46
pages
Français
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2016
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Publié par
Date de parution
13 juin 2016
Nombre de lectures
17
EAN13
9782896994038
Langue
Français
Table des matières
Du même auteur
Catalogage
Dédicace
Extrait de Les amuses crânes : aphorismes
Chapitre I - La levée du corps
Chapitre II - Une tenue vestimentaire longuement réfléchie
Chapitre III - Épier son désir
Chapitre IV - Vendredi dans les limbes platoniques
Chapitre V - Interlude
Chapitre VI - Les jeux sont faits, rien ne va plus
Chapitre VII - Les beaux dimanches
Chapitre VIII - Lundi matin, enfin
Chapitre IX - Je suis venu, j’ai vu et j’ai été vaincu
Chapitre X - Autodéfense
Chapitre XI - Une mère de tueur reste toujours une mère
Chapitre XII Passer à autre chose (L’ange vagabond)
Chapitre XIII - Le ressac des marées
Dans la même collection
À côté d’une joie
Du même auteur
C hez d’autres éditeur s
Il était une fois une petite guerre. Poésie, Québec, Romanichel, 2000, 106 p., avec 9 encres.
Tourisme culturel sur les traces de Pierre Perrault. Étude ethnologique à l’Île aux Coudres . Essai, Sarrebruck (Allemagne), Éditions universitaires européennes, 2010, 172 p., avec 44 photographies (version remaniée de son mémoire de maîtrise en ethnologie, Québec, Université Laval, 2008, 146 p., avec 44 photographies).
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada
Huot, Pascal, 1977-, auteur
À côté d’une joie : roman / Pascal Huot.
(Collection « Cavales »)
Publié en formats imprimé(s) et électronique(s).
ISBN 978-2-89699-401-4 (couverture souple).
--ISBN 978-2-89699-402-1 (pdf).--ISBN 978-2-89699-403-8 (epub)
I. Titre. II. Collection : « Cavales »
PS8565.U648A73 2014 jC843’.6 C2014-900319-6
C2014-900320-X
Les Éditions L’Interligne
261, chemin de Montréal, bureau 310
Ottawa (Ontario) K1L 8C7
Tél. : 613 748-0850 / Téléc. : 613 748-0852
Adresse courriel : commercialisation@interligne.ca
www.interligne.ca
Distribution : Diffusion Prologue inc.
ISBN : 978-2-89699-403-8
© Pascal Huot et Les Éditions L’Interligne
Dépôt légal : premier trimestre 2014
Bibliothèque nationale du Canada
Tous droits réservés pour tous pays
À Jacinthe, ma fleur-muse
À Mia-Neige, ma perce-neige
À Mistral, mon petit vent trop vite envolé
Merci à Jean, pour ses conseils judicieux
Merci à Première Ovation, pour son soutien
Dans un grand amour
il y en a toujours un des deux
qui ne le sait pas
Claude Péloquin, Les amuses crânes :
aphorismes, 1963-1973
Chapitre I
La levée du corps
— J e me rendrai célèbre par mon absence !
En proclamant ma découverte, seul dans ma chambre, je souhaite réveiller en moi le courage nécessaire pour réussir cet exploit. Être quelqu’un en n’étant personne. Au cours de la nuit, j’ai élaboré un plan d’action pour atteindre la notoriété ou, pour rester modeste, être connu à l’école. Ce serait déjà un début. Voici mon idée : je vais créer un mythe autour de ma personne. Je vise donc la création d’une récompense à mon nom. On va me décerner le méritas de l’élève le moins présent en classe.
Se faire célèbre par son absence… Tu rêves, Pierrot la lune !
Ma voix intérieure me rappelle à l’ordre. Mon vrai nom, c’est Pierre-Ludovic, mais tout le monde – y compris moi-même – m’appelle Pierrot la lune, simplement parce que je suis toujours perdu dans mes pensées.
Or, je sais pertinemment bien que je ne suis pas perdu. Je pense à Marguerite. Ma belle Marguerite ! Je l’ai aperçue dès les premiers jours de classe au début de l’année scolaire. Elle est dans la plupart de mes cours. J’essaie toujours de m’asseoir derrière elle. Je peux donc à loisir la regarder sans qu’il n’y paraisse. Bien sûr, je ne suis pas complètement idiot. Je sais bien que Marguerite ne m’a pas remarqué, mais j’y travaille. C’est pour cette raison que je me lève chaque matin. Parce qu’en dehors de l’amour, il n’y a vraiment aucune raison de se lever quand on a 13 ans.
Marguerite ! Je sais qu’un jour ma main passera comme une caresse dans ses longs cheveux blonds. Sa nuque sera le port d’attache de mon odorat. Ses lèvres s’uniront aux miennes… Elle est la vedette de mes scénarios nocturnes. Il faut que je trouve un moyen de me faire remarquer d’elle.
À la pointe du jour, l’esprit est plus critique. Quand j’y repense, ma théorie n’est vraiment pas au point ! La nuit porte conseils, mais ceux-ci sont rarement efficaces. Si personne ne me remarque à l’école, comment vont-ils noter mon absence ? J’ai frappé un nœud. À la prise des présences au début du cours, l’omission régulière de mon être va certainement semer le questionnement. La réussite de ma théorie réside dans la nature de celui-ci. Où est-il ? Va-t-il bien ? A-t-il une double vie ? Mais avec ma sacrée déveine, la question sur toutes les lèvres va être :
— C’est qui, lui ?
