Aucune civilisation n’est supérieure à une autre. Chaquelangue véhicule une culture et révèle une civilisation.Comme les autres langues africaines, le wolof s’appuiebeaucoup sur un imaginaire puisé dans l’univers desanimaux. Ces êtres non humains permettent, (certesà leur insu ) de construire des histoires, d’inventer desproverbes, de prononcer des sentences, d’édicter desrègles etc. Rien de gratuit. L'intention est pédagogique.Les animaux domestiques donnent l’occasiond’exprimer des désirs de façon allusive, de magnifierdes qualités ou de signaler des défauts. Noble commele cheval, aussi généreuse qu'une vache, canaillecomme un chien etc. Même nos fantasmes y passentcar, si le bouc est content de la chèvre c'est pour sa"disponibilité ponctuelle" ; sa queue est courte, bienrepliée …Ces beautés de la langue aiguisent l'intelligence etaèrent l'esprit. Quand le wolof est bien parlé oucorrectement écrit, cela réveille en nous, notreauthenticité, cette merveille que certains d’entre nousrepoussent dans le subconscient, refuge désespéré pourcomplexés et aliénés. Parler correctement le wolof,c’est avoir l'air d'un zonard ou d'un villageoisrécemment arrivé en ville. C’est pourquoi de nos jours,le wolof est massacré, malmené, galvaudé et dévaloriséaussi bien à la radio, que sur les plateaux de télé ainsique dans le net, par des professionnels de la parole qui,malheureusement, sèment ainsi la mauvaise graine.La subtilité et la créativité du Wolof sont noyées dansune francisation éhontée de la langue... Heureusement queselon la volonté divine, le remède est une plante qui poussetoujours à proximité du mal. A l'IFAN, des hommes deculture, des chercheurs, ont mesuré l'ampleur du mal. Ils neprétendent pas soigner, d’un seul coup, tout le mal fait à lalangue la plus parlée au Sénégal. Ce sont des scientifiques,donc, des hommes et des femmes très méthodiques. Comme lerat de La Fontaine qui, à force de grignoter la chaîne, a réussi,au bout de l'effort à libérer le lion, ils pansent les contours dela plaie avec douceur et intelligence. Ils nous offrent ici un panvivant de la culture wolof. C’est l’occasion de bénéficierd’importantes acquisitions nécessaires à un bon emploi et àune écriture correcte du wolof. Les auteurs de cet ouvrage ontproduit un document aussi précieux qu’efficace que,personnellement, j’ai l’énorme plaisir d’éditer.Le Ministère de la Culture et du Patrimoine historique feraitœuvre grandement utile à la nation sénégalaise en distribuantlargement des exemplaires de ce livre pour que tous lescommunicants des médias ainsi que ceux des institutionspubliques en disposent, chacun à portée de main pour que notrebelle et riche langue soit réhabilitée dans toute sa noblesse. Larenaissance culturelle africaine passera par là au Sénégal.
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