenant, alors qu’avant je n’aimais pas ça du tout ! Je roule mon pull par-dessus mon nombril et couvre mes hanches larges, bien serrées dans un jean que j’ai du mal à fermer. Je croise mes bras sur ma poitrine, bien serrée elle aussi dans un soutien-gorge XL, et c’est en faisant ces gestes que tout s’échappe de mes vêtements d’intérieur qui essaient de contenir toutes mes formes.
Je sais, je suis le prototype de la nana « idéale ».
Eh non, je ne suis pas filiforme, j’ai du ventre, de gros seins, et des hanches larges, ce qui faisait chuchoter les princesses , les fameuses amies de ma cousine Micaela. Sa grand-mère Clopén, avait eu le mérite d’être très directe, quand elle avait dit en me voyant : « cette fille est bien développée ».
Mais ça ne m’a jamais traumatisée, et encore moins depuis la mauvaise aventure de Micaela. Sauf qu’avant aujourd’hui, où je vis des situations absolument affreuses dans ce pays, je n’avais jamais pris conscience que mon aspect physique n’était pas en adéquation avec ce qu’on attendait d’une fille populaire ou à succès.
En plus, ma couleur de peau ne s’inscrit pas non plus dans les stéréotypes : je ne suis ni blanche ni noire. Je suis ce qu’on appelle communément « café au lait », avec un petit peu plus de café que de lait.
Mais malgré tout, même si j’avais vu des émissions à la télé qui montraient des adolescentes parfaites, je me trouvais jolie, et surtout, j’étais en accord avec moi-même, et ma longue chevelure était mon véritable trésor.
Une fois de plus, je passe ma main dans mes cheveux. Ils sont tellement courts ! Je me sens… je me sens moche et malheureuse. Mes yeux commencent à se remplir de larmes, et c’est alors que je l’entends.
– Tu es triste, me dit maman. Je me retourne et je la vois debout derrière moi, appuyée contre le montant de la porte de ma chambre.
– Maman, mais que fais-tu debout ! On t’a dit que tu pouvais sortir de ton lit seulement pour aller aux toilettes !
Ma mère ignore mon reproche et insiste :
– C’est à cause des changements ?
Je dois lui mentir, je ne veux pas mettre sa vie en danger.
– Non, non, pas du tout. C’est certainement à cause de l’adolescence comme vous dites, ça va passer.
Elle secoue la tête et me regarde avec des yeux pleins de tendresse.
– Ton rire me manque tellement !
Je tourne mon visage vers la fenêtre pour qu’elle ne voit pas que je commence à pleurer. Moi qui était si joyeuse avant, la gaîté personnifiée, maintenant, je ne sais que pleurer et me plaindre.
Que diraient ceux qui me connaissent depuis ma naissance s’ils me voyaient maintenant ? Que suis-je deve-nue ? Où est donc passé Bélén, celle qui passait son temps à parler, à rire, et avait un avis sur tout ? Combien de temps encore vais-je vivre avec pour seule envie celle de me jeter dans mon lit pour ne plus en sortir ? Ai-je une chance de redevenir un jour celle que j’étais ? La petite fille qu’a connue Cacho ? La fille que ma mère con-naissait ?
Quelle naïve ai-je été lorsque Gustave est arrivé dans nos vies, que lui et ma mère sont tombés amoureux, ce qui a changé à jamais nos vies ! Quelle idiote d’avoir cru que changer d’air était ce dont nous avions besoin, et que tout serait génial ! Dire que ma tante Laura me trouvait intelligente, alors qu’à aucun moment je n’ai pensé que les choses pouvaient mal tourner, que parfois les chan-gements impliquent des conséquences, et celles-ci pourraient être désastreuses. Je n’ai vu que ce que je vou-lais voir. Nous n’avons pensé qu’au positif, nous avons rêvé au plus profond de nous à une vie meilleure dans un autre endroit.
Mais bon, ce n’est la faute de personne. Qui aurait pu imaginer que j’allais vivre une telle expérience ?
Je tousse pour cacher ma voix tremblante à cause des pleurs, et je lui réponds en croisant les doigts à cause de mon mensonge :
– Ça ira mieux bientôt je te le promets. Maintenant retourne t’allonger maman. Tu veux un jus de fruit ? Tu dois boire beaucoup, tu le sais.
– Je t’aime ma Clochette d’amour.
Ce surnom me fait sourire. Elle est la seule à m’appeler comme ça. Elle le fait quand elle est très attendrie. Elle dit que lorsqu’on me demandait comment je m’appelais quand j’étais petite et que je commençais à parler, je répondais toujours « Beeln ». Alors un jour un monsieur qui vendait des DVD m’a entendue et lui a dit : « elle fait comme une clochette », en lui tendant le film de Disney, avec l’espoir que ma mère l’achète, même si nous n’avions pas de lecteur de DVD. C’est depuis ce jour que ma mère m’a appelé Clochette, surtout quand je faisais une petite grimace comme froncer le nez, pincer les lèvres pour faire un bisou, où bouger mes bras comme s’ils étaient des ailes.
– Ma petite Clochette tu es unique, me disait-elle en me prenant dans ses bras et en me couvrant de bisous. Moi je riais aux éclats, fascinée de sentir cette douce odeur spéciale de ma maman, qui me rassurait tellement.
Je reviens au moment présent et lui réponds :
– Moi aussi maman.
Elle sourit, résignée, et retourne là où elle doit rester depuis plusieurs mois sur ordre médical : son lit. Elle est faible, enflée et fatiguée. Elle n’a plus rien à voir avec Célina, cette femme active pleine d’énergie qu’elle avait été auparavant, de ma naissance jusqu’à il y a quelques mois.
Si elle savait ce qui m’est arrivé aujourd’hui, elle comprendrait que j’ai perdu mon sourire à cause des atrocités que j’ai subies ces derniers temps dans un endroit qui n’est pas le mien, avec ces gens qui ne con-naissent qu’une partie de mon histoire… et qui ont changé radicalement le cours de ma vie, de mon cœur, en annihilant à tout jamais l’innocence que j’avais de croire « qu’il y a du bon dans chaque être humain ». Je secoue la tête, sans m’en rendre compte.
Il faut que je porte un jus de fruit à maman. Cette cuisine-là est plus grande que celle nous avions avant, et tout est super bien rangé. Gustave est très ordonné, à l’inverse de Cacho. La brique de jus de fruit est sur le plan de travail. Je remplis un grand verre, j’ajoute deux glaçons et je vais voir ma mère. Elle somnole. Je le pose sur sa table de nuit, juste à côté d’une grande photo de nous deux, sur laquelle nous sourions : il me manque une dent, et je suis très drôle. Nous sommes en face de la quincaillerie, notre maison, notre foyer dans mon village

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