179
pages
Français
Ebooks
2011
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Publié par
Date de parution
16 mars 2011
Nombre de lectures
11
EAN13
9782728914746
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Publié par
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16 mars 2011
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11
EAN13
9782728914746
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Français
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BELLES HISTOIRES BELLES VIES N°78
Collection fondée par le père Jean PIHAN
JEAN-BAPTISTE
LE PROPHÈTE DU DÉSERT
TEXTE :
ABBÉ JEAN PIHAN
______________________________
ILLUSTRATIONS :
RAOUL AUGER
______________________________
COULEURS :
CHAGNAUD - YOT - BRUNET
15-27 rue Moussorgski - 75018 PARIS
www.fleuruseditions.com
1
La nouvelle avait couru à travers toute la Palestine. En Judée, bien sûr, mais aussi en Galilée, à trente lieues plus au nord :
« Dieu nous a envoyé un prophète ! Son nom est Jean. Il annonce le Royaume des cieux. Il dit qu’il faut faire pénitence ! »
Les vieux hochaient la tête avec satisfaction… Un prophète ! Mais il y avait des siècles que la race des prophètes semblait être disparue. Pourvu que ce soit vrai : un nouvel Elie !
Les gens instruits refaisaient leurs calculs : sauf erreur, les temps annoncés au livre de Daniel étaient proches ; le Messie n’allait plus tarder à apparaître.
2
Ce Jean, c’était peut-être lui, le Messie, enfin !
Le Messie, c’est-à-dire l’Envoyé de Dieu, et donc le Libérateur.
Celui qui, certainement, allait rendre au peuple d’Israël sa gloire perdue… Et qui, pour commencer, allait chasser les Romains, ces maudits occupants venus d’Occident, qui se proclamaient les maîtres du monde, qui adoraient d’infâmes idoles. Ils avaient placé à la tête de toutes les provinces des créatures à eux, comme ce Ponce Pilate à Jérusalem, et — pire encore — cet affreux roitelet d’Hérode, un débauché sans foi ni loi, en Galilée.
Ah ! Il était temps que cela change…
3
« Et alors, ce prophète ? D’abord, comment est-il ? — Ah ! mes amis, c’est un curieux homme… Il est vêtu d’une sorte de sac en poils de chameau, serré par une ceinture de cuir. Il ne boit pas de vin. Il se nourrit de sauterelles grillées et de miel sauvage. Il a bien une tête de prophète !
Il campe sur les bords du Jourdain, pas très loin de Béthanie, vous savez, là où le fleuve se jette dans le mer Morte… Les gens viennent de partout pour l’écouter. Et pourtant, ce qu’il dit n’est pas agréable à entendre. Il annonce des catastrophes, des châtiments du ciel : "la colère qui vient", comme il dit. Et ne nous a-t-il pas traités de "race de vipères" !
4
— Race de vipères ? C’est un peu fort ! Ne sommes-nous pas les fils d’Abraham ?
— Justement ! Il dit : "N’ayez pas l’air de prétendre que vous avez Abraham comme père. De ces cailloux, Dieu peut aussi faire naître des enfants d’Abraham…" D’autres fois, il prend le langage des bûcherons : "La cognée est au pied de l’arbre. Tout arbre qui ne porte pas de bon fruit va être coupé et jeté au feu."
Et quand il y a des gens qui se déclarent convaincus par sa parole, il les plonge dans l’eau du Jourdain, et eux s’engagent à être meilleurs.
5
— Serait-ce lui le Messie ?
— Je ne crois pas. Il dit seulement qu’il est "la voix de celui qui crie dans le désert : Préparez la route pour le Seigneur".
— Mais c’est une parole du prophète Isaïe, cela… Je cite de mémoire : "Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. On va combler les ravins, raboter les montagnes, les chemins tortueux deviendront droits. Les chemins mal empierrés deviendront carrossables…"
— Ce n’est pas tout. Le texte continue : "Et tout homme verra le salut envoyé par Dieu."
6
— Alors, ce Jean serait quelque chose comme le cantonnier du Messie. Il prépare la route. Il vient en précurseur. Cela veut dire que le Messie n’est pas loin. »
Tous ces détails, nous les devons à l’évangéliste Luc, un homme méthodique et précis : il était médecin, comme saint Paul nous l’apprendra plus tard. En bon historien, Luc nous dit même que cela se passait en l’an 15 du gouvernement de l’empereur Tibère, et il donne encore d’autres précisions qui nous permettent de dater ces événements de l’année 764 après la fondation de Rome, ce qui correspond aux années 27 à 28 de notre calendrier chrétien.
