166
pages
Français
Ebooks
2020
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Publié par
Date de parution
26 août 2020
Nombre de lectures
6
EAN13
9782760553170
Langue
Français
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Date de parution
26 août 2020
Nombre de lectures
6
EAN13
9782760553170
Langue
Français
Presses de l’Université du Québec Le Delta I, 2875, boulevard Laurier bureau 450, Québec (Québec) G1V 2M2 Téléphone : 418 657-4399 – Télécopieur : 418 657-2096 Courriel : puq@puq.ca – Internet : www.puq.ca Diffusion / Distribution : CANADA Prologue inc., 1650, boulevard Lionel-Bertrand Boisbriand (Québec) J7H 1N7 – Tél. : 450 434-0306 / 1 800 363-2864 FRANCE ET BELGIQUE Sofédis, 11, rue Soufflot 75005 Paris, France – Tél. : 01 53 10 25 25 Sodis, 128, avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny 77403 Lagny, France – Tél. : 01 60 07 82 99 SUISSE Servidis SA, chemin des Chalets 7 1279 Chavannes-de-Bogis, Suisse – Tél. : 022 960.95.25 Diffusion / Distribution (ouvrages anglophones) : Independent Publishers Group, 814 N. Franklin Street Chicago, IL 60610 – Tel. : (800) 888-4741 La Loi sur le droit d’auteur interdit la reproduction des œuvres sans autorisation des titulaires de droits. Or, la photocopie non autorisée — le « photocopillage » — s’est généralisée, provoquant une baisse des ventes de livres et compromettant la rédaction et la production de nouveaux ouvrages par des professionnels. L’objet du logo apparaissant ci-contre est d’alerter le lecteur sur la menace que représente pour l’avenir de l’écrit le développement massif du « photocopillage ».
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Titre : L’analyse réflexive en enseignement professionnel et technique : de la théorie à la pratique / sous la direction de Sylvain Beaupré, Julie Lefebvre et Yves de Champlain.
Noms : Beaupré, Sylvain, 1962- éditeur intellectuel. | Lefebvre, Julie, 1964- éditeur intellectuel. | Champlain, Yves de, 1971- éditeur intellectuel.
Description : Comprend des références bibliographiques.
Identifiants : Canadiana (livre imprimé) 20200078798 | Canadiana (livre numérique) 20200078801 | ISBN 9782760553156 | ISBN 9782760553163 (PDF) | ISBN 9782760553170 (EPUB)
Vedettes-matière : RVM : Enseignement professionnel—Québec (Province) | RVM : Enseignement technique—Québec (Province) | RVM : Professeurs (Enseignement professionnel)—Québec (Province) | RVM : Professeurs (Enseignement professionnel)— Formation—Québec (Province)
Classification : LCC LC1047.C3 A53 2020 | CDD 370.11309714—dc23
Révision
Jessica Morin
Correction d’épreuves
Sandra Guimont
Conception graphique
Julie Rivard
Mise en page
Le Graphe
Image de couverture
iStock
Dépôt légal : 3 e trimestre 2020
› Bibliothèque et Archives nationales du Québec
› Bibliothèque et Archives Canada
© 2020 – Presses de l’Université du Québec
Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés
D5315-1 [01]
Préface
Même si je connais assez bien les grandes lignes de son développement au Québec, je ne suis pas un spécialiste de l’enseignement professionnel et technique ni de la formation du personnel enseignant qui y travaille. C’est pourquoi, lorsqu’on m’a invité à rédiger cette préface, j’ai un peu hésité. En même temps, cette invitation a aiguisé ma vieille et toujours vigoureuse curiosité intellectuelle ! J’ai donc décidé de plonger dans la lecture de cet ouvrage, en espérant apprendre des choses nouvelles sur le travail et la formation des enseignants de ces secteurs trop souvent négligés au Québec, y compris par la recherche en sciences de l’éducation.