Pour la création d’un mythe, on repassera !
Puisqu’à l’école aucun élève ne porte attention à moi, je me fonds dans la masse. Je suis en secondaire deux et je ne connais personne. Mes échanges avec les autres élèves sont réduits au minimum. Il y a des journées où je ne prononce pas un seul mot. À vrai dire, je ne m’en porte pas plus mal. Comme je n’ai pas d’ami, je me parle à moi-même. Je n’ai pas besoin des autres pour discuter. Le plus pénible, ce sont les travaux en équipe. Comme je suis timide, je ne fais aucun effort pour intégrer un groupe. C’est toujours mes enseignants qui obligent une équipe à me prendre avec eux. Une vraie partie de plaisir !
Je vis en solitaire. À l’écart. Je me coupe du monde le plus possible. Depuis que Fred est parti, rien n’est plus pareil. Fred, c’est Frédéric, mon ami d’enfance. Il a déménagé avec sa famille au Nouveau-Brunswick. J’ai connu Fred au primaire. Notre première rencontre demeure encore pour moi un beau moment de ma vie.
En troisième année du primaire, je me faisais systématiquement bousculer pendant les récréations. Ce matin du 5 octobre exactement, deux grands bourreaux de sixième ont eu la brillante idée de se servir de moi comme d’un piquet pour délimiter le terrain de soccer. Tête première dans un cône orange, les deux pieds en l’air ! Le gorille à Couillard, aidé du babouin à Bolduc, me tenait par les chevilles en essayant de me planter comme une carotte. À chaque contact de ma tête avec le sol, le cône s’enfonçait un peu plus. Fred, en grand fanfaron qui n’a peur de rien, s’est interposé. Couillard, à genoux, des larmes dans les yeux, n’a jamais compris d’où était venu le coup de pied qu’il avait reçu dans les testicules. Mes deux tortionnaires, surpris et humiliés, m’ont laissé la vie sauve. C’est alors que le surveillant a réagi. Comme nous avions réglé ça entre nous, il n’a pas cru bon de faire un rapport. Surtout avec tout le mal qu’il s’était donné pour enlever le cône de ma tête. Il ne savait pas trop comment expliquer qu’il ne soit pas intervenu plus tôt. Après cet évènement, Fred et moi étions devenus inséparables.
C’est ensemble que nous avons décidé de ce qu’il adviendra de nos existences. Il sera peintre et je serai poète. Jusqu’à son départ, je vivais en société. De son côté, Fred s’est fait plein de nouveaux amis dans sa nouvelle école. Moi, je me morfonds à Québec, seul dans mon coin. Reclus dans ma chambre, j’écoute de la musique et je lis des livres créés par des personnes déprimées et solitaires. Tous morts jeunes, au sommet de leur gloire. Ça me remonte le moral !
Selon ma mère, je ne suis pas né à la bonne époque. Cela explique mon incapacité d’entrer en relation avec les autres. Je ne m’intéresse pas aux jeux vidéo, aux gadgets électroniques, à la dernière chanson à la mode. J’aime la poésie, la peinture, la musique des années 1960-1970 que j’écoute sur disque compact, car non, je n’ai pas de MP3 !
Même dans ma propre maison, je ne suis pas à ma place. Ma mère, Sylvie, une travailleuse acharnée monoparentale, ne s’est toujours pas remise du départ de notre père. Pour que cette situation ne nous affecte pas, elle a instauré deux modes d’élevage différents pour mon frère et moi. Henri mon grand frère jouit d’une liberté totale. Moi, c’est l’opposé. Elle ne me laisse jamais tranquille. Elle s’inquiète pour moi, car je broie du noir. Elle a peur que je sois suicidaire parce que je ne parle à personne. Elle craint que je prenne de la drogue, parce que je suis toujours enfermé dans ma chambre. Bref, son imagination va bon train !
Outre les coups qu’il m’assène, ma relation avec Henri est inexistante. Il ne reconnaît pas mon existence. Bon, peu de gens la reconnaissent pour le moment, mais il cultive cette ignorance avec un aplomb particulier. Henri – c’est le nom de mon grand-père paternel et je suis content de ne pas en avoir hérité – ne m’adresse plus la parole depuis qu’il a terminé son secondaire, il y a un an. Il s’est octroyé une « année sympathique » comme il dit, pour se consacrer uniquement au sport. Il est sûr d’exceller un jour dans la Ligue nationale de hockey. Ma mère le laisse faire. Elle va même jusqu’à l’encourager.
C’est pour cette raison qu’Henri passe l’hiver à la patinoire et l’été à me tabasser. D’une logique vraiment implacable. Un génie nous est né !
Voici une de ses journées typiques depuis que la saison a été couronnée par une défaite en finale régionale, heureusement masquée par la magnificence des efforts fournis.
Le saut du lit s’effectue vers midi, ce qui dénote un esprit très matinal et un goût de foncer dans la vie. C’est bizarrement l’heure à laquelle je reviens de l’école pour dîner. Henri se lève, descend, me donne deux bons coups de poing sur l’épaule gauche. Après avoir bien martelé mon frêle co