7
C’est encore Luc qui, après s’être soigneusement fait raconter toutes choses, nous renseigne sur la naissance de cet étonnant prophète Jean :
Une trentaine d’années plus tôt, il y avait à Jérusalem un prêtre du nom de Zacharie. Sa femme s’appelait Elisabeth : elle avait parmi ses ancêtres Aaron, grand-prêtre au temps de Moïse.
Zacharie et Elisabeth observaient avec soin tous les commandements de Dieu. Mais ils étaient devenus vieux, et la joie d’avoir des enfants leur avait été refusée. Pour de bons Juifs comme eux, c’était une grande tristesse.
8
Un jour que Zacharie était de service au Temple avec le groupe de prêtres auquel il appartenait, le sort le désigna pour aller brûler l’encens dans le sanctuaire, lors du sacrifice quotidien.
À Jérusalem, les prêtres étaient si nombreux que cet honneur arrivait bien rarement à chacun d’eux. Aussi Zacharie est-il très ému.
Déjà la foule a assisté, dans la cour intérieure, au sacrifice de l’agneau, égorgé et brûlé sur le grand Autel. Mais elle n’ira pas plus loin. Seul le prêtre désigné par le sort a la permission d’entrer dans le sanctuaire pour y répandre l’encens sur des charbons brûlants.
9
Zacharie entre donc avec beaucoup de ferveur dans le lieu saint, vêtu d’une longue robe blanche que retient à la taille une écharpe éclatante. Sa tête est couverte d’une mitre richement ornée. Mais ses pieds sont nus, en signe de respect.
Pendant ce temps, le peuple se prosterne sur le pavé de la cour, et l’on entend une majestueuse sonnerie de trompettes.
Très dignement, Zacharie accomplit sa fonction. L’encens fume et embaume le sanctuaire. Le vieux prêtre se prosterne. Il va pour se relever…
Mais le voilà glacé d’effroi. Une forme vient de lui apparaître et se tient debout, à droite de l’Autel des parfums.
10
Et la vision parle : « N’aie pas peur, Zacharie. Toi qui as si souvent prié Dieu de te donner un fils, tu es exaucé. Elisabeth va être mère et ce fils, tu l’appelleras Jean. Tu seras comblé de joie, et beaucoup d’autres avec toi, car ce sera un homme de Dieu. Dès avant sa naissance, il sera rempli du Saint-Esprit. Il ramènera au Seigneur beaucoup de pécheurs. Énergique comme le prophète Elie, il changera le cœur des enfants d’Israël, afin qu’au jour où viendra le Messie, le peuple entier soit prêt. »
Zacharie est un peu rassuré… Mais pourtant, lui qui a toujours été si fidèle à Dieu, il n’arrive pas à croire à la parole du messager mystérieux.
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Tout ce qu’il sait, c’est qu’il est vieux et que sa femme aussi est vieille. À leur âge, voyons, on ne peut plus avoir d’enfants ! C’est tout ce qu’il trouve à répondre. Il voudrait une preuve.
Alors, l’ange de Dieu — car c’en est un, et il le dit — réplique :
« Je suis Gabriel. J’ai l’honneur de me tenir devant Dieu. C’est lui qui m’a envoyé te porter cette bonne nouvelle. Eh bien ! puisque tu ne me crois pas et que tu veux un signe, tu en auras un : je te préviens que tu ne pourras plus dire un mot, que tu resteras muet jusqu’au jour de la naissance de ton fils. »
12
Dans la cour, la foule attendait. Zacharie ne sortait pas. Cela devenait inquiétant. On chuchotait : « Qu’est-ce qui a bien pu lui arriver ?
— Ah ! le voici. Mais qu’y a-t-il ? Il a l’air bouleversé. On dirait qu’il veut parler, mais aucun son ne sort de sa gorge. Il fait des gestes… Quoi ? Il a dû se passer quelque chose d’extraordinaire. Aurait-il eu une vision ? »
La foule se disperse, songeuse et intriguée. Elle n’en saura pas davantage.
Quant à Zacharie, son service terminé, il regagna sa maison, bien incapable d’expliquer aux siens l’événement.
13
Bientôt, Elisabeth s’aper