Ma curiosité m’a bien servi, encore cette fois-ci ! En effet, cet ouvrage s’est avéré original et très stimulant. Original, car, à la différence des travaux universitaires traditionnels, il propose non seulement des textes d’analyse plus classiques, mais également de nombreux témoignages de praticiens quant à leur vision et à leur expérience vécue en enseignement professionnel et technique. Ces témoignages sont extrêmement précieux, car ils donnent accès à la manière dont ceux-ci réfléchissent à leurs propres pratiques pédagogiques et aux enjeux relatifs à leur formation et à leur travail. Très stimulant, car ces divers chapitres permettent justement d’accéder à la dimension réflexive de l’enseignement professionnel et technique. Ils montrent du même coup que cette dimension réflexive, loin d’être un élément périphérique, est au cœur de cet enseignement : devenir enseignant, apprendre à enseigner et enseigner, c’est forcément entrer dans un régime de réflexivité par rapport à soi, par rapport à sa propre activité et par rapport à la matière qu’on enseigne et à ceux à qui on l’enseigne. Bref, la réflexion est donc inhérente à l’enseignement professionnel et technique.
Cette dernière idée me semble extrêmement importante, car pendant fort longtemps on a assimilé l’enseignement professionnel et technique à une formation strictement utilitaire et technique, basée sur l’apprentissage de gestes et de routines propres aux divers métiers. La plupart du temps, ces métiers (construction, mécanique, soudage, coiffure, secrétariat, soins infirmiers, etc.) ont été eux-mêmes conçus comme des activités d’exécution plutôt que de réflexion, tandis que leur apprentissage relevait de l’imitation, du voir-faire et du faire comme les autres. Bref, on apprenait ces métiers, pensait-on, tout simplement en imitant et en reproduisant les gestes des travailleurs plus expérimentés.
En fait, il faut rappeler que notre système scolaire a été conçu et bâti depuis le XIX e siècle sur une opposition tranchée entre l’apprentissage des activités de l’esprit, habituellement réservé à une petite élite cultivée (notamment celle des collèges classiques), et l’apprentissage des travaux manuels qui concernait avant tout les enfants des milieux populaires, c’est-à-dire ouvriers et agricoles. L’apprentissage des travaux manuels, que l’on appelle aujourd’hui les métiers, était forcément minimaliste car, croyait-on, il ne requérait pas forcément beaucoup d’instruction et de réflexion.
Cette opposition entre les activités de l’esprit et le travail manuel n’est pas propre au Québec, car elle est aussi ancienne que notre civilisation occidentale. Par exemple, en Grèce antique puis à Rome, le travail manuel était habituellement réservé aux esclaves : ceux-ci n’avaient aucun pouvoir sur leur activité, car ils se limitaient, sous peine d’être violemment punis, à obéir et donc à exécuter les ordres de leurs maîtres. Travailler avec son corps et ses mains était donc vu comme une activité servile et méprisable. À ce propos, je rappelle que le « pédagogue » était lui-même fréquemment un esclave qui conduisait les enfants nobles vers leurs maîtres de grammaire, de rhétorique ou de philosophie.
Au Moyen Âge, avec le développement de la féodalité à partir du X e siècle, l’essentiel du travail manuel concerne l’agriculture et il est exécuté par des serfs, c’est-à-dire des paysans soumis aux seigneurs qui possèdent les terres et les domaines. Le travail de ces paysans était défini par un mot qui veut tout dire : corvée ! Cette corvée était un travail non rémunéré que les paysans devaient à leurs seigneurs.
Aux XVIII e et surtout au XIX e siècle, avec la révolution industrielle et l’essor du capitalisme, le travail manuel devient un travail salarié : le travailleur n’est plus considéré comme un esclave ou un serf, mais comme un rouage de l’industrie, de la manufacture. Encore là, les gens de métier sont réduits à un simple rôle d’exécutants qui doivent suivre les ordres des contremaîtres et des patrons. C’est cette même vision qui est à la base de ce qu’on appellera à la fin du XIX e siècle et au début du XX e siècle l’« organisation scientifique du travail » (OST), mise au point par l’ingénieur Frederick Winslow Taylor (1856-1915), et reprise à l’époque par de nombreux économistes et industriels. L’OST pousse à l’extrême la logique du travail industriel et productiviste, en instaurant une division du travail extrêmement poussée, au sein de laquelle chaque travailleur doit toujours répéter les meilleurs gestes hautement spécialisés, devenant ainsi un simple rouage de la chaîne de production. L’OST sera reprise et largement appliquée dans toute l’industrie nord-américaine, notamment dans l’industrie automobile naissante à l’époque : c’est ce qu’on appelle le fordisme, du nom de Henry Ford, le créateur de la première chaîne de production en série des automobiles.
Bref, toute cette longue histoire du travail est portée par le même diktat : quand tu travailles, ne pense pas et ne réfléchis surtout pas ! Notre école québécoise porte encore aujourd’hui les stigmates de cet antique diktat.