Ensaigner, les dessous de l'éducation , livre ebook

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Pendant plus de vingt-cinq ans, Julie de Belle a enseigné dans divers milieux au Québec, mais aussi dans le Grand Nord et en Chine, tant du côté anglophone que franco- phone – au primaire, au secondaire et au collégial. Elle nous propose un passionnant tour d’horizon de ce qu’on appelle le monde de l’éducation, soulignant les avantages et les désavantages d’un système en souffrance dans lequel enseigner se résume parfois à en saigner...
Un livre-confidence truffé d’anecdotes et de descriptions palpitantes : situations réelles, conversations entre collè- gues, difficultés diverses des étudiants, abus de pouvoir de certaines directions, moments marquants de l’histoire de l’éducation au Québec, comme le boycott étudiant de 2012.
Une irrésistible invitation à enfin pénétrer les coulisses de l’enseignement – un portrait de l’éducation plein d’humour, de tendresse et de chagrin.
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Publié par

Date de parution

26 septembre 2018

Nombre de lectures

0

EAN13

9782897211769

Langue

Français

Les Éditions du CRAM
1030 Cherrier, bureau 205,
Montréal (Québec) H2L 1H9
514 598-8547
www.editionscram.com
Conception graphique
Audrey Phillips
Édition
Marie Desjardins
Révision et correction linguistique
Marie-Claude Hébert
Illustration de couverture
© Conçu par Montypeter – Freepik.com
© Istockphoto
Ce document numérique a été réalisé par claudebergeron.com
II est illégal de reproduire une partie quelconque de ce livre sans l’autorisation de la maison d’édition. La reproduction de cette publication, par quelque procédé que ce soit, sera considérée comme une violation du droit d’auteur.
Dépôt légal — 3 e trimestre 2018
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque nationale du Canada
Copyright © Les Éditions du CRAM inc.
Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.

Distribution au Canada: Diffusion Prologue
Distribution en France et en Belgique: DG Diffusion
Distribution en Suisse: Transat Diffusion
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Belle, Julie de, 1958-, auteur
Ensaigner: les dessous de l’éducation / Julie de Belle.
(Société)
Publié en formats imprimé(s) et électronique(s).
ISBN 978-2-89721-174-5 (couverture souple)
ISBN 978-2-89721-175-2 (PDF)
ISBN 978-2-89721-176-9 (EPUB)
ISBN 978-2-89721-177-6 (MOBI)
1. Belle, Julie de, 1958- . 2. Enseignement - Québec (Province). 3. Enseignantes - Québec (Province) - Biographies. I. Titre. LA2325.B44A3 2018 371.10092    C2018-942017-0     C2018-942018-9
Imprimé au Canada

À tous ces enseignants qui se sont saignés à blanc au nom de l’intégrité.
À mes étudiants.

