Le « Journal d'un écrivain » était une publication mensuelle entièrement rédigée par Dostoïevski. Le grand Russe s'y est consacré entre 1873 et 1881, avec quelques interruptions. Il ne s'agit pas d'une œuvre homogène, du moins comme le veut le canon littéraire, mais d'un recueil de textes traitant de questions d'actualité, ou plutôt de questions débattues à l'époque, notamment sur le plan politique. Cependant, dans ces articles, le plus souvent liés à des situations contingentes, Dostoïevski nous fait prendre conscience de ses propres idées sociales, religieuses, artistiques et littéraires. Pour ne citer qu'un exemple, la question slave occupe une place importante : dans la querelle qui agite alors les milieux culturels de Moscou et de Saint-Pétersbourg, Dostoïevski est convaincu que la Russie est supérieure à l'Europe, ou du moins que la civilisation occidentale appartient désormais à son pays. Bien qu'elle traite de problèmes apparemment datés, l'œuvre est toujours vivante et sait expliquer notre époque par des suggestions précieuses. C'est ainsi qu'il faut lire les pages sur l'émancipation des femmes, sur le problème judiciaire ; en effet, sur ces sujets, l'écrivain russe est d'une étonnante actualité : on le découvre en faveur du féminisme, on le voit commenter à plusieurs reprises des procès, au point de parvenir à faire corriger des erreurs à la justice tsariste. N'oublions pas non plus ces parties de réflexion, souvent consacrées à des problèmes existentiels, qui surprennent par la profondeur de leurs observations.
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