Socrate sort de l'ombre , livre ebook

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Citoyen ! En ouvrant ce livre tu pousses les portes d'une cité juste où les bavards et les ambitieux dont réduits au silence. Ton guide ? Socrate ! Tu le croyais mort ? Détrompe-toi : il a traversé les âges sous la forme d'un taon, d'un chien et d'un prisonnier ivre de lumière au fond de la caverne. Aujourd'hui encore, il est sur le point de renaître ...
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Publié par

Date de parution

01 novembre 2012

Nombre de lectures

44

EAN13

9782361650490

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

3 Mo

Socrate (470 — 399 av. J.-C.)
Bois, maintenant que tu es chez Zeus, Socrate ! Car toi, oui, le dieu t’a réellement dit sage, la sagesse, dieu ! Des Athéniens, en effet, tu as reçu la ciguë, mais ce sont eux qui, par ta bouche, l’ont bue jusqu’à la dernière goutte.
Épigramme de Diogène Laërce, IIIe siècle
Yan Marchand, docteur en philosophie et écrivain, invite régulièrement les enfants de Brest et d’ailleurs à pratiquer la dialectique. Histoire de se sentir moins seul dans sa caverne.
Yann Le Bras est illustrateur à Nantes au sein du collectif « Radar ». Platon l’eût certainement banni de sa République ... Pas rancunier, il met son art, depuis trois ans, au service des aventures de Socrate...
Les Athéniens sont en joie.
Le navire parti en pèlerinage sur la petite île de Délos, où Apollon aurait vu le jour, est revenu. Le prêtre met une couronne de laurier sur la proue et commence ses prières. Ce soir, des poèmes fabuleux parleront des héros et des dieux. Le cœur plein d’émotions, les citoyens retourneront chez eux pour bavarder et boire du vin. Ils parleront de la dernière pièce de Sophocle qui est formidable, des étrangers qui ont une fâcheuse tendance à n’être pas grecs, des derniers vêtements à la mode et de toutes les petites astuces qui existent pour s’enrichir. Et tout ne sera que luxe, fraude et volupté.
Socrate, lui, se moque bien de tout cela. Il est en prison car il a été condamné à mort. Ce soir, il boira la ciguë. Ce sera sa manière à lui de trinquer en l’honneur d’Apollon, dieu de la Vérité.


C’est le matin. Le corps de Socrate est froid, et plus dur qu’une pierre. Mais son âme légère s’élève vers un lieu étonnant : une immense prairie peuplée d’autres âmes.
Au sol, deux gouffres déchirent la terre. Et surplombant ces abîmes, deux trouées scintillent dans le ciel. Des âmes entrent et sortent de ces issues, continuellement. Celles qui descendent du ciel sont radieuses, tandis que celles qui remontent des entrailles de la terre sont couvertes d’ordure et de poussière.
Socrate s’émerveille tant de ces allées et venues qu’il n’aperçoit pas tout de suite les trois êtres étranges autour desquels il gravite.
Le premier est une bête d’airain dont le cou est couronné d’une multiplicité de têtes plus ou moins sauvages.
Le deuxième est un lion d’argent.
Le troisième est un homme d’or.
« Qui sont ces surprenantes créatures ? » s’interroge Socrate. Il observe alors que toutes les âmes nouvellement arrivées font la queue devant elles, comme pour être jugées. Au terme de l’entretien, une pancarte leur est apposée. Socrate se met à trembler, car il n’oublie pas qu’il a été condamné à mort.


Quand il rejoint la file des âmes, une voix le tire de son inquiétude :
« Ohé, Socrate, Socrate ! » crie une âme en s’agitant. Serait-ce Thrasymaque, ce charlatan ? C’est bien lui !
Il double les autres âmes en s’excusant à peine.
« Toi ici, au pays des morts ? demande Socrate, stupéfait. Lorsque toi et les autres citoyens m’avez condamné à boire la ciguë, tu avais l’air en parfaite santé ?
— Eh bien, tu sais que je faisais profession de savoir et que tout le monde s’arrachait mon talent pour plaider au tribunal...
— Tu as raison, c’est un homme comme toi que j’aurais dû prendre pour ma défense lors de mon procès !
— Oh, cesse de te moquer, Socrate. Écoute plutôt : l’un de mes amis, avait… disons… légèrement brusqué son vieux père qui en était mort. Apprenant la chose, je me dis : ‘Mon bon Thrasymaque, c’est une affaire pour toi.’ Le procès se tint peu après le tien. Et je peux te dire qu’à cette occasion j’ai brillé de mille feux. J’ai réussi à persuader les juges de l’innocence de mon client… enfin… je veux dire de mon ami. Ainsi ai-je plaidé : ‘Nous sommes en Démocratie, et chacun fait ce qu’il veut. Son père refusait toujours de lui payer du vin, des vêtements et tout ce qui fait une vie agréable. Quelqu’un a-t-il le droit d’empêcher un homme de prendre du plaisir ? Fût-il son père ! Qui d’entre nous n’aurait pas bousculé un si mauvais parent ?’ Et tous les juges de m’applaudir ! Hélas, à peine sorti du tribunal, un citoyen, parent du mort, m’a pris au mot. Il m’a poignardé en disant que cela lui faisait plaisir et qu’en conséquence personne n’avait le droit de l’en empêcher. Et voilà : fin de Thrasymaque…
— Quelle terrible perte pour les Athéniens », répond Socrate.


« Mais, dis-moi Socrate, que sont ces trois... choses ?
— Tu as devant toi tes Juges, explique Socrate. Je les écoute depuis tout à l’heure, et ils sont impitoyables. J’espère que tu as eu une vie irréprochable.
— I-rré-pro-chable, fanfaronne Thrasymaque, l’innocence même. Et alors quelle sera ma récompense ?
— Si telle a été ta vie, à ce que j’ai cru comprendre, ces trois Juges t’apposeront une pancarte sur laquelle est écrit le mot ‘juste’, puis ils te mèneront au ciel pour mille années de plaisirs. En revanche, si tu as été injuste, ils écriront sur la pancarte la liste de tes forfaits, puis ils te jetteront dans un gouffre au fond duquel tu souffriras pendant mille ans.
— Mille ans de plaisirs ! se réjouit Thrasymaque. C’est parfait ! Je fonce chercher ma couronne de laurier ! »

Thrasymaque resquille allègrement pour interpeller ses Juges :
« Hé, vous trois, salut, vous devez me connaître, je m’appelle Thrasymaque. Je viens chercher mon dû. »
L’Homme d’Or tourne son regard vers l’effronté :
« Tu veux parler de ta punition ?
— Tu as de l’humour, mais je suis assez pressé, le ciel m’attend !
— Qui te dit que tu mérites le ciel ?
— Toute ma vie, j’ai défendu la liberté ! Il n’y a pas un homme qui n’ait obtenu, grâce à moi, tout ce qu’il désirait. J’ai fait des princes avec des mendiants !
— Et moi, je lis dans ton âme comme sur une grande tablette que tu as soustrait des assassins à la justice, que tu as permis à des voleurs de sévir en toute liberté, que tu as aidé les ennemis de ta patrie pour de l’or, que tu as jeté des hommes en esclavage après les avoir ruinés par des procès.
— Et ce n’était que justice, rétorque Thrasymaque. Nul n’ignore que chaque homme cherche son propre avantage. Chacun rêve de devenir le maître. Et il n’y a rien d’injuste à vouloir s’emparer de tout ce que possèdent les autres.

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