PROLOGUE
Après avoir obtenu un baccalauréat ès arts, avec une majeure en études anglaises et une mineure en théâtre, et après avoir travaillé comme clown, fleuriste, secrétaire, pompiste, assistante vétérinaire et dentaire, commis et j’en passe, je décidai de retourner aux études pour décrocher un certificat en pédagogie. J’allais embrasser ce qui était, à mon avis, la profession la plus noble: l’enseignement. Au cours de mes vingt-huit ans de carrière, j’aurai enseigné l’art dramatique et l’anglais (langue seconde et langue maternelle) au secondaire, le français langue seconde du côté anglophone, au secondaire et en formation continue, ainsi qu’une palette de matières comme la morale et l’initiation à la photographie au secondaire, l’anglais langue seconde et la morale au primaire pour aboutir au collégial. Ajoutons à cela, entre autres, que j’ai été titulaire généraliste première secondaire dans le Grand Nord. Un tel bagage d’expérience peut parfois peser lourd quand on constate que non seulement rien ne change dans le domaine de l’éducation, mais que les choses empirent d’année en année et que l’on a les mains liées! On ne peut rien faire, sauf en accompagner quelques-uns, quelques-unes, pas à pas, une âme à la fois, une journée à la fois. J’avais souhaité façonner de jeunes esprits pour constater que je ne faisais qu’éteindre des feux.
L’enseignement n’est pas un boulot tout à fait comme un autre. Les paramètres ne sont pas toujours clairs, et les impondérables, multiples. Il faut être un peu tout à la fois: passeur de savoir, conseiller, coordonnateur, comptable, rédacteur, correcteur, évaluateur, négociateur, parent, collègue, subordonné… Quand j’ai commencé à rédiger ce manuscrit, en 2004, j’ignorais si je finirais par le terminer, mon écriture n’ayant alors qu’une fonction thérapeutique. Je ne prétends pas ici me mesurer à des savants comme messieurs Baillargeon ou Inchauspé. Ce que j’offre au lecteur est un récit réel – le mien – comme je l’ai vécu: un regard sur les dessous d’une profession si complexe que plusieurs font les autruches, réchauffant les sièges jusqu’au prochain tour de chaise musicale ou en attente de la retraite. Sans compter les congés de maladie qui, pour la plupart, sont très justifiés. Ainsi, pour protéger mes anciens élèves et étudiants, et pour ne pas nuire aux institutions que j’ai fréquentées, je m’abstiendrai de nommer qui que ce soit dans cet ouvrage, ou alors j’inventerai des pseudonymes. Je ne nommerai pas d’écoles ni de lieux. Mais je jure sur la tête de mon fils et de mon conjoint que ce qui suit est la vérité et toute la vérité.
Donc, avant de terminer mes études, j’accumulai les petits boulots et cours d’artisanat sans trop faire de choix de carrière, traînant aussi dans les milieux sombres de la drogue et de l’alcool, en quête de Dieu sait quoi. Si j’ai tardé à faire le choix de l’éducation (dans la trentaine et non dans la vingtaine comme plusieurs de mes copines), c’est que je croyais qu’il fallait un certain talent pour enseigner, un «instinct», comme chez les musiciens et les artistes. On est pédagogue ou on ne l’est pas, et je doutais quelque peu de mes capacités. Mais aussi, puisque je souhaitais avoir des enfants, j’étais convaincue qu’enseigner et enfanter en même temps feraient de moi soit un parent incompétent ou un enseignant médiocre. Je deviendrais un peu comme le cordonnier mal chaussé. Or je n’échapperais pas à mon destin. Je rencontrai l’homme de ma vie au moment même où je retournais aux études. Je pouvais me le permettre grâce à la générosité de mes parents qui appartiennent à cette catégorie rare de Québécois qui croient ferme à l’importance de l’instruction à tout prix, et qui comprennent que nous avons peut-être, au Québec, le système le plus accessible sur la planète. En effet, les coûts pour s’instruire sont minimes si on compare à ce qui a cours dans le reste du monde. Cela permet à des jeunes dont la moyenne est inférieure à quatre-vingt-dix pour cent de fréquenter l’école quand même, de s’inscrire dans des programmes universitaires et de nourrir le rêve d’une carrière.
Je fis donc le grand saut à l’orée de la trentaine: je devins prof!
À l’époque, pour enseigner au secondaire, le baccalauréat jumelé à un certificat en pédagogie suffisait. Il s’agissait de faire trois ans à l’université dans une spécialisation (maths, histoire, langue seconde et ainsi de suite) et d’y ajouter un an en pédagogie pour un total de quatre ans. Après tout, la gestion de classe relève davantage de la créativité et du système D (D pour débrouillardise) que de théories à n’en plus finir. Aujourd’hui, les choses ont changé. Pour enseigner, on doit faire quatre ans de pédagogie à l’université. Résultat? Des enseignants experts en gestion de classe. Et le contenu dans tout ça? Cette brochette de théoriciens qui se sont démarqués autrefois, les Piaget et Cie, arrosée d’une sauce historique de lois qui régissent l’éducation du Québec ou d’ailleurs, sert surtout à élargir un vocabulaire qui servira à aiguiser nos débats de futurs professionnels. Au même titre que les avocats ou les médecins, il nous faut partager un certain lexique qui peut parfois ressembler à une langue de bois. Comme un langage secret: concertation et mise en commun pour une réussite éducative dont les paramètres feront en sorte que l’apprenant sera au cœur de l’apprentissage pour pouvoir mieux mesurer ses démarches cognitives-compétences-transversales-stratégies-coopération-différenciation-plan d’intervention individuel-bla-bla-bla. Pauvres parents. Pas surprenant qu’ils se méfient des enseignants quand ceux-ci s’adressent à eux dans un langage incompréhensible. C’est simple, au lieu de dire aux parents: «Vous savez, nous notons un sérieux retard cognitif chez Poil de Carotte. Aussi souhaitons-nous mettre en œuvre un plan d’intervention pour l’aider dans ses stratégies d’apprentissage, de façon à améliorer ses compétences transversales…», l’on pourrait simplement leur dire: «Poil de Carotte n’écoute pas, ne fait pas ses devoirs et ne sait pas lire. Alors là, vous allez réviser les devoirs du petit avec lui, et le faire lire à haute voix, O.K.? En plus, vous le coucherez de bonne heure le soir et

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